On ne va pas se mentir, Tim Dup est un peu à La Face B comme chez lui. On a plaisir à le retrouver à chaque sortie, et c’est une nouvelle fois le cas avec son superbe quatrième album, Les Immortelles. On en a donc profité pour parler avec lui de la vie qui passe, de tempête et de son rapport passionnel au piano.

La Face B : Salut Tim ! Comment ça va ?
Tim Dup : Franchement, ça va bien. Je suis à la fois un peu fatigué, une belle fatigue. Je crois que je n’ai jamais eu autant de choses dans ma vie qui se passent d’un seul coup : une sortie de disque qui est trop joyeuse, notamment le fait d’avoir lancé ces idées de soirées de sorties où tu vois un public et ça, c’est génial, c’est précieux de chanter des chansons qui sont sur un album avant qu’il ne sorte. Je n’avais jamais fait ça. Et c’est trop cool parce qu’elles se révèlent sur scène d’une autre façon, les gens les découvrent en direct, donc il y a quelque chose d’apeurant aussi, et en même temps un peu fatigué parce que plein de trucs… Et voilà. Mais globalement ça va. Je me sens chanceux, même si tu vois que paradoxalement, ce n’est pas le premier, et je trouve que c’est de plus en plus dur. A chaque sortie de disque c’est de plus en plus dur (sourire). Mais c’est bien, ça veut dire que c’est un métier d’ambiance.
La Face B : Après avoir caché des fesses partout dans tes clips, tu t’es enfin décidé à les mettre sur la pochette. Comment elle t’est venue, l’idée de cette pochette-là justement ?
Tim Dup : Elle est venue il y a un moment. Au départ, j’avais conçu le disque Les Immortelles dans un environnement plus nordique. Je me souviens, j’étais parti en Norvège marcher tout seul et je voyais par exemple la chanson éponyme Les immortelles, ce truc en trois temps très boisé, de l’ordre du recul aussi, pour trouver une sorte de silence, et finalement c’est devenu plus latin que prévu. J’avais déjà une envie de nudité, de lâcher prise et de mise à nu qui correspond, j’ai l’impression, pas mal au disque, où il y a plus d’intimité, de personnel, d’intérieur que les autres.
Et en même temps, j’ai toujours eu l’idée d’y être, mais fondu. Que ce ne soit pas du tout quelque chose de central, d’être au milieu d’une espèce de composition, de mise en scène. Donc il y avait cette idée de mise à nu et aussi, je pense, de griffer un peu cette image très très lisse que j’ai, qui me suit, qui n’est pas une mauvaise chose mais, on est tous des êtres complexes et ça me plaisait aussi d’aller griffer ce truc-là d’enfant sage qu’on m’a collé sur le dos, de juvénilité, de jeunesse, de : « Ah qu’est-ce qu’il est mature pour son âge » ce truc-là, tu vois.
Ça, ça me gonfle au bout d’un moment, et j’avais aussi envie de montrer que sur un quatrième disque, il était peut-être aussi le temps était venu de balayer ça, en tout cas de prendre conscience, de moi me donner confiance dans l’idée que j’étais à ma place sur cet album et que j’avais peut-être trouvé l’endroit dans lequel je me sentais le mieux.
La Face B : On avait déjà parlé de chemin précédemment, j’ai l’impression que Les Immortelles c’est un peu, puisque c’est ton troisième album en trois ans, la fin de la trilogie que tu avais entamée avec Qu’en restera-t-il ? Parce qu’y a autant d’influences de celui-là que de La Course folle, j’ai l’impression que c’est un bilan de ces trois dernières années, avec une ouverture vers quelque chose d’autre en fait…
Tim Dup : C’est vrai… Tu as raison, je pense qu’il y a inévitablement un fil qui se tend et qu’il me plaît de tendre aussi. Je pense qu’il y a à la fois de l’ordre de l’inconscient où tu fais un album, au début chanson après chanson. Finalement, il se dégage par la suite une homogénéité, une cohérence. Mais au départ, c’est rare d’avoir un concept de disque où tu te dis : « Allez je vais au bout de ce concept », si ce n’est dans les albums concepts. Quand tu fais de la chanson, j’ai l’impression qu’un disque, c’est plutôt la photographie de qui tu es dans une époque qui révèle ça, le monde dans lequel tu es au moment où tu l’es, et je crois qu’inévitablement il y a quelque chose aussi de conscient, d’avoir envie d’écrire une histoire dans un ensemble.
Et j’aime bien. Je crois vraiment qu’il soit même d’ailleurs la symbiose des trois précédents. Avec moins de marques des influences, alors que paradoxalement il y en a peut-être plus encore. Peut-être qu’il m’en fallait trois avant pour aller vers quelque chose dans lequel tu te dis : là, je crois que c’est ma place. Ne plus avoir peur de ça, je pense que c’est un métier où tu as vachement de magie et en même temps, tu te remets en question en permanence. De se dire pourquoi je fais ça, est-ce que les gens vont encore être touchés, et j’ai fait ce disque en étant débarrassé de ça, de me dire à tout prix, faut que tel morceau soit playlisté ici ou là. Il y a eu un vrai lâcher-prise là-dessus qui s’est révélé aussi sur la voix. Un travail de la voix vers lequel je n’étais jamais allé. Un petit peu sur La Course folle, mais pas tant que ça, et que j’ai découvert sur la précédente tournée. Donc c’est aussi un disque qui est vachement empreint de la tournée.
La Face B : C’est peut-être ton album le plus libre, parce que c’est aussi ton album le plus humain en fait. J’ai l’impression que c’est finalement un album où on peut parler d’impudeur… Où tu as mis le plus de toi. Sur un titre comme Le club des 27 par exemple, je ne pense pas que ça soit une chanson que tu aurais écrite il y a 2 ou 3 ans. Tu parlais de maturité tout à l’heure et de griffer cet esprit juvénile, mais j’ai l’impression que ça se synthétise beaucoup dans cet album-là, ce passage un peu à l’âge adulte…
Tim Dup : Oui et puis qui est à la fois, j’essaye, comme dans tout ce que je fais… On a beaucoup travaillé ça aussi à l’image avec Hugo Pillard, d’avoir à la fois de la lumière qui vient éclaircir les ombres, parce que j’ai quand même un environnement artistique assez mélancolique, je ne m’en cache pas. Et là, dans un disque comme ça, il y a avait encore cette recherche… C’est quand même un disque où il y a de la désillusion sur le vécu d’artiste, dont j’ai jamais vraiment parlé… En même temps, j’y vais avec des pincettes sur celui-là. Dans Pardon, j’ai menti il y a un peu ce truc-là, et il y a de la désillusion qui est plus liée à une envie de départ, une envie de silence… Merci et à demain c’est complètement ça. Les Immortelles aussi, avoir un truc de recul, retrouver une espèce d’essentialité avec peu de choses, l’amour je pense qu’il est aussi traversé par ça parce que, pour le coup, je l’expérimente plus que sur les autres.
C’est un amour qui est réciproque et plutôt solaire comparé aux autres disques. Et je crois que c’est aussi un disque qui dit… pas un adieu du tout, j’adore la musique, j’ai envie d’en faire longtemps, mais c’est un disque qui dit au revoir quand même, pour un petit temps. Je crois que derrière ça, j’ai un peu envie de m’absenter. Quatre disques en cinq ans, c’est beaucoup. Je crois que c’est bien aussi à des moments de faire silence, de vivre autrement aussi… Parce que tu vois, c’est un métier que je fais depuis que je suis jeune, depuis 19 ans en gros. Mine de rien, c’est des années je trouve assez charnières dans la construction d’une personne, d’un adulte, et je crois que j’ai envie de me construire par d’autres choses. Par d’autres choses que la musique, donc par une relation, tu vois, j’ai envie de quitter Paris, il y a d’autres envies, et je crois que c’est le premier disque où j’ose en parler.
On en parlait pas mal avec Quentin du groupe Magenta. Lui, il appelle ça la zone. D’aller de l’autre côté de la ligne, tu vois, où tu vas oser parler de ça, parler de toi vraiment. Ce n’est pas facile, ce n’est pas simple et en même temps ça me plaît, parce que j’ai l’impression qu’il y a un public, qui est fidèle petit à petit, qui est ce qu’il est, pas forcément le plus grand de France mais en même temps, ça me va trop bien d’avoir des gens qui sont là pour les bonnes raisons et je crois que c’est un disque qui va leur parler parce que se dégage plus ma personnalité.


La Face B : Si je le définissais en un mot cet album, pour moi c’est un album de tempête. Que ça soit au niveau du son, mais aussi de ce que tu résumes avant, de ce que tu exprimes. Il y a de la révolte, de l’amour, de la résignation, de l’espoir… il y a beaucoup de résilience aussi dans tout ce que tu racontes. C’est que même dans les morceaux les plus sombres, tu as toujours un espèce de point de lumière. Comme Le club des 27, pour revenir sur celui-là qui est quand même très chargé et très triste, il se finit toujours sur une ouverture…
Tim Dup : Déjà j’adore les mots que tu utilises ! A chaque disque, tu me lâches un mot et jamais je n’aurais dit tempête ! (sourire) Ce n’est pas de la colère, ce n’est pas de la rancœur, mais en effet il y a de la tempête. On est aussi dans un monde de tempêtes, que ça soit d’un point de vue écologique, d’un point de vue sociétal, on est traversés par une époque assez étrange… Qui est à la fois radicale, à la fois violente, chargée, dans le sens où on a eu une sur-sollicitation de tout, ce qui ne rend pas évident de sortir un album et d’en parler ou de trouver une parole. Et comme d’hab, comme je parle trop, j’ai oublié le point d’où je venais (sourire). On parlait de tempête… La vie humaine, c’est contrasté ! On est traversés par des sentiments diffus. Il y a de la joie dans une vie et y’a pas que ça. J’ai pas du tout cette velléité à faire des chansons uniquement absolument lumineuses et solaires, tu vois. Dans les moments où je suis méga bien dans ma vie, méga joyeux, généralement c’est des moments où tu vis en fait, où tu profites, tu n’es pas en train d’écrire des chansons dans ces moments-là.
La Face B : C’est pas la chose la plus facile à partager, parce que finalement sur de la joie pure, tu as la tendance à être un peu…
Tim Dup : C’est béat, c’est naïf, c’est fleur bleue… C’est assez trivial, les sentiments qu’on trouve là-dedans ! Je trouve vraiment que c’est dans la mélancolie qu’on va plus trouver une certaine forme de vérité, et après en effet l’idée ce n’est pas non plus de tendre une corde au bout d’une branche et de faire qu’un disque soit absolument insoluble et indigeste. Et ça, j’aime bien aussi. Aller contraster. Justement, Le club des 27, quand j’ai écrit ça ,ça me paraissait évident qu’il fallait une chute plus solaire qui est ce qu’elle est. En l’occurrence, un départ, un décès dans une famille, c’est tragique, et il y a toujours quelque chose derrière qui ramène un peu de lumière et ça, ça me suit. C’est du poncif mais en même temps, j’ai fait un premier disque qui s’appelle Mélancolie heureuse, je crois que l’histoire était déjà bien écrite à ce moment-là et je me refais pas.
La Face B : C’est du clair-obscur permanent puisque finalement Qu’en restera-t-il ? c’était un album qui était très sombre, on en avait parlé. Je pense que tu as écrit La Course folle en réaction à ce côté très sombre et à cette recherche de lumière et là, je trouve que tu arrives vraiment à une synthèse de ça et de se dire que dans la même chanson, tu peux aller du clair à l’obscur, de l’ombre à la lumière, et qu’on n’est pas obligés de choisir un côté ou l’autre pour faire vivre un morceau…
Tim Dup : Il n’y a pas de choix à avoir, je crois. Il faut être à la fois dans sa sincérité et dans la sincérité d’une chanson, ne pas l’emmener à tout prix dans un endroit qui n’est pas le sien. Et en effet, je crois que je n’aime pas choisir. J’adore être en permanence écarté entre les deux.
La Face B : Ce qu’il y a d’intéressant aussi, c’est que dans ta façon d’écrire qui mûrit avec toi, je trouve. Il y a ce rôle d’observateur sur les sujets sociétaux notamment, ou sur le titre que tu partages avec Eesah Yasuke… Tu n’es jamais dans le jugement, tu as toujours le recul nécessaire pour parler des choses sans pointer du doigt et sans dire c’est comme ça qu’il faut faire…
Tim Dup : J’essaye. Des chansons comme celle-là, elles sont intéressantes d’un point de vue d’écriture, parce qu’à la fois tu as envie de dire quelque chose, tu as envie de porter un regard sur une réalité, sociale ou du monde, qui est ce qu’elle est, on est a priori pas dans la dénégation. Je n’ai pas envie d’être dans un déni absolu de ce qui m’entoure et en même temps, je n’ai pas du tout envie d’être moralisateur. Parce que déjà, moi, je suis pétri d’imperfections, les gens le sont, le monde l’est… Je crois à la radicalité dans le monde qui nous entoure parce que sinon, au bout d’un moment on est dans l’impasse… Heureusement, il y a du monde qui joue de radicalité pour qu’ensuite les choses se lissent et trouvent un point d’équilibre.
Mais en tant qu’artiste, je crois que l’enjeu, il est d’être entre les deux. Encore une fois, ne pas être dans une dénégation de ce dont on a envie de parler, ne pas se censurer à tout prix par peur de choquer, de blesser, d’être trop lisse etc… Et en même temps, voilà, il y a cette idée d’aller chercher une nuance. L’idée de nuance, elle me plaît beaucoup. Et puis je ne suis pas politicien, je ne suis pas militant, je ne suis pas climatologue, je ne suis pas juriste dans une association de luttes contre les violences faites aux femmes, mais par contre, j’ai un regard d’artiste. Et être artiste, c’est ça, c’est juste regarder autour de soi. Tu parlais de contemplation, c’est ce pourquoi j’aime écrire des chansons. Tu es une espèce de tampon, d’une situation, d’une époque, tu la regardes. Ce ne sont que des impressions, qui sont les miennes. Déjà, ça ne veut pas dire que c’est une vérité immuable ce que j’écris, et en plus ce ne sont que des impressions, donc je crois que comme ce sont des impressions, tu n’es pas en train d’asséner des vérités. Tu n’es en train de donner un regard intérieur sur une chose extérieure.
La Face B : J’aimerais revenir sur le travail sonore de l’album. J’ai remarqué un truc, peut-être que je me trompe… Mais je trouve qu’il y a un vrai travail sur les percussions de l’album. Ce n’est pas forcément l’élément le plus important et le plus présent de l’album, mais quand elles apparaissent, elles sont vraiment là pour surligner, renforcer toutes les émotions qui apparaissent…
Tim Dup : C’est marrant que tu me dises ça, parce que ce n’est pas du tout un album qui est basé sur la rythmique. Pas basé sur des batteries, sur des grosses boîtes à rythmes… Mélancolie heureuse, il y avait un vrai truc de rythmique, Qu’en restera-t-il ? aussi mais pareil, on était dans un souci, je crois, minimaliste. La Course folle, il n’y avait pas tant de rythmique que ça, et là il y en a encore moins.
Notamment parce que je l’ai réalisé seul dans mon studio ce disque, et moi je ne suis pas batteur, donc je pense beaucoup plus comme un réalisateur, je vais beaucoup plus naturellement vers les mélodies et les textures. Donc quand je vais amener de la rythmique, c’est en effet presque par besoin, je n’y vais pas pour rien. Si je m’écoutais vraiment, tu aurais pu tout à fait avoir une espèce de rythmique de ballet ou même d’électro, ça pourrait s’y prêter. Et en fait à un moment, il y avait un souci de produire en étant très minimal, ce truc à la Rick Rubin, moins que zéro quoi. Tu écoutes une chanson et tu te dis à quoi ça sert de mettre ça, parfois ça ne sert à rien. Et puis, en effet, un truc de textures, d’être dans un souci du sample, dans la rythmique… Toujours ce truc d’ambiance, où j’adore avoir de la cinématographie dans un disque, un cadre visuel…
La Face B : Ce qui ressort forcément de ça, encore plus que sur tes autres albums, c’est ton rapport presque passionnel avec ton piano. Les guitares apparaissent de la même manière, presque comme des explosions sur l’album. Mais le piano, il est partout. Je trouve qu’il a autant d’importance que la voix sur cet album-là.
Tim Dup : Ouais c’est vrai. En fait, il y a un côté où c’est marrant… La précédente tournée, je l’ai commencée en groupe, avec quelque chose de très électrique, même assez rock, que vous avez vu à Tourcoing, au Grand Mix. Et derrière, les festivals d’été, pour pouvoir en faire plus, puisque c’était le tunnel de l’après Covid, je les ai fait quasiment tous en piano-voix. Et c’est marrant, parce que ces deux périodes de tournée-là m’ont vachement nourri dans la création du disque. J’ai essayé de revenir à une idée de piano-voix augmentée. Qui était en fait le concept presque de ma présentation sur scène au tout début. Quand je faisais des premières parties, pareil. Peu de budget, tu vas tout seul sur scène, tu te dis : « J’ai fait un peu d’électro, c’est con, je vais ramener mon ordi avec le piano ça va être bien ». Et là, y avait un peu de ça.
Aussi, d’être dans mon studio, chez moi avec un piano et la voix, de pouvoir composer absolument tout autour de ça. Et les chansons, comme elles sont nées de cette façon-là, il n’y avait pas vraiment d’autres façons d’arranger l’album. Si ce n’est d’amener plein de virgules. Donc les guitares, les ambiances, les effets, les rythmiques, les synthés, tout vient comme des virgules autour de la voix recentrée sur le texte, et autour d’un piano qui jouait l’assise rythmique.

La Face B : Ce qu’il y a de fou, c’est que ça donne finalement ce traitement proche de la tempête. C’est qu’il y a un vrai foisonnement sonore sur l’album. Où chaque chanson a sa patte, où j’ai l’impression que tu brûlais un peu de tester plein de choses. Un morceau comme Amor par exemple, qui a presque un côté hip-hop par moments, et qui entre en contradiction avec Si je m’écoutais vraiment ou avec Pardon, j’ai menti. Il y a vraiment cette envie d’offrir tout ce que t’es. On parlait d’impudeur, mais elle est aussi dans le son, j’ai l’impression.
Tim Dup : Oui c’est vrai. Toujours dans l’hybridité. Je ne me rends compte que c’est pratique, mais d’avoir fait un premier disque déjà hybride, déjà empreint de pas mal d’influences, ça te permet derrière d’absolument tout faire. Il y a des artistes que j’adore en chanson française, mais qui, par exemple ont fait des premiers disques très marqués sur un style de musique et tu te rends compte que c’est difficile derrière de sortir de ça. Ça peut être un piège, en tout cas dans un renouveau.
Moi, il y a un côté où de base, mes chansons naissent d’un piano-voix, donc il n’y a pas trop de soucis. C’est infini d’arranger un piano-voix. Et j’ai encore oublié le point de départ (rires). Le foisonnement, le besoin de livrer un peu tout… Et Amor et Le fil, ce sont les seules qui sont co-produites avec Paco Del Rosso, qui lui a produit pour Damso, donc y a un vrai truc hip-hop que je voulais trouver avec Eesa aussi, qui est à la fois un marqueur de notre époque et aussi d’une musique que j’écoute. Mais de pas y tendre par posture. D’aller chercher ça comme du fun, comme du plaisir. Et Amor, quand on l’a produite avec Paco, c’est allé hyper vite, c’était au cours d’un séminaire, on avait des réfs et il y avait à la fois un truc très hispanophone, presque écouter du Rosalia, et en même temps un truc très Damso, break minimaliste, de hip-hop moderne etc. Et c’est ce que je suis. Les gens aujourd’hui écoutent plein de trucs, et j’imagine que c’est un disque qui reflète ça.
La Face B : Si on devait résumer cet album avec tes mots à toi, qui apparaissent dans l’album, est-ce que la meilleure phrase ça ne serait pas : « On est vivants, c’est déjà ça » ?
Tim Dup : A fond ! A fond ! Ça me plaît bien, ouais ! Bah ouais, c’est déjà ça voilà… Ça revient à cette idée de contraste, d’ombre et lumière, de : « Bon, c’est la merde mais on est là », c’est déjà une victoire. Je me rends compte que j’ai eu beaucoup de chance dans ma vie et on est encore là, c’est déjà ça. La vie c’est pas mal (rires).
La Face B : Comme on est en début d’année, qu’est-ce qu’on peut te souhaiter pour cette année avec cet album-là ?
Tim Dup : J’espère qu’il puisse toucher les gens qui étaient déjà sensibles à ce que je fais, c’est pas un disque qui est né pour absolument ouvrir et aller pénétrer tous les formats. J’ai plutôt une envie d’asseoir quelque chose, pour justement me laisser la possibilité de me distancer un peu et de revenir avec une envie des gens. De revenir à un truc très enfantin, de pourquoi j’ai commencé le piano, pourquoi mes parents m’y ont mis, pourquoi j’ai eu envie de faire de la scène… plutôt retrouver un truc comme ça assez réciproque avec des gens. Je ne lui souhaite pas un truc compliqué à ce disque, je lui souhaite une histoire assez simple, plutôt saine, qui soit joyeuse et qui puisse m’emmener dans d’autres horizons. Une vie à Marseille et des voyages, et ça m’ira bien.
La Face B : J’ai entendu parler d’un roman aussi…
Tim Dup : Exactement. Qu’il puisse être aussi un pont, une passerelle vers d’autres formes d’expression.
La Face B : Ma dernière question, est-ce qu’il y a des choses récentes qui t‘ont plu que t’as envie de partager ?
Tim Dup : Musicalement, il y a une scène française de meufs que je trouve tellement au-dessus du lot, de tout le reste (sourire). Zaho de Sagazan, bon tout le monde en parle, ça n’est pas une surprise, quand on fait la création des Trans et que ça se passe si bien, généralement le plateau médiatique est ouvert, mais en plus, c’est une super meuf. J’adore Laura Cahen, pareil, elle est ovniesque, c’est d’une telle élégance… Il y a Yoa, Lonny, Coline Rio… Moi, j’adore toutes ces meufs.
Et j’adore, là j’ai vu Feu ! Chatterton sur scène et je trouve ça formidable qu’il y ait des groupes qui existent comme ça en France, avec une telle qualité, une telle exigence musicale, qui sont bons sur scène, qui ont un public chan-mé. Ça existe encore des groupes qui construisent, disque après disque, une putain d’œuvre, et ça donne confiance dans le fait de faire des albums sans trop d’attente, mais plutôt dans un souci d’endurance.