Avec Toute première fois, La Face B met en lumière les premiers titres, les premiers clips d’artistes qui feront à coup sûr demain. Pour notre (déjà) dixième rendez-vous, nous partons à la rencontre de P.R2B et sa Chanson du bal.
Qu’est ce qui nous attire chez un artiste ? Cette idée est souvent difficile à définir. Cela peut passer par la voix, souvent par le texte et fatalement par les ambiances qui se diffusent de sa musique. Il y a l’interprétation aussi, celle qui fait exploser les intentions et les émotions, celle qui nous transporte ailleurs et qui finit par créer une connivence assez étrange avec une personne qu’on ne connait finalement pas. P.R2B réussit le petit miracle de réunir tout cela au creu de sa main, nous la tendant tranquillement pour nous inviter dans un monde ou la cinématographie se colle au lyrisme, ou la poésie cajole la mélancolie. Soyons honnête, la jeune femme est loin d’être inconnue à nos oreilles, passée par la case des défricheurs de La Souterraine, elle nous avait déjà fendu le cœur à deux occasions : avec son sublime et intense Océan Forever, désormais introuvable, mais surtout avec sa reprise toute en intensité du Tu ne dis jamais rien de Léo Ferret. Un éclectisme bienvenue qui s’était exprimé totalement dans son featuring avec Hyacinthe, à toi étant une des chansons les plus expérimentale et belle de RAVE.
Aujourd’hui, c’est avec son premier clip, La chanson du bal, qu’elle se dévoile totalement, en son et en image. Bercé par des nappes électroniques et des instruments à vent qui renforce la chaleur et la sensualité de ce titre, La chanson du bal est un premier titre qui en dit déjà beaucoup sur ce qui nous attend. Une écriture direct, qui joue sur les images et sur les couleurs, qui renforce le côté visuel et dépoussière avec bonheur une chanson française parfois trop obsédée par ses ainés pour vraiment prendre le pas d’une modernité pourtant nécessaire. Ce soucis ne se pose pas chez P.R2B tant ce premier titre jouit d’un son qui ne ressemble qu’à elle et qui en impose, et l’impose, comme une belle promesse de cette année 2020. Passée par la Femis, en sortant avec un diplôme de réalisatrice sous le bras, Pauline Rambeau de Baralon , de son nom au civile, s’attaque aussi au côté visuel de sa musique, réalisant ce premier clip en y apposant une touche rêveuse, proche parfois du suréalisme et fuyant un monde qu’elle ne comprend sans doute pas pour se retrouver transporter dans un château étrange ou tous les yeux semblent se tourner vers elle. Pourtant les siens ne voient qu’une personne, incarnée Alma Jodorowsky, et d’un coup le temps s’arrête et le monde bascule. Tout disparait et tout renait, les yeux des écrans devenant les images de l’être aimé, la crainte se transformant en obsession, en recherche de l’être aimé et c’est dans la fête que celle-ci revient, dans un sourire et un regard qui pétille. Ces va et vient entre le fantasme et la réalité, ce soin particulier apporté à l’image et l’envie dominante d’apporter une vraie proposition visuelle à un titre qui l’était déjà énormément. La chanson du bal est une proposition puissante, périlleuse et poétique, un premier titre qui appelle un album au cours de l’année alors que P.R2B sera de passage au Pop Factory en février mais aussi à La Boule Noire au mois de mai.