Vōx nous livre dans son nouvel EP This Body, un travail très personnel sur son corps. Un moyen de redécouvrir le pouvoir qui se cache en soi, au travers d’une pop expérimentale propre à l’artiste américaine.
Vous êtes-vous déjà regardé dans un miroir ? Fixant votre enveloppe corporelle, l’interrogeant sur ce qu’elle est pour vous, les autres… Cet amas de chair, de muscles, d’os et de peau vous permettant de vous mouvoir, si énigmatique. Il paraît fragile, fatigué, mais reste formidable dans ce qu’il vous permet de faire. Vous représente-il vraiment ? Quelle histoire raconte-il ? Est-ce important ? Ce sont toutes ces questions que Vōx pose dans son nouvel EP This Body, proposant une réflexion identitaire à tous ceux qui ont déjà senti une désunion entre le corps et l’esprit. Un EP où chaque morceau est accompagné d’une photographie où l’artiste dévoile une nouvelle apparence, une silhouette qui lui est propre.
L’opus démarre avec Be Bigger, un morceau aux teintes pop et à la rythmique minimale. La douce voix de Vōx, soutenue par une légère couche harmonieuse vocale et d’une basse immersive, célèbre le corps au premier degré. S’illustrant dans un clip simple et clair, elle se pose face à nous, en profitant tout simplement du moment présent. Un rappel à l’estime de soi, que la société ne doit pas malaxer à sa guise.
Le second morceau How Do I Connect To The Spirits ? s’attaque à un sujet plus spirituel. Quels liens nous unissent à nos anciens ? Ont-ils une répercussion sur notre être ? De doux choeurs accompagnent le chant, embellis d’une percussion encore une fois simpliste. Pas besoin de plus pour charmer l’auditoire. “I see their faces in mine” répète-elle en boucle, comme pour nous obliger à nous poser la question. Une vibration grave rejoint la méditation, rendant le voyage plus paisible et envoûtant.
Le cumulus qui nous sert de transport prend de la vitesse. I Him in him prend en effet une rythmique plus techno. Une nouvelle facette musicale pour un nouveau sujet de notre être. Ici, on traite de notre rapport à autrui, et plus particulièrement de notre partenaire. Les montées aériennes, transportées par une chorale et des sons synthétiques célestes, nous prennent avec eux pendant l’envol. Envol vers cette nouvelle fenêtre qu’est le partage de soi avec l’autre, ne faire qu’un ou non.
Nouvel arrêt, et retour sur un morceau un peu plus expérimental, à savoir Too Much, Give Up. Arrêt justifié puisque la chanteuse explore son être plus en profondeur. Un besoin d’arrêter le temps pour faire un bilan. Mettre tout à plat et se connaître un peu plus. Les sons se veulent plus lourds et consistants, mais se libèrent lors de douces montées chantantes.
L’album se termine sur le titre du même nom This Body. Une conclusion autant pour l’album que pour tous ces questionnements que s’est posé Vōx. Son corps lui appartient, à elle et à elle seule. De nombreux sons s’entrechoquent, entre l’esprit léger et planant de l’artiste, qui mêlent des voix, à l’image de cette union avec elle même, et une forme sonore plus massive. Une structure électronique et expérimentale plus compacte qui vient conforter cette puissance dont jouit la chanteuse de par cette cohésion retrouvée en elle. Une paix intérieure qu’elle finit par chanter passionnément au piano en clôture.
Un EP profond, poétique, qui sait rester délicat tout en posant des questions plus ou moins dures sur sa personne. Conclusion : oui on vous conseille.