En septembre, Virginie B a fait une entrée fracassante dans le monde de l’hyper pop avec son album Astral 2000. Un univers dont elle utilise les codes pour exprimer des thématiques qui lui sont chères, notamment le rapport au féminin ou la peur de la mort. C’est à l’occasion de son passage au MaMa que nous avons eu le plaisir d’échanger avec la québécoise. Au programme : le rapport au mort, l’importance de la basse et du kick, l’utilisation de sa voix et une histoire de poisson mort et de signe astrologique.
La Face B : Salut Virginie, comment est-ce que ça va?
Virginie B :Ça va bien, ça va vraiment bien. Je suis encore sur une espèce de nuage, je joue pour la première fois ici.
J’attends un peu avant d’avoir le mal du pays, mais pas encore. Je suis arrivée avant hier, ça va.
LFB : Est-ce qu’il y a encore quelque chose d’important en tant que québecois.e de venir jouer en France?
Virginie B :J’ai l’impression que c’est moins le cas qu’à une époque. Peut-être que c’est moins important qu’à une autre époque, mais je pense que ça dépend de quel type de musique tu fais. Je crois que les oreilles sont prêtes à écouter certains trucs, puis en même temps c’est correct de déranger aussi. Mais explorer tous les territoires, je pense que ça ne sert pas à grand chose.
De base, il faut que tu ailles là où la musique est faite à inspire aussi, je crois. Puis où est-ce que ça pourrait avoir une place? Je ne sais pas si c’est nécessaire, je ne pense pas que c’est nécessaire. Mais moi je suis vraiment contente d’être là.
LFB : On est là pour parler de ton album. Il y a quand même un changement qui est assez radical entre Asral 2000 et ce que tu avais fait avant. Je me demandais le chemin qui t’avait amené jusqu’à cet album là ?
Virginie B :J’ai toujours besoin de faire quelque chose de nouveau. À chaque détour, je pense que ça paraît. Tu parles de MARGO, qui était comme une itération plus folk, après INSULA.
Je pense que je cherchais quelque chose qui était un peu plus près d’une espèce de petite folie intérieur aussi. Moins léché, moins dans l’idée de le présenter et que ce soit bien reçu.
C’est un truc qui grandissait tranquillement en moi musicalement, mais je ne savais pas comment l’amener encore. Quand on parle d’INSULA, je me suis vraiment basée sur des références que j’aimais, sur le R&B, sur la soul. Des choses que j’écoute encore abondamment, mais je ne savais pas comment y trouver ma petite saveur ou mon penchant.
En faisant des collabs avec des gens comme Superplage ou ALIAS, j’ai trouvé mon ton de voix aussi. C’est quelque chose qui a vraiment guidé le reste de la composition pour Astral 2000. Même si ça s’est fait sur quasiment un an et demi, la compo de l’album.
La voix un peu étrange, un peu quirky. Ça a vraiment aidé à embrayer le style de musique à ce moment-là. Je cherchais quelque chose d’un peu plus « tannant ».
LFB : Est-ce que tu avais l’impression aussi que l’hyper-pop, c’était un genre assez idéal pour parler d’une des grandes thématiques de l’album qui ressort pour moi ? C’est-à-dire la féminité et le rapport à la féminité, que ce soit toi en tant que personne, mais aussi le regard qu’on porte à la personne qui est devant soi.
Virginie B :C’est beau, mais l’hyper-pop, je n’en avais aucune idée. Il y a deux ans, l’hyper-pop, je venais de me faire présenter Sophie comme exemple d’hyper-pop par une amie.
Mais c’était très peu dit, c’était très peu amené de cette manière-là. En tout cas, à mes oreilles, à moi, je n’en avais pas beaucoup entendu parler. Mais c’est définitivement… j’ai l’impression que l’un a influencé l’autre.
On dirait que le sujet pi la musique a créé ce tout-là qui est très cohérent et qui marche. Une espèce de méta-réflexion sur le regard posé. J’aime ça, je trouve ça vraiment bien.
Ça, ça donne bien, je crois. Il y a quelque chose de plastique et de réflexion sur le plastique. (rires)
LFB : Il y a quelque chose de très irréaliste aussi dans la sonorité de l’album.Même dans la façon d’écrire, je trouve. Ça permet justement de s’amuser.
Virginie B :J’aime ça, j’aime que tu aies spoté ça dans la façon d’écrire.Tu peux m’en parler plus, je trouve ça intéressant
LFB : Je vais revenir dessus après mais pour reparler de la voix, j’ai l’impression que tu t’es énormément amusé avec. Si on prend un morceau comme Madone, par exemple, c’est un morceau où tu as l’impression qu’il y a trois personnages. L’intonation, la façon de poser la voix, de l’utiliser, elle est complètement différente d’un moment à l’autre.
Virginie B :J’aime ça, j’aime vraiment ça. En plus, Madone c’est ça aussi, c’est plusieurs archétypes, c’est plusieurs personnages. J’aime l’idée que ça peut être pris dans un petit carcan d’une expression de voix qui est très bien. J’ai juste réalisé que je n’ai pas cette voix-là.
Je ne suis pas capable de performer vocalement d’une manière légère. Quand je me retrouve à jouer d’une section à l’autre de la chanson, ça permet d’exprimer tellement plus.
LFB : C’est une grande liberté, qui vient du style, mais qui était peut-être là aussi avant. L’envie d’aller au-delà des références. C’est vrai que des fois, la musique qu’on fait est très collée à des références, de choses qu’on écoute. Mais là, peut-être d’être parti sur une musique que tu n’écoutais pas forcément, ça t’a aussi permis de faire quelque chose qui était complètement libre.
Virginie B :Je crois que oui. Je ne suis pas exempte de références non plus, ça c’est sûr.
Mais ça a permis de blender d’une manière relativement unique aussi. Mais en partant de quelque chose de beaucoup plus personnel qui était la voix. Puis le playing de basse aussi.
LFB : On va en parler aussi. (rires)
Virginie B :Oui, c’est bon. Mais c’est ça, c’est l’espèce de danse incessante entre les deux. C’est un beau terrain de jeu.
LFB : Du coup, si je te le dis, pour moi, Astral2000 dans sa construction musicale et d’ambiance, c’est un mélange entre l’onirisme et l’hyper-réalité. Est-ce que ça te convient?
Virginie B :Oui. Oui, vraiment. Oui. (rires)
Il y avait déjà quelque chose d’onirique. Dans ma fascination de l’onirique avec INSULA, les perceptions, le monde du rêve, le monde de l’insomnie, j’ai toujours été fascinée par ça. Mais là, c’est ça. L’hyper-technologique, l’hyper-réaliste, ça c’est vraiment ce qui rentre en compte. J’adore. J’adore, ça marche.
LFB : Tu vois, c’est un peu, j’ai l’impression, un miroir déformant aussi. Un univers qui te représente mais qui va plus loin.
Virginie B : Oui, c’est une bonne… Je n’ai même plus rien à te dire. Ce n’est pas un miroir déformant, c’est… Ça me représente, mais non. Ça représente quelque chose que je veux qu’on voit, mais volontairement.
C’est un avatar, en fait.
Virginie B : Oui, c’est un avatar. C’est vraiment ça. C’est un avatar hyper décuplé. On parle souvent de comment je suis habillée sur scène, par exemple, et comment les visuels sont faits. C’est comme si je te disais, je te prends mon bras, je te montre. C’est ça que tu regardes maintenant. C’est ça que tu vas voir pour telle raison, parce qu’il y a un regard à poser sur soi en ce moment. C’est un avatar qui permet vraiment plusieurs choses. Et finalement, qui finit par parler de manière très, très personnelle. Oui.
LFB : On peut aussi parler d’onirisme. Parce que aussi, je trouve, dans le travail de la structure musicale, il y a aussi une espèce de libération, de faire quelque chose qui n’est pas du tout réaliste. Comme une musique d’ordinateur, un truc qui dévie.
Virginie B : Ben oui, j’aime ça, j’aime ça, tant mieux si c’est passé comme ça, c’est bien. Il y en a qui le font tellement bien. Tu sais, de notre art, tu as des Grimes de ce monde qui se fêtent des tripes instrumentales numériques complètement décalées. Mais ouais, j’imagine que le jeu qu’on a fait avec les sons, ça donne quelque chose de techno-bizarre, comme si un robot s’amusait.
LFB : Tu vois, un morceau comme Astral 2000 qui ouvre l’album, c’est quand même dans notre vie, en termes de structure, de changement, c’est presque dissonant par moments. Et c’est un truc que tu retrouves tout au long de l’album, sur des morceaux comme Cinéma ou même Autoportrait. Il y a vraiment cette recherche, même d’avatar de musique, de trucs qui dérangent presque.
Virginie B : Ouais. Oui, définitivement, l’idée, ce n’était pas de faire plaisir. C’était d’aller tout le temps sur l’espèce de petite limite. Et encore là, je les trouve très plaisantes, les chansons. Quasiment trop. (rires) Avec le regard extérieur que j’ai dessus maintenant. Je pense que j’essaie de les rendre… Pour le futur, Astral 2000 commence à vivre en spectacle. Mais à force de les faire, je suis comme « Ah, mais c’est gentil ! » C’est vraiment gentil. J’ai envie d’être un petit peu plus… De les faire éclore, de les casser un peu. En tout cas, ouais.
LFB : Mais ça doit être compliqué de retranscrire quand même certains morceaux pour le live.
Virginie B : Hum… Ce n’est pas si pire que ça. Il y a moins d’éléments qu’on pense. Il y a beaucoup d’éléments. Louis serait triste que je dise ça. Il serait comme « Non, ce n’est pas vrai !« . Il y a beaucoup d’éléments. Il y a beaucoup de jeux, d’effets. Il faut le penser différemment. Mais ça se fait quand même bien. Beaucoup de voix sont synthétisées pour donner l’impression d’être des instruments. On a vraiment travaillé de cette manière-là. On s’est inspiré de Björk .
Les séquences, ça aide vraiment beaucoup. Mais j’aime bien s’il y a un instrument qui peut aller reproduire ce son-là. On a trouvé le saxophone, ça marche bien. C’est comme une voix, quand tu le distorsionnes, quand tu le passes au travers de pédales, tu te rends compte que tu as un pédale-board. Tu peux vraiment aller chercher des textures qui sont irréelles, justement.
LFB : Pour rester sur le sujet de sonorité, tu en parlais un peu avant, il y a quand même un travail qui est hyper impressionnant et hyper intéressant sur la basse et sur les kicks tout au long de l’album.
Virginie B : Oh, wow ! Louis va être content d’entendre ça. (rires) Ah oui, ah oui, oui. Vraiment, vraiment. C’est bien ça. C’est un personnage vraiment talentueux, Louis. On travaille d’une certaine manière. Donc, on construisait un petit squelette de la chanson, une maquette, comme n’importe quand. J’allais travailler sur une intention vocale, une mélodie, mais plus comme une petite signature sans parole. Après ça, Louis allait se caler et passer des heures et des heures à la basse, à essayer d’écrire la ligne. Ce qu’on s’est rendu compte, c’est qu’on est beaucoup plus efficaces à sectionner en très, très, très petites sections chacun de nos instruments. On pouvait placer note à note la voix, note à note, la basse. Ça paraît, je pense…
LFB : C’est du séquençage un peu.
Virginie B : C’est quasiment ça. Après ça, c’est jouer. Après ça, c’est chanter, c’est performer. Mais on va vraiment aller chercher toutes ces… ces intervalles un peu bizarres, peut-être. Tu vois.
LFB : Ce qui est intéressant, c’est que, que ce soit la basse, le kick et le manière dont il joue, ça renforce aussi cette idée à la fois de sensualité et de côté un peu froid et hyper réaliste.
Virginie B : C’est plaisant. Je pense que la technologie, c’est ça. C’est sensuel pi c’est froid. C’est ça qu’on a entre les mains. Ça veut se vendre à nous. Ça veut nous charmer, nous entraîner. Mais c’est absolument… dénué de… C’est dénué de sens. Il faut donner du sens à la musique. Il faut y donner quelque chose. Parce qu’elle n’a rien de ba se. C’est hyper bien représenté, par exemple, dans le clip de Hyperboy. Tu vois, ce truc un peu… de charme. Mais pour personne, en fait.
De NPC. Justement, l’avatar, il prend vie à ce moment-là. Oui, puis il est un peu… Tu ne sais pas trop ce qu’il veut. Tu ne sais pas si ça te veut du bien ou pas. C’est juste… C’est limite inquiétant. Mais ça, c’était le fun de conceptualiser ça avec ma petite team créative, avec Rosalie Bordelot, qui est ma réalisatrice, de penser à pousser ça loin. Qu’est-ce qu’on peut faire pour déranger un peu à ce moment-là ?
LFB : C’est marrant parce que c’est quelque chose qui nourrit, je trouve, énormément l’écriture de l’album aussi. C’est-à-dire que c’est des textes qui se dévoilent si l’auditeur a envie de les dévoiler. Tu as l’impression que tu as un truc un peu mystérieux dans l’écriture. Tu te dis, moi, je sais ce que je raconte, mais si vous y voyez autre chose, c’est très bien aussi.
Virginie B : 100 %. J’aime que les gens… J’aime t’entendre parler aussi. Ça devrait pouvoir se permettre d’y apposer ce qu’on veut. C’est un canevas. C’est un avatar. (rires) Oui, ça se dévoile tranquillement.
LFB : C’est une écriture, mais malgré tout qui reste très visuelle. Il y a quand même des choses qui sont dites pour créer un espace-temps et de ramener des images. J’ai l’impression que c’est très important. C’est important que ça vive en dehors de l’écoute.
Virginie B : Que ça évoque des images, ça, 100 %. Des états. J’aime bien écrire au plus petit. J’ai découvert rapidement que je n’étais pas une grande poète. Pas comme je pensais que je voulais être en tout cas, que ce que j’imaginais quand j’avais 14 ans, par exemple. Ça a été quand même un bon… Je suis tombée en bas de mon escabeau.(rires) Ça s’est pas mal passé autour de la création d’INSULA.
Pendant. J’ai réalisé que ce n’était pas comme ça que je voulais écrire. J’ai arrêté d’essayer de penser. Il fallait que je trouve la poésie, mettons. Trouver le plus petit. Me rapprocher du moment. Des choses. Raccourcir les mots. C’est beaucoup plus évocateur.
Après ça, des fois, je ne sais même pas ce que je dis. Et ça, ça arrive tout le temps.
LFB : Mais les gens peut-être y voient quelque chose que toi-même, tu ne vois pas.
Virginie B : J’espère. Ça veut toujours dire quelque chose. C’est ça qui est beau. Dans l’écriture automatique que tu raffines après. Pour moi, je pense que ça fait ça. J’espère que les gens y voient quelque chose que je ne vois pas. Je veux que les gens disent ce qu’ils voient. C’est beau.
LFB : En parlant de poésie et de normalité, j’ai l’impression que les morceaux en anglais sur l’album sont plus dans cette espèce de normalité, même au niveau des structures. C’est des morceaux qui sont beaucoup plus « propres ». Et je me demandais quel rapport et quelle différence dans l’écriture que tu avais justement.
Virginie B : Et ça, c’est fascinant.Mais dans My Muse, je peux comprendre. Lock U Up aussi ?
LFB : Oui, même le dernier morceau qui est un peu calme. J’aime beaucoup cette idée de se transformer en immense insecte.
Virginie B : Moi aussi. (rires) Moi aussi, j’aime beaucoup ça. Encore une fois, dans ce distinct d’idée d’avatar. Mon rapport à l’anglais a toujours été là. Je pense que ça me fait vraiment du bien d’aller dans… Peut-être qu’il y a quelque chose de plus confortable, mais ce n’est pas encore contrôlé définitivement. J’ai commencé à écrire en anglais quand j’ai commencé à faire de la musique.
Beaucoup de la musique que je consommais c’était de la musique anglophone. Autant d’artistes français anglophones qui chantent en anglais que d’artistes américains. Ça doit paraître un peu dans mon écriture. Visiblement, ça paraît dans la musique aussi et dans la structure.
C’est intéressant. Je n’y avais même pas pensé. Pourquoi il y a un truc peut-être de plus doux aussi ? Peut-être que c’est le fait qu’on n’a pas trouvé un référent en français à ce qu’on faisait. Ça nous a mené vers … vouloir encore faire plus mal, je pense. Faire le mal, mais le faire bien. Dans le style de la langue française. Peut-être que c’est plus dérangeant aussi. Je ne sais pas. C’est intéressant. Il va falloir que j’y pense. Tu m’en vas sur des pistes de réflexion (rires)
LFB : On parlait du rapport au visuel. J’ai une question bizarre dont j’ai plus ou moins eu la réponse. Je me demandais si le poisson sur la pochette c’était une référence à ton style astrologique ? (rires) Et si ça ne l’était pas, qu’est-ce que c’est l’histoire derrière le poisson sur la pochette de l’album ?
Virginie B : J’aime ça. Ça ne l’est pas, Charles. Tu as eu plus ou moins la réponse. ?
LFB : J’ai écouté une entrevue que tu as faite.
Virginie B : Ah ! Je pensais que je m’étais assise devant toi puisque tu avais vu que ma personnalité ne fitait pas trop avec celle d’un poisson. (rires)
LFB : D’ailleurs, l’histoire est assez simple. Tu es allée acheter un poisson pour faire une photo et tu en as fait des sashimi après. C’est ça ?
Virginie B : C’était excellent. Mais il faut utiliser tout. C’est important. (rires) Non. Ce n’est pas ça. J’aime bien par contre que ce soit là la réflexion. Tu vois, c’est fascinant. J’aime trop ça. J’étais dans la réflexion sur l’album vraiment fort. Les pièces prenaient vie. On commençait à avoir cette espèce de florilège de chansons décalées. Je cherchais le nom de l’album. Je cherchais une prochaine image. Là, je trouve le nom finalement.
Après ça, comment je peux représenter ça? Il n’y avait rien qui marchait dans ma tête. Il n’y avait rien. Ce n’était pas un visage. Ce n’était pas un portrait. Ce n’était pas une œuvre abstraite. Il fallait que ce soit synthétique. Mais je ne voulais pas non plus une modélisation 3D. Ça ne fonctionnait pas. C’est là que j’ai vu vu une affiche de poissonnerie Je ne sais pas. (rires) Je marchais près du marché. J’ai vu une affiche de poissonnerie.
J’ai trouvé que la manière dont on présentait les poissons dans l’étalage sur les affiches, c’était vraiment une belle mise en scène. J’ai trouvé ça génial. Je me suis dit en fait, c’est quelque chose de mort. On le met au complet. Ce n’est pas comme les autres pièces de viande qu’on présente. On va vraiment… Tu ne peux pas présenter l’animal au complet.
Mais là, on te présente. On te le met beau. On te met du persil autour. Je ne sais pas. Ça m’a vraiment parlé. Je me suis vue dans ce poisson-là. Je me suis vue dans cette espèce de mise en scène synthétique de lumière vraiment décalée. Je parlais beaucoup de ça sur l’album.
Ça fait tout son sens. Ça a débrouillé tout d’un coup. Je peux te dire qu’il n’y a personne de mon entourage qui était partant pour que je fasse ça au départ. (rires) Quand j’ai amené ça à ma team créative ou à Louis, tout le monde m’a regardée avec des yeux bizarres. Ça m’a comme confirmée que c’était ça qu’il fallait que je fasse à ce moment-là.
LFB : C’est ça, ce côté un peu étrange.Et puis, avec des textures de rose, de violet qui sont des trucs hyper attrayants. Et au milieu, un poisson mort.
Virginie B : La musique, j’ai l’impression qu’elle est un peu comme ça aussi. Je veux dire, foncièrement, elle est attrayante. Il y a quelque chose de beau, d’intense qui se passe. Mais elle aussi, dérangeante, tu en parlaisun peu. C’est ça, l’album, il parle de la fuite de la mort aussi.
LFB : Ça faisait tout son sens. De réparer quelque chose à travers la pochette. Exorciser un démon.
Virginie B : Exorciser moi-même en tant que poisson. J’aurais dû être un poisson. (rires)
C’est une bonne idée de chanson.
Virginie B : C’est ce qu’il me lance sur des pistes. (rires) Je lisais un article super intéressant dans le magazine Wired.
C’était comme une édition sur Grimes. Il y avait une édition sur Comment il s’appelle? Un des articles. Il parlait de cet artiste, Boots Riley qui vient d’Oakland. C’est un réalisateur mais aussi un musicien.
C’est lui qui a fait Sorry to disturb you, je crois. Et I’m a Virgo. qui est une série télé sur cette espèce sur ce grand, jeune, black là de 11 pieds et c’est sa vie au travers de quelques épisodes.
Le nom de l’émission s’appelle I’m a Virgo. Il se faisait poser la question pourquoi justement? Parce que c’est la dernière affaire auxquelles les gens vont penser quand ils vont le voir. Ça parle vraiment de ce qu’on projette sur les autres autour de nous. Parce qu’on ne veut pas se demander c’est quoi son signe astrologique. Il est tellement grand, il est black… Puis j’aimais tellement cette dynamique-là.
En fait, c’est ça. On projette quelque chose sur les gens qu’on voit autour de nous. Surtout quand ils sont sur une scène.Surtout quand ils sont dans un contexte particulier. Ouais. Les histoires de signes astrologiques.
LFB : Je vais te poser une question. Je fais rarement ça mais c’est un peu pour t’ouvrir au public français. Pour les rassurer un peu. Si je te dis que moi je place Virginie B entre Yelle et Bonnie Banane, est-ce que ça te va?
Virginie B : Ah! Est-ce qu’on peut m’asseoir entre Yelle et Bonnie Banane quelque part? Est-ce que je peux les… Est-ce que je peux me mettre dans un sandwich entre elles? Tu viens de m’ouvrir un nouveau fantasme? (rires)
Wow. Oh, mon Dieu. Yelle, fascination de mon adolescence et encore aujourd’hui.
Et puis Bonnie, tout comme. Mais beaucoup plus récente. J’adore leur musique.
Ce qu’elle représente aussi dans le paysage musical.
Wow. Je les aime. Je veux les rencontrer.
J’aimerais beaucoup. En tout cas, si jamais on est à m’asseoir quelque part dans un événement, voilà.
LFB : Est-ce que tu as des cœurs récents, des choses qui t’ont marqué, que tu as envie de partager avec les gens ?
Virginie B : Une petite fascination récente ? On va aller là, parce que c’est ça. Moi, je suis une avide consommatrice d’anime. Je suis vraiment dans ce monde-là depuis plusieurs années. Puis, je viens découvrir une nouvelle série que j’aime vraiment faire, qui s’appelle Pluto. C’est incroyable.
C’était complètement génial. Puis là, c’est ça, je tombe dans le… Je veux les lire.
Souvent, j’ai fait ça. Ceux que j’ai découverts à l’écran, je tenais à les lire après.
J’ai fait grande fascination pour ça.
LFB : Pour terminer j’ai une personne qui s’appelle Manu qui m’a demandé quelle était la prochaine paire de lunettes que tu avais l’intention de lui voler ?
Virginie B : Il est con ! (rires) C’est la personne que je connais avec le plus de lunettes soleil chez lui que j’ai vue. Il y a un bar à lunettes ce mec, je te jure !Écoute, probablement celle qu’il va porter quand je vais le croiser la prochaine fois. Maintenant qu’il me dit ça.
Je te jure Manu, je pars avec. C’est ça que je fais. Ah, c’est excellent. (rires)
Crédit Photos : Cédric Oberlin