Les plaisirs inattendus sont souvent les meilleurs. C’est exactement ce que nous a offert Tyler, The Creator cet été avec la sortie de DON’T TAP THE GLASS.

Une surprise estivale
Quelle surprise : une véritable réussite. À peine quelques mois après son neuvième album (oui, nous comptons BASTARD), le musicien californien nous prouve qu’il a su tirer les enseignements de ses œuvres récentes, reprenant le contrôle de ses émotions et de ses envies musicales.
En 2023, la réédition de CALL ME IF YOU GET LOST, enrichie de morceaux mémorables comme SORRY NOT SORRY, montrait déjà que, après une décennie de travail acharné et de succès artistiques, Tyler explorait une version de lui-même qu’il cherchait à apprivoiser avec maturité et expérience.
Puis, en octobre 2024, arriva CHROMAKOPIA, l’un de ses albums les plus beaux et touchants, offrant une plongée intime dans sa personne et son évolution artistique.
Aujourd’hui, avec DON’T TAP THE GLASS, il apparaît plus libre que jamais, mêlant le meilleur de son passé à la fraîcheur du présent. Cet album marque ainsi une nouvelle étape dans sa carrière, où fête et intimité coexistent harmonieusement.
Une énergie vertigineuse
Dès l’ouverture, Tyler nous entraîne dans un univers éclectique. Comme un hommage par le morceau d’ouverture de CHROMAKOPIA et par l’influence de Pharrell Williams cité dans ce morceau, Big Poe pulse dans l’air, ses basses frappant comme un tambour intérieur. Les percussions et les synthés tourbillonnent dans un chaos orchestré.
Chaque tension nous attrape par la nuque, nous plongeant dans un monde où l’énergie devient un corps à part entière. Le vertige est contrôlé, le chaos poétique : chaque note pousse à bouger, à ressentir, à respirer au rythme d’un univers flamboyant.
Douceur et sensualité
La frénésie cède ensuite la place à une douceur presque tactile. Dans Sugar On My Tongue, incontestable tube de l’album, les voix glissent comme du miel, les harmonies s’échappent en courbes sensuelles et les rythmes vibrent d’électricité.
Un souffle vocal devient murmure, un instant secret s’inscrit dans une caresse suspendue. Le monde extérieur semble disparaître pour ne laisser place qu’au désir et à la proximité.
Tempête mêlant exubérance, danse autoritaire et introspection
La fête reprend avec Sucka Free, un morceau pop et RnB qui impose sa présence avec rigueur et élégance. Les notes sont mesurées, le silence conscient, et la puissance se déploie dans une maîtrise audacieuse.
Les références à ses précédentes œuvres, comme le clin d’œil à That Guy, ponctuent l’album de petites surprises ludiques, nous invitant à décoder ses nombreux easter eggs.
Au coté de Mommanem, l’artiste se fait intime et vulnérable. La colère se fait corps et voix, les instruments s’effacent pour laisser place aux respirations et murmures. Ce souffle intense raconte une histoire de tension retenue et de réconciliation intérieure, faisant de ce moment un espace intime explosif.
La tornade revient auprès de Stop Playing With Me, courant électrique où émotions et énergie s’entrechoquent. La tempête est calibrée : ces accélérations et ces drops sont orchestrés. Ici, l’urgence devient plaisir, et l’exubérance, art. Un vertige guidé où l’on se laisse emporter, tout en savourant cette maîtrise sonore.
Cocon de fragilité et de tendresse
Ring Ring Ring offre une respiration délicate. Les harmonies flottent dans l’air et les mots résonnent dans un écho de désir et d’attente. L’émotion se concentre dans l’espace entre tous ces fragments sonores, fragile et intense à la fois, un moment suspendu avant le retour des rythmes plus nerveux.
Le vertige reprend avec Don’t Tap That Glass/Tweakin’, vortex de rythmes saccadés et de textures rugueuses. Contrôle et perte coexistent, chaque son devient impulsion et chaque silence menace, révélant la beauté brute et sauvage de l’album.
La douceur renaît enfin avec Don’t You Worry Baby, cocon protecteur sublimé par la voix de Madison McFerrin. Une ode au soin, à l’attention et à l’harmonie. I’ll Take Care of You approfondit cette sensation, mêlant force et vulnérabilité, dessinant un lieu où l’émotion se fait geste, où la fragilité devient beauté solide et rassurante.
L’Art du Recommencement
La fête se conclut avec Tell Me What It Is, un souffle entre questionnement et ouverture. Les textures légères et les lignes mélodiques arrière traduisent un désir de comprendre et de se livrer, tout en laissant une impression de cercle, de cycle prêt à recommencer. DON’T TAP THE GLASS se referme, laissant un espace pour revenir, découvrir et explorer à nouveau. Chaque écoute devient une nouvelle excuse pour exprimer son corps de la manière la plus virevoltante possible, révélant des nuances presque cachées, un univers où énergie, tendresse, fragilité et réflexion coexistent en équilibre parfait.
Ce projet nous fait dire que peu importe la direction que prendra la suite de Tyler, The Creator, c’est plus qu’irrésistible, et nous en suivrons assurément le chemin. Nous en ressortons épuisés de joie après toute cette énergie dépensée, et attendons avec impatience de nous ressourcer pour continuer à lui rendre hommage.
Découvrez notre chronique de CHROMAKOPIA ici, et retrouvez Tyler, The Creator sur Instagram et Facebook.