Vraell : « La musique est le seul chemin que je connaisse vers l’acceptation de moi-même et vers la paix »

A l’occasion de la sortie de son majestueux premier album Once a blue hour, nous avons eu le plaisir de pouvoir échanger avec Vraell, aka Alessio Scozzaro. Le guitariste londonien d’origine sicilienne, reconnu pour sa folk-pop introspective éthérée, s’est confié sur son process créatif, son rapport à la musique et ses projets. Retrouvez tout de suite notre entretien en français puis en anglais.

La Face B : Première question : comment vas-tu ?

Vraell : Je vais bien, tu sais. Je suis un peu fatigué de ces dernières semaines sur la route, mais je garde en souvenir des moments lumineux qui me reviennent en tête régulièrement.

La Face B : Ton premier album est sorti depuis le 28 mars, et ta tournée européenne a commencé il y a quelques jours. Qu’est-ce que tu ressens par rapport à tout ça ?

Vraell : Je me sens très bien. J’ai rencontré tellement de gens qui me ressemblent, qui aiment les mêmes choses que moi. Quand tu es enfermé dans ta chambre à bidouiller de la musique, tu oublies qu’il y a des gens qui s’y connectent et qui veulent la partager avec toi. Je suis très touché et honoré par tout ça. Je n’arrive toujours pas à m’en remettre.

La face B : Tu as déjà joué deux ou trois fois à Paris, et tu y reviens en octobre. On dirait qu’il y a quelque chose de spécial entre toi et le public français ?

Vraell : Paris a été de loin le meilleur concert (NDLR : Vraell était en concert au POPUP du Label le 14 mai dernier). Le public m’a réconforté et je me suis senti écouté. Ça m’a permis de me détendre, car j’avais l’impression qu’on était tous en communion. Une expérience unique partagée ensemble. Merci Paris.

Vraell au POPUP du Label le 14 mai 2025 – Photos : Cédric Oberlin

La Face B : J’ai lu que l’heure bleue était ton moment préféré pour composer, en raison de son calme. Penses-tu que c’est pour cette raison que ta musique est si sensible et remplie d’émotion ? Ou est-ce dû à autre chose ? Est-ce que cela t’aide à te connecter plus profondément à toi-même ?

Vraell : Le calme de cette heure porte en lui une forme d’absence de jugement. Tout bouge plus lentement, glisse sur toi, et ça te permet de traiter les déchirures et les éléments de toi-même. C’est une heure précieuse, je ne sais pas ce que je ferais sans elle. Ma chambre est orientée à l’ouest, donc elle capte parfaitement cette lumière du printemps/été.

La Face B : Les concerts, c’est le partage d’émotions avec le public. Comment t’y prépares-tu ?

Vraell : Honnêtement, je ne m’y prépare pas. Je panique et je stresse pendant toute la journée et le mois qui précèdent. Mais il y a ce moment déclic après la première chanson où je me dis : « Non, ça va, ils sont avec moi ».

La Face B : Ton album contient à la fois des morceaux instrumentaux et d’autres avec des paroles. Comment tu décides si un morceau doit avoir des paroles ou rester instrumental ?

Vraell : Je commence toujours par la guitare, puis je me demande : est-ce que ce morceau a besoin de paroles ? Est-ce que l’histoire est déjà racontée ? Parfois, certains morceaux doivent rester instrumentaux pour permettre aux gens de se les approprier et d’y raconter leurs propres histoires. Je leur donne une partie de la mienne, et je les laisse écrire la leur.

La Face B : Quand tu crées un nouveau morceau, tu commences généralement par la mélodie ou par les paroles ?

Vraell : La mélodie. Je fais comme Sigur Rós puis j’ajoute des paroles dont la sonorité correspond à ce que je recherche.

La Face B : Quel est ton morceau préféré de l’album, et pourquoi ?

Vraell : The Blue Hour. Il résume ce sentiment de calme immense. Une sorte de singularité silencieuse. Comme une étrange berceuse céleste. Je ne sais pas, je l’adore.

La Face B : Tu as partagé quelques vidéos de méditations à la guitare sur YouTube. Est-ce que la musique est un mode de vie pour toi ? Un moyen de trouver du calme et de te détendre ?

Vraell : C’est le seul chemin que je connaisse vers l’acceptation de moi-même et vers la paix. Les gens pensent que je suis zen, mais la vérité, c’est que je suis très éloigné de la paix que je recherche. Les méditations à la guitare sont ma manière de capturer spontanément mon parcours vers l’acceptation de soi, l’amour et la pleine conscience. C’est un honneur de voir que tant de gens y trouvent du réconfort. Ils m’aident autant que je les aide.

La Face B : As-tu des projets à venir ? Des collaborations ou d’autres plans ?

Vraell : Je travaille sur des projets de films et deux ou trois autres albums en ce moment. Ça fait beaucoup à gérer. Et j’essaie aussi de lancer quelques collaborations.

La Face B : Si tu avais trois vœux, quels seraient-ils ?

Vraell : Jouer au Royal Albert Hall. Composer la musique d’un jeu vidéo. Que la société ralentisse et qu’on chérisse davantage le temps qui passe.

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ENGLISH VERSION

La Face B : First question : how are you ?

Vraell : I’m okay, you know. Bit tired from the last couple weeks on the road but full of little pockets of light peaking through. 

La Face B : Your debut album has been out since March 28th, and your European tour started a few days ago. How do you feel about all that ?

Vraell : I feel great about it all. I’ve connected with so many similar people who love the same things I do. When you’re stuck in your room just noodling you forget that there are people who connect with it and want to share it with you. So moved and humbled by it all. Still not over it.

La Face B : You’ve already played two or three times in Paris, and you’re coming back in October. It seems like there’s something special between you and the French audience ?

Vraell, POPUP du Label, May 14th – Photos : Cédric Oberlin

Vraell : Paris was by far the best show. The audience made me feel so safe and heard. It allowed me to relax cos I felt like we were all in each others hands. A singular experience being shared. Thanks Paris.

La Face B : I read that blue hour is your favorite time to compose because of its quietness. Do you think that’s why your music feels so sensitive and emotional ? Or is it the result of something else ? Does it help you connect more deeply with yourself ?

Vraell : The quietness has this air of no judgement. Everything moves slower and glides across you so you can process schisms and elements of yourself. It’s a precious hour that I don’t know what I’d do without it. My bedroom faces west so it’s perfect for that spring/summer light. 

La Face B : Live shows are about sharing emotions with the audience. How do you prepare for them ?

Vraell : I honestly don’t. I panic and get worked up all day and month leading up to it. But there’s this penny drop moment after the first song when you realise ‘na I’m good, they got me.

La Face B : Your album includes both instrumental tracks and songs with lyrics. How do you decide whether to add lyrics or keep a track instrumental ?

Vraell : I write the guitar first, and then I think does it need lyrics. Is the story told already. Sometimes pieces are essential so people can weave their own tapestry and stories over it. I give them some of my stories, and I turn I let them write their own to the others.

La Face B : When you create a new piece, do you usually start with the melody or the lyrics ?

Vraell : Melody, I sigur Ros it then put lyrics that have the phonetic sound I’m looking for.

La Face B : What’s your favorite track on the album, and why ?

Vraell : The Blue Hour. It sums up that feeling of immense quiet. A silent singularity. Like a weird sky lullaby. I dunno, I just love it.

La Face B : You’ve shared some videos on YouTube about guitar meditations. Is music a way of life for you ? A way to find calm and relaxation ?

Vraell : It’s the only way I can carve a path to self acceptance and peace. People think I’m a figure of zen, but the honest truth is I’m so far from the peace I desire. The guitar meditations is my way of spontaneously capturing my journey of self acceptance, love and mindfulness. It’s an honour to see so many people being helped by it. They help me.

La Face B : Do you have any upcoming projects ? Any collaborations or other plans ?

Vraell : Doing some film projects and another couple of albums atm. A lot to balance. I’m trying to do some collaborations too.

La Face B : If you had three wishes, what would they be ?

Vraell : I want to play at Royal Albert Hall. I wanna score a video game. I want society to be slower and cherish hours more.

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