Voyage en solitaire avec Julia Jean Baptiste

Solo est le nom du dernier EP de Julia Jean-Baptiste, mais il aurait très bien pu s’agir d’un nom de voilier. Celui qu’emprunterait la chanteuse à travers ce disque, parcourant des flots musicaux tant pop que tropicaux. Avec Solo, Julia Jean-Baptiste met les voiles vers l’affirmation d’un renouveau tant personnel qu’artistique.

Après avoir collaboré avec les groupes Pendentif et Nouvelle Vague, c’est en solo que Julia Jean-Baptiste nous revient avec un second EP. Une position solitaire qui semble être au cœur du projet avec un morceau donnant son nom au disque. Et pour cause, Solo semble être l’aboutissement de quelque chose d’imperceptible, entre l’affirmation et la réalisation de soi.

La musique est rythmée, entraînante. Les sons s’enchaînent en se percutant comme des boules de flipper. On ressent quelque chose de très organique dans des sonorités brésiliennes ou encore des tropiques, des îles. On pourrait presque imaginer une mer transparente sur laquelle l’artiste naviguerait. Des vagues à l’image du morceau, tantôt calmes et reposées, tantôt agitées et chaloupantes.

Un peu à l’instar du texte puisque la chanteuse évoque la fin d’une période trouble, des difficultés enfin maîtrisées : « aucun nuage », « l’orage glisse sur ma peau ». Enfin, c’est surtout la confiance en soi et le lâcher-prise qui ressurgissent de ce titre : « Je m’abandonne, retrouve mon harmonie ». Cependant, avant d’en arriver là, Julia Jean-Baptiste témoigne de tout son parcours.

Ombre au tableau

Le ciel n’est pas toujours lumineux ou sans nuages. Avec force et courage Julia Jean-Baptiste évoque ses failles, ses fragilités. Et cela dès le début de l’EP, qui s’ouvre sur le titre Faux amours. Alors que le disque évoque un rendez-vous solitaire avec soi-même c’est le rapport aux autres qui est évoqué dans ce morceau. Faux amours nous parle de la comparaison venimeuse qui semble trouver son territoire sur les réseaux sociaux. L’artiste métamorphose en serpent, le fait de se comparer et de se dévaloriser. En chuchotant, elle semble lutter contre la langue de vipère : « A quel moment suis-je devenue vipère ? La vipère me pousse, je me laisse tomber, Au son de ton prénom, la vipère apparaît. » Lorsque l’on écoute la manière de chanter de Julia Jean-Baptiste il y a quelque de chose d’entrainant, d’ondulatoire. On pourrait presque voir se dresser et onduler devant nous le reptile évoqué. Mais une fois la vipère démasquée, elle peut être plus facilement chasser.

Du moins, le travail est loin d’être simple, à entendre les paroles de Les Virages. Le texte est clair : « Mon seul ennemi c’est moi, je prends mal les virages, je tombe bien trop bas. » Julia Jean Baptiste évoque avec profondeur et intimité le manque de confiance en soi. Celui qui nous pousse jusqu’à la torpeur, au point de plus avoir la force de faire quoi que ce soit. Pourtant, le morceau est autant élancé que plein d’assurance. Il y a du mouvement, des airs dansant et un refrain entêtante. Ce contraste entre les paroles et la musique semble donner un goût de souvenir au propos. La lumière réapparaît et le temps de la mauvaise image de soi semble derrière la chanteuse. Les Virages est un hymne (nécessaire) à l’amour de soi.

Alchimiste

Si l’on devait figer l’EP Solo en une image, ce serait sans aucun doute un soleil éclatant traversant de lourds nuages grisâtres. On retrouve cet aspect dans le titre Soleil Noir. Julia Jean-Baptiste y chante le clair-obscur avec charme et élégance. Car il est bien question de clarté dans l’obscurité, de bonheur dans le malheur. Sur une musique pop raffinée par la précision de ces rythmes et ses percussions dansantes, l’artiste nous adresse des mots dédiés à un autre et pourtant si universels : “Des rayons baignent dans l’autre moitié, Optimiste de la tête aux pieds , Oui, dans ta tête à toi. Le soleil perce même quand tout est noir”.

In fine, il y a un aspect doux et réconfort qui prédomine à l’écoute du disque. Notamment avec La Nuit, réalisé en plein confinement et en pleine nature, au point d’entendre le chant des oiseaux clôturer le morceau. Le titre évoque un rapport ambigu avec la nuit et la lune : l’artiste n’attendant que ce moment autant que sa fin.

Pour écouter Solo, le dernier EP de Julia Jean-Baptiste, c’est juste ici :