Victor Solf : “je voulais vraiment laisser ça le plus brut possible, être le plus spontané”

À peine plus de quatre mois après la sortie de son 1er EP solo, Aftermath, Victor Solf dévoile une mixtape surprise ! 12 Monkeys Mixtape… Un exercice de « production » pur et dur, qui l’éloigne de son chant piano-voix auquel nous sommes habitués. Mais un projet retour aux sources et considérablement jouissif pour Victor Solf, pour qui le hip-hop et la culture du sampling ont toujours fait partie de sa culture musicale. Victor Solf voulait sortir des codes de la musique pop avec 12 Monkeys Mixtape, qu’il y ait quelque chose de très « primaire » dedans, et c’est réussi !

© Liswaya

La Face B : La production, c’est quelque chose que tu voulais faire depuis longtemps ?

Victor Solf : C’est quelque chose que j’ai toujours fait en parallèle, faire du sampling, faire des productions hip-hop… Car ça vient vraiment de la tradition du hip-hop, le fait de sampler des éléments, des basses, des batteries… qui viennent de plein d’univers différents. Et j’ai toujours adoré ce que fait Kanye West et ce que fait Massive Attack. Donc c’est quelque chose qui a toujours fait partie de ma culture.

LFB : Et pourquoi avoir voulu sortir cette mixtape, finalement, si peu de temps après la sortie de l’EP ?

VS : Je suis quelqu’un de très très productif, j’écris beaucoup, j’avais commencé à travailler sur cette mixtape cet été, donc il fallait que ça sorte. J’en ai parlé assez rapidement à mon équipe et ils m’ont suivi. J’aime bien quand les choses sortent assez vite, quand c’est encore frais.

LFB : Et concrètement la « mixtape », qu’est-ce que cela veut dire ?

VS : La mixtape c’est vraiment l’idée d’enchaîner les chansons sans pause, que ce soit des titres originaux ou des reprises, ça vient de la culture hip-hop. L’idée c’est vraiment qu’il y ait des transitions entre les titres, que ce soit un contenu que l’on puisse écouter du début à la fin, en faisant la fête ou en faisant autre chose.

LFB : Et tous les sons utilisés, sont des samples sur lesquels tu as enregistré ta voix, ou tu as aussi rajouté quelques instruments sur lesquels c’est toi qui a composé, comme le piano ?

VS : C’est un travail hybride, il y a une partie samplée mais aussi un piano à moi, une batterie à moi, ma voix… Ce qui est intéressant c’est de ne pas avoir que des samples, sinon ça s’entend. Et de toutes façons les samples, je me les réapproprie : je vais changer les tempos, mettre les accords en reverse (NB : lire un son à l’envers), mettre de l’overdry sur les sons (NB : une saturation assez douce)… C’est ce mélange qui permet d’avoir des titres originaux. L’idée c’est de ne plus réussir à savoir ce qui est samplé ou pas. Et c’est ce que font Kanye West et Massive Attack, un savant mélange de samples, de parties jouées, de samples revisités, réinventés, mixés, masterisés…

LFB : Justement cette mixtape tu l’as vraiment fait tout seul, avec des samples, plus ta voix, tes instruments, est-ce que la production solo est allée jusqu’au bout du mixage et du mastering ?

VS : Non non, c’est très important pour moi de faire appel à des personnes différentes pour le mixage et le mastering. L’idée était vraiment de faire une mixtape homogène, que les morceaux soient vraiment homogènes les uns avec les autres, alors pour ça c’est important de confier son travail à d’autres personnes. Il faut vraiment qu’il y ait les mêmes réverbes, les mêmes compressions, le même volume sur chaque titre.

LFB : Et pour revenir à la « mixtape », qui est donc un format où par définition tous les titres s’enchaînent, c’est pour cette raison que tu as choisi de faire une longue vidéo qui couvre tous les titres, plutôt que de choisir un ou deux titres et de les cliper ?

VS : Oui, c’était vraiment pour mettre en valeur le format mixtape.

LFB : Et pour rester sur cette vidéo qui accompagne la sortie de la mixtape, elle ressemble beaucoup au clip de The Salt of The Earth, le dernier clip sorti pour ton EP Aftermath. C’était sensiblement le même exercice, toi dans une pièce, qui te laisse aller à danser, à te mouvoir… avec des plans parfois très saturés, parfois en infrarouge…

VS : Oui. C’est un état que j’aime beaucoup en ce moment, le lâcher-prise, la liberté… lâcher-prise sur les émotions que j’ai envie de partager… En ce moment je suis complètement dans ce mood.

LFB : J’ai l’impression que les quatre premiers titres Boom B, Tomorrowland, Moving On, Party, s’enchaînent très très bien, si on ne fait pas attention on ne sent pas vraiment le moment où on passe d’un autre à un autre, alors que j’ai l’impression que pour les deux derniers Better Days et In Your Eyes, on sent déjà beaucoup plus une pause, et on identifie beaucoup mieux qu’on change de titre. C’était voulu ?

VS : Ah c’est marrant que tu aies cette impression. En fait j’ai vraiment tout produit en deux-trois jours, je me suis enfermé dans mon studio… tout a été fait dans le même moule. Il n’y a pas de nuance, pas de différence entre les titres selon moi. Et l’ordre que j’ai choisi, c’est vraiment l’ordre dans lequel j’ai fait ces titres. Le 1er titre de la mixtape, c’est le 1er titre que j’ai fait avant autant de sampling. Donc je voulais vraiment laisser ça le plus brut possible, être le plus spontané… Et c’était la même chose pour l’image, pour mon attitude dans le clip… l’idée c’était vraiment de revenir à quelque chose de très primaire.

LFB : J’ai également une question sur le titre 12 Monkeys Mixtape, dans le communiqué de presse il est indiqué que c’est une référence directe au film 12 Monkeys de Terry Gilliam. Peux-tu nous expliquer pourquoi cette référence en particulier ?

VS : J’ai choisi cette référence en rapport avec l’actualité, avec le coronavirus, mais aussi car c’est un film qui se joue des règles. C’est un film d’anticipation, il y a une histoire d’amour, il y a l’idée de voyager dans le temps… Terry Gilliam est un réalisateur qui a toujours beaucoup aimé travailler comme ça, de façon très onirique et fantastique, en se jouant des codes… Et c’est quelque chose que j’ai vraiment voulu mettre dans ma musique : sortir des formats classiques de la musique et de la pop, me libérer de tout ça… Et c’est quelque chose que le film incarne beaucoup.

LFB : L’idée du titre est donc venue assez tard dans le processus ?

VS : Elle est venue plus tard oui, j’ai pensé à l’actualité, à l’énergie de la mixtape, à la folie de Terry Gilliam, de Bruce Willis et de Brad Pitt dans ce film… à cette idée de ne pas chercher à être conventionnel… Et puis c’est un de mes réalisateurs préférés.

LFB : Et toujours sur cette idée de ne pas être conventionnel… pourquoi avoir choisi de mettre une allocution radiophonique pour débuter la mixtape ?

VS : Je voulais mettre l’accent sur la mixtape, et puis c’est ma femme qui parle au début et à la fin de la mixtape, comme si elle était présentée pour la première fois à la radio. On a fait ça comme ça, avec le micro des écouteurs de l’iPhone… vraiment comme ça, sur le moment !

LFB : Dernière question, maintenant que ton 1er EP Aftermath est paru, puis ta mixtape, est-ce que tu prépares un album pour la rentrée ?

VS : Oui, je travaille sur l’album depuis le début, en parallèle. Je voudrais sortir des titres en octobre. Et puis il y a la tournée qui va reprendre, et ça, ça me fait extrêmement plaisir. Ça va me donner la possibilité de défendre mes titres en live, de les tester aussi… car j’aime beaucoup transformer les morceaux en concert. Et tout cela m’aidera à me projeter sur l’album.

Victor Solf sera en concert à la Gaîté Lyrique le mercredi 09 décembre (COMPLET) puis à La Cigale le 19 mai 2021 !

Et retrouvez notre chronique sur 12 Monkeys Mixtape juste ici !