Ils promettent des ondes sismiques avec un nom qui rappelle les premiers tremblements de terre avant une éruption volcanique. Tremor Ama a sorti début juin leur premier album Beneath après un EP éponyme, et c’est en effet très lourd. On manque un peu de métal progressif sur la scène française, ça tombe à point nommé.
Un homme seul dans une grotte face à un halo de lumière a été choisi pour représenter cet album. La lumière au bout du tunnel ? L’échappatoire d’une société malade ? Groupe engagé, Tremor Ama n’hésite pas à aborder des sujets tels que le déclin de la société ou l’introspection.
Malgré ses cinq titres, l’album comptabilise 31 minutes au compteur. Vous l’aurez compris, chaque titre prend son temps, avec des intros dantesques qui font planer une ambiance presque cinématographique, et des ponts sauvages qui n’hésitent pas à envoyer le morceau dans une autre dimension.
Suite à la magnifique introduction instrumentale Ab Initio, Green Fire annonce immédiatement la couleur. Nous avons affaire à des musiciens qui savent manager le suspens, installer une ambiance, et en balancer plein dans la tête au moment opportun. Les guitares sont aussi saturées que célestes, la basse entre le groove et l’appui, la batterie est aussi fine dans son toucher qu’elle est lourde dans sa frappe, le chant est d’une émotion et d’une puissance rares. L’album est d’une grande délicatesse dans son exécution qui le rend aussi planant que percutant.
L’orage s’abat sur Eclipse, avec une intro extrêmement épurée, un jeu de réponse délicieux entre la guitare et la batterie. De ballade gothique sous une nuit sombre, le morceau évolue vers le dark métal et ses guitares venues des enfers. D’une construction ultra audacieuse, le groupe n’hésite pas à s’essayer à des passages expérimentaux voir psychédéliques afin de faire régner une ambiance entre le céleste et les enfers. Pour les amateurs, les screams rageurs et les gros crescendos sont aussi de la partie.
Avec ses vibes Heavy Metal, Mirrors n’est pas en reste niveau solos formidables et batteries fracassées. Un son qui donne franchement envie de gueuler tous en chœurs en concert dans un headbang général.
Plus stoner, Grey a été choisi pour représenter l’album par un clip d’un bel acabit. On nous promet une plongée dantesque dans une soirée appartement qui vire au bad trip. Tout y est, les deux potes sur un canapé défoncé, la nana qui ne se sent pas à sa place et boit pour se donner une contenance, et surtout un bouquet de fleurs dont les pétales ont le même effet que de l’acide. Les gars partent en trip et atterrissent dans une forêt peuplée de créatures terrifiantes et de solos de guitares épiques. Leurs corps matériels se libèrent, se déchainent, s’embrassent, exultés par la musique. Ils finiront leur périple psychédélique dans la grotte du groupe qui les accueillera tels des prophètes des ténèbres. Oscillant entre le métal, le psyché et le stoner, le son est particulièrement furieux et d’une construction impeccable. On remarque l’expérience de la scène à la façon dont ils ménagent l’énergie de leur public.
Se jetant avec avidité dans la brèche du métal dark et du stoner grave dont on manque cruellement en France, les Tremor Ama imposent leur style et sont identifiables entre mille. D’une finesse aussi absolue que le noir de la nuit, le groupe possède ce don de nous faire planer et battre le cœur à la chamade. Un équilibre absolu.