The Smile dévoile Cutouts, troisième bijou de sa discographie.

Today is the day. Depuis des semaines, on se languissait d’attendre octobre. Non pas pour dire adieu à l’été qui, finalement, est parti depuis longtemps, mais pour pouvoir lover nos oreilles dans ce troisième album. Dernièrement, The Smile nous avait mis en appétit avec un vinyle surprise comprenant les titres Don’t Get Me Started et The Slip puis avec Zero Sum et Foreign Spies. Aujourd’hui, c’est la consécration. Cutouts est sorti pour le plus grand bonheur des fans de Radiohead comme dudit groupe.

On se demande s’il faut encore présenter The Smile. Qualifié régulièrement de spin-off de Radiohead, le groupe anglais est composé de Thom Yorke, Jonny Greenwood (Radiohead) et de Tom Skinner (Sons Of Kemet), batteur émérite de jazz. Le groupe a été formé pendant la crise sanitaire qui a finalement eu le mérite de faire éclore une créativité inouïe chez beaucoup d’artistes. C’est le cas pour The Smile. Depuis, le trio est incoercible et enchaîne les albums.

Deux albums dans la même année.

Cutouts, sorti chez XL Recordings, succède donc à A Light For Attracting Attention paru en 2022 et à Wall Of Eyes (chroniqué par nos soins ici), pépite née également cette année (janvier). Par ailleurs, pour les plus assidus d’entre vous, certains titres seront familiers puisqu’ils ont été joués sur leur tournée précédente. On pense notamment à Colours Fly, Bodies Laughing ou Instant Psalm qu’on a eu l’immense privilège de voir sur scène.

À noter que ce troisième opus a été enregistré en même temps que Wall Of Eyes dans les studios Abbey Road à Oxford. Ceci explique la proximité entre eux. On retrouve la présence du London Contemporary Orchestra qui a contribué à l’album concernant les arrangements de cordes. L’orchestre a également performé avec le groupe lors du BBC Radio 6 Music Festival, un concert inédit et exceptionnel à retrouver ici.

De plus, la pochette d’album reflète la complétude de l’artiste pluridisciplinaire Thom Yorke qui a de nouveau collaboré avec son artiste et ami Stanley Donwood. En effet, leurs peintures suivent la carrière de The Smile et confèrent au groupe une identité puissante et reconnaissable entre mille. 

On n’arrête pas le talent !

Lorsqu’on parcourt la carrière du trio, la maestria se situe dans les moindres interstices de leurs créations qu’elles soient sonores, visuelles ou interactives. Ce sont toujours des expériences inoubliables qui créent une agréable sensation de mélancolie et d’amour profond. Leur art fait aisément vaciller. La fébrilité s’empare des corps des auditeurs et spectateurs. Place aux émotions pluridimensionnelles qui dépassent l’entendement et qui transcendent les êtres dans des dimensions inintelligibles pour les non initiés.

Du The Smile à l’état pur.

L’album met le pied à l’étrier avec Foreign Spies. Ce titre introduit formidablement bien l’ensemble. Le synthétiseur annonce la couleur. L’empreinte The Smile est là. Foreign Spies est lancinant, doux, contemplatif. L’auditeur est préparé à une plongée en apnée. La bulle The Smile se forme et commence à nous envelopper tendrement.

Instant Psalm succède à son prédécesseur pour un instant solennel. Un morceau solitaire et mélancolique à souhait mais composé comme de coutume avec adresse et maîtrise. Une certaine grâce s’en dégage. De plus, les arrangements sont déments pour les ouïes les plus avisées.

Trois membres du groupe The Smile version Weirdcore.

crédit photo ShinKatan x Weircore

The Smile, machine à tubes ou devrait-on dire, œuvres d’art.

Le troisième titre n’est autre que Zero Sum, un des morceaux les plus réussis de cet opus. Avez-vous déjà vu un tel groove ? Une telle classe ? Zero Sum est une addiction, une sucrerie dont on a envie de se goinfrer sans cesse. Des sonorités pleines de fougue, de folie et d’une dynamique chaleureuse qui fait chavirer nos corps. Béatitude et déhanché sont les promesses de ce titre qui fera assurément de vous des imbéciles heureux comme nous.

Un titre teinté d’influences parfois surprenantes.

Colours Fly apporte une autre couleur à Cutouts. Des accents orientaux sont perceptibles dans la composition. De plus, Tom Skinner est époustouflant à la batterie. Colours Fly constitue un énième tube de cet album : une rythmique impeccable, une articulation sublime, la voix lancinante de Thom Yorke comme on l’aime.

L’ADN jazz de Tom Skinner.

Eyes & Mouth représente assurément le morceau le plus jazzy de l’album. Les chœurs ajoutent de l’intensité. Jonny se balade sur les gammes avec la virtuosité qu’on lui connaît. Thom au piano amène de la profondeur à l’ensemble. Tom est incandescent derrière sa batterie. On est toujours subjugué par cette fluidité déconcertante. En outre, Eyes & Mouth est le fruit d’une intelligence collective supérieure. Pas de controverse, ces trois-là sont faits pour créer ensemble. Magistral !

Vous reprendrez bien un peu de génie ?!

En suivant, c’est au tour de Don’t Get Me Started d’être passé au crible. Ici, un pattern dessiné au synthétiseur apporte les fondations du morceau. Thom Yorke abuse de la réverb comme souvent et on adore se perdre dans l’espace créé alors. Sa voix se mue en instrument. Elle n’est jamais là pour agrémenter sinon égaler. Ce titre surpasse la 3D.  La capacité dimensionnelle que le groupe génère est infinie. Peut-on dire que ces musiciens viennent d’une autre planète ?

Moment intime façon piano bar.

Changement d’ambiance pour Tiptoe. Dans un coin sombre d’un piano bar démarre Tiptoe. Les cordes et le piano bâtissent un pont entre le présent et les années 30. Ce cantique scelle une transition et se présente comme une interlude (3’30 tout de même !).

Le huitième titre de Cutouts se nomme The Slip. Très étonnant dans sa structure comme dans son style, ce titre oscille entre musique électronique, rock’n’roll à l’ancienne et du bon gros The Smile. De plus, l’excellence de Tom Skinner est encore une fois à souligner. Le musicien issu de Sons Of Kemet se surpasse sur ce troisième album.

Avant dernier morceau, No Words a conduit les artistes à l’exploration. C’est peut-être la production qui nous plaît le moins mais c’est surtout parce que c’est très français (soi-disant) de ne jamais être pleinement satisfait ! La chronique était un peu trop dégoulinante d’excitation et de joie alors calmons-nous ! … Erreur 404. Impossible de ne pas s’enjailler sur les diamants bruts que nous livre The Smile !

D’ailleurs, il en reste un. Bodies Laughing conclut cet album. Près de cinq minutes pour dire au revoir à Cutouts. Son âme acoustique se dévoile. On peut vous assurer que c’est un doux moment en live.

The Smile aka dopamine.

Toute la musique de The Smile est cérébrale, on frôle sans cesse le climax. Cutouts n’en est pas exempt. Le légendaire trio propose à ses auditeurs des compositions inédites qui raviront de manière certaine les plus férus. Parmi nos coups de cœur, on notera Eyes & Mouth, Colours Fly et Zero Sum.

Les trois musiciens ont l’aptitude de transformer toute chose en œuvre d’art. Si la musique était une science, The Smile incarnerait Einstein, tant le groupe explose nos cœurs de la plus douce des manières en millions de particules, touchés par la grâce des notes.

Cutouts est un nouvel opus synonyme encore une fois de réussite. La magie opère. Il y a des artistes pour lesquels le talent est inné. The Smile en fait partie.

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