Water From Your Eyes : « l’idée d’être un éditeur d’improvisation et de chaos a joué un rôle important dans cet album »

Everyone’s Crushed le nouvel album de Water From Your Eyes est expérimental mais toujours indie et de plus super catchy. Concis, glitch, sarcastique, drôle, désinvolte et intensément dans le moment, l’opus est le fruit de musicien.nes passé.es maîtres de leur art. Nate Amos et Rachel Brown ne sont pas à leur coup d’essai, et Everyone’s Crushed marque pour sûr un tournant dans leur discographie. Après avoir tourné avec Snail Mail, et Interpol, et avant une tournée avec Melodys Echo Chamber, les deux musicien.es américain.es ont passé quelques jours à Paris. Nous leur avons posé quelques questions. On a parlé entre autres de sérialisme, de Francis Bacon et de Rachelopolis

Water From Your Eyes
Crédit photo : Eleanor Petry

ENGLISH VERSION BELOW

La Face B : Bonjour ! Comment ça va ? Comment est Paris aujourd’hui ? 

Rachel Brown : C’est magnifique. 

Nate Amos : Oui, magnifique. On a mangé plein de bonnes choses… 

LFB : Vous avez sorti votre album, Everyone’s Crushed, la semaine dernière. Comment le public a-t-il réagi jusqu’à présent ? Êtes-vous content.es des réactions que vous avez eues ? 

Rachel : Elles sont presque toutes complètements positives. 

Nate : Oui. Je pense qu’on s’attendait à ce que certaines personnes l’aiment vraiment, mais aussi à ce que d’autres ne l’aiment pas du tout. Et jusqu’à présent, tout le monde a été plutôt gentil avec nous.

LFB : Cet album est toujours indie, mais il me semble beaucoup plus expérimental que les précédents. Il est plus intrépide et violent, plus dans ta face et wtf que le précédent. Êtes-vous d’accord ?

Nate : Oui, je pense qu’il est plus exposé pour ce qu’il est. Beaucoup de choses dans Water From Your Eyes, beaucoup d’efforts ont été faits pour les rendre très, je ne sais pas si lisse est le bon mot, mais même les idées les plus expérimentales ont été présentées d’une manière polie. Alors que cet album est volontairement très exposé et brut, ce qui se traduit généralement par… moins de masques…

LFB : Aviez-vous un mantra ou une ligne de conduite à suivre lorsque vous faisiez cet album ?

(Long silence… – ndr)

Nate : Je ne crois pas (rires), pas que je m’en souvienne en tout cas,

LFB : Je ne sais pas, c’est tellement plus sauvage que les autres ! (rires) 
Y a-t-il un morceau que vous aimez particulièrement ou qui a une histoire derrière lui que vous aimeriez partager ?

Nate : Everyone’s Crushed est ma chanson préférée, pour moi personnellement. C’est la chanson que nous avons faite et dont je suis le plus heureux. Pour l’histoire…

Rachel : (à Nate) Tu ne vas pas expliquer l’histoire, mais…

Nate : (à Rachel) Mais je peux… C’est une chanson où nous sommes particulièrement honnêtes.

C’est une chanson où nous sommes particulièrement honnêtes. Everyone’s Crushed était juste, je suppose que c’est, musicalement, c’est celle dont je suis le plus heureux, mais c’était aussi la seule de l’album qui était la plus sincère et qui avait le moins de détournement. Beaucoup d’autres chansons ont des moments un peu plus ironiques pour masquer le sérieux, avec des petites blagues… Oui, je suppose que c’est un détournement. Alors que celle-ci est très directe, sincère et… 

Pour moi, cette chanson, quand je l’ai faite, j’étais à un moment charnière où je me débattais avec des problèmes d’addiction aux drogues. Cette chanson me touche donc beaucoup plus que les autres, car elle marque en quelque sorte un passage.

LFB : Utilisez-vous la musique comme un moyen d’exprimer vos émotions, de dire où vous en êtes ? Qu’est-ce que faire de la musique pour vous ? 

Nate : Oui, cette chanson en particulier. Sans aucun doute. Mais c’est marrant avec ce groupe, parce que la plupart du temps, je ne suis pas super impliqué dans les paroles. Je suis plutôt du genre à donner à Rachel une sorte d’incitation, et puis je suis un peu un éditeur. Donc, faire…

La musique est toujours alimentée par un sentiment. Si j’essayais de m’asseoir et d’écrire des choses pour le plaisir d’écrire et rien ne sortirait, il faudrait qu’il y ait quelque chose que j’essaie de comprendre ou de travailler pour que ce soit bon. Rachel écrit la plupart des mots…

Rachel : J’ai l’impression que mes émotions sont très filtrées dans le processus d’écriture, parce que ce n’est pas vraiment un train des pensées… c’est beaucoup plus méthodique, parce que ça doit correspondre à des chansons qui ont déjà été écrites.

Parfois, cela doit même correspondre à des syllabes spécifiques pour la mélodie, donc j’ai l’impression qu’elles sont filtrées par un tas de limitations différentes, je suppose. Le résultat final est donc moins ce que je ressens que ce que j’ai trouvé. Mais il rentre dans la boîte des restrictions lyriques. 

Je pense que c’est aussi parce que j’ai un projet solo qui est peut-être trop personnel. J’ai l’impression d’avoir une relation tellement différente avec ce projet. Parce que ce ne sont pas seulement mes émotions qui alimentent le processus. C’est comme si les chansons m’étaient apportées et que j’y travaillais. 

Crédit photo : Christy Bush

LFB : Tu as un autre projet… Est-ce qu’il est sorti ? Est-il beaucoup plus personnel ?

Rachel : C’est personnel (rires). C’est très personnel, mais c’est public. C’est sorti dans le monde. Nathan a un projet solo qui me semble avoir une approche similaire…

Nathan : Oui, c’est très différent… On a tous les deux des projets solo qui sont comme des journaux intimes publics que tout le monde peut lire.

LFB : D’accord ! Je n’étais pas au courant !

(Projet solo de Rachel : thanks for coming, projet solo de Nate : This Is Lorelei – ndr)

LFB : J’aimerais bien écouter vos projets personnels. Je vais y jeter un coup d’œil. Est-ce que vous avez eu des influences dont vous étiez conscients pendant que vous faisiez ces disques ?

Nate : Musicalement, les deux chansons Barley et Buy My Products ont été inspirées dans une certaine mesure par Tomorrow Never Knows des Beatles. Il s’agit d’un rythme régulier, syncopé, d’un accord et d’éléments qui entrent et sortent par-dessus et qui le modifient de différentes manières. Ces deux chansons viennent de la même période où j’ai fait quelques chansons en utilisant le même format de base, tous les jours pendant une semaine ou quelque chose comme ça. Et ce sont les deux qui ont bien tourné.

La plupart du temps, lorsque ces chansons sont écrites, c’est parce que j’étudie certaines choses. Par exemple, 14 est sorti d’une période où j’écrivais un tas de choses différentes en utilisant le sérialisme et en expérimentant avec les microtons. Mais en termes d’influence consciente, au-delà de l’étude de différentes techniques de composition, je pense que les musiciens auxquels je pensais activement et que j’écoutais beaucoup étaient Scott Walker et Ween. Mais une grande partie de ce projet est… J’aime l’idée de l’influence de media transitionnel. Je me tourne donc davantage vers les artistes visuels et leurs processus que vers les musiciens.

LFB : D’accord !

Nate : Parce que si tu regardes un autre musicien et que tu essaies de faire une chanson qui sonne comme ce musicien, tu vas finir par faire une chanson qui sonne comme ce musicien. Et tous ceux qui essaieront de faire la même chose finiront probablement par faire quelque chose de similaire. Alors que si tu prends cinq personnes différentes et que tu leur demandes de faire une chanson qui ressemble à une peinture de Francis Bacon – qui est la personne que j’étudiais le plus souvent – elles vont toutes s’y prendre de manière totalement différente.

L’idée d’utiliser un mécanisme de ce type pour forcer une sorte de processus de traduction subconscient rend les choses différentes. De la même manière que si vous prenez une chanson et que vous dites à cinq peintres différents « peignez cette chanson », ils obtiendront quelque chose de totalement différent. C’est donc une façon de forcer brutalement ce qui est propre à ton cerveau, à devenir le premier catalyseur de la création.

LFB : Quels sont les artistes qui vous ont inspiré pour cet album, tu as dit Francis Bacon ?

Nate : Oui, pour cet album, Francis Bacon. D’habitude… avec l’album précédent (Structure, 2021 ndr), je me tournais beaucoup vers Mark Rothko. Et je ne sais pas si cette tendance se poursuivra avec un autre peintre, mais cela a été une sorte d’inspiration pour…

LFB : Est-ce que chacun de vos albums a été réalisé en pensant à un artiste différent ?

Nate : Juste ces deux derniers albums en fait. C’est la première fois que je l’applique. Ce n’est pas comme si j’essayais de faire des versions musicales de ces peintures. Il s’agissait plutôt de lire leurs stratégies en termes de conceptualisation et d’initiation d’une peinture, et de la manière dont ils transformaient ces concepts originaux et embrassaient l’accident. 

Dans le cas de Francis Bacon, en particulier, on a l’impression d’avoir un point de départ particulier, tout en sachant qu’il se transformera en quelque chose d’entièrement différent, et d’embrasser le chaos et l’improvisation jusqu’à ce que, tout à coup, surgisse une idée à laquelle on n’aurait jamais pensé, au tout début. On se concentre alors sur cette idée, et l’idée d’être un éditeur d’improvisation et de chaos, plus que d’être un écrivain, a joué un rôle important dans cet album.

LFB : Comment compareriez-vous cet album avec le précédent ?

Nate : Il y a des points communs. Mais c’est plus… les bords sont beaucoup plus exposés. C’est voulu. Sur l’album précédent, la voix de Rachel était toujours doublée ou triplée, et elle se fondait dans le décor. Alors que sur cet album, elle est en avant, sur une seule piste, et la plupart des instruments sont comme ça.

Sinon on a écrit et coupé beaucoup plus de matériel pour cet album. Structure, le dernier album, c’était plus comme s’il y avait ces idées et qu’elles étaient travaillées pendant des mois et des mois jusqu’à ce qu’elles soient prêtes pour les paroles et les voix. Alors que pour cet album, c’est plutôt des tonnes et des tonnes de matériel qui ont été écrits. 

Et probablement plus de 80% d’entre eux ont été coupés et n’ont pas été mis sur l’album. Donc les choses qui sont sur l’album ont été écrites dans un laps de temps plus court que sur l’album précédent, mais il y a eu beaucoup plus de choses écrites dans l’ensemble. Au lieu de travailler très dur sur une poignée d’idées et de les garder toutes, nous avons travaillé très rapidement sur 70 idées et nous nous sommes débarrassés de 60 d’entre elles.

LFB : Et vous avez signé chez Matador et je me demandais si le fait d’avoir signé avec un gros label avait changé quelque chose dans la réalisation de l’album, dans votre création de l’album. Est-ce que cela a changé quelque chose pour vous ?

Nate : Cet album a été fait avant qu’on signe.

LFB : D’accord…

Rachel : Je crois que la première fois qu’on les a rencontrés, on avait l’EP et une poignée d’autres chansons, mais on ne les avait pas encore assemblées. Et quand on s’est rencontrés la deuxième fois, c’était en l’espace de quelques semaines, on était comme  » Oh, voilà un album entier « , alors qu’il y a deux semaines, on disait  » Oh, on n’a presque rien ! Juste quelques trucs ici et là… »

Nate : Je suppose que, ouais, iels nous ont inspiré.es pour mettre tout ça dans un package.

Rachel : Puis on n’a pas signé avec eux avant six ou sept mois.

Nate : Je crois que quand on les a rencontrés pour la première fois, on s’est dit :  » merde, on a probablement un album à assembler « . Donc je suppose qu’ils ont en quelque sorte allumé un feu sous nos fesses en ce qui concerne l’élaboration de l’album.

Rachel : Oui. Mais toutes les chansons étaient déjà faites.

LFB : Il y a un grand débat en ce moment sur l’utilisation de l’IA pour faire de la musique. Avez-vous un avis sur la question ? Est-ce que vous utilisez l’IA ? Est-ce que c’est quelque chose qui vous intéresse ? Quel est votre point de vue /votre opinion ?

Nate : Je pense que c’est intéressant. Je pense qu’à bien des égards, l’IA et la musique ont déjà existé dans une certaine mesure. Dans GarageBand, par exemple, il y a des plugins de batteurs intelligents et autres. J’ai besoin d’un batteur sur ce morceau et GarageBand génère un batteur et vous pouvez choisir entre Paul, Eric et Steve, qui ont tous des styles différents. Et les générateurs de motifs d’accords existent depuis longtemps. Et je sais que l’on en est arrivé à un point où l’on peut générer des chansons complètes à partir de l’IA, mais…

LFB : Avez-vous déjà essayé ?

Nate : Pas vraiment. Je m’amuse à créer des systèmes et des petites machines dans lesquelles on peut brancher des choses et qui en sortent. Mais je pense que jusqu’à ce que…

Je ne sais pas, je pense que l’élément humain sera toujours séparé. Je pense qu’il y a une certaine quantité de dégoût et d’amour de soi qui est inévitable pour la musique. Et je pense qu’au fur et à mesure que nous avançons, l’IA y contribuera de plus en plus. Je n’ai pas encore entendu une chanson d’IA dans son intégralité qui me semble vraiment être de la musique.

Rachel : Je pense qu’il y a une grande différence entre les artistes qui utilisent l’IA pour faire avancer leur processus artistique et les entreprises qui utilisent l’IA pour remplacer les artistes afin de ne pas avoir à les payer. 

L’IA peut être utilisée comme un outil par les artistes pour les aider à faire des choses qu’ils n’ont pas encore pu faire. Mais je pense aussi que beaucoup de gens… Je pense qu’il y a des gens qui sont comme… Je suis vraiment en phase avec internet, donc je vais souvent sur Twitter et j’ai vu cette vidéo vraiment merdique d’une bande-annonce générée par l’IA et les gens disent :  » Attention, cinéastes ! Personne n’aura besoin de vous » et c’est comme, ce film était censé parler de quoi ? Il n’y a pas de personnages, il n’y a pas d’histoire, c’est juste esthétique. Si vous pensez que c’est ce que vous retirez des films quand vous les regardez, je ne sais pas si vous êtes vraiment…

Je pense qu’il y a aussi une différence entre les gens qui consomment du contenu et ceux qui apprécient l’art, et je pense que pour les gens qui consomment des choses et qui veulent juste être nourris de nouveaux matériaux, l’IA est parfaite parce qu’elle peut rapidement les générer. Mais elle ne peut pas remplacer l’art parce que l’art a pour but d’élargir la conscience humaine et d’exprimer la condition humaine. Et pour l’instant, l’IA ne peut pas faire cela. Peut-être que si elle arrive à un point où elle exprime la condition de l’IA…

Nate : D’autres ordinateurs pourraient en profiter…

LFB : Et pouvez-vous nous parler de la pochette de l’album ? Elle ressemble à un dessin animé japonais, à une illustration d’anime ? Je me demandais quelle était l’histoire de cette pochette ?

Nate : A l’origine, l’idée était de la faire ressembler à une affiche de film western. Les dessins ont été réalisés par Nicole Rifkin, une artiste très talentueuse. Nous avons fait une séance photo de référence et lui avons donné un tas de photos…

On s’est dit « on veut que ça ressemble à une affiche de film ». Et nous voulons voler la poignée de main de la pochette des Pink Floyd  » (Wish You Were Here, 1975 ndr). C’est à peu près tout. Je ne pense pas que nous ayons essayé d’aller spécifiquement vers l’anime ou quoi que ce soit d’autre. Je pense que c’était plus comme un film illustré, mais avec des vibes de vieilles affiches de film, c’était l’idée.

Rachel : Oui. Je ne pense pas vraiment que ce soit comme, je veux dire, j’imagine que ça ressemble à un anime. Oui, et puis c’est comme une illustration et des gens. Aussi, j’imagine qu’on a des coupes de cheveux à la dessin animé japonais…

Nate : C’est vrai qu’on a des coupes de cheveux qui ressemblent à celles des animés.

LFB : Oui, le côté anime donne un côté futuriste, je trouvais… 

Nate : Oui, je pense que ça donne un côté cyberpunk.

Rachel : Oui, je suis aussi asiatique, alors…. 

Nate : Ça aide aussi.

Rachel : Oui (les deux rient).

LFB : Vous avez tourné avec Snail Mail. Vous venez de terminer une tournée avec Interpol. Et bientôt, vous allez tourner avec Melody’s Echo Chambers, mais vous allez aussi faire votre propre tournée en tête d’affiche très bientôt. Je suppose que vous avez déjà fait des tournées en tête d’affiche. Quelle est la différence ? Avez-vous hâte de tourner seul.es ?

Rachel : Je suppose que nous n’avons jamais tourné en tant que groupe unique. 

Nate : Oui, ce sera la plus grande tournée américaine que nous ayons jamais faite en tant que tête d’affiche. On a fait des concerts isolés en tête d’affiche, au milieu d’autres tournées.

Rachel : Et quand on est venu en Europe l’année dernière.

Nate : On est aussi venu en Europe l’année dernière, on a fait une tournée en tête d’affiche.

Rachel : Sauf que personne ne connaissait notre existence… 

Nate : Oui, personne. Les plus gros concerts, c’était quand on faisait la première partie d’autres groupes au milieu de notre tournée.

Rachel : Oui. 
Hum, je ne sais pas, j’adore faire la première partie, on peut aller plus tard…

Nate : On peut y aller plus tôt…

Rachel : Non, tu peux arriver plus tard. 

Nate : Oh, tu peux arriver plus tard. 

Rachel : Tu vas arriver plus tard à la salle et tu vas jouer plus tôt. C’est ça. 

Nate : Oui. 

Rachel : Tu n’as pas à jouer en dernier, ce qui est le pire. Je déteste jouer en dernier.

Nate : Et il n’y a plus de pression. Tu n’as pas à te soucier d’amener du monde, mais le revers de la médaille, c’est que personne ne vient te voir et personne n’achète ton merch, alors…

Rachel : Ce n’est pas toujours vrai…

Nate : Ce n’est pas vrai tout le temps.

Rachel : Je pense que quand on a fait la première partie de Snail Mail, c’était idéal parce qu’on était les deuxièmes de trois. Et on a eu le meilleur des mondes. On vendait du merchandising, mais on n’avait pas vraiment à se soucier de vendre des billets. Et c’était sympa. Nous n’avons pas joué les premiers, mais nous n’avons pas joué les derniers… jouer les seconds, c’est l’idéal. 

J’ai aussi l’impression que faire la première partie d’un groupe est amusant, parce que tu peux faire la première partie d’un groupe que tu aimes vraiment… comme j’aime vraiment Melody et c’est très excitant, parce qu’elle est géniale ! Le groupe, je l’ai vu jouer à New York, il n’y a pas si longtemps, et ce sont des musiciens extraordinaires. On va donc pouvoir passer quelques jours ensemble (rires) et ça va être génial. Je suppose que les premières parties peuvent être… mais je ne pense pas que nous puissions nous permettre d’amener un groupe pour faire notre première partie (rires).

LFB : Avez-vous prévu de venir jouer en France prochainement ?

Nate : Nous jouons au Pitchfork Paris en novembre (10/11/23 ndr).

Water From Your Eyes at Matador

LFB : Qu’est-ce que vous aimez en ce moment ? C’est ma dernière question…

Rachel : En général ?

LFB : Oui, ça peut être n’importe quoi…

Nate : Je regarde beaucoup la série Survivor.

Rachel : J’ai terminé Succession, la série de HBO. Mais récemment, je joue à un jeu sur mon téléphone, où c’est comme… J’adore ce jeu ! J’ai une ville, qui s’appelle Rachelopolis, et je récolte des plantes, je fais des choses comme du fromage, et je les mets dans des trains…

LFB : Est-ce que c’est un jeu qui dure toute la journée et que si tu oublies de faire éclore les œufs ou quelque chose comme ça, tout s’arrête ? 

Rachel : Non, c’est genre on met tout en place et on a beaucoup de temps pour respirer, donc on ferme le jeu et on le rouvre… Je l’ai fermé il y a quelques heures et j’ai des légumes à récolter…

LFB : Quel est le nom de ce jeu ?

Rachel : Ça s’appelle Township.

LFB : D’accord. Ça a l’air addictif (rire) !

Rachel : C’est vrai que ça l’est !

LFB : Ça ressemble aux Sims peut-être ?

Rachel : Un peu. Il s’agit moins des gens et plus de planter des plantes, de récolter et d’utiliser ces plantes pour créer des produits qui peuvent être échangés contre d’autres choses… C’est assez simple, mais c’est vraiment plaisant. J’ai presque 2000 habitants dans ma ville. Et j’ai commencé avec deux personnes.

LFB : Depuis combien de temps joues-tu ?

Nate : Près d’un mois, je crois.

Rachel : Oui, je l’ai téléchargé quand je suis allé.e chez mes parents pour ne rien faire, juste après la tournée de Snail Mail. J’ai téléchargé ce jeu et j’ai joué… parce qu’il y a aussi un mini jeu dans lequel tu joues à Candy Crush un peu comme…

LFB : Oh non !

Rachel : C’est tellement prenant. Mais on peut aussi le poser et ça n’a pas vraiment d’importance.

LFB : D’accord. Est-ce que tu en rêves ?

Rachel : Non, je n’en rêve pas. Ce qui est bien, parce que je jouais à Candy Crush et je rêvais de Candy Crush, je m’endormais et j’y pensais… ça et Tetris où je jouais dans ma tête et c’était mauvais. Mais ça, je n’en rêve pas.

LFB : C’est bien (rires)! Merci beaucoup !

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Water From Your Eyes en Europe :

Water From Your Eyes
Crédit photo : Eleanor Petr

ENGLISH VERSION

Everyone’s Crushed, Water From Your Eyes’ new album, is experimental but still indie, and very catchy. Concise, glitchy, sarcastic, funny, casual and intensely in the moment, the record is the fruit of musicians who have become masters of their art. Nate Amos and Rachel Brown have been working together for years, and Everyone’s Crushed marks a turning point in their discography. After touring with Snail Mail and Interpol, and before going on tour with Melody’s Echo Chamber, the two American musicians spent a few days in Paris. We asked them a few questions. We talked about serialism, Francis Bacon and Rachelopolis….

La Face B: Hi! How have you been, how is Paris today?

Rachel Brown: It’s beautiful.

Nate Amos: Yeah, beautiful. We had a lot of good food…

LFB: You’ve released your album, Everyone’s Crushed last week. How have you found the response so far? Are you happy with the feedback you got?

Rachel: That’s almost overwhelmingly positive.

Nate: Yeah. I think we were expecting some people to really like it, but also some people to really not like it. And so far, everyone’s been pretty nice to us.

LFB: This album is still indie but to me feels a lot more experimental than your previous ones. It feels more fearless and quite violent like, more in your face and wtf than the previous one. Do you agree?

Nate: Yeah, I think it’s very more exposed for what it is. A lot of the previous Water From Your Eyes stuff, a lot of effort went into making it very, I don’t know if smooth is the right word, but even the more experimental ideas were presented in kind of a polished way. Whereas this album, it’s intentionally left very exposed and kind of raw, which generally translates to… it’s less masked…

LFB: Did you have a mantra or like a line of conduct when you when you were making the record?

(Long silence… – ndr)

Nate: I don’t think so (laugh) not that I remember anyway,

LFB: I don’t know, it just feels so much wilder than the others! (laughs)

Is there a track that you particularly like or like that has a story behind it that you you’d like to share?

Nate: Well I mean, the title track on this album is my favourite song that we’ve ever made, I think for me personally. That’s the song we made that I’m the happiest with. Its story… let’s see…

Rachel: (to Nate) You’re not gonna explain the story but…

Nate: (to Rachel) But I can… Well this is a song where we’re particularly honest on it.

Yeah. Everyone’s Crushed was just, I guess that’s… musically it’s the one I’m the happiest with but it was also the only one on the album that was more earnest and has the less kind of deflection. A lot of other songs have a lot of more tongue in cheek moments to kind of mask whatever seriousness there is, with the kind of little jokes… yeah I guess it’s deflection. Whereas that one is very straightforward, earnest and…

For me, that song, when I made that I was just at a very pivotal moment where I was struggling with a lot of substance abuse issues. And so that song holds a lot more personally for me than a lot of the other songs because that was kind of transitory.

LFB: Do you use music as a way to express your emotions, to express where you are? What is music making for you?

Nate: Yeah, I mean, that song in particular. Definitely. But you know, it’s funny with this band, because for the most part, I’m not that super involved in the lyrics. I’m kind of like, I’ll give Rachel a prompt of some kind, and then kind of like be an editor. So like, making…

You know the music is always something that’s like, fueled by some feeling. If I tried to just sit down and write stuff for the sake of writing and nothing comes out like there has to be something that I’m trying to understand or work through in order for it to be any good. Rachel writes most of the words so…

Rachel: I feel like my emotions get very filtered in the process of writing, because it’s not really… the train of thoughts, it’s so much more methodical, because it has to fit like the songs that have already been written. Sometimes it has to fit even specific syllables for the melody, so I feel like it gets filtered through a bunch of different, I guess, limitations. And so the end result is less what I feel than more so like what I found. But like fit into the box of like lyrical restrictions.

So I guess it probably… I think it’s also that I have a solo project that is perhaps too personal. It’s just such a different relationship I feel like I have of this project. Because it’s not just my emotions that are fueling the process. It’s like the songs are brought to me and I work into them.

LFB: So you have another project… Is it out? Is it a lot more personal?

Water From Your Eyes

Rachel: I mean, it’s personal (laughs). Like it’s very personal, but it’s public. That is out in the world. Nathan has a solo project that I feel like has a similar approach…

Nathan: Yeah, they’re both very different than the… we both have solo projects that are essentially like public diaries that anyone can read.

LFB: All right, okay!! I wasn’t aware of that!

(Rachel’s solo project: thanks for coming, Nate’s: This Is Lorelei ndr)

Nate: This project is kind of…

Rachel: … like being able to make music without exposing all of my worst memories (laughs).

Nate: Yeah. We’re both very, very… I think, to the point that it kind of makes both… Both our solo projects are very vulnerable and out in the open. Which is good because that gives us an avenue to get that stuff out.

And then this project is kind of more up to interpretation, because the thoughts that go into this project are thoughts that we have, but they’re not as tied to a particular moment, or a particular situation as a lot of our solo music is. And I think that allows it to be more up to interpretation for the listener.

I feel like if someone were to listen to one of our solo projects, they’d be like, “Oh, this is what Rachel was going through / This is what Nate was going through”. And the whole goal with this project, or part of it, is for someone to listen to it and be like “oh, shit, this is what I’m going through”. So, by having other projects that we kind of get all the specifics out, it kind of helps this project to be more distilled and flexible emotion.

LFB:  I’d love to listen to your personal projects now.

Did you have any influence that you were aware of while making the records?

Nate: Musically really the… Well so there are two songs… Barley and Buy My Products were both to a certain extent, inspired by Tomorrow Never Knows, by the Beatles. Just in that it’s like a steady, kind of like syncopated beat and like one chord and things that drift in and out on top that all kind of like change it in different ways. Those both came from the same period of time where I was making like, a couple songs using that same basic format, like every day for a week or something. And those were two that turned out well.

A lot of the time when this stuff is getting written it’s because I’m studying a certain thing. Like 14 came out of a time where I was just writing a bunch of different things using serialism and experimenting with microtones. But I mean really, in terms of conscious influence beyond just studying different composition techniques, I think the musicians who I guess I was actively thinking about and listening to a lot were Scott Walker, and Ween. But a big part of this project is… I like the idea of trance medium influence. So I’m generally looking more towards visual artists and their processes than other musicians.

LFB: All right!

Nate: Because if you look at another musician and you try to be like, I’m gonna make a song that sounds like this musician, like you’re gonna end up making a song that sounds like that musician. And everybody who tries to do that, too, will probably end up making something kind of similar. Whereas if you take, you know, five different people and tell them all to make a song that sounds like a Francis Bacon painting – who’s like who I was really like studying a lot of the time – then they’re all going to go about it and in entirely different ways.

So that idea of, you know, using some mechanism like that in order to force some sort of subconscious translation process that just makes it different. The same way as if you took a song and told five different painters paint, “paint, this song”, they will come up with something totally different. So it’s a way to kind of like brute force, whatever is unique to your brain into being like a primary catalyst for creation.

LFB: So what artists did you channel for this record, you said Francis Bacon?…

Nate: Yeah, with this album, Francis Bacon. I usually… with the album before this (Structure, 2021 ndr) I was really looking to Mark Rothko a lot. And I don’t know if that’ll continue to be a trend with a different painter, but this has been kind of an inspiration for…

LFB: So have each of your album been made with a different artist in mind?

Nate: Just these last two albums really. That’s the first time I’ve really kind of applied that. Not so much, you know, it’s not like it was trying to make musical versions of these paintings. It was more so reading about their strategies in terms of how they would go about conceptualising and then initiating a painting, and how they would transform those original concepts and embrace accident.

And like with Francis Bacon, in particular, there’s a sense where like, you’d have a particular starting point, knowing that it will turn into something else entirely, and embracing chaos and improvisation until all of a sudden there’s an idea there that you never would have thought of, at the very beginning. And then you focus on that idea and so kind of the idea of being an editor of improvisation and chaos, more so than being a writer, was a big part of this album.

LFB: How would you compare this album with the previous one?

Nate: I mean, there are things in common. But it’s more… the edges are much more exposed. That’s an intentional thing. Like on the last album, you know, Rachel’s voice is always double or triple tracked and kind of like, sat back and blended in. Whereas on this album, it’s like right out front and just single tracks and most of the instruments are like that.

Else, a lot more material got written and cut for this album. Structure, the last album, was more like, there were these ideas and they just got worked on for months and months until they were ready for lyrics and vocals. Whereas with this album, it was more like tonnes and tonnes of material got written.

And, you know, probably more than 80% of it got cut and not put on the album. So the things that are on the album, were written in a shorter period of time than on the last album, but much more was written overall. So instead of working really hard on a handful of ideas and keeping them all, it was working very quickly on 70 ideas, and then getting rid of 60 of them.

LFB: And you signed you signed up to Matador and I was wondering if signing up to a big label changed anything in the realisation of the record, in your creation of the record. How did you change things? Did it change things for you?

Nate: This album was done before we signed.

LFB: Alright.

Rachel: I think when we had met with them, the first time, we had the EP and a handful of other songs, but we hadn’t put them together yet. And then when we met the second time, it was within like, a couple of weeks through like “Oh, here’s an entire album”, even though like two weeks ago we were like “Oh we really don’t have anything! Just a couple things here and there…”

Nate: I guess, yeah, they inspired us to put it into a package.

Rachel: Then we didn’t sign with them for like another six or seven months.

Nate: I think when we first met with them, we were like “crap, we probably have an album worth of stuff to put together”. So I guess they kind of like lit a fire under our ass in terms of actually putting together an album.

Rachel: Yeah. But all the songs were already made.

LFB: There’s a big a big debate about using AI for making music at the moment. Do you have an opinion on that? Would you use AI? Is it something that interests you? Or what’s your point of view? Your opinion?

Nate: I mean, I think it’s interesting. I think in a lot of ways AI and music has already existed to a certain extent. You know, you look at, like GarageBand for example, they have like smart drummer plugins, and you know, things. So I’ll just be like, “I need a drummer on this track” and GarageBand will like generate a drummer and you can choose between like Paul and Eric and Steve and they all have different styles. And you know, chord pattern generators have existed for a long time. And I know it’s reaching a point where you can kind of like generate these complete AI songs, but…

LFB: Have you have you ever tried?

Nate: Not really. I definitely mess around with like creating systems and like, you know, little machines that you can plug things into that will spit things out. But I think until like…

Like I don’t know, like I think the human element will always make it separate. I think there’s like a certain amount of self loathing and self love that’s inevitable for music. And I think as we move forward like a lot of like AI stuff will be a bigger and bigger contributor to it. I’m yet to hear an AI song in its entirety that feels like really music to me.

Rachel: I just think there’s a really big difference between artists utilising AI to help further their artistic process, and companies using AI to replace artists so they don’t have to pay them.

The AI can be used as a tool by artists to help them make things that they haven’t been able to make yet. But I also think that a lot of people… I think that there’s some people out there who are like… I’m like really online so I go on Twitter a lot and I saw this really crapped out like video of like an AI generated trailer and people are like “Watch out filmmakers! No one’s gonna need you.” and it’s like, what is this film supposed to be about? There’s no characters, there’s no story, It’s just like aesthetic. Which like if you think that’s what you’re getting out of movies, when you watch them then like, I don’t know if you’re like really…

I think there’s also a difference between people who consume content and people who enjoy art and I think for people who consume things who just want to be fed new materials, AI is perfect because it can rapidly generate it. But I just don’t think that it can replace… it can’t replace art because art is about like expanding the human consciousness and like expressing the human condition. And as of right now, AI can’t do that. Maybe if it gets to a point where it’s expressing the AI condition…

Nate: but it could be enjoyed by other computers…

LFB: And can you tell us about the artwork of the album? It looks like an anime, is it an anime illustration? I was wondering, what’s the story behind the artwork

Nate: The idea was for it to be like a western movie poster originally. And we have this really talented artist named Nicole Rifkin do the drawings. We had like a reference photo shoot, gave her a bunch of photos… And we’re pretty much just like “we want it to be like a movie poster. And we want to steal the handshake with that Pink Floyd cover” (Wish You Were Here, 1975 ndr). That’s about it. I don’t think we were trying to go for specifically anime or anything. I think it was more like illustrated movie but like old movie poster vibes was the idea.

Rachel: Yeah. I don’t really think it’s like, I mean, I guess it looks like anime in that. Yeah, and then it’s like an illustration and people. Also, I guess we have animate haircuts…

Nate: We do have kind of anime haircuts.

LFB: Yeah, the anime feel gives a futuristic edge I think or something.

Nate: Yeah, I think this like the kind of cyberpunk thing.

Rachel: Yeah, I’m also Asian so….

Nate: Also, it helps.

Rachel: Yeah! (both laugh)

LFB: So you’ve toured with Snail Mail. You just finished a tour with Interpol. And soon you’ll be touring with Melody’s Echo Chambers, but you’re doing your own headlining tour as well very soon. So I suppose you’ve done headlining tours before. What’s the difference? Are you looking forward to tour as a headliner?

Rachel: I guess we’ve actually never toured as just one act.

Nate: Yeah this will be the most extensive U.S. tour we’ve ever done as the headline. We’ve done like isolated headline shows like in the middle of other tours.

Rachel: And when we came in Europe last year.

Nate: We also came to Europe last year, we did a headline tour.

Rachel: Except that nobody knew about us…

Nate: Yeah, no – one. The biggest shows were when we were opening for other people in the middle of our headline tour.

Rachel: Yeah.

Um, I don’t know, I love opening you get to go later… Somebody else’s sort of…

Nate: You get to go earlier…

Rachel: No, you can’t get to show up later.

Nate: Oh, you get to show up later.

Rachel: You’re going to get to the venue later and you get to play earlier. Yeah.

Nate: Yeah.

Rachel: You don’t have to play last which is the worst spot. I hate playing last.

Nate: And the pressure is kind of off. But you don’t have to worry about bringing anyone but then the flip side of that is no one comes to see you and no one buys your merch so…

Rachel: It’s not true all of the time…

Nate: It’s not true all of the time.

Rachel: I think when we opened for Snail Mail that was ideal because we were the second of three. And we got the best of all worlds. We sold merch, but we didn’t have to worry about selling tickets really. And it was fun. We didn’t play first, but we didn’t play last… playing second ideal.

Also, I feel like opening for bands is fun, because you get to open for bands you really like… like I really like Melody and so that’s so exciting, because she’s amazing! The band, I saw them play in New York, actually not that long ago and they’re really amazing musicians. And so we get to hang out (laughs) for like a couple of days and that sounds awesome. I guess opening bands can be… but I don’t think we can afford to bring a band to, like open for us (laughs)

LFB: Do you have any plans to come and play in France any time soon?

Nate: We’re playing Pitchfork Paris in November.

LFB: What are you into these days? This is my last question…

Water From Your Eyes
Water From Your Eyes at Matador

Rachel: Like in general?

LFB: Yes, it can be anything…

Nate: I watch a lot of the show Survivor.

Rachel: I finished Succession, the HBO show.

But recently I’ve been playing this game on my phone, where this is like… I love this game! I have a town, that’s called Rachelopolis and I harvest plants and I make things like cheese and I put them on the trains…

LFB: Is it like an all day game and if you forget to hatch the eggs or something, it all goes off?

Rachel: No it’s really like you settle it all up and then there’s actually lots of breathing time, so you just close it and the you open it up again…I mean I closed it a couple of hours ago and I have vegetables to harvest…

LFB: What’s the name?

Rachel: It’s called Township.

LFB: Ok. It sounds addictive (laugh)!!

Rachel: It actually is!

LFB: It sounds like the Simz maybe?

Rachel: A little bit. It’s less about the people and more like,you plant plants and then you harvest and then you use those to create products and then the products can be traded for other things… I mean it’s like kind of simple, but it’s really pleasing. Like I almost have 2000 people in my town. And I started with 2 people.

LFB: How long have you been playing?

Nate: Close to a month, I think.

Rachel: Yeah, I downloaded it when I went to my parents’ house to do nothing, right after the tour with Snail Mail. So I downloaded this game and that I was playing… because there’s also a mini game within where you play Candy Crush pretty much like…

LFB: Oh my god! Oh no!

Rachel: It’s so addictive. But you can also put it down and it doesn’t really matter to you.

LFB: Ok. Do you dream about it?

Rachel: No, I don’t dream about it. Which is good ‘cause I used to play Candy Crush and I did have dreams about Candy Crush, I would fall asleep and thinking about… that and Tetris where I would playing it in my head, and that was bad. But that I don’t.

LFB: Ok good (laugh). Thank you so much!

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