Thao & The Get Down Stay Down, avec à sa tête la chanteuse/songwriter Thao Nguyen, sortent Temple, leur 5ème album studio, opus aux influences rock et funk où la musicienne californienne se confronte à ses peurs et explore ses origines vietnamiènes et leurs impacts sur son identité.
Le morceau titre ouvre l’album avec des riffs rock et des keyboards éthérés et entre dans le vif du sujet en faisant référence aux racines de Thao, dont la famille a fui la guerre du Viet Nam pour se réfugier aux États Unis dans les années 70. C’est l’histoire de sa mère qu’elle raconte ici, celle qui malgré ses expériences douloureuses pousse sa fille à apprécier la liberté qu’elle a gagnée, l’incitant à mettre derrière elle le passé et apprécier sa vie pleinement : « I lost my city in the light of day, (…), You’ll never know the fear your mama has, (…) But we found freedom what will you do now, Bury the burden baby make us proud » (« J’ai perdu ma ville à la lumière du jour, (…) Tu ne sauras jamais la peur de ta maman, (…) Mais nous avons trouvé la liberté que vas-tu faire maintenant ? Enterre le fardeau ma petite, rends-nous fiers »). Et une énergie libératrice dirigée vers le futur guide le morceau et nous avec.
Phenom est un autre titre fort de l’album et adresse les stéréotypes américano-asiatiques (Asian-American) et le fait d’être une femme de couleur. Le morceau est une montée en puissance qui passe de calme, « poliment tout en bas » avec les paroles « I’ve been so politely at the bottom » exprimant le fait que l’on attende d’elle (ou toute personne marginalisée) qu’elle soit soumise, à « en feu » : « In the past I was peaceful, Now I’m on fire, I’m a creature, I’m a feature, of the future, and I’m on fire. » (« Par le passé j’étais calme, Maintenant je suis en feu, Je suis une créature, je suis une particularité, du futur, je suis en feu »), pour une « revanche imaginaire » contre les puissants qui corrompent. Le morceau est accompagné d’une vidéo filmée à 100% sur Zoom pendant le confinement, montrant une chorégraphie où tous les participants dansent de chez eux et transforment l’isolement en partage.
Puis il y a Pure Cinema, le troisième single léger et aérien de Temple qui est inspiré lui par les années de tournée à vivre, des fois survivre toujours en mouvement, en perte de repères. Le morceau tout en apesanteur décrit la dérive de la musicienne qui dit avoir « flotté » au-dessus de sa vie pendant longtemps avant d’atterrir. Un peu comme une chanson de self help, le morceau incite à être entièrement soi-même et à vivre dans le moment et s’épanouir.
Temple est aussi l’album avec lequel la musicienne fait son coming out public après avoir longtemps caché son homosexualité à sa famille par peur de leur réaction. La chanteuse, qui s’est mariée récemment à sa partenaire, se livre et se libère du poids du silence qui pesait sur sa vie dans Marrow un morceau touchant et introspectif qui clôt l’album.
Temple est une ôde à aux racines de la musicienne et à la réalisation de soi, un hymne à l’amour et au besoin urgent de vivre qui l’on est vraiment et on se laisse entrainer par l’énergie libératrice qui souffle sur chacun de ses 10 morceaux. C’est le premier album auto produit par le groupe et le plus ouvert à ce jour. À écouter !