Victor Solf revient sur le devant de la scène pour nous offrir toute son âme dans son second opus solo intitulé Tout peut durer. Un premier album de soul en français, introspectif, dans lequel l’artiste met à nu ses émotions pour mieux faire naître les nôtres.
Autant le dire tout de suite, on prédit à Tout peut durer un avenir radieux. Victor Solf signe-là un grand album, dans lequel il se réinvente et explore les tréfonds de son âme pour nous livrer, avec tout son cœur, sa vision toute personnelle de la (neo)soul.
Rien qu’à voir la pochette, on a déjà une petite idée de ce qui nous attend à l’écoute de ce nouvel opus. Un visuel soigné en noir et blanc, à l’épure intemporelle, avec un gros plan sur le sourire soul(aire) d’un Victor Solf qui s’en délecte. Tout un programme.
Un projet entre tradition et modernité donc, construit autour de l’ADN cuivres – chœurs – voix, aux sonorités soul, pop, hip hop avec quelques touches électro. La voix de Victor Solf y est tantôt forte, tantôt fragile, jamais ni dans la démonstration ni dans le pathos, pour exprimer ses émotions, dévoiler ses failles, aborder son rapport à l’absence, mais aussi la joie et un optimisme indéfectible.
Le choix audacieux du français par Victor Solf
Une profondeur de sentiments que Victor Solf a fait le choix d’exprimer pour la première fois en français. Un choix audacieux pour l’artiste qui jusqu’alors avait toujours privilégié l’anglais. « C’est beaucoup d’émotions pour moi de sortir ces titres en français parce que j’ai eu le déclic sur le français quand j’ai décidé de parler de choses très intimes, très directes. » Victor Solf a travaillé avec plusieurs paroliers avec une idée en tête, celle de la clarté. Cette clarté irrigue l’ensemble de l’album dans le choix des mots, la construction des textes et des morceaux, le chant, les arrangements. L’opus est un bijou de précision et de justesse.
Cette justesse se traduit aussi dans le décalage permanent entre la légèreté des mélodies et la gravité des textes – et l’inverse. Elle confère ainsi encore plus de force aux 12 morceaux qui composent l’album.
Quelle entrée en matière avec le morceau Tout peut durer, premier extrait clippé de l’album ! Victor Solf débute l’album de la plus belle des manières avec une magnifique déclaration d’amour et un hymne à la vie, tout en délicatesse et en élégance. On est happés par la beauté et la musicalité de ce morceau extrêmement fort, construit sur un crescendo, avec une batterie très lente, un piano discret, puis la voix presque fragile de Victor Solf qui gagne ensuite en intensité accompagnée par les chœurs et les cuivres, pour un final en apothéose.
L’énergie communicative de Que le cœur
Puis, dans Colère, Victor Solf nous parle d’un petit démon qu’on a tous en nous et qu’on ne réussit pas toujours à maitriser. Dans une atmosphère d’abord inquiétante, la chanson nous fait ressentir l’intensité de la colère qui monte, éclate, puis l’apaisement qui s’en suit.
Des pays pas sages (on notera le jeu de mots), fonctionne en miroir avec Colère. Victor Solf continue d’explorer le même thème, mais choisit l’épure la plus totale d’un quasi a cappella poétique. Ce morceau offre une première respiration dans l’album – 787 Hale road, le 7e morceau, en est une autre – et permet d’enchaîner sur des morceaux plus solaires.
Que le cœur est le deuxième extrait dévoilé. Il s’agit du morceau qui représente sans doute le mieux la démarche de Victor Solf dans cet album : de la soul, une énergie communicative et un optimisme à toute épreuve. « Dire « j’écoute plus que le cœur », c’est essayer de faire abstraction de ses doutes, de ses peurs. Foncer tête baissée, tomber, se relever, échouer souvent, réussir parfois. »
La liesse collective de Plus jamais rentrer
On redescend le tempo dans Ce qui compte, pour un morceau chill aux sonorités presque hip hop, dans lequel Victor Solf interroge le rapport au matérialisme et revendique le fait de s’en extraire « Ce qui compte | ce qui compte | c’est ce qui ne se compte pas ».
L’album enchaîne ensuite sur Figur – la figure paternelle en allemand – qui évoque avec retenue un père plus absent que présent, entre amertume et pardon.
Dans Plus jamais rentrer, on retrouve une énergie similaire à celle de Que le cœur. La guitare ouvre le morceau, soutenue par la batterie, le synthé qui laissent place à l’explosion du refrain où Victor Solf célèbre l’énergie d’un monde nouveau. Le morceau dans lequel il laisse le plus aller sa voix et les chœurs, liesse collective.
Retour à l’épure dans Multiple, où Victor Solf s’interroge sur son identité. « La seule chose que je sais, je ne sais pas qui je suis ».
On continue dans l’épure pour parler d’un thème tout aussi intime, avec Emilie. Avec beaucoup de douceur et de délicatesse, Victor Solf fait référence à sa belle-sœur et à son quotidien de soignante à l’hôpital, empreint à la fois de beauté et d’horreur lorsqu’elle est confrontée à la mort et la peine des familles.
Avant dernier morceau de l’album, La nuit je (une référence à Alain Bashung ?) aborde la question de la difficulté de la relation à l’autre. Ce morceau, aux sonorités groovy, tranche par son phrasé presque rap jusqu’alors peu voire pas entendu chez Victor Solf.
Un final magistral avec Le meilleur de toi
Le meilleur de toi vient clôturer magistralement l’album. A la genèse du morceau, Victor Solf voulait parler d’Eternal sunshine of the spotless mind de Michel Gondry, un film qui l’a particulièrement ému. Certaines paroles proviennent d’ailleurs du film, par exemple « Je ne me souviens de rien sans toi ». Et au fur et à mesure du travail d’écriture, Victor a pris conscience qu’il ne parlait plus du film mais de son propre rapport à l’absence. En résulte un titre poignant, en hommage à Simon Carpentier – son frère d’armes de Her disparu tragiquement en 2017 – dans lequel on ressent toute l’intensité de l’émotion du chanteur : une production épurée, des paroles fortes et la voix de Victor, à la fois solide et fragile.
Avec Tout peut durer, Victor Solf nous livre un magnifique 2e opus qui fera date dans le paysage de la soul française. Un album de haut vol, sincère, sensible, juste et précis qui soignera vos maux et vous permettra d’entrevoir la lumière même dans les heures sombres. Tout peut durer, c’est un hymne à l’optimisme, la réponse de Victor Solf au sentiment d’anxiété qui gangrène notre société.
Victor Solf sera en tournée dans toute la France dès le mois de février, avec notamment une Cigale le 3 avril 2025.
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