Alors que les perspectives de notre époque tournent en eau de boudin, un groupe résiste à toute humeur maussade. Il continue de propager ses goods vibes depuis 2004. Il s’agit de The Go ! Team qui revient pour un sixième album léger et dansant. Les amoureux de la première heure de la formation ne seront pas dépaysés car on retrouve ici, tous les ingrédients qui font leur réussite.
Depuis leur premier chef d’œuvre Thunder, Lightning, Strike sorti, il y a dix-sept ans, la bande de Brighton avait déjà trouvé leur formule : une batterie, une basse, une guitare, quelques intrus plus originaux accompagnés de samples soul/RnB des années seventies and eighties. L’effet cassette lo-fi faisait de son charme en apportant des grains de légèretés qui laissent alors dispensables la prise de LSD. Ladyflash fut notamment leur tube dansant de la formation. L’album fut même nommé aux Mercury Prize l’année suivante, reconnaissant ainsi la singularité et la qualité de leur projet.
Le hic, c’est que les albums se suivent et se ressemblent sans se renouveler davantage. L’effet de surprise n’y est donc plus. Le projet a même failli être abandonné puisque l’initiateur du groupe, Ian Parton, semblait avoir fait le tour de la question. Pourtant, The Go ! Team a sorti son sixième album dont le titre évoque déjà une suite. La mauvaise surprise, c’est qu’il n’y a pas de réelle surprise encore. Cependant, assez bizarrement, cet album fait du bien à nos méninges à une époque où la noirceur et les grosses basses ont pris le dessus. L’effet à contre-courant prend même une tournure un peu hype.
Get Up Sequences Part One est comme un retour aux sources sur les raisons pour lesquelles nous aimons la musique. Le disque commence par les airs triomphants des instruments à vent sur Let The Seasons Work. Les sonorités rétro des années 80 se mélangent à la fantaisie de la twee-pop. Cookie Scene poursuit sur le même flow des oubliés The Boy Least Likely To. La flûte mène la mélodie tout en donnant du sens à nos cours de musique au collège.
A l’écoute, on pourrait croire naïvement que le bande projette de belles paroles égayantes. En fait, presque pas. Tous les méfaits et déséquilibres de la vie sont relativisés. Ce n’est pas la première fois qu’ils opèrent ainsi. C’est le cas du tube de l’album A Bee Without Its Sting qui est un clin d’œil à la perte d’audition de Ian Parton durant l’enregistrement de l’album. Le titre sonne comme un classique des Jackson 5 avec les voix charmantes de Jessie Miller et Rian Woods. Mais il sonne avant tout comme un classique de la bande avec cette formule qui semble merveilleusement bien vieillir, surfant sur la cool attitude et l’enjouement de la vie.
Quelques autres guets font leur apparition, comme souvent sur les productions de The Go ! Team. On retrouve avec plaisir la participation de la chanteuse hip-hop Ninja sur le très percutant et funky Pow. Le groupe s’appuie également sur les membres du Kansas City Girls Choir sur la dernière sucrerie du disque, World Remember Me Now. Ce titre indie pop semble lui aussi figé au début des années 2000 malgré le déclenchement du réveil à son entame. Le synthé qui cancane est un symbole de cette époque.
Get Up Sequences Part One est assez court puisqu’il est d’une durée classique avec dix titres s’étalant sur trente minutes environ. Malgré cela, il se permet quelques essais purement instrumentaux qui ne serviront qu’à des interludes de fanfare peu mémorables. A Memo for Maceo met en valeur l’harmonica, Freedom Now se porte sur des aspérités psychés accentués par l’utilisation d’un orgue et Tame the Great Plains mise sur les instruments à vents dans un esprit festif. Trois transitions expérimentales qui rendent le contenu un peu moins riche
Au final, le plaisir de retrouver et d’entendre un album de The Go ! Team est toujours sauvegardé. La bande brille par sa simplicité et ses montées euphoriques qui contrastent souvent avec des sentiments mitigés. Get Up Sequences Part One a les défauts de ses qualités : un savoir-faire reconnu mais peu sensationnel. A Bee Without Its Sting est une pépite comme sait si bien faire la bande. L’ensemble reste très classique, laissant peu de places pour pimenter et rénover certaines sonorités.
Coups de cœur de l’album : Let the Seasons Work, Pow, A Bee Without its Sting