Velours Velours, aka Raphaël Pépin-Tanguay, dévoile aujourd’hui son premier album Quand je pleure je suis content, dans lequel il raconte des histoires du quotidien, mais cette fois-ci plus personnelles. À l’instar de son premier EP Fauve, l’artiste continue à décrire des moments simples et touchants qui sauront résonner dans le cœur et les oreilles de tou·te·s.

La Face B : Bonjour Raph, comment vas-tu ?
Velours Velours : Bonjour ! Ça va super bien, et toi ?
LFB : Ça va super bien, merci. Est-ce la première fois que tu es interviewé par La Face B ?
Velours Velours : Je crois que j’avais déjà été interviewé par La Face B, mais c’était à Petite-Vallée avec Clémence. Oui, c’est la deuxième fois.
LFB : Génial. Et comment as-tu trouvé ta première expérience d’interview à La Face B ?
Velours Velours : C’était vraiment fun. C’était une entrevue à quatre où on rebondissait pas mal. C’était avec les chansonneurs. J’ai participé cette année aux Escales en chansons à Petite-Vallée. On parlait un peu de cette expérience de résidence en rebondissant sur les réponses des uns et des autres, tour à tour. C’était vraiment le fun. Puis, on avait un bon lien avec Clémence aussi, vu qu’elle a passé une bonne partie du festival avec nous. Elle avait fait la ride en van avec nous aussi. Moi, je n’étais pas dedans, mais je l’ai rencontrée par l’entremise des autres chansonneurs qui avaient passé plus de temps avec elle.
LFB : Trop bien. Tu as dû croiser Pauline là-bas, non ?
Velours Velours : Oui, oui, oui, absolument. On a été très proches d’elle, on a beaucoup communiqué avec elle. Je pense que c’est elle qui coordonnait pas mal notre résidence.
LFB : Ben voilà, tu connais toute l’équipe québécoise de La Face B! On va revenir un peu sur ton parcours et tes débuts. À quoi ressemblait le moment où tu t’es dit : « Ok, Velours Velours, c’est le projet » ? Ça t’est venu d’un coup ou c’est monté doucement, comme une chanson qu’on fredonne ?
Velours Velours : Je pense que ça mijotait depuis longtemps. Déjà au secondaire, vers 14-15 ans, j’ai commencé à composer. C’est à Petite-Vallée que j’ai écrit mes premières tounes, après avoir surtout repris des chansons d’autres artistes en guitare-voix.
Un jour, je me suis inscrit au camp d’auteurs-compositeurs-interprètes. La première année, je composais sur des textes écrits par quelqu’un d’autre. L’année suivante, j’ai écrit ma première toune et je n’ai plus arrêté.Même si j’ai moins écrit au secondaire, j’ai décidé d’étudier la musique au cégep à Montréal, avec l’idée de lancer un projet sérieux. Plus j’écrivais, plus je trouvais mon matériel intéressant.
Au cégep, j’ai rencontré des musiciens devenus de vrais amis. On a fini par enregistrer ensemble. « Velours », c’était déjà un surnom qu’on me donnait, et ça sonnait bien, alors c’est resté.
C’est comme ça que tout a commencé, de façon naturelle, au fil des rencontres et des projets.
LFB : C’est bien que ça se soit décidé comme ça, plutôt que de te dire : « OK, je vais lancer un projet. »
Velours Velours : J’ai toujours baigné dans ce milieu. Mes parents me traînaient à Petite-Vallée et dans les festivals. La musique québécoise a toujours fait partie de ma vie.
Pour moi, ce n’était pas un big deal de me lancer là-dedans. J’avais des jobs à côté, mais j’étudiais en musique et c’est ce que je savais faire de mieux. Alors, je me suis simplement lancé.
LFB : Ça s’est fait naturellement.
Velours Velours : Ouais, vraiment.
LFB : Si on te faisait remonter à ton tout premier concert sous le nom Velours Velours, tu nous raconterais quoi ? C’était où, comment, et surtout, dans quel état d’esprit étais-tu ?
Velours Velours : Avant mon premier show officiel avec le band, on avait enregistré une session live dans une friperie sur Mont-Royal, après avoir sorti une toune pendant la pandémie. J’avais aussi ouvert en solo pour mon ami Patrick Bourdon au Verre Bouteille lors du lancement de son premier EP, en utilisant déjà le nom de mon projet.
J’ai toujours trouvé ça facile d’aller jouer mes tounes seul. Je n’ai jamais été très stressé avant un show. Mais pour le lancement officiel de notre EP au Verre Bouteille, j’étais vraiment fébrile. La salle allait être complète, et beaucoup d’amis allaient être là.
J’avais déjà rencontré pas mal de monde dans le milieu, juste en étant présent aux bons endroits. Ça s’est fait naturellement, sans calcul. Le lancement, c’était un moment vraiment fort, presque irréel. Je vais souvent voir des shows au Verre Bouteille, alors me retrouver sur cette scène en main event, avec mon band – on était huit sur scène – c’était spécial.
Je suis quelqu’un d’ambitieux et d’impatient. Pour moi, chaque show est un pas de plus. Ce premier concert, ce n’était pas du stress paralysant ni une grosse pression. C’était plutôt de l’excitation et le sentiment que c’était enfin mon tour.
Depuis, cet état d’esprit n’a pas changé. À chaque show, j’ai toujours cette impatience joyeuse d’aller triper sur scène avec mon band.
LFB : Ta musique a ce côté lumineux, mais avec des petites ombres qui traînent. C’est important pour toi de jouer sur ces contrastes ?
Velours Velours : Oui, le contraste a toujours été important pour moi. Quand j’ai choisi le nom du projet, je me suis dit que c’était assez ouvert pour me permettre d’explorer plusieurs directions, autant dans les concepts que dans la mise en scène.
Je peux aller vers quelque chose de très doux ou, au contraire, brasser la baraque quand j’en ai envie. Ce mélange de douceur et de rugosité fait partie de mon univers. J’aime surprendre et déjouer les attentes, même si ce n’est pas toujours intentionnel.
Répondre aux attentes me met mal à l’aise, parce que j’ai toujours peur de décevoir. Alors, plutôt que d’essayer d’y coller, je préfère suivre mon instinct et aller là où on ne m’attend pas.
Pour moi, l’essentiel, c’est que mes chansons soient vraies et qu’elles viennent d’un endroit sincère. Je ne veux pas me cacher derrière l’idée de ce que devrait être ma musique ou suivre ce qui fonctionne. Je fais juste écrire ce qui me parle sur le moment.
Au final, tout finit par raconter quelque chose de personnel. C’est ça, le point de cohésion.
LFB : On le voit beaucoup dans tes arrangements. On peut dire que tu n’es pas fainéant à ce niveau-là : il y a toujours un petit truc en plus, un détail qui accroche.
Parfois, ce que tu racontes semble lumineux, mais il y a une part d’ombre dans les arrangements, et inversement. Est-ce que c’est quelque chose sur lequel tu réfléchis consciemment quand tu crées ?
Velours Velours : Ce n’est pas nécessairement réfléchi. J’aime que ce soit complet. Pour moi, cet album concrétise une démarche tout en explorant différentes couleurs possibles avec le projet.
J’ai toujours plein d’idées, et j’essaie de les mettre en cohésion pour que tout fonctionne. Parfois, ça signifie devoir enlever des éléments. Même s’il y a beaucoup de choses sur l’album, certaines ont été retirées. Mon réalisateur, Christophe Charest-Latif, est excellent pour me ramener à l’essentiel.
Par exemple, avant d’enregistrer Corde à linge, on la jouait en show avec beaucoup de changements de vitesse. Ça bougeait dans tous les sens. Ramener la toune à quelque chose de plus simple, avec un backbeat dominant, a rendu son point culminant encore plus puissant. On sentait déjà une réaction forte du public en concert, mais l’enregistrement l’a encore amplifiée.
J’ai tendance à vouloir en mettre beaucoup, mais parfois, dénuder une toune la rend plus percutante. Je commence à mieux intégrer ça. L’important, c’est de servir la chanson et de créer un album équilibré : des moments chargés, d’autres plus épurés, des surprises et même des silences bien placés entre les tounes.
Même si tout semble calculé au final, le processus reste très spontané. Je n’ai jamais tous les arrangements en tête dès le début. Rien n’est laissé au hasard, mais tout se construit naturellement.

LFB : Quand je pleure, je suis content est un titre avec une image assez forte. Comment t’est venue la chanson dont il est tiré ? Et pourquoi en avoir fait le titre de ton album ?
Velours Velours : Je n’aime pas trop m’expliquer sur le sens de mes tounes, mais Quand je pleure, je suis content touche à quelque chose de profond en moi. En l’écrivant, je vivais cette intensité émotionnelle où les larmes, même liées à la tristesse, apportaient une forme de libération et de clarté.
Il y a ce moment dans la toune, vers le bridge, où la phrase « Je suis content quand je pleure » prend tout son sens. C’était exactement ce que je ressentais à ce moment-là : une intensité qui chamboule, mais qui illumine aussi quelque chose de beau.
Au final, pleurer, c’est être vivant, accepter ses émotions, même les plus dures. Cette réflexion sur la tristesse m’a beaucoup marqué, surtout en voyant des initiatives comme le Festival Triste, qui célèbre cette émotion collectivement. Vivre la mélancolie ensemble, parler de ce qui fait mal, c’est puissant. On en ressort galvanisés.
Pour comprendre ses émotions, il faut pouvoir les vivre pleinement, sans forcément tout expliquer ou nommer. J’aime cette idée de vérité subtile, présente sans être trop explicite.
Et puis, j’ai toujours aimé les longs titres… et particulièrement cette virgule dans Quand je pleure, je suis content. Je trouve qu’elle fait toute la différence.
LFB : Le fait que ce soit le titre de ton album, est-ce parce que cette chanson représente, à tes yeux, l’essence même de ton projet ?
Velours Velours : Oui, vraiment. C’est l’état d’esprit dans lequel j’ai écrit toutes les tounes de l’album, peu importe l’année où elles ont été créées. Il y a des chansons écrites en 2020, 2021, 2022 et la majorité en 2023.
Même si certaines tounes du EP Fauves ont été composées après certaines chansons de l’album, l’ambiance est complètement différente. Fauves, c’était mon entrée dans le monde adulte, la découverte de Montréal et l’effervescence des possibilités qui s’ouvraient à moi.
Pour cet album, c’est davantage une réflexion intérieure que j’extériorise, plutôt qu’un élan vers l’inconnu.
LFB : Donc, tu dirais que cet album parle davantage de toi, de ton vécu intérieur, plutôt que de ce que tu observes autour de toi au quotidien ?
Velours Velours : Oui, il y a encore un peu de ça, mais c’est surtout un partage de réflexions internes cette fois. C’est moins descriptif de mon environnement. Même si on voyage encore à travers mon quotidien, l’album est davantage centré sur ce qui se passe en dedans que sur la contemplation de ce qui m’entoure.
LFB : Si tu devais résumer cet album avec un seul objet, ce serait quoi ? Un carnet griffonné, une boule disco, un mouchoir trempé ?
Velours Velours : Peut-être un mouchoir, justement. La pochette de l’album, c’est un mouchoir, et je trouve que c’est l’image la plus évocatrice pour représenter ce projet.
Pleurer, c’est traverser une gamme d’émotions infinie : joie, tristesse, rage… C’est un peu tout ça qu’on peut ressentir en écoutant l’album, peu importe ce que je vivais en l’écrivant. Après tout, la musique parle toujours différemment à chacun.

LFB : Corde à linge et Yeah, tes deux premiers titres, donnent un bon aperçu de ce qui s’en vient. Mais selon toi, quelle chanson risque de surprendre tout le monde ? Ou laquelle as-tu le plus hâte que les gens découvrent ?
Velours Velours : Moi, j’ai vraiment hâte que les gens découvrent La fin. Pas la fin de l’album, mais bien la chanson La fin, qui est, je pense, la quatrième piste.
C’est la première fois sur l’album qu’on touche à des instruments non acoustiques. Sur Toujours et L’énorme chien très gentil, on avait intégré quelques synthés ou effets discrets, mais là, on est allé plus loin. On a utilisé du Farfisa, des pads et une drum machine comme base rythmique.
C’est ma préférée de l’album, même si je n’aime pas trop le dire pour ne pas influencer les autres. Mais je pense que c’est celle qui va le plus surprendre. C’est aussi celle où je m’exprime le plus vocalement.
J’avais envie que les gens la découvrent dans le contexte de l’album, et pas comme un single. Pour moi, elle joue un rôle similaire à Je t’aime sur mon EP précédent : une chanson qu’on n’avait pas mise de l’avant, mais qui est devenue l’une des préférées du public.
On a commencé à la jouer pour des vitrines pros et dans quelques contextes plus intimes, comme des shows de poésie. Chaque fois, elle passe super bien. Les arrangements me touchent encore, et j’adore la chanter.
Il y a une ambiance planante, des mélodies fortes, et une harmonie qui nous fait vraiment triper avec le band. C’est une toune spéciale pour moi.
LFB : Tu as participé aux Francouvertes en 2023 et débuté ta carrière en 2020. Qu’est-ce que cette expérience t’a apporté ? Une rencontre marquante, un gain de confiance, ou un moment fort sur scène ?
Velours Velours : Peut-être que certains diront que j’ai participé aux Francouvertes un peu tard, mais pour moi, c’était le bon moment. Avant de m’inscrire, je voulais avoir un projet solide avec un spectacle représentatif de ce qu’on voulait offrir. Je ne voulais pas le faire dans l’urgence.
En 2022, on n’avait même pas encore fait de show complet avec le band, notre premier étant le 2 mai 2022, près de la finale des Francouvertes cette année-là. En 2023, même si certains pensaient que j’étais déjà un nom connu, je débutais encore à mes yeux.
Notre passage ne s’est pas déroulé comme je l’espérais. Certains juges attendaient plus de surprises, mais j’étais déjà dans une phase où je voulais moins me concentrer sur les costumes ou les concepts éclatés, et davantage sur la musique et la personnalité du projet. Peut-être qu’on ne s’est pas assez renouvelés sur scène, mais je n’ai aucun regret.
Les Francouvertes restent une belle vitrine. Même si ça ne m’a pas propulsé autant que je l’imaginais, on a eu de belles retombées. J’ai signé avec Bonbonbon et établi des liens précieux dans l’industrie.
Je suis content de l’avoir fait, d’avoir rencontré plein de projets qui sont devenus des amis. Sortir des Francouvertes quand on l’a fait nous a même permis de célébrer le premier anniversaire de mon EP avec un déplug vraiment cool à Montréal.
Au final, ça fait partie de mon parcours, et je suis reconnaissant pour cette expérience.

LFB : Dans tout ton parcours jusqu’ici, y a-t-il un moment ou un concert où tu t’es dit : « Ok, là, je vis vraiment ma meilleure vie » ?
Velours Velours : Il y a eu plusieurs moments comme ça. Chaque fois qu’un show se passe vraiment bien, tu te dis un peu : « OK, je vis ma meilleure vie. »
Mais Le Bal en bleu reste un souvenir particulièrement fort. C’était probablement la chose la plus cool que j’ai faite sur scène. On était tous réunis dans un dress code bleu, avec plein d’amis artistes. On a joué leurs tounes avec mon band. Les shows à Montréal et Québec étaient complètement sold out.
Il y avait une quinzaine d’artistes sur scène, des amis que je respecte énormément. Créer un événement aussi rassembleur, autant pour le public que pour nous sur scène, c’était exaltant. J’adore collaborer et partager la scène avec d’autres projets que j’admire.
Le fait qu’on m’ait fait confiance si tôt dans ma carrière, autant mon label que les artistes qui ont accepté l’invitation, c’était complètement fou. Ce souvenir restera toujours très précieux et m’a certainement poussé dans ma carrière.
Et puis, il y a eu les Francos l’année dernière, sur la scène Bell. C’était absurde de se retrouver sur une scène aussi énorme si tôt dans notre parcours. On jouait devant 3 000 à 5 000 personnes, la plus grosse foule que j’aie jamais vue à l’un de mes shows.
Sur le moment, je ne sais même pas si j’ai pleinement réalisé ce qu’on vivait, mais chaque fois que je revois les images, je me dis : « OK, on l’a fait. » C’était un témoignage de confiance de la production des Francos, et ça me prouve qu’il y avait un espace prêt pour moi.
J’espère continuer à mériter cette confiance et à faire du bon travail.
LFB : Quand tu ne fais pas de musique, quel est ton truc pour décrocher ? Une série, un sport, une balade ?
Velours Velours : Sûrement les séries, comme tout le monde. Je suis fan de télé et d’émissions. Mais en vrai, ce que je fais le plus, c’est marcher.
Je marche tout le temps, que ce soit pour me rendre quelque part ou simplement pour décrocher. Parfois, c’est même une façon d’éviter certaines responsabilités, comme le ménage ou d’autres tâches du quotidien.
Le soir, je vais souvent voir des shows, prendre un verre avec des amis. Si je ne suis pas en tournée, en répète ou sur scène, je suis probablement dans une salle de spectacle ou en train de me promener.
Sinon, je passe du temps avec ma blonde : on regarde des séries, on cuisine. J’adore cuisiner. Récemment, j’essaie de me mettre à la couture parce que j’ai toujours aimé la mode et que j’ai envie de créer de mes mains.
L’été, je fais aussi du vélo. Mon quotidien est assez simple et tranquille. Je marche dans mon quartier, je profite du moment… et je finis souvent mes soirées au Quai des Brumes. On verra sur qui je vais tomber.
LFB : On finit tous par se retrouver au Quai à un moment ou à un autre.
Velours Velours : Exact. Le Quartier Général !
LFB : Si tu pouvais parler à la version de toi qui lançait Velours Velours en 2020, que lui dirais-tu ?
Velours Velours : J’essaierais de ne pas trop en dire, parce que je suis quand même content de la façon dont j’ai fait les choses. J’ai peut-être été un peu intense par moments, trop exigeant avec moi-même ou ambitieux sur certaines idées.
Je lui dirais peut-être de rentrer chez lui un peu plus tôt, parfois… ou que certains costumes n’étaient pas forcément nécessaires. Mais en même temps, j’ai tellement appris en faisant des erreurs que je ne changerais pas grand-chose.
LFB : Des tests ?
Velours Velours : En faisant tous ces essais, j’ai beaucoup appris. Si mon moi du futur était venu me dire « Fais ça, ça va mener à ça », ça aurait tout gâché. Je suis très dans le moment présent et j’aime laisser de la place au hasard… s’il existe.
Tout le monde m’a déjà dit « Il faut que tu fasses ça », mais aucun projet ne suit le même chemin. Le meilleur conseil, c’est quand quelqu’un te tend la main et te dit : « Essaie-le, écoute-toi, fais ce que tu penses être bon. »
On ne peut pas expliquer pourquoi certains projets explosent en deux secondes tandis que d’autres stagnent. Chaque parcours est unique. Moi, tant que j’ai des shows à jouer et du monde qui écoute, je suis content. Même si ça reste modeste, je veux juste vivre de ma musique.
Il me suffit de gagner assez pour éviter de retourner à un job salarié. J’ai déjà fait ça, et ça m’ennuyait beaucoup. Depuis que j’ai quitté le monde des cafés et restos, je me sens vraiment chanceux.
Au final, on fait ça pour vivre notre vie et… payer le loyer. Parce qu’il faut bien payer le loyer.
LFB : Au fond, le meilleur conseil que tu donnerais à ton toi du passé, ce serait : « Écoute-toi. »
Velours Velours : Oui, c’est ça. « Continue, c’est cool, man. C’est bon ce que tu fais. »
Je pense que c’est ce que je me dirais. Je ne passerais pas trop de temps à parler à mon moi du passé pour ne pas trop l’influencer.
LFB : Tes clips ont toujours une esthétique soignée. Est-ce important pour toi de raconter des histoires autant par les images que par ta musique ?
Velours Velours : Oui, et pas seulement à travers l’image vidéo. La mise en scène, les vêtements, l’éclairage, la photo de presse… tout ça peut ajouter quelque chose à la musique.
Que ça raconte exactement l’histoire de la chanson ou que ce soit un complément avec une autre signification, j’aime que ça ajoute une couche supplémentaire.
Je suis vraiment reconnaissant envers toutes les personnes avec qui je travaille : réalisateurs, réalisatrices, scénographes, graphistes, ma gérante… C’est toujours un travail de collaboration. Je m’implique beaucoup, parfois même un peu trop, parce que c’est important que ce soit soigné.
Je ne peux pas juste laisser ça au hasard en espérant qu’une belle photo suffise. Pour moi, chaque visuel raconte quelque chose en plus. Je mets toujours beaucoup de soin dans cet aspect, et je m’entoure de gens qui partagent cette vision.
LFB : Ce sont des gens que tu connaissais déjà ou qu’on t’a recommandés ?
Velours Velours : Ça dépend. Ce sont des gens avec qui je finis toujours par développer une vraie proximité, même s’ils m’ont parfois été recommandés. Le match a toujours été là. Je n’ai jamais eu de mauvaises expériences ni cessé de collaborer avec quelqu’un après un premier projet.
Pour Flavie, ma gérante, et moi, c’est important de construire cette relation de confiance et de bâtir une sorte de famille autour du projet. On commence souvent par un premier projet, même avec peu de moyens, puis on saisit d’autres opportunités ensemble pour aller encore plus loin.
Je pense à Adrian Villagomez, Gabriella Olivo, Charlotte Pominville, Edmond Petitpois (pour préserver son identité secrète), Camille Gladu-Drouin sur les photos, et Karelle Goguen-Bancel à nos débuts. Ce sont des personnes en qui j’ai une confiance totale.
Au-delà du travail, ce sont de véritables amitiés. Et je pense que cette proximité rend notre collaboration encore plus précieuse, car tout le monde met énormément de soin dans ce qu’on crée ensemble.

LFB : Et il semble que tu as aussi une très bonne relation avec ton public.
Velours Velours : Oui !
LFB : Y a-t-il un moment particulier dont tu te souviens, une interaction marquante avec ton public ?
Velours Velours : J’interagis souvent avec mon public, que ce soit après les shows, dans la rue ou même devant le Quai. Il m’arrive que des gens m’interpellent avec un “Hey, c’est toi, Velours Velours ?” Ça me surprend toujours un peu, mais j’adore ça.
Les moments les plus forts restent sur scène. L’énergie qu’on reçoit du public est incroyable. Parfois, c’est nous qui lançons la vibe, et parfois, c’est eux qui nous entraînent. Je pense notamment au Bal en bleu, où dès les premières secondes du show, les gens chantaient déjà. On ouvrait souvent avec Tournesol, et il y avait rarement une salle qui n’embarque pas dès le début.
Pour moi, cette connexion est essentielle. Un show, ce n’est pas juste nous qui donnons quelque chose ; il faut que ça circule dans les deux sens. Si le public se sent à l’aise, chante avec nous et partage cette énergie, c’est le plus beau cadeau qu’on puisse recevoir.
Je n’aime pas les shows où l’on ressent une barrière invisible entre la scène et le public. Je veux qu’on soit sur le même niveau, qu’on communique, même sans forcément parler entre les tounes, et que les gens chantent avec moi, se sentent impliqués.
Être sur scène ne me place pas au-dessus des autres. Ce n’est pas parce qu’on me regarde pendant une heure et demie que je suis meilleur que qui que ce soit. On est là ensemble, et c’est ça qui compte.
LFB : Quand les gens écouteront Quand je pleure, je suis content, qu’aimerais-tu qu’ils ressentent ? Qu’ils dansent, qu’ils pleurent, qu’ils réfléchissent… ou tout ça à la fois ? Que dirais-tu à quelqu’un qui l’écoute pour la première fois ?
Velours Velours : Un peu de tout ça. J’aimerais que cet album leur parle, que ça les touche et les amène à une réflexion personnelle. Que ça leur donne envie de discuter avec des amis, de reconnecter avec quelqu’un qu’ils n’ont pas vu depuis longtemps ou de revisiter des souvenirs enfouis.
Si mes chansons peuvent susciter chez eux les mêmes questions que je me suis posées en les écrivant, j’aurai réussi. Après, qu’ils pleurent, dansent ou même qu’ils passent à autre chose sans réécouter, ça voudra dire quelque chose aussi.
Parfois, on écoute un album sans que ça nous atteigne tout de suite. Puis, un an plus tard, on y revient et ça nous frappe. Si mon album peut provoquer ce genre de parcours émotionnel, ce serait le plus beau résultat.
Mais déjà, si ça leur donne envie de l’écouter au complet, d’une traite, j’aurai accompli ce que je voulais : créer un album qui se tient du début à la fin.
LFB : Si tu pouvais être derrière quelqu’un qui écoute ton album pour la première fois, que lui dirais-tu ?
Velours Velours : Je dirais sûrement « Ah, man, ce bout-là, il est cool ! » ou « T’as pu écouter ce passage-là, c’est nice. » Il y a tellement de moments en studio que j’adore réécouter.
Des fois, j’écoute l’album avec des gens, même si je n’aime pas toujours ça. Parfois, je préfère l’envoyer pour qu’ils l’écoutent seuls. Mais quand on finit par l’écouter ensemble, c’est dur pour moi de ne pas commenter : « Ah, ce bout-là, je l’aime. »
En vrai, j’essaierais surtout de me taire et d’observer la réaction de la personne. Je suis curieux de voir quel moment, quelle note ou quelle chanson va créer une émotion chez elle.
Au bureau de Bonbonbon, chaque personne a sa toune préférée. Certains me disent : « Celle-là me fait tout le temps brailler. » Je ne sais pas toujours pourquoi, mais ça me touche de savoir que ça leur fait quelque chose.


LFB : Et tes premières dates de tournée pour cet album, c’est pour quand ?
Velours Velours : On commence en février à Sherbrooke, puis les lancements auront lieu les 1er et 20 mars à Montréal et Québec. J’ai fucking hâte !
On a monté le show avec le band il y a deux semaines, un peu d’avance à cause des vitrines qu’on avait à préparer. Ça nous a fait tellement de bien de nous retrouver et de rejouer ensemble.
On a vraiment développé un son encore plus cohérent, une chimie de gang et une vraie énergie musicale. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas joué, quasiment depuis l’enregistrement de l’album.
Il y a des moments vraiment forts dans ce show-là. J’ai tellement hâte de partager ça avec le public !
LFB : On arrive à la fin. As-tu un dernier mot pour conclure ?
Velours Velours : J’ai toujours de la misère avec ces questions-là. Je parle, je parle… puis quand on me demande un dernier mot, j’en ai jamais vraiment.
Mais… merci. Merci à toi. Merci à tout le monde qui écoute l’album, à ceux qui sont déjà venus à un show de Velours Velours, à ceux qui feront partie de l’expérience un jour… ou même à ceux qui ont décidé que ce n’était plus pour eux.
Merci pour le temps que vous me donnez. J’essaie toujours d’en être le plus reconnaissant possible.
LFB : Merci à toi!
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