Track by Track avec Hoorsees : A Superior Athlete

Quelques mois avant la sortie de leur album, A Superior Athlete, en avril dernier, nous avions échangé avec Alex, Zoé et Thomas de Hoorsees pour un Track by Track poussé qui nous a permis de décortiquer – longuement – un à un les morceaux de ce dernier. Une interview sous le signe du sport, de Stéphane Plaza et du disco : tout ce que l’on aime.

Hoorsees © Clara De Latour

La Face B : Pour avoir choisi ce titre d’album, j’ai envie de vous demander : quel est votre rapport au sport ?

Alex : Tout le monde peut répondre (rires) mais c’est déjà le titre d’une chanson de l’album, et c’est aussi une citation de Rocky 3, ou Rocky 2… je ne sais plus. Et en fait j’ai écrit cette chanson car j’ai regardé tous les Rocky d’affilée avec ma compagne, et il y a un moment où le rival de Rocky lui dit « Je vais lui prouver que je suis un meilleur athlète que lui ». Cette phrase m’est restée en tête car je trouvais ça bizarre de dire ça. En anglais ça passe peut-être bien mais en français « athlète supérieur » ça ne se dit pas. Je trouvais que ça sonnait bien et j’ai écrit une chanson sur ce thème, puis tout s’est articulé autour de ça.

La Face B : Par rapport à la pochette du disque, comment le golf s’est retrouvé dans cette histoire ?

Alex : On a hésité avec pas mal de sports mais on voulait pas faire d’appropriation culturelle trop sur les USA alors qu’on n’est pas Américains. Le golf me paraissait être quelque chose d’assez international, d’européen aussi, et c’est surtout ce qu’on avait sous la main. En vrai, ce sont les photos que je prends moi pendant les vacances, et on avait fait du golf. Parce que oui : on fait du golf en vacances. 

Zoé : Enfin, « on fait du golf », on avait été à Veulettes-sur-Mer où tu tires juste dans des balles. 

Thomas : On s’est rendus compte en faisant du golf que les vieux golfeurs sont cool, mais pas les trentenaires. 

Alex : Il y a du golf dans le film Weekend at Bernie’s aussi. Puis c’est quelque chose qui est marrant, j’aime bien le côté vieux bourge installé qui colle pas du tout avec le reste. 

Zoé : Et on est évidemment tous de très grands sportifs, ça nous est apparu comme une évidence. 

La Face B : Un sport préféré pour chacun·e ? 

Zoé : Ah bah le fitness, évidemment.

Alex : J’ai été champion Île-de-France de ping-pong quand j’étais jeune, et c’est vrai. Mais c’est pas mon sport préféré. Moi, j’aime beaucoup le tennis. Et j’aime beaucoup le sport d’une manière générale, et la mentalité sportive m’intéresse.

Thomas : Alors moi évidemment : la montagne, l’alpinisme et le parachutisme. Voilà. (On ne dirait pas comme ça, mais c’est très important pour la fin de cet entretien)


Track 1 : Week-end at Bernie’s  – Passion cinéma

Zoé : Moi, je l’imaginais plus à la toute fin, ce morceau.

Alex : On a voulu tenter d’avoir un truc un peu plus différent, plutôt qu’un single, et une première chanson qui fait un pied de nez avec le reste. Alors est ce que c’est une bonne idée ? Je ne sais pas (rires) Mais en tout cas c’était plus un statement sur ce qui arrive après, pour voir si on pouvait se permettre d’aller plus sur des terrains comme ça. Au moment où je l’ai écrite je l’aimais bien, et je l’aime toujours bien. C’est un bon film aussi, on a fait le clip autour de ça. J’ai eu des réactions très divisées sur ce morceau ; on le trouve atrocement nul, voire ringard, voire pourri, et des gens l’aiment bien, c’est clivant. 

Zoé : En espérant que ça attire des personnes qui n’aimaient peut-être pas trop ce que l’on faisait avant, mais bon, je ne sais pas si ça marche. 

Track 2 : Cream & Onion – Pop music

Alex : Ça, c’était sensé être le vrai single de l’album. Enfin, c’est ce que l’on m’a dit. C’est peut-être l’une des chansons les plus pop qu’on ait faites. On a eu une manière beaucoup plus collégiale dans la manière de travailler, il y a une vraie importance des choeurs. 

Zoé : Elle est assez différente en live de la version studio je trouve, et c’est le morceau que je préfère jouer, personnellement. 

Alex : Ça fait un peu grand écart de commencer sur une première chanson très rock sur le disque, et d’aller sur du plus pop. Le statement est fait qu’il n’y a pas grand-chose qui est interdit en termes de styles. Ce n’est pas hyper référencé sur un sujet, et ça peut partir dans des directions plus ou moins ouvertes. 

Zoé : Et on ne savait pas, mais Alex déteste les chips Cream & Onion…

Alex : Tout à fait, bien sur. Et j’aime bien les paroles, c’est un album à textes, ça peut faire un peu prétentieux, mais tant pis. Ça a du sens dans l’histoire que ça raconte, c’était une manière de faire un twist entre un truc très lent et lourd au début, et de varier. On voulait montrer que ça pouvait balancer de l’un à l’autre. 

Track 3 : Jansport – Exploser les streams

Zoé : Jansport je crois que c’est le premier morceau qui nous a tous mis d’accord, il a un peu guidé le reste de l’album il me semble. 

Thomas : Celui-là, on l’a déjà joué quelques fois en live et on l’a toujours introduit comme le hit dansant, c’est peut-être le morceau qui va nous faire péter le score de streams (rires). Il va aller dans le Billboard.

Alex : Il y a une volonté complètement assumée de faire un truc entêtant. Je trouvais ça vraiment intéressant de faire ça pour un groupe qui fait du shoegaze un peu, c’est à dire faire de la musique dansante, ce que j’aime beaucoup aussi. Ce truc des années 2000-2010 où il y a eu un mélange un peu dégueu entre du rock et des beats disco. J’avais vraiment envie de ça, d’autant que Nicolas est un super batteur de disco, ce serait dommage de ne pas exploiter son talent ainsi. J’aime beaucoup ce morceau car il y a un petit truc Strokes, qu’on explorera peut-être plus à l’avenir, et je trouve qu’il ouvre un peu le champ sur les références qu’on peut avoir. Notamment The Virgins que j’aime beaucoup, c’est directement influencé par eux. Mais comme personne ne s’intéresse à eux ça va, ça ne se voit pas trop. 

Zoé : Si on nous a dit que ça ressemblait à Black or White de Michael Jackson (rires)

Alex : Après, un de nos amis nous a fait écouter un morceau de folk exactement pareil, mais je ne sais pas ce que c’est. Donc tout pourrait être un plagiat. On nous a dit en tout cas que c’était un bon morceau pour avoir un placement pub, donc on espère faire fortune avec. 

Zoé : Tu vas peut-être mal le prendre, mais j’aime bien la manière dont est écrit ce morceau car c’est celui qui raconte le plus une histoire. Comme tu détestes le storytelling dans un morceau ou un clip.

Track 4 : Memory’s Knife – Intense

Alex : Sans paraitre trop intense, j’ai pas trop envie d’en parler car c’est assez douloureux le thème de ce morceau. (rires)

Zoé : Ouhla bah j’ai pas grand chose à dire sur ce morceau du coup. Je suis peut-être à côté de la plaque, mais je trouve qu’il y a un côté un peu Beach Fossils, sauf le pont de fin.

Alex : Musicalement parlant, c’est ce qui se rapproche le plus de ce que l’on a déjà fait. Donc moi, je trouve ça bien d’avoir aussi ça pour rappeler le premier disque. Je voulais mettre un peu de Deeper dedans, et faire du post-punk sans que ce soit ça tout du long. Je suis pas très objectif dessus. À la base, il y avait un synthé qu’on a retiré, comme sur beaucoup de morceaux. À vrai dire, on a mis plus d’un an à mixer cet album, c’était la première fois qu’on essayait de faire comme ça. On a eu une approche minimaliste globalement, on voulait pas que ce soit volontairement arty. 

(Le leader de Dewey fait son entrée dans la pièce) 

Thomas : (Annonce pub) Allez checker BangerBoomer Official DivX Audio sur YouTube, c’est la nouvelle révélation de cette année 2022. C’est vraiment très bien, très très bien.

https://www.youtube.com/watch?v=lx_ymKfUMgE&ab_channel=Dewey

 

Track 5 : I’m Wearing My Raincoat In Summer – Garou-Céline

Zoé : C’était la version d’un autre morceau qu’on avait à la base, qui était beaucoup plus rock mais qui ressemblait un peu trop, je trouve, au précédent groupe d’Alex, Dr Chan. Il ne nous convenait pas trop, on l’aimait bien, mais ce n’était pas un morceau qui avait vraiment sa place dans le disque et notre entourage était perplexe, ils trouvaient le morceau un peu faible. On l’a laissé de côté un moment, et après Alex l’a réécrit d’une manière plus « ballade ». 

Alex : Oui, ça m’embêtait de le jeter car j’aimais bien le thème, ce qui est rare car je jette souvent  des trucs, mais lui je le gardais dans un coin de ma tête. J’avais envie que ce soit plus en rapport mais aussi en contrepoint du reste. Je l’aime beaucoup, je pense qu’on aurait du le choisir en single. 

Thomas : Moi, je pense que c’est mon préféré de l’album celui-là. Je l’écoute et les poils se hérissent tranquillement (rires). En fait, je trouve qu’il a un peu la signature, l’ADN du groupe, qu’on a depuis les premières démos. Il contient l’essence de notre projet dans les arrangements. 

Alex : C’est vrai que ça mixe les deux et ça installe des repères. On a aussi une très belle prestation de Zoé dessus qui chante fort. C’est notre moment duo, on a toujours ça. Garou-Céline. Mais c’est moi Céline et c’est elle Garou. Quasimodo et Hélène Segara. 

Track 6 : Blue Pants – Single manqué

Zoé : Pareil, Blue Pants on l’avait tej de l’album pour mettre un autre. On l’avait enregistré, puis en fait non. 

Alex : C’était pas une période très heureuse de ma vie, j’ai décidé que cet album était nul et la moitié des morceaux se sont fait virer – dont celui-là – j’en ai composé d’autres à la place et en fait c’était une erreur, car ils étaient nuls. On avait enregistré un autre morceau à la place, Blood Sports, qui parlait du film de Jean-Claude Van Damme. On galérait, et Florentin, notre ingé son, m’a refait écouter ce morceau, donc on l’a remis. 

Zoé : Et ça tombe bien, car c’est l’un des morceaux préférés de notre label aux États-Unis (Kanine Records). Ils voulaient absolument que ce soit un single et on ne les a pas écoutés. 

Alex : Enfin bref, globalement on a fait n’importe quoi pour les singles. (rires)

Track 7 : Drama King – Jazz fusion

Thomas : Le morceau jazz fusion de l’album ! (rires)

Alex : J’ai pendant longtemps pas voulu le mettre – concrètement, il aurait pu rester juste un morceau sur cet album. Par la force des choses, je me suis dit qu’on l’avait bien enregistré pour quelque chose. 

Zoé : C’est le morceau préféré des deux jazzeux du groupe, Nico et Thomas. Je l’aime bien avec le recul, ce qui n’était pas le cas avant. Quand on l’a répété pour le live, je trouvais que ça marchait bien. 

Alex : L’intro c’est très Walking on the Moon de Police, je voulais faire ça. Pour en faire un truc sympa, car je déteste la voix de Sting

Thomas : Je trouve qu’il y a un petit côté Omni dans une partie du morceau aussi, dans le refrain. C’est ça qui est intéressant, c’est que le morceau enchaine les parties c’est un peu une surprise. C’est pas très logique, et il n’y a pas forcément de refrain qui reste en tête, c’est plutôt une sorte d’exploration. Je pense que c’est ça qui me plait, ça va à l’encontre de ce que l’on a fait par le passé. C’est une nouvelle voie qui a été ouverte. 

Track 8 : Superior Athlete – Disco Blaster

Zoé : On l’a pas enregistrée dans la première session. C’était après quand Alex a voulu composer d’autres morceaux car certains lui convenaient pas…

Alex : Surtout qu’à la base c’était un morceau de disco !

Thomas : C’est vrai qu’on a enlevé ça, mais il y avait un pont très funky. Moi j’aimais bien, mais c’était pas très cohérent. 

Alex : On a fait un cut dans les prises. 

Zoé : On l’entend un tout petit peu quand on sait qu’il était là quoi, mais c’est tout. Un peu comme un vlog en fait. Il a été assez dur à enregistrer et à mixer, on a fait ça chez Florentin un week-end.

Alex : J’écoutais beaucoup Ghetto Blaster de Bryan’s Magic Tears et je voulais un truc comme ça… 

Thomas : Un truc qui envoie le bousin quoi ! (rires)

Alex : Un peu autoroute du rock, paroles sensibles, « shalala » à la fin. Il y avait beaucoup plus de « shalala » dans pas mal de morceaux, je voulais qu’il y ait ça. Ce que fait beaucoup Stephen Malkmus. Moi j’aime beaucoup le « shalala » raté, ce qui est assez dur finalement. Il faut une prise fausse, bien. Mais on a eu de l’autotune sur certains morceaux. 

Track 9 : Real Estate – Stéphane Plaza

Zoé : Alex va peut-être devenir agent immobilier, donc voilà. 

Thomas : C’est le moment de parler de sa passion, voire vocation. 

Alex : C’est un des seuls titres qui n’a pas du tout de référence directe ou indirecte au cinéma, ni aux groupes, car tous les autres parlent ouvertement des groupes que j’aime bien. Il y a un petit peu de storytelling où je me suis vu, où j’imaginais la complainte d’un Stéphane Plaza un peu… l’histoire d’un passionné d’immobilier. J’ai failli être propriétaire à Saint-Ouen, c’est pour ça… Assez autobiographique finalement.

Track 10 : TV In The Morning – Star Ac’

Zoé : Je trouve qu’il ressemble pas mal à ce qu’on faisait sur le premier album.

Alex : J’ai des sentiments contrastés personnellement… Déjà, on le joue pas en live, donc je ne sais pas encore ce que j’en pense. Il y avait une volonté de faire le morceau le plus simple possible.

Zoé : Florentin trouve que c’est le meilleur morceau de l’album.

Alex : Il y a encore une partie « shalala » que j’aime bien.

Thomas : La fin est complètement Star Academy ! (rires) On est tous les quatre en train de faire un choeur harmonisé, il y a presque un côté gospel, gospel rock. C’est l’opéra rock. Cette fin a vraiment ce côté bien conclusif, d’où ce choix. C’est un grand final.

Alex : Oui voilà, il a raison c’est le grand final… qui n’est pas du tout grand final. Tom de chez Howlin’ nous a dit que ça lui plaisait aussi, j’avais vraiment envie de finir sur du rien, et il n’y a pas grand chose de plus débile, et en même temps de plus ancré dans la culture depuis les années 60, que de dire « shalala ». (…) Je me suis quand même bien appliqué sur les paroles, il y aura un livret d’ailleurs avec l’album. Je trouvais ça dommage de devoir incarner des choses qui ne te parlent pas en concert, c’est une partie intégrante, voire essentielle, du morceau, parce que oui, il y a un propos.

Zoé : Oui, il a des choses à dire ok ? Il en a gros sur le cœur.

Alex : J’ai à dire que j’ai rien à dire déjà, et ça, ça prend dix chansons.

Zoé : Il suffit de parler de tes films préférés et des programmes tv.

Interlude et fin spéciale parachutisme – faisant le lien avec les diverses thématiques sportives des clips

Thomas : J’aurais aimé qu’on fasse un truc autour du parachutisme… mais je comprends qu’effectivement, c’est moins réalisable.

Alex : Non mais ça peut se faire avec une GoPro. Si tu peux un jour sauter avec une guitare sanglée. (rires)

Thomas : Je peux demander à mon moniteur… et d’ailleurs j’en profite pour faire de la pub à mon moniteur de parachutisme qui a un groupe qui s’appelle The Flying Pirates (rires), allez écouter ! Il a déjà sauté avec une grande figurine et il a fini en couverture de Paramag (rires). C’est the magazine de parachutisme.

(et oui évidemment on a retrouvé la photo en question)

A Superior Athlete est dispo partout en ligne depuis le 22 avril, le vinyle arrivera courant juillet, et Hoorsees est actuellement en tournée un peu partout en France. N’hésitez pas à les suivre sur leurs réseaux pour en savoir plus.