Tetha, de son vrai nom Clara Chardon, poursuit sa carrière solo et dévoile Biafine on my scars. Un second EP électro-pop toujours aussi introspectif, à la prod soignée, dans lequel l’artiste évoque la perte, mais aussi la guérison et l’affirmation de soi.
On ne peut pas bien comprendre le projet de Tetha si on ne s’intéresse pas un tant soit peu à l’histoire de Clara Chardon. L’artiste vient de la scène rock francilienne. Après avoir performé dans plusieurs salles parisiennes avec son ancien groupe et sorti un premier double EP prometteur, la comète a explosé. Il aura fallu un an à Clara Chardon pour s’extraire du vide sidéral laissé par l’explosion. Un an pour sortir la tête de l’eau et commencer à se reconstruire. Une quête de renouveau en version solo pour dire sa vérité, maîtriser ses choix et explorer une nouvelle voie pavée de sonorités électro-pop : Tetha était née.
Une plume parfois acide servie par une voix sensible
Dans son premier EP Bound to lose, Tetha règle ses comptes et fait le deuil de son projet précédent. La plume introspective parfois acide de Tetha est servie par une voix sensible et maîtrisée, dont le timbre n’est pas sans nous rappeler quelque chose de Billie Eilish, en particulier dans les aigus. Le son est tantôt épuré, tantôt saturé. Tetha joue avec les rythmes, les styles : ballades, r’n’b, électro, etc. C’est sombre et cathartique.
Dans Biafine on my scars, Tetha semble plus apaisée. Fidèle à son approche introspective, elle continue d’aborder des sujets lourds et difficiles. Elle ouvre aussi la voie à des morceaux plus lumineux, toujours accompagnée côté prod par Fhin et Joachim Baumerde.
Biafine on my scars démarre par le morceau éponyme. Tetha prend un virage plus pop. Lent, langoureux, Biafine on my scars nous plonge dans une ambiance ensoleillée grâce à la douceur et la sensualité des touches de bossa nova. Une légèreté et une chaleur à laquelle la chanteuse ne nous avait pas habitués, néanmoins parfaitement adaptées à ce morceau qui porte sur la guérison.
L’hyperpop douce amer de Never fill me
Changement radical d’univers avec Never fill me, le deuxième titre de l’EP. Un morceau doux-amer, dans lequel Tetha se rend à l’évidence d’un amour voué à l’échec, et de la nécessité de tourner la page pour se sauver. Des sonorités totalement différentes viennent accompagner ces paroles intimes, qu’elle empreinte à l’hyperpop expérimentale. L’artiste utilise des synthés ambiants, une voix suraiguë retravaillée à l’autotune et une destructuration du rythme. La production, tantôt lumineuse et obscure, vient créer une ambiance mystérieuse voire inquiétante.
Pure sadness est une ballade mélancolique dans laquelle Tetha raconte les derniers instants de vie d’un être cher et la profonde tristesse qui l’envahit. On retrouve sa voix cristalline qui porte ce morceau, accompagnée de nappes d’orgue solennelles sur une mélodie aérienne.
Puis retour à l’électro-pop avec Bitch bye bye, le 4e morceau de l’EP. Tetha exprime sa colère et sa déception envers une personne qui a trahi sa confiance, et le désir de s’en détacher. Les paroles évoquent la force retrouvée et le soulagement d’échapper à la manipulation. Il débute par un « bye bye bye bye », puis un synthé de plus en en plus inquiétant au fur et à mesure qu’on avance dans le morceau et que Tetha déverse sa haine. La dernière partie du morceau, plus électro, propose un crescendo avec une boucle de « bye bye » et des synthés à l’énergie libératrice.
L’hypersexualisation dénoncée dans Rosebud
Enfin, l’EP se termine par Rosebud où Tetha dénonce l’hypersexualisation dont elle a été victime plus jeune. Le morceau est construit sur une dualité d’ambiances. La douceur d’une part, celle qui illustre l’innocence et la pureté de la jeunesse. La violence d’autre part, matérialisée par des synthés stridents et agressifs. Un hymne à l’énergie rageuse en faveur de l’affirmation de soi.
Avec Biafine on my scars, Tetha conserve son ADN électro-pop mais explore de nouvelles sonorités moins dark, enrichissant ainsi les nuances de son projet et de son personnage. Au fil des morceaux, on voyage avec elle dans ses émotions, sur le chemin de la guérison et de l’affirmation de soi. Un EP libérateur, qui voit la chrysalide se transformer en papillon.
Les plus chanceux pourront la voir lors d’un nouveau live 100% solo le 12 décembre prochain dans la salle parisienne Les disquaires.