Jamais assez de Turnstile.

Phénomène culturel de Baltimore, Turnstile n’en finit pas d’impressionner et de rendre accessible la scène hardcore qu’ils redéfinissent sans cesse avec leurs propres codes. D’innovations en innovations, ils arpentent les scènes avec une énergie à crever le plafond et des morceaux qui deviennent instantanément des tubes. Après avoir sorti Glow On, un des meilleurs albums des dernières décennies, Turnstile érige Never Enough, sorti chez Roadrunner Records, en digne successeur de cette précédente masterpiece. Alors, on était très excité à l’idée de pouvoir vous en parler.

Turnstile émoi.

Depuis avril dernier, Turnstile joue avec nos émotions. Avec le titre éponyme Never Enough, le groupe a une fois de plus tapé dans le mile. Never Enough a créé l’effervescence autour de leur retour, annonçant un triomphe à venir. Ce morceau s’écoute à l’infini et tisse un lien indéfectible avec le public. Turnstile fait émerger une vague d’endorphines qui enveloppe et sécurise.

S’en est suivi une campagne de promotion qui a provoqué un émoi considérable avec un lot d’affiches typées années 80 et ce ciel bleu qui occupe l’espace et qui symbolise ce temps radieux qu’ils savent amener quelle que soit la météo. Aussi, les vidéos de leur concert caritatif dans leur ville natale ont fait beaucoup de bruit. C’est l’esprit Turnstile qui fait rêver. Une liberté totale, une communion avec le public, la confiance instaurée, des anges qui volent à travers le public dans une violente délicatesse sont autant de raisons qui font du groupe un symbole culturel inclusif et fort.

Bangers sur bangers.

À peine l’occasion de se remettre de toute cette agitation, qu’un double single a émergé avec des titres sublimes comme Seein’ Stars et Birds. Tout juste sortis, ceux-ci sont déjà devenus cultes. Birds ne fait pas dans la demi-mesure et rappelle les origines hardcore DIY du groupe de Baltimore tandis que Seein’ Stars emprunte les meilleurs atouts du funk et du groove tout en gardant l’esprit Turnstile si caractéristique.

Puis, le temps est venu de dévoiler un énième banger avant la sortie de l’album. Ainsi, Look Out For Me, dont on vous a déjà parlé ici, explose et met tout le monde d’accord. Look Out For Me, c’est l’expression du besoin de toucher les étoiles en plein pogo, comme si le groupe avait l’habileté de nous y amener. Peu de projets arrivent à déployer un côté solaire aussi fort, surtout les projets hardcore dont on n’affuble pas de cet attribut d’emblée. Cependant, il est notable que le hardcore n’appartient désormais qu’aux origines du groupe, puisque moins au présent. Turnstile « popifie » le hardcore qui se mue petit à petit en une entité hybride plus proche d’un rock mainstream pleinement assumé.

Le hardcore d’abord !

Turnstile a beau jongler magnifiquement entre toutes les influences dont il s’inspire, il n’en oublie pas moins son essence : le hardcore d’abord ! On pense notamment à Sole sur lequel Turnstile tabasse comme à son habitude tandis que les synthés intègrent des interludes old school de qualité. Dull prend aussi ce virage, à croire qu’on pourrait se fondre dans les pogos les plus énervés avec ce sentiment si intense de légèreté et de douceur dans la brutalité. Cette brutalité s’intensifie sur Slow Dive qui autorise une percée puissance dans l’antre obscure de Turnstile, donnant un accès privilégié aux tréfonds des âmes des musiciens·nes.

On ne peut que faire le parallèle avec Glow On dont Never Enough représente le volume II. Le groupe reste dans les mêmes schémas à succès. Ce tournant s’avère discutable bien que les compositions soient toujours aussi bien calées.

La haute gastronomie ensuite !

Ce qui est encore plus dément sur Never Enough tient dans le fait que le quintet détient une virtuosité qui lui permet d’amener le public vers une sorte de haute-gastronomie musicale. En effet, si les origines du groupe restent des marqueurs indélébiles, les associations de genres se multiplient. Avec une assurance sans pareille, Turnstile propose ainsi Dreaming, alliage malin et époustouflant dont les trompettes viennent glisser un groove délectable qui rend ce morceau bigrement festif et coloré sur fond de punk rock habité. Même si ce morceau est un OVNI au milieu des autres, on l’a beaucoup apprécié.

Par ailleurs, c’est sans compter sur l’apport massif des synthétiseurs que se développent des titres comme I care qui intègre des sonorités vintage, accentuant le côté feel good et shiny. Light Design est de même trempe, intégrant une vibe synth wave/électro détonnante et apportant un côté régressif autant que nostalgique. Cependant, le groupe peut se targuer d’exceller à la ponctuation de Never Enough. En effet, Sunshower, titre ambivalent, éclipse le soleil et inonde de lumière. Tempétueux au démarrage, ce morceau amène vers un lyrisme presque sacré, créant des moments suspendus, surréalistes, comme une sorte de hardcore expressionniste. Ceiling se prête également à la ponctuation, affichant un interlude confortable.

Puis, This Is Happening prélude la fin. Enfin, Magic Man émeut. La messe est dite. Les sons d’orgue retentissent. Turnstile donne accès à un rêve ultime, le plus haut à atteindre. Il panse le cœur et marque l’achèvement de quelque chose de grand. C’est là toute la magie que sont capables d’offrir Brendan, Franz, Daniel, Meg et Pat. Joie, bonheur, allégresse. Quel album !

crédit photo Alexis Gross

Turnstile crée un pop hardcore d’émotions.

Never Enough engage une fois de plus à prêter allégeance à Turnstile. Cet album a été façonné pour les amateurs·trices de sensations fortes. Avec la magie comme levier, le groupe propose un hardcore glowy et pailleté, offrant une bulle de rêve et une zone de confort merveilleuses. Turnstile n’en finit pas de provoquer une vague d’émotions sans précédent. C’est un phénomène culturel dont la grandeur est indiscutable. Que nous réservent-ils pour l’avenir ? Quoiqu’il en soit, Never Enough mérite les meilleures éloges et égale son prédécesseur Glow On. Turnstile serait-il au sommet de sa carrière ? La réponse est définitivement OUI.

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