Les passages de Benny Sings au sein de l’hexagone sont si rares, qu’il était impensable pour nous de ne pas partir à sa rencontre. C’est donc à l’occasion de son concert (sold out évidemment) à la Maroquinerie le 30 octobre dernier, que nous avons pris le temps d’échanger avec lui quelques heures plus tôt. Retour sur cet entretien où on y parle de sa collaboration avec l’illustre Mac DeMarco, de sa passion non négligeable pour l’écriture ou encore du rôle libérateur voire salvateur qu’a joué son single et tube, Big Brown Eyes.
VERSION ANGLAISE PLUS BAS / ENGLISH VERSION BELOW
LFB : Le concert de ce soir est complet (interview réalisée le 30 octobre dernier, ndlr), comme beaucoup d’autres de ta tournée. Que penses-tu de cet intérêt grandissant porté envers ta musique ?
BS : C’est incroyable. J’ai quarante-quatre ans aujourd’hui donc je ne m’attendais plus à grand chose. En 2012, j’ai presque abandonné le projet Benny Sings pour travailler uniquement en tant que producteur ou parolier mais mon manager n’arrêtait pas de me pousser à écrire un nouvel album. Puis le label Stones Throw est venu vers moi et le projet a pris une toute autre tournure. C’est arrivé sans que je le demande, c’était fou, jamais je n’aurais pensé que tout ceci arriverait car à l’époque la tendance était à la musique new wave, bien plus sombre donc. Je n’aurais jamais imaginé qu’une musique légère, lumineuse comme la mienne puisse devenir quelque chose, c’était une vraie surprise.
LFB : Ton dernier album, Music, est sorti il y a quelques mois et la tournée qui l’accompagne a commencé il y a seulement quelques semaines. Qu’est-ce que ça fait d’enfin pouvoir le jouer sur scène ?
BS : C’est vraiment cool. Pendant le confinement, ma popularité a doublé voire triplé alors que je n’avais rien joué excepté quelques performances sur internet. Lors du dernier concert que j’ai fait avant que cette tournée ne commence, j’ai eu comme l’impression qu’il n’y avait qu’une dizaine de personnes qui connaissait ma musique et que le reste était juste venu pour regarder ou pour accompagner un.e ami.e. J’ai vraiment dû les convaincre d’aimer ce que je fais. Et puis deux ans plus tard, il y a dix jours de là, j’ai joué pour la première fois dans une salle de ma ville natale en Hollande. Tout le monde criait mon nom et chantait les chansons. C’est arrivé d’un coup et c’était assez bouleversant je dois dire.
LFB : Ta musique est souvent considérée comme de la musique feel-good. Est-ce que tu es d’accord avec ça ?
BS : Oui, totalement. Même si au lieu de dire feel-good, je dirais légère comme opposée à quelque chose de sombre. Je ne dirais pas qu’elle est superficielle mais il y a toujours eu cette dualité au sein de ma musique, je parle souvent de choses tristes mais j’aime aussi beaucoup les mélodies légères et l’opposition entre la lumière et l’obscurité. Je préfère chanter une chanson triste qui parle de quelque chose de joyeux ou une chanson joyeuse qui parle de quelque chose de triste, c’est bien plus intéressant.
LFB : Dans le morceau éponyme de ton album, on peut t’entendre chanter ceci : « Music help me through this / whenever I’m down on the floor ». Est-ce que tu considères la musique comme une sorte d’art salvateur ?
BS : En vrai, non. (rires) Pour être honnête, je ne veux pas que la musique devienne trop importante, c’est juste un besoin biologique que les gens ont et c’est aussi un outil. Quand je chante « Music help me through this » c’est uniquement car je trouve ça touchant que quelqu’un demande de l’aide. J’aime bien mettre ce genre de chose dans mes morceaux mais en réalité, je n’ai pas vraiment l’impression que c’est moi qui chante ces mots.
LFB : Quand tu es déprimé, à quoi te raccroches-tu alors ?
BS : Aux gens.
LFB : Même si tes textes ont toujours été très réalistes, tu ne t’es jamais considéré comme un parolier. Peux-tu alors me parler de ta relation avec l’écriture aujourd’hui ? Comment a-t-elle évoluée au fil des années ?
BS : En fait, je me considère comme un parolier. (rires)
LFB : J’ai lu dans une interview que ce n’était pas le cas.
BS : C’est peut-être une vieille interview alors. L’écriture c’est toute ma vie, ma passion. À partir du moment où John Mayer, parrain de la composition, aime tes chansons, tu dois admettre que tu es aussi un parolier. La chanson en tant qu’art est pour moi la version finale, j’adore faire des chansons moi-même. C’est un combat permanent car ce n’est pas simple de faire une chanson facile.
LFB : Quel a été le morceau de l’album le plus difficile à écrire et pourquoi ?
BS : Ce qui est drôle c’est que les meilleures chansons sont les plus faciles à écrire. Parmi les difficiles il y a Kids, ça a été compliqué avec celle-ci, je ne le sentais pas. Mon manager et la personne avec qui je l’ai écrite me disaient qu’elle était géniale mais je ne voulais pas la mettre sur l’album. Puis je l’ai envoyée à KYLE et j’ai su que ça allait devenir quelque chose. Le morceau Nobody’s Fault a pris son temps aussi car j’aimais beaucoup le couplet mais le refrain ne ressemblait pas à un vrai refrain et je voulais que ça le soit mais je ne l’ai jamais trouvé.
LFB : Il y a trois ans, tu as sorti une reprise de Passionfruit de Drake. Récemment, c’était une reprise d’un morceau de Bruce Springsteen qui s’intitule Dancing in The Dark. Qu’est-ce que tu apprécies le plus dans le fait de reprendre un morceau d’un autre artiste ?
BS : À vrai dire, je détestais faire des reprises car quand j’étais jeune et que je jouais dans des groupes, je le faisais déjà beaucoup donc ça a été une grande étape pour moi. Ce que j’aime le plus dans le fait de reprendre un morceau c’est que ça dit beaucoup sur l’écriture de ce dernier, tu apprends des choses dessus et à quel point il est bon. Même si tu le transformes complètement, ça reste un bon morceau.
LFB : Est-ce qu’il y a un morceau que tu apprécies davantage mais que tu n’as jamais osé reprendre ?
BS : Oui, il y en a beaucoup comme What a Fool Believes des Doobie Brothers. Je ne peux pas reprendre quelque chose similaire à ce que je fais car je n’ai rien à ajouter. Mais c’est vraiment cool quand c’est un morceau totalement différent comme le death metal ou la musique classique car tu ajoutes quelque chose, tu crées un truc nouveau.
LFB : Mais ça pourrait être un bon challenge, tu ne crois pas ?
BS : Oui mais je ne saurais même pas quoi en faire car tout est si parfait donc pourquoi transformer le morceau ?
LFB : Tu as collaboré, écrit pour des artistes et produit bon nombre d’entre eux. En tant qu’artiste toi-même, ta liberté artistique est-elle plus importante lorsque tu travailles avec d’autres ou lorsque tu travailles pour toi ?
BS : Je trouve que la combinaison des deux est bonne. C’est bien d’écrire seul car tu n’as pas de compromis à faire mais une chanson peut aussi devenir beaucoup plus riche quand tu écris avec d’autres car ils ajoutent quelque chose. Les deux me vont. Je n’ai jamais été un super collaborateur, je suis une sorte d’ermite, toujours maladroit donc j’ai toujours été un peu timide pour ce genre de truc, jusqu’à ce que mon manager me force. Et au final c’est toujours cool et j’aime beaucoup ces deux façons de travailler.
LFB : En parlant de collaborations, on en trouve beaucoup sur ton dernier album. Selon toi, quelle a été celle qui a été la plus enrichissante ?
BS : Celle avec Mac DeMarco, de toute évidence car c’est une personne incroyable. Tout est assez mystérieux le concernant et de s’asseoir avec lui dans son jardin, son studio, le voir enregistrer la batterie, réfléchir aux accords, faire tous ces trucs c’est en fait la meilleure école d’écriture qui soit. C’est vraiment spécial.
LFB : Est-il intervenu sur les textes et la musique ?
BS : Un jour, il est arrivé avec la batterie, j’étais au piano et on a réfléchi aux accords ensemble. Puis il a joué de la basse et a trouvé sa partie. La seconde, je l’avais déjà donc on continuait d’écrire le reste ensemble. Mais il est quand même intervenu sur ma partie car elle n’était pas si bonne que ça et quand je suis rentré chez moi, j’ai effacé synthé, basse etc puis trouvé d’autres accords pour chanter par dessus ce que j’avais trouvé. Et c’est ainsi que l’on a écrit Rolled Up.
LFB : Par ailleurs, je me suis demandée si le fait d’appeler ton album Music était une sorte d’ode à la musique elle-même ?
BS : Peut-être mais je suis plus du genre irrationnel comme artiste. Ça sonnait bien, c’était assez drôle car c’est un peu prétentieux et exagéré. J’adore la musique, c’est ma passion mais je ne veux pas aller jusqu’à dire que la musique peut sauver le monde car elle ne peut tout simplement pas le faire. C’est juste un magnifique besoin biologique de l’humanité et c’est très important car ça nous aide à créer ensemble.
LFB : On dit de tes morceaux qu’ils sont fait de bienveillance et d’amour. Est-ce parce que la confiance que tu as gagnée au fil des années se reflète sur ta propre musique ?
BS : Je ne sais pas si je suis une bonne personne ou quoi que ce soit. Je suis juste quelqu’un de normal, quelqu’un de moyennement bon qui a besoin de ça dans sa musique. Je n’écoute jamais de musique bruyante car j’ai besoin de réconfort. C’est souvent sombre dans ma tête et c’est ce à quoi me sert la musique, elle sert à m’apaiser, elle a ce rôle de parent qui te console. Et évidemment, tu as besoin de cette gentillesse et de cette attention de la part de ce dernier donc peut-être qu’au final c’est juste ce à quoi j’aspire plus que ce que je suis moi.
LFB : L’un de tes plus grands morceaux, Big Brown Eyes, est sorti il y a dix ans. Qu’est-ce que cela te fait de savoir que cette chanson continue de plaire et qu’elle rend en quelque sorte ta musique intemporelle ?
BS : C’est génial car c’est la seule chanson que j’ai écrite en 2008 qui me paraissait spéciale, la première fois où j’ai vraiment réussi à écrire une chanson, le reste n’était que de l’entraînement mais celle-ci a fonctionné. Il y a ce documentaire sur un célèbre mathématicien qui réalise une équation difficile. Il trouve alors la solution puis parle de l’instant où il l’a trouvée. C’était tellement beau qu’il a commencé à pleurer car ça a lui pris tellement de temps pour trouver la réponse. Et la même chose est arrivée avec cette chanson, j’avais des choses à chanter et j’étais tellement submergé par les émotions que j’arrivais à peine à chanter et il fallait alors que j’enregistre vite tout ça. Je faisais trois morceaux par jour et ça ne marchait pas donc quand j’ai écrit cette chanson, c’était comme une grande explosion de quelque chose. C’est la seule fois où ça m’est arrivé et c’était il y a treize ans donc ça fait sens qu’elle soit toujours numéro une.
LFB : J’imagine que c’est la chanson dont tu es le plus fier aujourd’hui, non ?
BS : Totalement ! Et c’est drôle car en 2008, quand je l’ai faite écouter à mes amis et mon label, personne n’a réagit. Au début, les gens disaient juste qu’elle était sympa puis l’ont vite oubliée donc ça rassure de voir que le temps prouve que cette chanson parle à certaines personnes.
LFB : Enfin, est-ce que tu as des coups de cœur récents à partager avec nous ?
BS : J’adore une chanson, qui ne parle pas à tout le monde, et qui s’appelle Being Alive de Stephen Sondheim. C’est une chanson magnifique et profonde sur les personnes qui ont peur de l’engagement et elle apparaît également dans le film Marriage Story de Noah Baumbach. Je dirais à chaque personne qui n’est pas encore dans une relation ou qui a du mal à l’être, de l’écouter car elle permet d’emprunter le bon chemin.
ENGLISH VERSION
La Face B : Tonight’s show is sold out like many other ones on your tour. What do you think about this growing interest people have towards your music ?
Benny Sings : It is amazing, I am forty four now so I really was not expecting anything anymore. In 2012, I kind of gave up on the whole Benny Sings thing and I was just planning to work as a producer and a writer but my manager kept telling me to write one more album. And Stones Throw came up to me and it suddenly became something. It happened without me wanting it, it has been crazy and I never would have thought it would happen because around 2012 all the music got way darker with the new wave stuff etc. Once again, I would never have imagined that light music like mine could become something so it totally came as a surprise.
LFB : Your latest album, Music, came out a few months ago and the Music Tour only started in early October. How does it feel to finally be able to play this album live ?
BS : It is really good. In the Corona time the popularity was doubled and even tripled and in that time I had never performed except for online stuff. The last gig I had before this tour starts, I felt like only ten people knew my music and the rest was just watching new music or just came along with a friend. I really had to convince the whole venue to like my music. And then two years later so that happened like ten days ago, I played for a venue in Holland in my hometown for the first time and everybody was screaming my name and singing my songs. It happened just like this and it was pretty overwelming I must say.
LFB : Your music is often considered as feel-good music. Is that something you agree with ?
BS : Yes, absolutely. But instead of feel-good I would say light music instead of dark or heavy, I would not say superficial music but it always has this duality within itself, it is about sad things very often but I love light music and the opposition between light and dark. I would rather sing a sad song about a beautiful thing or a happy song about a sad thing, it is far more interesting.
LFB : In the eponymous song of your album, we can hear you singing « Music help me through this / Whenever I’m down on the floor ». Do you consider music as a life-saving art ?
BS : Actually no (laughs), I have to be honest. I do not want to make music too big, it is just a biological urge that people have and it is also a tool. When I sing « Music help me through this » it is just because I find that a touching thing that someone cries for help. I like to put that in my songs but I do not think it is me who sings that actually.
LFB : What do you hang on to when feeling down then ?
BS : People.
LFB : Even though your lyrics have always been quite down-to-earth, you never considered yourself as a songwriter. Can you tell me about your relationship with writing today ? How did it evolve through the years ?
BS : In fact, I do consider myself as a songwriter. (laughs)
LFB : I read in an interview that you did not.
BS : Oh okay, that is probably an old one then. I think songwriting i my whole life, my passion. At the moment that John Mayer was like the godfather of songwriting and he likes your songs you have to admit that you are a songwriter too. The song as a form of art is just for me the ultimate form, I just love making songs myself. I still struggle with it a lot, it is not easy to make a simple song.
LFB : What was the most difficult song to write on the album and why ?
BS : The funny thing is that the best songs are the easiest to write. Difficult songs were Kids, I had a hard time with that one, I did not feel it. My manager and the guy who I wrote with both said it was great but I did not want to put it on the album. But then I sent it to KYLE and I knew it was going to be something. I think Nobody’s Fault took a long time because I loved the A part but the B part was not like a kind of real chorus, I wanted it to be a real one but I never found it.
LFB : Three years ago, you released a cover of Passionfruit by Drake. Lately, you released a cover of Springsteen’s song Dancing in The Dark. What do you enjoy the most in covering a song from another artist ?
BS : Actually I used to hate doing covers because when I was young and playing in bands I was doing that a lot so it was big step for me. What I love so much about doing covers is that it shows you so much about songwriting, you learn about the song, how good it is. Even if you do it completely different, it is still a great song.
LFB : Is there a song you would love to cover but did not dare yet ?
BS : Yes, there are a lot of them like What a Fool Believes by The Doobie Brothers. I can not cover stuff that has a little more to do with my music because I have nothing to add. But it is cool when it is a totally different song like a death metal song or a classical song because you are adding something, you make something new.
LFB : But it could also be a great challenge, don’t you think ?
BS : Yes but I would not even know what to do with it because everything is so perfect about it so why changing it ?
LFB : You collaborated, wrote for and produced many artists. As an artist yourself, do you feel like having more artistic freedom when working with others or when working for yourself ?
BS : I think the combination is good. It is great to write alone because you do not have to compromise but it often happens that a song becomes much richer when you work with other people because they add stuff. I think it is good to do both. I was never a big collaborator, I am always awkward and a bit of a hermit so I was always a bit shy to do that kind of stuff until my manager just forces me. In the end it is always good and I really do love both.
LFB : Speaking about collaborations, we find many of them on your latest album. What was the one which was the most rewarding to you ?
BS : It is obviously the one with Mac DeMarco because he is such and incredible person. It is mysterious where he comes from and to sit with him in his garden, in his studio and see him record the drums, think of the chords, doing all that stuff is the biggest school of songwriting you can imagine. It is really special.
LFB : Did he work on both the lyrics and music ?
BS : No, he did not. That day he came with the drums and I was behind the piano and we just thought about the chords. Then he played some bass and he came up with his part and then the second part I already had it and we were just both writing. But he did intervene because my part was not that good so when I came back home I just erased the keys, bass… And made different chords and sang that thing I wrote there on top of that and that is how we wrote Rolled Up.
LFB : I was wondering if calling your album Music was an ode to music itself ?
BS : Maybe but I am more like an irrational artist so it just felt good, it felt kind of funny because it is a bit pretentious and over the top. I love music, music is my passion but I do not want to say that music can save the world because it can not. It is just a beautiful biological urge of humankind and it is very important because it helps us do stuff together.
LFB : Your songs are said to be made of goodness and love. Is that because the confidence you gained over the years reflects upon your own music ? Are your songs like a mirror of your own self ?
BS : I do not know if I am good person or anything. I am just a normal person, a medium good person but I just need that in music myself. I never listen to loud music because I need some soothing, it is often dark in my head and that is why what I use music for, it is to soothe myself and to have like a kind of parent that comforts you. And of course you want goodness and care from a parent so it maybe what I wish for more than it is me myself.
LFB : One of your greatest songs Big Brown Eyes came out ten years ago. How do you feel about knowing that this song still grows on people today and makes your music kind of timeless ?
BS : It is great because it is the one song that I wrote in 2008 that felt really special, the one time I actually succeeded in writing a song, the rest is just all practice but that song worked. You have this documentary about a famous mathematician doing a really difficult equation. He then finds the solution and talks about the moment he found it. It was so beautiful that he started crying because it took such a long time for him to find the answer. The same happened with this song, I came up with stuff I had to sing and I was so overwhelmed by emotions that I could hardly sing the thing that I had to quickly put it on tape. I was making three songs a day and it was not working so when I wrote this song it was just like a big explosion of something. It was like the only time it happened and it was thirteen years ago so it makes sense that this song is still a Top 1.
LFB : I guess it is the song you are the most proud of today, right ?
BS : Absolutely ! It is funny because in 2008 I showed it to everyone like my friends and label and no one reacted to it. At first people just said it was kind of nice but then forgot about it so it feels good that time proves that the song has something for some people.
LFB : Last but not least, do you have any books, songs or movies you really loved lately and would like to share with us ?
BS : I love this song which is not for everyone and it is called Being Alive by Stephen Sondheim. Is is such a beautiful, profound song about people with commitment anxiety and it also features in the movie Marriage Story by Noah Baumbach. I would say to everybody still not in a relationship and struggling with it to go listen to that, it can direct you in the right way.
© Crédit photos : Clara de Latour & Tess Janssen