Cela fait maintenant 14 ans que les Burnin Jacks se sont donné pour mission de sauver le rock ‘n’ roll en France. A coup de guitares électrifiées dans tous les sens du terme, de litres de sueur dégoulinant sur le sol, de groupies enflammées comme à la grande époque, de titres plus tapageurs les uns que les autres, la formation a marqué de façon indélébile les scènes où ils sont passés.
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Pour leur dernier concert, celui de leurs adieux, les Burnin Jacks décident de partir avec panache et de s’octroyer un dernier tour de gloire. Ce sera dans la mythique salle de La Boule Noire, perchée à Pigalle, fief du rock parisien, que le groupe s’offre un enterrement comme on aimerait en voir plus souvent.
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Comme attendu, les Burnin Jacks ont voulu partir sous les yeux de leurs amis. Syd, chanteur de la formation, pris un véritable plaisir d’introduire ses potes, fier de montrer leur talent. Co plateau éclectique qui s’ouvrit avec La Nuit Américaine, un duo électro pop qui allie avec brio la modernité de la technique moderne (et des grosses basses) avec celle d’une voix fluette terriblement 60’s. Dansant, charmant, ultra frais, le duo attise la curiosité et fait osciller le public qui ne souhaitait pas en louper une miette. Recomposés pour l’occasion Los Cavaleras vont quand à eux déclencher un pur moment de rock n’ roll. Entre les perfectos en cuir, les solos de guitares au sol et les sauts audacieux du chanteur, ils font déjà chauffer de quelques degrés la salle venus se déchainer. Mais comment a-t-il fait pour ne pas craquer son pantalon ?
Les Burnin Jacks font alors leur entrée devant une salle comble et déjà survoltée. Ils sont introduits à leur tour par le bien connu Laurent, aka Lolo, le king de Pigalle et accessoirement tenancier du Pigalle Country Club, qui se fit un vrai plaisir de rappeler que leurs premiers concerts se sont déroulé dans les pires caves de Paname, pour au final terminer dans l’une des plus chers à nos cœurs. L’ambiance est littéralement électrique lorsque le groupe arrive sur scène pour se mettre en place. Les cris fusent, ceux des amis venus profiter une dernière fois du spectacle, des proches admiratifs, et des nombreux fans amassés avec les années qui souhaitent se prendre un dernier bain de sueur en compagnie du groupe.
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C’est donc naturellement les yeux révulsés par l’adrénaline que Syd fait son entrée. Il suffira à peine d’une chanson pour que la transe s’empare de son corps et le fasse se mouvoir et se déchainer tel un serpent. A peine le morceau suivant commencé, on peut déjà admirer son haut tombé laissant apparaître un 4ever Burnin comme taillé sur son torse en sueur.
Un concert d’adieux, c’est aussi l’occasion de rendre hommage à tous les membres qui ont apposé leur style et leur talent au cours de la vie du groupe. Le groupe invite ainsi avec émotion Arturo, leur premier batteur, à les rejoindre. Bien que celui-ci s’est laissé désirer…Peut-être pour pousser la salle à scander son nom ? Il arrive sous les cris de joie de la salle. Ancien bassistes ou guitaristes viennent au fur et à mesure les rejoindre à leur tour pour rendre hommage à leur musique et leur amitié.
Les solos de batterie fusent tout comme les ponts psychés. On ne compte également plus les solos de guitares ravageurs qui sonnent telle une immense messe rock n’ roll. La température devient affolante, poussant le fameux Arturo à arroser les plus vaillants à coup de bouteilles d’eau malgré la prophétie de Jean-Claude Vandamme. Il n’en fallait pas plus pour lancer le quart d’heure des slams et des pogos. Défilé de santiags et bottes blanches s’arrachent en direction du plafond, avant que Syd se jette corps et âme dans le public. Tel un moise sous psychédéliques, le voilà qui sépare la foule cherchant le eye-contact et arrosant de sa sueur les plus téméraires qui osent l’approcher. Il grogne tel un lion alors que Will, guitariste des Cavaleros vient les rejoindre pour les derniers titres, renforçant encore plus la cohésion du groupe. Terminant par la même chanson que depuis leur début, ils sonnent définitivement le glas.
C’est sur ces mots, et le plus beau des épitaphes que le groupe sortira de scène : « il n’y a pas de début ni de fin du rock n’ roll, car le rock n’ roll est la pulsation même de la vie. » Des mots que l’on pourra aussi dorénavant associé aux Burnin Jacks. Ne vous inquiétez pas, vous êtes tout sauf morts et pendant longtemps on se souviendra de ce concert bouillant de vie et de fête.
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crédit photos: Nathalie Gaudey