The Little Unsaid ou l’art de la mélancolie réconfortante

Avec December Songs, The Little Unsaid aka John Elliott allie simplicité et talent d’écriture dans un album folk baigné d’une douce mélancolie, juste ce qu’il nous faut pour nous accompagner au coin du feu cet hiver.

Pochette de December Songs

John Elliott est un auteur-compositeur et producteur britannique, qui depuis 2017 a su proposer une musique originale d’inspiration folk, tout en y incorporant des éléments des registres alt-rock et electronica. Outre quatre albums sous le projet musical The Little Unsaid, Elliott compose aussi régulièrement pour des films et pièces de théâtre britanniques.

Souvent accompagné par les musiciens Mariya Brachkova, Alison De Souza et Tim Heymerdinger – notamment pour l’album Lick The Future’s Lips sorti en juillet 2021 – Elliott a choisi pour December Songs de travailleur seul, jouant lui-même l’intégralité des instruments (guitares, pianos, orgues, mandoline, percussions, basse et ukulélé). 

Ecrit au cours de l’hiver 2020 et enregistré en deux semaines, Elliott a composé pour cet album neuf chansons originales et réinterprété à sa façon deux Christmas carols, ou chansons traditionnelles de Noël. “Je souhaitais trouver des chansons simples qui capturent la mélancolie de cette période de l’année, mais aussi le confort, la proximité, la joie d’une musique acoustique simple dans une pièce tamisée, et la promesse d’une année à venir différente”, a expliqué l’artiste. 

Avec le premier morceau Ebb & Flow (Yuletide!), Eliott donne le ton avec un fingerpicking à la fois doux et affûté, tout en distillant des pensées mélancoliques de sa voix feutrée (“It’s been rough, all told; Few holes in my clothes; Been drinking; A little more alone”). S’en suit Fine World (When You Can Look It In The Eye), avec ses harmonies vibrantes et son ton plus joyeux et entrainant, mettant en relief des paroles douces-amères (« We can warm our hands round the burning year; Feels good to set fire to so much lost time« ) teintées d’espoir. Hermit’s Carol, reposant sur un motif continu de guitare électrique et un interlude de piano, est un morceau qui montre bien toute l’habileté musicale d’Eliott telle que l’on avait déjà pu la percevoir dans ses précédents albums, avec une production minutieuse et intelligente.

Au centre de l’album, l’interlude instrumental Home Video peut être perçu comme un espace entre-deux, une pause s’insérant entre deux chansons qui (pour nous) forment le centre narratif de l’album: Sacred Space et December Sun. Ces deux morceaux, semblant s’inscrire dans une certaine continuité narrative, illustrent bien le talent d’écriture d’Elliott ainsi que sa maitrise de l’instrumentation. La première – incorporant des grelots et des choeurs – revêt une couleur plutôt chaude, explorant la possibilité d’un espace intérieur sacré dans un quotidien confiné (« The sensation of this life in us; Has been our sacred space« ), tandis que la seconde apparait résolument plus atmosphérique et introspective.

Family Tree questionne quant à elle la place de nos racines dans notre recherche continue de certitudes, qui selon Elliott est une quête vaine (« I’ve been scratching for meaning at the faces in the ice; Some story that’ll fix me in my crooked time; But it’s all mystery spelled out in black and white; And I dreamed up their lives like they dreamed up mine« ).

L’insertion des deux chansons traditionnelles de Noël, In Dulci Jubilo – accompagnée d’une délicate ambiance sonore électronique – et In the Bleak Midwinter – jouée avec simplicité à la guitare – apportent indéniablement une signature saisonnale à l’album, sans pour autant l’alourdir.

En penultinieme position, le solo de piano 5am Waltz joue un rôle quelque peu similaire à celui d’Home Video, préparant à l’ultime morceau de l’album, Bodhi Tree. Se déroulant le matin de Noël, ce dernier titre rythmé par une chaude mandoline permet de conclure l’album sur une note optimiste, comme un toast à la vie: “You dancing in the snowy rain, yeah! You naked as the day they made ya! You luminescent in your flames, yeah! You are on fire now!”.

Retrouvez The Little Unsaid sur Instagram et Youtube.