The War On Drugs – Zénith de Paris, 23 juin 2023

Les guitares envoutantes à souhait de The War On Drugs sont de retour à Paris et donne des accents de folk tout droit issu des grands espaces américains au Zénith de Paris en cette chaude soirée d’été qui débute.
 
The War On Drugs aurait pu être un titre de livre très sérieux, ou un film tout aussi sérieux avec une belle patine dramatique digne d’un palmarès du festival de Cannes. C’est peut-être d’ailleurs le cas.
Concernant le sujet de cette chronique, il s’agit d’un nom tapé au hasard après plusieurs bouteilles de vin et quelques recherches hasardeuses dans le dictionnaire entre deux amis, l’un deux étant Adam Granduciel, chanteur guitariste du groupe américain basé à Philadelphie, qui fait le bonheur des adeptes d’un indie rock mélodieux, aux accents très marqué par ce style Americana aux guitares dominantes mais jamais trop grasses, et énormément d’harmonies apportées par les percussions, les synthétiseurs et les chœurs. Bref, un style pointu mais en même temps très accessible, qui fait le bonheur des bandes FM à large taux d’audience aux États-Unis mais qui sait également convaincre les plus pointilleux d’entre nous.
 
 
The War On Drugs reviennent en 2023 à Paris, cette fois ci au Zénith, se donnant les moyens de leur ambition, leur dernier passage ayant rempli un Olympia qui s’est alors avéré une belle réussite. À la suite de la parution du dernier album I Don’t Live Here Anymore en 2021, le retour d’Adam Granduciel était inespéré. Comme pour confirmer leur large succès, et probablement en attendant un prochain disque que l’on l’espère en préparation, le septuor (oui oui, il fallait bien une scène de zénith pour contenir autant de monde) accapare la salle de la Villette et en ce début d’été déjà suffocant, va offrir deux heures de concert d’une belle majestuosité, venant apaiser les ardeurs de cette chaleur encore une fois bien trop précoce.
En seulement cinq album en quinze ans de carrière, The War On Drugs on néanmoins réussit à s’implanter dans le paysage musical indé américain, avec une recette de folk rock qui réunit tous les ingrédients définissant la musique grand public des Etats-Unis. N’y voyez absolument rien de négatif dans cette remarque, bien au contraire. Ce qui plait ici est le sens très affuté des harmonies, de celles qui requiert une grande érudition. Adam Granduciel est un grand fan de Bob Dyan, de Bruce Springsteen et de Wilco, on table ici sur un niveau exigeant et les compositions de The War On Drugs sont autant forgées dans les banlieues ouvrières de Chicago que dans les grandes plaines de l’ouest Californien. Pour les néophytes, c’est un son qui dès les premières notes transpire les Etats-Unis et qui nous incite à l’évasion.
 
 
Le chant aussi doux que puissant d’Adam Granduciel est y pour beaucoup. Avec ses airs d’éternel ado qui serait resté bloqué en 1993 (look grungy époque Pearl Jam et Soundgarden) et malgré une silhouette des plus imposantes, la voix de ce ténor à tee-shirt psychédéliques est vibrante et d’une grande intensité. Red Eyes, Pain, Thinking Of A Place ou plus récemment In Chains, I Don’t Wanna Wait, I Don’t Live Here Anymore et Occasional Rain issus du dernier disque, les morceaux aussi puissants qu’émotionnellement chargés se succèdent et le public présent, bien que ne remplissant que de moitié le Zénith, répond à 100% et quasiment tous les morceaux sont repris en chœur. Le chaix de la salle est alors un peu questionnable, car la subtilité du répertoire de The War On Drugs s’apprécie d’autant plus en configuration intime. C’est néanmoins une audience réactive notamment sur les titres le plus rock qui adhère et affirme sa fidélité à la pop rock brillante de ce groupe qui persiste dans sa discrétion et son humilité, du moins dans l’Hexagone.
 
 
Deux heures de set sans aucune pause, il n’en faudra pas plus au public pour acclamer le retour de The War On Drugs et leur faire passer le message au travers des salves de cris de joie et d’applaudissements que la suite est fortement attendue, et que ce prochain retour serait encore plus inespéré dans une salle plus chaleureuse.
 
Setlist :
In Chains
Oceans of Darkness
Pain
I Don’t Wanna Wait
Victim
Strangest Thing
Harmonia’s Dream
Red Eyes
Living Proof
Holding On
Thinking of a Place
Eyes to the Wind
Under the Pressure
I Don’t Live Here Anymore
Occasional Rain
Lost in the Dream
Old Skin
It’s Your Destiny