Chez La Face B, on aime beaucoup la pop. Du coup, il était impossible de passer à côté du petit phénomène qu’est devenu Videoclub. On a profité du passage du duo au Grand Mix pour parler avec eux du succès fou d’Amour Plastique, de l’évolution de leur live mais aussi de leur futur premier album et de leur passion pour les pingouins.

La Face B : Salut Vidéoclub, comment ça va ?
Adèle : Très bien ! Moi je suis contente les balances se sont bien passées.
Matthieu : C’est honnête comme réponse ?
A : C’est très honnête. En plus il y a Isaac Delusion qui passe ce soir et je suis très contente de les voir parce que je ne les ai jamais vu en concert et j’aime beaucoup donc globalement ça va. Et toi ?
M : J’ai chaud mais ça va.
A : Et vous ça va ?
LFB : Ça va bien merci. On va commencer avec une petite blague : Ça fait quoi de s’appeler Videoclub quand on n’en a jamais vu en vrai ?
M : J’en ai déjà vu quand j’étais petit.
A : Mais c’est vrai qu’en comparaison à la génération de nos parents on n’en a pas vu beaucoup, mais j’en ai vu une fois quand on était en vacances à la campagne pour aller acheter des cassettes de Garfield.
M : Moi c’était des DVD, tu sais il y avait des distributeurs de DVDs.
A : Oui
M : C’était pas vraiment un vidéoclub mais un distributeur de DVD.
LFB : Mise à part cette blague, votre esthétique un peu rétro, elle est née avec le nom ou elle était là avant ?
A : Elle était là avant.
M : Elle a tout le temps été un peu là.
A : A partir du moment où on est devenu ados, je ne te connaissais pas avant non plus mais je sais que j’étais très attirée par le vintage, que ce soit sur les vêtements, les objets, les films, les photos. Je suis toujours là à mettre du grain sur mes photos… donc je pense que c’était là avant et pour Matthieu je pense aussi.
M : Oui pareil, ça a toujours été là.
LFB : J’ai utilisé le mot rétro, je n’aurais peut-être pas du.
Pour moi votre musique, plus que le côté rétro qu’on semble vous coller, je dirais qu’elle vise plus l’intemporalité.
M : Oui complètement. C’est une réflexion qu’on s’est déjà faite. On n’a pas envie que ce soit collé à une époque précise et que ce soit juste intemporel et qu’on puisse se dire « bah c’est de tout temps, ça aurait pu être il y a 10 ans comme aujourd’hui ». C’est très moderne comme façon d’envisager les choses…
A : Il y a des choses qu’on adore d’aujourd’hui, il y a des choses qu’on adore des années 80 mais aussi des années 2000, et on est en plein dans cette réflexion parce qu’on est en train d’écrire et préparer notre prochain clip. On va le réaliser tous les deux et on s’est posé la question de où est-ce qu’on avait envie de le situer et en fait on s’est dit «on n’a pas envie que ce soit dans les années 80 ni forcément aujourd’hui » donc c’est cool.
LFB : Même dans les textes des chansons au final, c’est des thèmes qui étaient d’actualité y a 20 ans et qui seront d’actualité dans le futur, donc je trouve qu’il y a une vraie recherche et je demandais comment vous le travailliez justement ?
M: On fait un petit mélange de rétro et de moderne en fait. De toute façon si on voulait faire de la musique vraiment rétro ce ne serait pas très beau.
A : Des VST par exemple sur l’ordi pour composer et après plus dans la technique, comment on fait en général, c’est Mathieu qui compose au début, après ce qu’il a composé ça nous inspire pour écrire et on finit ensemble les chansons. On n’a jamais, à part pour une musique qui va sortir bientôt, eu la volonté d’aller directement dans un truc qui fasse rétro.
M : De faire du rétro.
A : C’est juste qu’on aime ça donc forcément ça ressort dans nos chansons mais on n’est pas là à se mettre la pression. C’est juste un titre où on s’est lâché et s’est dit qu’il fallait qu’on fasse un truc hyper 80.
LFB : On vous met aussi l’étiquette de duo nostalgique. Est ce qu’on peut parler « nostalgie 2.0 » ? Amener la nostalgie à une notion plus positive que celle dont les gens ont l’habitude, quelque chose de plus doux et positif.
A : Ça dépend des moments en fait, je pense que c’est vrai qu’on est assez nostalgique Matthieu et moi, on passe notre temps un peu à regretter des moments du passé mais on sait très bien que on va avoir des sensations encore meilleures à venir donc c’est un peu la bascule entre l’étiquette que les gens nous collent et ce que tu viens de dire. En tout cas c’est une belle nostalgie.
M : Un truc positif.
LFB : Au fond, onn peut regarder le passé pour le regretter mais aussi on peut regarder en arrière pour avancer et j’ai plus l’impression qu’on est sur la seconde idée avec votre musique.
A : Oui surtout qu’on se sert beaucoup du passé pour écrire et rien que ça c’est déjà la nostalgie positive.
LFB : C’est pas compliqué d’être nostalgique à 18 ans ?
A : C’est parce qu’on a 18 ans qu’on est nostalgique peut-être parce qu’on est dramatique quand on est adolescent.
M : Ouais on vit tout à fond.
A : et parfois c’est chiant oui.
M : Moi j’aime bien, je suis content comme ça.
A : Ouais mais bon c’est un peu dur. Parce que je vois des gens de notre âge qui s’en foutent, qui ne se posent pas de questions et nous c’est vrai, je reviens sans cesse un peu sur tout et je me prends trop la tête.
LFB : Finalement ça vous aide dans votre musique aussi
A : Bien sûr, oui.
LFB : Quand Amour Plastique est sorti, ça a été un tube énorme. J’ai regardé les vues toute à l’heure et il y a 27 millions sur le clip et y a une vidéo avec la traduction français-anglais qui a 8 millions de vues aussi et je me demandais si c’était un truc auquel vous vous étiez préparés, en dehors du fait que ça fonctionne en France, mais ça fonctionne aussi à l’inter ?
M : Le fait que ça aie de la visibilité on s’en doutait un peu parce qu’Adèle avait une grosse audience mais le fait que ça devienne un peu une sorte de phénomène, que les gens se l’approprient beaucoup et que ça devienne un tube au Mexique par exemple…
A : Je pensais que ça pouvait avoir pas mal de vues mais que ce serait que anecdotique comme chanson.
M : Là ça dure.
A : J’avais peur un peu que ça fasse la YouTubeuse qui se lance dans la musique avec son copain et tout et que les gens l’accueillent comme ça et en fait la pas du tout, les gens ont accueilli bien Videoclub.
M : Comme un projet qui a les épaules pour devenir un vrai groupe et qui n’est pas juste une histoire anecdotique.
A : Donc ça, ça m’a fait beaucoup de bien. Je suis très contente que ce se soit comme ça.
LFB : Que les autres titres, peut-être un peu moins sans doute,enchaînent aussi sur une visibilité importante, ça a du vous rassurer non ?
M : C’était une peur aussi, que les autres titres soient pas autant acceptés du public mais…
A : On avait peur. on a posté Roi qui était le deuxième titre après Amour Plastique et on s’est dit déjà les gens vont pas arrêter de comparer les 2 titres et moi j’étais morte de trouille, je me disais si ça se trouve les gens vont pas aimer. Je te crois est pour moi un titre qui est tellement bizarre. J’ai un peu l’impression que nos chansons sont bizarres et au final les gens l’ont bien accueilli et ils sont restés et ça c’est fou quoi d’avoir réussi à fidéliser une audience comme ça en si peu de temps, c’est vraiment ce qui m’a le plus surprise.
LFB : Et finalement les gens s’approprient vraiment vos chansons. Tu le vois dans les réactions sur les réseaux sociaux …
A : Et en concert.
LFB : Et en concert aussi oui.
A : En concert c’est quelque chose qui me trouble et Matthieu aussi d’ailleurs, moi ça me fait pleurer… On en parle beaucoup ensemble, mais les gens qui sont là devant quand on fait Amour Plastique ou Roi qui sont à fond avec leurs amis, pour eux c’est leur musique et ça représente tellement de choses pour eux, c’est dingue ce phénomène de partage.
LFB : Et justement sur le live, ça fait quoi, ça fait un an que vous tournez ? Ou moins que ça ?
A: Même pas… on a fait nos premiers concerts il y a moins d’un an et on a fait notre première vraie tournée l’été dernier.
M : Cet été.
A : C’était cet été ?! J’ai l’impression que c’était y a hyper longtemps.
LFB : Et donc justement enfin est-ce que vous vous appropriez de plus en plus la scène ? Je vous ai vu à la Maroquinerie, je vous ai trouvé super à l’aise…
M : On n’a pas toujours été aussi à l’aise. Après c’était une date qui était forte, avec Ian c’était assez impressionnant.
A : C’était une très belle date. On s’approprie au fur et à mesure un peu la scène de plus en plus et je pense que d’ici 3 ou 4 mois ça n’aura déjà plus la même tête que ça à aujourd’hui. C’est fou la vitesse à laquelle ça évolue le live et au début bon pareil mais, je suis une angoissée mais, le live pour moi c’était… Mathieu lui était à fond, disait « j’ai hâte, j’ai hâte ! » moi j’étais morte de trouille parce que j’avais jamais fait ça. Puis on partait d’un titre qui avait fait comme tu l’as dit 27 millions de vu à 0 scène et donc plein de gens qui veulent nous voir alors qu’on avait jamais tourné. C’était une grosse angoisse et en fait au fur et à mesure tu apprends à te lâcher.
MV : Les gens sont bienveillants aussi.
LFB : Et le but c’est de rester à deux ou d’augmenter l’équipe ?
M : Justement on est en train de préparer un nouveau live avec une troisième personne et pour nous aussi ça va être une façon de… parce que là on joue à deux mais jouer à 3 c’est différent et ça donne une synergie qui est un peu plus musicale.
A : Un autre soutien aussi et une couleur aussi très différente au live avec un vrai apport de musicien qui rentre dans le groupe en live.
LFB : C’est un batteur ?
A : C’est un peu de tout. Il est très très fort. Ali.
LFB : Et moi j’ai une question sur votre public. C’est un public qui est très jeune. Vous est-ce que ça vous intéresse de toucher une audience différente, en festival comme ce soir, est-ce que vous voyez ça comme un défi d’aller chercher, par exemple ce soir les gens ne feront pas la queue pour vous, est-ce que ça vous intéresse ?
A : Complètement.
M : Ce serait trop facile de jouer uniquement pour des gens qui connaissent et qui s’attendent à voir ce que tu fais. C’est encore plus cool de jouer pour des gens qui connaissent pas et d’arriver à les surprendre et d’aller les chercher ça c’est sûr.
A : Comme au retour du concert, évidemment il y a les gens qui sont là pour te voir et qui vont te dire à la fin ben s’ils ont aimé, qu’ils ont aimé, ça fait du bien. Mais les choses qui font le plus plaisir c’est quand les gens viennent te voir et te disent « bah moi je ne vous connaissais pas du tout et franchement c’est cool ». Ça ça fait plaisir parce que t’as le mec qui t’as découvert sur scène, ça veut dire que t’étais assez fort pour aller le chercher. Et donc ouais ça va être le vrai enjeux de cet été, notre première tournée des festivals et tout ça va être de ramener un peu des nouvelles têtes (rire).
LFB : Et en plus des festivals, vous préparez un album…
A + M : Oui
LFB : Est-ce que vous restez dans l’esthétique que vous avez déjà ou vous préparez des surprises, des directions complètement différentes des titres que vous avez sorti ?
A : Justement le travail qui n’est pas possible en titre par titre c’est de créer un atmosphère et le travail sur un album, c’est ça qu’est cool, c’est qu’on peut vraiment se permettre d’avoir un peu des morceaux expérimentaux et de créer un ambiance et de pas tant être dans le titre un peu tube, parce que quand on sort des singles on est un peu obligé de faire en sorte d’être sûr qu’ils vont bien marcher, donc on se casse la tête pour que ce soit des morceaux aux motifs un peu réguliers et cool. Pour un album on a envie de faire des trucs un peu bizarre et on a hâte de pouvoir l’écrire.
M : De pouvoir trouver un peu des musiques à concept, ce qu’on est en train de faire en ce moment. On a commencé la musique en faisant pas mal de musiques assez dansantes qui ont plu aux gens et là je pense qu’à un moment on est rentré aussi dans une phase où on a besoin de faire un peu autre chose. C’est pour ça que l’album c’est trop cool, c’est que ça nous permet de tout regrouper.
LFB : Oui ça permet de mettre des aspérités en fait, montés, descentes … faire des titres un peu plus calme…
A+ M : Exactement.
LFB : Il y a un autre aspect qui est important dans votre univers c’est les vidéos. Et je trouve que même sans le vouloir, il y a un lien fort entre chaque vidéo, même si c’est des réalisateurs différents à chaque fois.
A+M : C’est vrai.
LFB : Et je me demandais comment vous vous impliquer là-dedans. Si vous étiez impliqué dans la création de l’histoire ou si vous laissiez la porte complètement ouverte. Parce que par exemple le clip de Hugo, ça ressemble à du Hugo mais en même temps on sent qu’il y a votre esthétique, votre touche qui réapparaît et ressort à chaque fois.
A : Avec Matthieu on est très touche à tout, on a besoin à chaque fois d’avoir aussi l’impression qu’on a la main un peu sur tout et même si parfois on est pas forcément à faire tout nous-mêmes on a besoin de travailler avec des gens qui nous comprennent et qui ont envie de faire du Vidéoclub aussi un petit peu. Et aussi par exemple quand on avait bosser avec Aube Perrie pour le clip d’En Nuit, on n’a pas trop été la pendant l’écriture même si on a communiqué avec lui, mais je pense que c’est aussi lui qui est venu vers nous en nous disant « J’ai envie de faire du Vidéoclub et j’ai envie de rentrer dans votre univers » et ça c’est trop cool. Après oui c’est vrai on a envie de transmettre des choses à travers nos clips donc on essaye d’être là et puis par exemple le prochain clip on le réalise de À à Z tous les deux.
LFB : C’est ce que j’allais dire, c’était le but aussi
A : Oui
LFB : Ça ne vous fait pas flipper ?
M : Non justement on est content.
A : On est en train de se construire une belle équipe pour ce clip et puis on aspire tous les deux à faire du cinéma, on a un goût assez prononcé pour tout ce qui touche à l’univers de nos clips, trouver les tenues et tout, donc justement c’est un vrai challenge.
M : T’as résumé ça à « trouver des tenues » !! (Rires)
A : Bon mais trouver les tenues, les décors, les gens qui seront là, ou est-ce qu’on va, c’est trop bien !
LFB : J’ai une question d’un membre de l’équipe de la face B : D’où vous vient l’amour des pingouins ?
M : Ça vient de moi, depuis tout petit je suis fan des pingouins. J’en ai plein, j’ai plein de peluches, plein de figurines mais c’est la même personne mais déportée dans plusieurs corps. Un pingouin qui s’appelle Pingouinou.
A : Il est partout ! En fait c’est venu dans notre couple parce que y a un moment on s’est rendu compte que tout les deux on jouait à un jeu quand on était petit avec un pingouin qui devait manger des petits poissons d’or.
M : Sur Linux, c’était Tux Racer et c’était un pingouin…
A : Puis on a commencé à parler des pingouins tous les deux, puis il m’a fait vraiment part de son amour pour les pingouins et c’est devenu assez omniprésent dans notre relation.
M : J’aimerais beaucoup en voir en vrai et pas au zoo, c’est nul au zoo. En voir vraiment en vrai vraiment sauvage.
A : Je t’emmènerai un jour…
LFB : Est-ce que vous avez des coups de cœur récents dont vous avez envie de parler ?
M : Moi j’ai un coup de cœur pour un artiste qui s’appelle Hot Sugar, j’ai pré-commandé son vinyle hier soir… que j’aime beaucoup.
A : Moi j’aime bien Tame Impala, il est pas très connu (rires). Le dernier album des Chromatics est incroyable. C’est le dernier gros coup de cœur que j’ai eu.
M : Moi j’ai eu un coup de cœur c’est les FatBoy, ce sont des espèces de coussins pour s’asseoir dessus… du coup j’en ai acheté un, je trouvais ça joli.
A : Puis les tapis d’orient.
Plein de trucs…
LFB :Pour finir, comme on est au Pop Factory, c’est quoi la Pop pour vous en 2020 ?
A : Pour moi j’ai une vision de la Pop beaucoup plus positive et beaucoup plus calée aujourd’hui qu’il y a 5 ans. Pour moi la Pop avant c’était un mot qui résonnait de manière assez péjorative..
M : Ça donnait un peu beauf, je sais pas si tu vois ce que je veux dire
A : Et non, aujourd’hui la pop pour moi c’est de la musique un peu en couleurs, très colorée et qui laisse aujourd’hui un très grande créativité, une originalité et un grand champ de possibilité dans la musique je trouve. Voilà.