This Is Shit, électro onirique inquiétante et énervée

Les trois mecs de This Is Shit viennent de sortir leur premier album, ///, un condensé de dix titres regroupant des morceaux déjà sortis ainsi que des inédits. On retrouve cette énergie inépuisable, cette urgence dans le mouvement du corps. L’album, créé dans l’infini d’un DJ set, est une course contre la montre, un rempart contre l’immobilisme et une ode à l’électro des années 80 et le hard rock intemporel. C’est très fort. 

Sebastien Houis

On a suivi de près le chemin de This Is Shit depuis leurs débuts. Ils teasent avec parcimonie des titres depuis 2017, qu’on découvre toujours avec excitation. Originaires de Paris, ils détiennent l’équation secrète de cette fusion mystique entre l’électro, le métal ou encore le hard rock. 

Si l’on écoute avec attention, on discerna la guitare, la batterie furieuse et parfois même des sonorités d’orgues ou de violons. On évoquera les influences des années 90 dans ce synthétisme omniprésent. 
Si l’on fonctionne au ressenti, détaché de toute considération technico-pratique et autres références formelles, on dira qu’on s’est fait tabassé par des décibels inédits, par une musicalité forte, énervée, entre le combat de boxe ou la fuite effrénée contre le temps. On parlera de ce qu’on a senti vibrer sous notre épiderme, cette pulsion sinueuse qui s’empare de notre métabolisme, de nos pensées, de notre conscience. On évoquera le fait qu’en 22 minutes et 50 secondes, nous avons disparus. Loin. Dans un ailleurs que nous ne connaissons pas, exempts de qualifications, de mots ou d’adjectifs appropriés. On a fermé les yeux, les laissant voir ce qui n’existe pas. 
On a été transporté par dans un rêve proche de l’épilepsie, coincé dans une faille imprévisible. 

Les titres s’enchaînent sans aucune pause, sans jamais octroyé un seul répit à l’esprit qui écoute et aux corps qui s’animent. 
/// ouvre la danse, exprimant de manière crescendo cette énergie insatiable. On devine cette marche presque militaire des sonorités qui rejoignent le pas petit à petit, vers une montée explosive. On ressent toutes les influences du groupe : ce penchant organique de la guitare et de la basse, puis les vieux synthétiseurs et leurs teintes d’orgues. 

Ectasy a provoqué l’oubli. De soi, de vous, de nous, de l’autre du monde qui nous entoure. Introduite à la manière d’un groupe de hard rock, ou des Daft Punk, ce titre contribue au relâchement, à ce surplus d’énergie qui irradie dans les veines. C’est rythmé, incisif. Anesthésiant. On en devient aussi inquiet qu’insouciant, perdu dans un vortex de doutes et d’oubli, de conscience et de vide. 

On pourra aussi sites Hemp, dont la richesse des influences transporte, enivre. On aura fermé les yeux, découvrant, comme envahissant notre esprit, la silhouette des musiciens saccadée aux rythmes des sons. Les cheveux qui volent et fouettent le visage au rythme des mouvements de têtes. On aura eu mal au bras à la manière du batteur derrière son instrument. 

Et puis, notre cortex cérébral a bien failli exploser sur Amphétamine. Sur cette force saturée, cette tempête électrique qui soulève, qui emporte, qui projette contre les murs, contre le temps, contre tout

Vous l’aurez compris, /// est une course contre la montre, une boule de cristal qu’on explose par terre et qui transporte dans un imaginaire où l’on vit en vitesse accélérée. C’est le fracassement de la mâchoire sur le ring de boxe ou dans une rue sinueuse et crasseuse. C’est les jambes qui courent si vite que le cerveau en perd la mesure. C’est les bras qui frappent dans le ciel contre un ennemi inconnu. C’est le corps qui s’abandonne à ce que l’esprit ne comprend plus
C’est puissant. 
Ça tabasse. 
C’est électrifiant.