Voyou ou quand la musique devient terrain de jeux

La Face B a rencontré Voyou à l’occasion de la sortie de Henri Salvador est un voyou. Orfèvre des émotions et multi-instrumentiste instinctif, Voyou nous parle de musique comme d’un terrain de jeux infini, où instinct et expérimentation s’entrelacent. Entre hommage et respect pour l’élégance intemporelle et l’immensité du repertoire de Salvador, Voyou nous dévoile également les détails de son processus créatif singulier mêlant précision artisanale et poésie du quotidien. Plongez dans cette interview généreuse, touchante et pétillante avec un musicien qui fait de chaque morceau un espace ouvert à toutes les surprises.

Retrouvez également le travail d‘Alexia Arrizabalaga-Burns (sous le pseudo Troubleshooteur) sur son site et sur Instagram

« Reprendre un artiste, c’est passer du temps avec sa musique. Comme Henri Salvador a traversé plein de phases et fait des choses très différentes, je savais que je ne m’ennuierais pas. » Voyou

La Face B : Bonjour Thibaut, comment vas-tu aujourd’hui ?

Voyou : Ça va très bien. Et toi ?

La Face B : Ça va très bien. Tu as commencé par jouer dans des groupes avant de te lancer en solo. Quel a été le déclic pour le projet Voyou ?

Voyou : Ce n’est pas vraiment un déclic, en fait. J’écris des chansons depuis que je suis tout petit. Et surtout, j’ai eu un ordinateur avec des logiciels de MAO quand j’avais 12 ans — c’était le vieil ordi de mon père. Du coup, j’ai commencé à composer dessus. Donc ça faisait très longtemps que je faisais de la musique, mais je n’avais jamais eu la prétention de me dire que je pouvais en faire un projet solo.

À un moment, mes trois groupes se sont retrouvés en pause en même temps, et comme c’était mon seul revenu — être musicien pour des groupes —, je me suis soudainement retrouvé sans travail pour une durée indéterminée. Je me suis dit que c’était le moment d’essayer de faire mon propre projet. Je suis parti au Canada pendant quelque temps, et j’ai énormément écrit là-bas. Juste avant de partir, j’avais sorti un morceau que j’avais clippé avec ma copine de l’époque.

En arrivant au Canada, le programmateur de Stereolux m’a programmé au festival Scopitone. Je me suis un peu retrouvé, malgré moi, à devoir assurer, créer un live, tout ça. Je suis revenu en France, mais j’avais fabriqué mon live là-bas, avec des machines maison qui faisaient du son et de la lumière quand je tapais dessus. C’était fait avec du carton, un rideau de douche… et je me suis trimballé tout ça en avion de Montréal à Paris — une vraie galère ! C’est comme ça que j’ai fait mes premiers concerts. Très vite, j’ai trouvé mon tourneur, puis des labels se sont intéressés au projet. J’ai assez rapidement signé avec mon label, qui est toujours le mien aujourd’hui. Donc voilà, ça ne s’est pas fait « malgré moi », mais disons que je n’ai pas eu besoin d’y réfléchir très longtemps.

La Face B : Oui, le destin s’est un peu précipité.

Voyou : Je ne sais pas si c’est une question de destin, parce que je l’ai quand même un peu forcé. Ça faisait longtemps que je composais. J’ai aussi beaucoup appris en étant musicien pour les autres. Et à un moment, c’est devenu naturel. Il y avait aussi une forme de frustration : parfois, je ne pouvais pas prendre les décisions que je voulais sur des mélodies, des accords, la structure des chansons…Dans certains groupes, j’étais purement musicien ; dans d’autres, je faisais aussi des arrangements. Mais créer à plusieurs, ça entraîne des frustrations : tu as une idée, mais ce n’est pas toujours la tienne qui est retenue. Là, tout à coup, je pouvais faire exactement ce que je voulais, tout seul, sans que personne n’ait rien à redire. Et même faire mes erreurs tout seul, ça m’a beaucoup plu. Ça m’a rendu hyper heureux.

La Face B : Je crois que c’est un des moteurs principaux : on fait ce métier pour être heureux et pour apporter aux autres. La richesse, elle est ailleurs. Que représente le nom de scène Voyou pour toi aujourd’hui ?

Voyou : C’est marrant, parce qu’on me demande souvent pourquoi j’ai choisi ce nom, mais rarement ce qu’il représente pour moi aujourd’hui. J’ai beaucoup d’affection pour ce nom. Il n’y a jamais vraiment eu de raison précise à ce choix — je l’ai trouvé cool, c’est tout. Aujourd’hui, c’est un nom que j’adore. Je le dessine plus que je ne l’écris : il est toujours accompagné d’un petit visage. Et surtout, je l’ai entendu prononcé avec beaucoup de joie, dans mes concerts ou même dans la rue. Maintenant, ce nom représente quelque chose de très joyeux, qui me relie aux autres.

La Face B : Rassembleur ?

Voyou : Oui, très. À chaque fois que je l’entends maintenant, c’est dans la bouche de gens qui me veulent du bien, qui sont contents de me voir, de me rencontrer, de partager de la musique avec moi. Et ce que j’aime aussi, c’est que c’est un mot avant d’être moi. Ça me permet de me décentrer, de ne pas trop me prendre au sérieux. Il y a quelque chose de joyeux là-dedans.

La Face B : Ta musique est très poétique, elle invite à l’évasion, au voyage. On a envie de conduire une bagnole, d’explorer, d’être dans un champ, de cueillir des fleurs. As-tu envie d’explorer de nouveaux styles ou formats ? Par exemple, une bande originale, des comptines, ou une forme poésie-musique à la manière de Mathias Malzieu ?

Voyou : Dans le studio où tu es là, il y a plein de choses qui se font en parallèle de mes albums. J’ai fait pas mal de musiques de films récemment, donc ça, c’est déjà en route. J’écris aussi pour d’autres, et je fais beaucoup de musique instrumentale. En ce moment, je travaille sur le deuxième volume des Chroniques terrestres, mon disque instrumental.

Ce qui me rend heureux dans ce projet, c’est qu’il est très modulable. Je peux faire plein de choses avec. Dès le début, je me suis permis de faire des choses très différentes : de l’instrumental, des trucs organiques, d’autres plus électroniques .Je ne vois pas de frontières musicales. J’ai l’impression que les gens me suivent justement pour être surpris, et ça tombe bien parce que moi aussi, j’ai besoin d’être surpris.

Là, j’ai enfin pu m’entourer de beaucoup de matériel. J’ai un vrai espace de travail, un labo pour expérimenter. Je passe énormément de temps là-dedans. Et ce que je sens, c’est que je ne suis qu’au début d’une vie de recherche musicale : écouter, comprendre comment c’est fait, comment faire autrement, explorer les textures, apprendre de nouveaux instruments — je suis encore en train d’en apprendre, d’ailleurs, et ça me passionne. J’adore ça. Et je pense que c’est ce que les gens attendent aussi : qu’on les surprenne.

La Face B : Justement, petit crochet par la poésie musicale. Tu étais dans le dernier album de Dionysos, L’Extraordinarium. Comment as-tu rencontré Mathias Malzieu ?

Voyou : Je le connais depuis très longtemps. Ma première rencontre avec Dionysos, c’était à l’époque Western sous la neige, les Victoires de la Musique, période Jedi. J’avais même appelé les filles du Mouv’ pour leur dire que j’avais trouvé leur prestation géniale ! Je ne sais même pas si Mathias est au courant de ça. J’étais très fan. J’ai suivi toutes leurs aventures, et celles de Mathias en solo aussi. Donc j’étais hyper heureux de participer.

Je ne sais plus vraiment comment on s’est rencontrés. On s’est croisés quelques fois, on a échangé quelques mots, mais jamais très longuement. Et finalement, le moment où on a passé le plus de temps ensemble, c’était en studio, pour enregistrer Tokyo Montana.

La Face B : Quelle est ta manière de composer ?

Voyou : Ça dépend. Mais en général, j’ai quelque chose qui me vient en tête, et ça arrive toujours très arrangé déjà. Donc, avec toutes les couches d’arrangements : la mélodie est presque prête, parfois même une phrase, ou en tout cas une mélodie avec les accords, les harmonies déjà assez précises. Les instruments, leurs textures… Ensuite, si je n’ai pas mes instruments à portée de main, j’essaie de faire des notes vocales les plus précises possibles qui décrivent exactement tout ce que j’ai dans la tête.

Je chante les mélodies de chaque instrument, je fais de la beatbox pour les rythmiques, je décris les harmonies, les textures… J’ai des notes vocales qui ressemblent à des espèces de trucs que moi seul arrive à comprendre, où j’explique le plus précisément possible ce que j’ai eu en tête. Puis, quand je suis dans mon environnement, je réécoute et je recrée tout instrument par instrument pour obtenir une version la plus fidèle possible à ce que j’avais imaginé. Et en faisant ça, souvent, d’autres idées arrivent, et ça se développe naturellement.

La Face B : Comme tu joues plusieurs instruments, est-ce que ça influence ta manière de composer ?

Voyou : Ça influence plus ma manière d’arranger que de composer. Les morceaux me viennent déjà de façon assez précise. Je n’ai pas besoin d’être sur un piano ou une guitare pour qu’un morceau émerge. C’est un peu comme si j’avais une partition qui se déroulait dans ma tête. Ce que j’entends peut être joué par n’importe quel instrument. Mais la raison pour laquelle j’ai appris autant d’instruments, c’est que quand un morceau arrive et qu’il y a, par exemple, une clarinette ou un tuba que je ne savais pas jouer, ça m’ennuyait de ne pas pouvoir poser ces sons. Alors je les ai appris pour pouvoir concrétiser le plus fidèlement possible ce que j’avais en tête.

La Face B : On va parler de ton dernier album, Henri Salvador est un voyou. Parle-nous-en avec tes mots.

Voyou : À la base, ce n’était pas censé être un album, mais un concert pour l’Hyper Weekend Festival, à la demande de Didier Varrod. C’est une idée qui m’est venue l’année dernière, après la création autour de Françoise Hardy à laquelle je participais. Je me suis retrouvé un peu tard avec Didier, et je lui ai dit que j’aimerais bien faire une création autour d’Henri Salvador. À ce moment-là, je ne connaissais pas l’étendue de son répertoire. J’avais quelques chansons en tête, mais je ne savais pas précisément ce que ça représentait.

Quelques mois plus tard, Didier m’a rappelé : « On le fait cette année ! » J’ai alors commencé à réfléchir à ce que je voulais proposer sur scène. Très vite, j’ai eu envie de rendre justice à ses chansons et à sa manière de les arranger. Je voulais quelque chose d’orchestral, avec une formule un peu big band : trois cuivres, trois bois, une section rythmique étoffée avec piano jazz, guitare, basse, batterie, percussions…

La Face B : Un peu comme Pink Martini.

Voyou : Pink Martini ? Je n’ai jamais vu leur formule live.

La Face B : Je les ai vus hier soir, pour leurs 30 ans.

Voyou : Incroyable.

La Face B : J’ai photographié leur show. C’était exactement ce que tu décris : chœur de violons, cuivres, percussions, piano jazz, choristes, deux chanteuses…

Voyou : C’est fou. Là, on était vraiment dans une formule de big band, comme à l’ancienne, dans les cabarets. On était douze sur scène. L’idée, c’était de créer des versions précises des chansons, de les enregistrer ici pour que je puisse ensuite envoyer ça à Grégoire Le Touvet. Lui, il mettait ça en partition, redistribuait les parties selon l’ensemble. Sauf qu’en enregistrant tout ici, j’ai envoyé les morceaux au label pour leur donner une idée de ce qu’on faisait… et ils m’ont dit que les versions étaient super, qu’il fallait les sortir. Donc on s’est dit : « OK, on en fait un album. » On a refait quelques sessions studio par-dessus, mais quasiment tout a été enregistré ici, dans ce studio.

La Face B : Pourquoi Henri Salvador, particulièrement ?

Voyou : J’avais l’impression que je pouvais vraiment m’amuser avec son répertoire. Il a des influences proches des musiques que j’aime et que j’écoute. Et puis, reprendre un artiste, c’est passer du temps avec sa musique. Comme il a traversé plein de phases et fait des choses très différentes, je savais que je ne m’ennuierais pas.

La Face B : Comment tu as fait ta sélection, vu l’immensité du répertoire ?

Voyou : Il y a environ 3000 chansons. J’ai pris celles qui me plaisaient le plus. Didier Varrod m’a aussi envoyé ses chansons préférées, ce qui m’a permis d’en découvrir plein. À un moment, je suis allé chez Guido Cezarski, qui a fait la compil Home Studio sortie chez Born Bad, sur une période bien précise de Salvador – une compil que j’adore. Il m’a fait découvrir encore d’autres titres. Au début, j’avais une première sélection et j’y allais chanson par chanson. Puis, j’écoutais ma shortlist et, dès que j’avais une idée d’arrangement qui me venait, je choisissais celle-là. Je l’écoutais une fois, puis je ne la réécoutais plus : je faisais ma version à partir de cette première écoute, sans jamais y revenir.

La Face B : Est-ce qu’il y avait une chanson « intouchable », que tu as préféré ne pas reprendre ?

Voyou : Non, il n’y en a pas eu. Il y a des choses qui étaient intouchables. Par exemple, la partie de guitare de Dans mon île, pour moi, c’était intouchable. C’était impensable de reprendre cette chanson en oubliant de faire cette guitare qui, pour moi, est presque aussi importante que la voix. Mais sinon, au contraire, tout était matière à s’amuser. Je n’ai pas forcément repris les chansons les plus connues.

La Face B : J’allais justement venir à ça. Tu as pris une espèce de Madeleine de Proust pour moi avec Une chanson douce. C’est une chanson que mon grand-père chantait. C’est une chanson que ma mère et sa sœur s’enregistraient quand elles étaient gamines avec une cassette. Et nous, on l’avait apprise à l’école. Et c’est marrant, c’est une Madeleine de Proust pour beaucoup de personnes.

Voyou : En fait, il y a plein de gens qui ne savent même pas que c’est d’Henri Salvador.

La Face B : Non, parce que c’est une comptine.

Voyou : Oui, c’est une chanson connue. Mais d’ailleurs, elle est connue internationalement. Il y a une histoire assez drôle là-dessus que m’a racontée Catherine Salvador. Un jour, elle a été contactée par Steven Spielberg parce qu’il l’a mise dans un de ses films. Enfin, il l’avait mise au pré-montage d’un de ses films. Et quelqu’un de la prod a dit à Spielberg que cette chanson appartenait forcément à quelqu’un. Il y a bien quelqu’un qui a les droits de cette chanson… mais c’est tellement une chanson qui appartient à tout le monde ! Ça m’étonnerait qu’il y ait un ayant droit. C’est une comptine. Et puis finalement, ils se sont rendu compte que c’était un gars en France qui s’appelait Henri Salvador.

Donc, Steven Spielberg a appelé chez les Salvador pour dire : voilà, on aimerait bien utiliser Une chanson douce pour un de nos films, est-ce qu’on pourrait parler du rachat des droits, tout ça ? C’est quand même trop drôle. Donc c’est dire à quel point la chanson dépasse son auteur. Et en même temps, c’est une des rares chansons françaises qui est à transmission orale. C’est-à-dire qu’on la connaît plus de la bouche des gens qui se la transmettent comme ça que par son vrai enregistrement original.

La Face B : C’est vrai. Et moi, j’aimais bien aussi Et Des Mandolines. C’est marrant parce qu’elle nous transporte entre le Brésil et l’Italie.

Voyou : Oui. Elle est marrante, cette chanson. Mais la version de Salvador est géniale.

La Face B : Ça fait du bien aussi, pour des gens non initiés, de la découvrir.

Voyou : C’est vrai qu’elle est trop belle. Les paroles, elles sont super. Ça te donne direct envie de partir en vacances.

La Face B : Pour moi, ce n’est pas un gros décalage entre toi et le choix d’Henri Salvador parce qu’il y a quelque chose de très proche de la nature. On parle de fleurs, on parle de mer. Le temps est vachement important dans ton travail. Tu ne serais pas anglais, toi ?

Voyou : Non, mais je suis du nord de la France, donc ce n’est pas loin, tu vois ? Pour moi, les chansons, c’est comme le cinéma. À un moment donné, si tu veux que ton histoire te prenne en termes d’émotions, il faut qu’il y ait un décor. Il faut que les personnages soient entourés par un décor pour qu’ils aient des émotions qui soient crédibles. Il faut qu’il y ait des couleurs et une météo. Le temps a une action sur nous. Notre décor a une action sur nous. Tout a une action sur nous, sur nos émotions, sur nos sentiments. Et c’est important que ça existe dans la musique si jamais on veut dépeindre une émotion. Si on veut raconter une histoire, le décor est aussi important que le personnage.

La Face B : Tu es très authentique. Par exemple dans la chanson D’amour et d’insouciance, tu es hyper poétique. Être heureux, ça tient à pas grand-chose, et ce sont des petites attentions. C’est beau aussi de parler de ces choses simples qui rendent heureux. J’ai l’impression qu’on s’en détache de plus en plus. On oublie la beauté d’un ciel bleu, des nuages…

Voyou : C’est vrai que notre cerveau est tout le temps stimulé par nos téléphones, par toute l’activité numérique autour de nous. On est beaucoup connectés et on voit plus souvent des ciels bleus sur nos téléphones. On passe plus de temps à regarder les gens et les ciels sur nos téléphones que dans la vraie vie.

La Face B : Que profiter du moment. Cette chanson, je la trouvais très belle parce qu’elle fait sourire. Elle est vraiment joyeuse. Parce qu’on est là. Je me suis rappelée de mes dernières vacances avec mes enfants, à visiter des châteaux. Ce sont des petits moments qui créent des souvenirs. Des petites joies, des petits riens qui apportent beaucoup de bonheur. Si tu avais une question à poser à Henri Salvador, ce serait quoi ?

Voyou : Qu’est-ce que je pourrais lui demander comme question, à Henri Salvador ? Parce qu’on m’en a appris beaucoup sur lui. Toutes les histoires que m’a racontées Catherine, sa femme, ce sont des histoires où, en fait, c’était une légende. Tous les artistes brésiliens, par exemple, le considéraient comme un génie absolu. Quincy Jones le considérait comme un génie absolu. Michael Jackson le remercie dans son album Bad. C’est quand même fou, il est dans les remerciements de l’album Bad, Henri Salvador. Paul McCartney, quand il venait en concert à Paris, voulait absolument qu’il vienne.

Tous les plus grands artistes du monde s’accordaient à dire que ce mec-là était un génie, un musicien incroyable. Finalement plus que nous. Je pense qu’on ne se rendait même pas compte de ça. Je pense que je lui demanderais ce que ça fait d’être considéré par tous les plus grands musiciens de la planète comme un génie, et d’être réduit à amuseur public pour les gens de son pays. Du coup, je lui demanderais ce que ça fait, à l’égo, d’être un amuseur public pour la France, et à leurs yeux, un génie pour les gens que tout le monde considère comme des génies absolus.

La Face B : On va parler collaboration. Tu as beaucoup collaboré avec November Ultra, et d’autres. Comment naissent ces collaborations ?

Voyou : En fait, ça dépend des chansons, mais en général j’écris des chansons et puis ça me rappelle un lien que je vais avoir avec une personne, une amitié que je vais avoir avec quelqu’un. La chanson avec November Ultra, je ne l’ai pas écrite en pensant à elle, mais une fois que la chanson était là, ça m’a évoqué elle, et j’ai tout de suite entendu sa voix dessus. Et pour le coup, c’est elle qui a écrit sa partie de chant. Le Bal, par exemple, la chanson de Vanessa Paradis, la chanson était déjà écrite entièrement, mais ma rencontre avec elle m’a fait ressortir cette chanson. Je me suis dit : mais c’est fou, ça serait hyper beau de la chanter avec elle.

La Face B : Les voix se marient hyper bien.

Voyou : Je pense que la chanson m’a appelée à elle aussi. Yelle, j’ai écrit la chanson Les Bruits de la Ville après avoir passé trois jours chez elle en Bretagne à bosser avec elle et Grand Marnier sur des chansons pour l’album L’Air du Verseau. Après, je me suis retrouvé au Pays basque, tout seul dans un petit appartement, et cette chanson est sortie. Naturellement, c’était empreint du travail qu’on avait fait ensemble, donc j’avais presque sa voix qui arrivait avec. Je ne me suis jamais posé la question de savoir si une chanson devait être un featuring. J’écris les chansons et puis après, soit il y a un trou béant qui doit être rempli par quelqu’un et cette personne m’arrive naturellement, soit j’entends quelqu’un sur la chanson quand je l’écoute et je me dis qu’il faudrait lui proposer.

La Face B : Y a-t-il un artiste avec qui tu rêves de collaborer ?

Voyou : Il y a plein d’artistes avec qui j’adorerais collaborer, mais disons que je n’ai pas le rêve de collaborer avec qui que ce soit. J’ai l’impression que les collaborations se font juste parce que tu rencontres les gens et qu’il y a quelque chose qui se passe. Et pour l’instant, ça s’est toujours passé comme ça, et je n’ai pas envie que ça se passe autrement. J’espère que je vais rencontrer d’autres gens qui vont m’appeler à des chansons. Il y a plein d’artistes avec qui il pourrait un jour y avoir une chanson que j’écris où je me dis : mais c’est fou cette chanson, il faudrait vraiment que je la fasse avec telle personne. Mais je pense que ça dépend de moments que tu passes avec les gens, et pas de moments que tu passes à les écouter sans leur parler.

La Face B : Avec Mathias Malzieu, on a eu la même conversation, parce qu’au début, pour L’Extraordinarium, ils avaient pensé à des gens qu’ils adoraient en tant que groupe mais qu’ils ne connaissaient pas forcément. Donc ils ont décidé d’inviter des amis, des personnes qui avaient un lien avec le groupe.

Voyou : Ça n’a pas trop d’intérêt. C’est de l’ordre du fantasme, et plus du naturel. Et je pense que le naturel est hyper important quand tu fais un featuring. Tu ne peux pas partager des chansons avec les gens si tu ne partages pas des émotions avec eux, des sentiments, des idées. Tu vois, la chanson Soleil Soleil avec November Ultra, elle est venue parce qu’on avait ces conversations sur le plaisir de regarder par la fenêtre ce qui se passe, sans être actif, en étant juste passif et juste observateur.

La Face B : Où est-ce qu’on aura le bonheur de te voir ?

Voyou : Il va y avoir une petite tournée sur le disque Salvador, on va annoncer les dates bientôt. Et à Paris, on sera le 7 octobre aux Folies Bergère pour un show un peu particulier, dans cette grande formule qu’on a faite à l’Hyper Weekend, mais où on jouera plein de chansons différentes, donc aussi des chansons de mon répertoire. Et voilà, il faut vite prendre ses places parce que c’est en train de partir très vite.

La Face B : Parfait. Merci beaucoup pour ton temps.

Voyou : Avec plaisir.

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