On a retrouvé Cyril de Weekend Affair pour une longue conversation autour du groupe et de Vol Intérieur, leur dernier album.

La Face B : Salut Cyril, comment ça va ?
Weekend Affair: Ça va. J’ai une belle vie en ce moment, je suis content. J’ai acheté une baraque avec une nana que je trouve absolument géniale, qui est prof d’arts plastiques en collège. Il y a énormément de soleil dans ma vie. C’est vraiment dingue. Tout le reste déroule. Il y a beaucoup de trucs qui se passent grâce à ça.
Et d’ailleurs, on est sur le point de sortir un album ensemble avec le côté très naturel des choses. On s’est mis à faire de la musique parce qu’elle adore la musique. Et pour moi, je fais de la musique tout le temps. Et du coup, la vie va bien !
LFB: Quand on m’a proposé de faire une interview, j’étais un peu d’humeur nostalgique et j’ai repensé à votre concert au Grand Mix en mars 2013, en première partie de Local Natives. Du coup, je me demandais comment tu évaluais ce chemin de déjà douze ans avec Weekend Affair et un projet qui à la base était un projet un peu parallèle dans vos vies à tous les deux ?
Weekend Affair: Comment je vois l’évolution du projet ? C’est quelque chose d’assez naturel dans notre relation avec Louis. Je pense qu’il y a beaucoup d’admiration déjà sur ce que lui fait, et lui sur ce que j’arrive à mettre en œuvre. On se retrouve assez naturellement avec l’envie de bosser ensemble. Et j’ai l’impression que c’est plus une amitié qui se vit à travers de la réalisation artistique.
Et un peu sans date de péremption parce que ça se passe bien. Ça me paraît normal, tu vois. Le constat, c’est aussi de se dire : putain, ça fait déjà douze ans. On a toujours cette sensation douloureuse d’être encore un groupe en développement, alors que je pense que finalement, tous les artistes sont en développement. Même quand tu es confirmé, même quand tu rentres dans le zénith. Tu développes toujours ton geste artistique.
Mais on est un peu dans cet entre-deux, on n’est pas un groupe confirmé mais on n’est plus en découverte. Du coup, il y a un entre-deux un petit peu bizarre dans le business. Bon, on s’en fout, ça ne nous empêche pas de dormir. On fait de la musique parce qu’on a envie d’en faire, principalement. C’est un petit peu suspendu. Cet album-là, il est un peu suspendu, malgré tout, dans notre envie de réussir.
Même moi, je n’ai plus envie de faire de la musique pour réussir. En tout cas, je n’ai pas envie que la musique devienne un endroit dans ma carrière. Enfin la musique avec le geste artistique, parce que je fais de la musique carrière, on y reviendra peut-être. Mais cette musique-là, je la fais vraiment pour le kiff. Ça marche, ça ne marche pas, je n’en ai plus rien à faire. Ça ne m’empêche pas de mettre le maximum de talent, de moyens, d’énergie. Et ça prend place.
LFB: Oui, c’est-à-dire que ce que tu fais à côté te laisse cette liberté.
Weekend Affair : Ouais et ça, c’est un vrai truc nouveau dans nos vies. Ça fait beaucoup de bien. Mais il faut s’organiser. Il y a eu pas mal de trucs qui ont été faits dans nos vies annexes pour s’offrir ce luxe-là. De sortir des albums sans devoir gagner nos billes. Parce que malgré tout, on fait tout comme il faut faire. Les photos, les clips, les sessions. On a bossé avec Yuksek, qui a fait un travail magnifique sur le mixage. On sort le disque sur son label, il nous fait confiance aussi sur le fait de faire des choses pour que notre truc rayonne. Mais on fait un concert, on fait cent concerts, c’est pareil. Et on fait 1000 streams ou 1 000 000 de streams, c’est pareil, on s’en fout.
LFB: Ce qui est intéressant du coup, c’est que je vous ai connu sur un projet qui était très froid, très porté sur les synthés, sur les machines, très carré en fait. Il n’y avait pas de batterie je pense au départ.
Weekend Affair : Il n’y avait pas de batterie parce qu’on voulait faire de la musique sans les instruments qu’on avait l’habitude de pratiquer. Synthé, boîte à rythme et chant.
LFB: J’ai l’impression qu’au fil du temps, vous avez gardé cette idée très anglo-saxonne de la musique malgré tout, dans les influences. Mais en y apportant une vraie touche francophone aussi. Il y a forcément le passage du texte en français. Mais là, par exemple, sur cet album-là, je trouve qu’il y a une vraie influence musique de films des années 70 aussi, des choses comme ça, très françaises, je trouve.
Weekend Affair : Ah ouais ? Ah, peut-être sur le morceau Qu’il est bonqui a un vrai flow. C’est vrai que le passage en français, ça a été une découverte un peu pour nous tous. Et c’est quand Louis a dû écrire pour Pomme… Il a écrit plein de textes. Et d’ailleurs il me l’a dit hyper tard, c’est que Duel qui est quand même un peu le banger de Weekend Affair, il l’avait écrit pour Pomme au début.
On a sorti le morceau et il me l’a dit genre cinq ans après. Et c’est cool, c’est un geste annexe d’ailleurs qui a amené une dimension de chanter en français et qui va très bien à Louis parce que je trouve que c’est un parolier d’exception. « Le soleil se couche, je te mange la bouche »., c’est quand même bien vénère comme phrase, une sorte de poésie un peu brutale. Et on continue à garder ça. Moi, ma culture, c’est la musique indie, funk, groove, d’instrumentiste. Et c’est peut-être là où il y a cette émotion anglophone qui s’invite.
LFB: On est là pour parler de Vol intérieur, quatrième album. Moi j’aime beaucoup le titre parce que je trouve qu’il y a des idées qui sont très propres à ce qui se raconte, cette idée de temps qui passe. Mais aussi de quelque chose de très intime et de très métaphorique. Le titre développe des idées que tu découvres après en écoutant l’album, mais qui sont déjà là dès le titre de l’album.
Weekend Affair : Merci, c’est gentil. On a un manager qui a bien compris le projet. C’est lui qui est arrivé avec le nom du nouveau album. En fait Louis, il a une grosse passion sur les oiseaux en ce moment., il peut te faire arrêter la voiture pour aller voir une buse qu’il ne connaît pas. C’est l’enfer. C’est marrant. Il y avait ce délire autour de la reprise de Dominique A, le courage des oiseaux.
Il y avait cette histoire aussi sur le point de vue de l’avion, la métaphore entre l’avion, qui va peut-être aller au-dessus. Et donc ça se passait dans les airs, et naturellement on s’est dit, bon, il y a quand même plusieurs morceaux qui parlent de ça, on va pousser la DA là-dessus. On avait spoté des vieux avions mais c’était compliqué. On s’est dit qu’on allait prendre des éléments d’avion. Et notre manager nous a dit qu’effectivement, Vol Intérieur paraissait tout indiqué. C’est le chapeau qui vient englober tout le concept. C’est vrai qu’on est content quand c’est repéré.
LFB: C’est intéressant parce que tu parles des oiseaux, mais pour moi, il y a une phrase qui résume l’idée que j’ai de l’album, c’est :je préfère les oiseaux à la vie dans le noir qui est dans le morceau Peut être. Est ce que tu es d’accord pour dire que cet album là, c’est un peu votre premier album de journée musicalement et au niveau même de ce qu’il raconte ? Fin de soirée, petit matin, avec d’ailleurs des vraies histoires.
Weekend Affair: C’est vrai parce que l’album précédent était très fin de soirée, petit matin, avec d’ailleurs des vraies histoires de Louis qui sort d’after à 6h pour rentrer chez lui. Il écrit Enfants de la Fatigue, parce qu’il est jeune papa. A cette époque-là, il était jeune papa. Du coup, il se devait gérer ses gosses, il allait passer une journée de l’enfer. C’était le tarif de la soirée démente qu’il avait vécue. Effectivement, Du rivage, ça se passe aussi plutôt au début de soirée. Et c’est vrai que je n’avais jamais fait ce step back sur la temporalité et là c’est plus un album de jour ouais.
LFB: Il y a cette progression un peu je trouve depuis Du rivage justement dans le truc de de traverser avec encore une fois l’idée de temps qui passe.
Weekend Affair : Ouais, c’est carrément un album de jour.
LFB: Même au niveau de la pochette.
Weekend Affair : Ouais avec l’avion qui passe derrière. C’est un vrai avion ça, ce n’est pas une post-prod, c’est l’avion qui passait vraiment là, au sud de l’aéroport. Et ouais bien vu. Album de jour, on va faire un album sur le matin peut-être un jour. Je sais pas si le prisme temporel… Mais pourquoi pas, c’est des idées. C’est ce qu’on essaye de faire en pensant à l’album suivant. Avant de se mettre à écrire, c’est de se dire : allez, c’est quoi les grandes envies, les grandes tendances qu’on a envie de défendre, et tant sur la musique que sur les idées.
Louis est en train de faire un gros travail sur réinventer sa manière d’écrire, parce qu’on se rend compte que si tu te laisses faire, tu réécris toujours un peu les mêmes histoires de la même façon. Pourquoi pas aussi élargir un peu le spectre ? On mettra la temporalité dans notre casserole.

LFB: Je trouve qu’il y a une exploration musicale qui est toujours aussi importante. Un peu un refus de redite et d’utiliser en fait une base instrumentale qui est un peu toujours la même avec une grosse importance de la batterie et de la basse.
Weekend Affair : Ouais, ça c’est la signature Weekend Affair, c’est vraiment ça.
LFB: Mais en allant chercher, en rajoutant des couches et des textures qui ramènent la musique ailleurs. J’ai l’impression qu’il y a toujours cette volonté d’explorer d’autres choses.
Weekend Affair : Là j’utilise un synthé qui est très 80 finalement. Sur Du rivagec’est des Moog donc c’est plutôt 70. Même si ça se travaille très pop française, là il y a des volontés de grosses nappes et de gros arpégios plutôt dans les basses avec des grandes reverbs qui donnent une teinte un peu 80, sans masquer les ingrédients originaux basse/batterie. Je suis content que tu le repères aussi, c’est cool. Il faut aussi se dire comment en gardant la recette, on avance sur le suivant. BA1, de chez Baby Audio, c’est le nom du synthé. C’est un plug, C’est une émulation d’un classé de l’ESK1, je crois, qui est un classique 80. C’est canon. Pour 49 euros le plug, il y en a dans tous les morceaux.
LFB: Mais toujours avec la volonté de faire danser les gens.
Weekend Affair : Ouais, on est revenu à ça.
LFB : Un titre comme Promenons-nous par exemple.
Weekend Affair : Oui, et puis en essayant de sortir aussi du schéma couplet/refrain. Il n’y a pas tellement de refrains déclarés sur ce morceau-là. C’est une comptine, ça déroule. On aime bien. C’est compliqué de faire de la musique aussi codée, en essayant d’élargir un petit peu le périmètre dans lequel on vit. Mais moi, c’est vraiment là d’où je viens. C’est-à-dire qu’avec le premier projet de We Are Enfant Terribles, on savait qu’on était dans le grand périmètre de la pop, mais on a essayé d’élargir un peu la barrière avec la Game Boy, avec l’attitude. Et c’est Thomas qui avait la volonté d’aller un peu aux extrémités de ce qui se faisait, tout en restant dans le carcan de la pop parce que c’est ce qu’on aime finalement. C’est ce que j’essaie de faire avec Weekend Affair à d’autres endroits. Mais c’est d’essayer d’être un peu novateur tout en étant classique.J’ai vraiment l’impression de ne jamais être dans la temporalité du moment. Et du coup de ne pas cocher les cases, mais bon, on n’est pas là pour ça en vrai.
LFB: C’est marrant que tu parles du côté couplet/refrain parce que j’ai vraiment l’impression sur l’écriture de cet album-là, qu’il y a une volonté vraiment très expérimentale de s’affranchir de cette idée là et d’aller chercher des choses qui rappellent la musique électronique. Dans le sens où parfois des boucles de texte avec des choses qui se répètent mais qui vont explorer d’autres idées à chaque fois. Cette volonté d’écrire un peu différemment.
Weekend Affair : Je pense qu’on aurait pu aller plus loin et je pense qu’on ira plus loin sur le prochain. Parce qu’évidemment dans le process d’écriture, on n’a pas tout écrit en une journée donc on n’a pas le même geste. C’est encore un truc à 18 mois cette affaire, c’est-à-dire que pendant 18 mois on se voit. Déjà pendant six mois on écrit de la merde. Après ça démarre et on y revient. C’est le fameux process.
Je ne sais pas comment les gens bossent mais nous, on a besoin d’y revenir, de réécouter. Moi, j’écoute des morceaux trois, quatre mois pour finalement savoir s’ils vont passer l’épreuve du temps. Parce que tu sors un morceau, il est tout le temps bien quand tu le sors. Si quatre mois plus tard, tu ne peux plus l’écouter, c’est qu’il n’est pas si bien que ça. On se laisse aussi du temps.
Et puis la chance de bosser avec Yuksek qui est très occupé, ça t’impose du temps tu vois. Comme ça tu es sûr des morceaux que t’as envie de défendre. Mais à certains endroits, on a écrit des trucs un peu à la manière dont on a vécu de l’écrire. Donc le fameux couplet/refrain, il y en a quand même. L’autre, Si tu m’adores, ce sont des chansons couplet/refrain avec les nouveaux ingrédients d’instru. Et promenons-nous il a failli ne pas être sur l’album. C’est vraiment le dernier morceau. On a fini la session. On a raqué des drums, des vrais drums, en plus des batteries électroniques pour avoir un petit topping croustillant de drum. Et je m’apprêtais à ranger la batterie. Je dis : tu sais quoi, je vais faire de la batterie pour moi sur cette instru. Je vais peut-être la sortir pour faire un petit solo et tout. Et je joue le morceau. Et il me fait vraiment le même coup à chaque fois. C’est qu’il est là dans son coin. Il dit rien. Il me dit attend, je vais essayer de chanter un truc. Comme il a des gosses en ce moment, il leur chante beaucoup de trucs. Il prend le début de Promenons-nous, il déroule un texte qui défonce, et il l’a écrit en dix minutes.
Pendant que je faisais mes deux prises de batterie, il a écrit le texte, il faisait : vas-y je le chante. Et c’est vraiment la fin des deux journées de batterie. On a eu deux sessions. Une première session, il m’a dit : putain, j’ai mal géré les trucs. On n’avait rien enregistré. J’y suis retourné, on a fait une deuxième session. Et sur la deuxième session, je devais livrer à Pierre-Alexandre les morceaux pour que ça parte au mix, c’était assez pressé. Il pose le texte, ça part chez Pierre-Alexandre.
En plus de ça, il ne prend même pas la batterie que j’ai enregistré. Le morceau, il passe entre les gouttes. Et pour moi, c’est le morceau le plus novateur. Je pense que c’est le trait du nom avec le prochain album.


LFB: Ce qui marque quelque chose d’hyper intéressant dans l’écriture de l’album, c’est comment certaines obsessions de Louis nourrissent son écriture et les histoires qu’il raconte. C’est un album qui parle énormément d’amour. Et qui en même temps a énormément d’obsessions pour la nature, pour les oiseaux… Il fait cohabiter les deux de telle manière qu’il y a à la fois un langage très cru sur certains trucs et un langage poétique qui renvoie des espèces de messages cachés que, à mon avis, lui seul peut comprendre par moment.
Weekend Affair : Carrément. Comme je te disais pour Duel, ce qu’il a écrit, il m’a dit que bien plus tard, que ce n’était pas à l’origine pour Weekend Affair. Il y a des trucs où je ne sais pas exactement pourquoi il a écrit et ce que ça veut dire. Mais ça lui appartient, c’est son secret. Il n’y a pas de problème avec ça. Et par contre, tu vois, nature et amour, c’est Louis en ce moment. Je pense que tous les auteurs bossent comme ça. Tu ne peux pas écrire des trucs qui ne t’appartiennent pas. Ou alors, ça sonne faux.
Et c’est le gros talent de Louis, c’est que tout ce qu’il chante, ça sonne juste. Après, on a cette question : Est-ce qu’on parle d’autre chose que de l’amour à un moment? Moi, j’aimerais bien qu’on élargisse un peu le spectre. Parce qu’il a aussi un point de vue assez aiguisé sur d’autres sujets. J’aimerais qu’on exploite ça aussi.
LFB: Il y a une idée de gentille perversion je trouves. Faire un morceau comme Promenons-nous, c’est prendre une ritournelle d’enfant et en faire un truc qui parle plus ou moins de sexe.
Weekend Affair: Ça parle carrément de sexe. Ferme la porte à clé, rien d’autre ne doit rentrer, ce n’est pas pour faire une partie de barre de cartes. C’est Louis.
LFB: Et tu vois, en sous-texte de ça, je trouve qu’il y a deux éléments qui sont très importants dans l’album, et que ce soit musicalement et même dans le texte, c’est ce besoin presque vital de garder espoir. Je trouve qu’il y a un rapport à l’espoir qui est très intéressant, et un rapport à l’humour qui est aussi hyper intéressant sur l’album.
Weekend Affair : C’est un clown triste Louis. C’est quelqu’un qui est drôle dans la vie mais qui est qui carrément mélancolique à plein de moments. Parce que le temps qui passe, c’est une vraie forme de mélancolie. Et je pense à un copain, on en a parlé il n’y a pas longtemps d’ailleurs, pour ses 40 ans, parce qu’il badait de fou.
On a parlé de ses quarante ans. Il a une nostalgie de sa vingtaine parce qu’à certains endroits de la vie, certaines personnes sont… Tu vois, la chenille devient un papillon. Plusieurs fois, tu rentres dans ta vie, tu es une chenille. Et plusieurs fois dans ta vie, tu deviens un papillon.
Moi, j’ai en ce moment l’impression d’être un papillon. C’est cool. Je vais redevenir une chenille. Je vais passer un tunnel. Je vais revenir… Louis, il a été papillon il y a quelques années.
En ce moment, il est plus en mode chenille. Il va rouvrir ses ailes, mais pas tout de suite. Du coup, il a évidemment une nostalgie du moment papillon. Évidemment, quand ta vie d’avant était plus simple et mieux, tu regardes derrière. Ça s’entend.
Je ne dis pas que la vie de mon pote était mieux avant parce qu’il a un gosse, une femme géniale. La vie est belle pour lui. Mais il y avait des trucs qu’il n’a plus dans sa vie là et qui le rendent nostalgique. Il a d’autres choses qui le comblent. Mais c’est normal. C’est hyper chiant de le dire. C’est hyper dur.
LFB: D’où l’humour aussi. Est-ce que la référence au SAV des émissions sur le début de l’album est volontaire ou pas ?
Weekend Affair : Ça me fait chier que tu le dises parce qu’on ne voulait pas que ce soit…
LFB : Disons que les gens qui savent, savent.
Weekend Affair : Ouais. C’est marrant parce qu’on n’y a pas pensé. On voulait vraiment faire un truc de capitaine d’avion, mais après c’est Louis. Un plateau de fruits de mer, un fruit de terre, un fruit d’herbe, la vanne est cool. J’espère que ça va jauger, parce que ce n’est pas Philippe Katerine. Ce n’est pas une référence au SAV, quand même. C’est vrai qu’il fait Captain speaking, mais je le revois maintenant, Fred. Armement des toboggans. Après, c’est exactement ce que tu entends dans les avions.
LFB: Et pour reparler des Oiseaux, qui le dernier morceau. Il y avait un défi particulier à faire danser les mots de Dominique A ?
Weekend Affair: Alors, figure-toi que la version originale est très dansante. C’est même un peu pour ça qu’on a craqué sur ce morceau. C’est que la prod du morceau, elle est vraiment regonflée, parce qu’on a remis des synthés et tout. Mais quand tu écoutes l’originale, il y a un truc un peu proto-electro, proto-cold Weekend Affair qui réunissait et ce que moi j’aime dans la musique, le côté un peu frontal, minimal, presque un peu bancal, et la passion de Louis sur les oiseaux. Et pas que les oiseaux parce que c’est aussi une histoire d’amour. Du coup on s’est dit : putain ce morceau là c’est nous deux en ce moment, c’est exactement ça. Donc on s’est dit on y va.
Après Louis tu lui fais chanter le bottin, ça marche quoi. En plus tu mets les mots de Dominique A, c’est cool. Moi je dis ça, je ne sais plus qui disait ça de Johnny Hallyday, tu lui fais chanter le bottin. Et Louis il a cette capacité, ce talent d’interprétation qui fait qu’il peut vraiment chanter beaucoup de choses très bien. Ça aurait été presque bizarre que ce morceau ne soit pas sur l’album. Et Dominique A, c’est aussi un peu celui qui ouvre la porte de la nouvelle chanson française, qui nous permet d’exister et de se débarrasser enfin des très gros talents, des Gainsbourg et des mecs qui ont un peu sclérosé tous les artistes de son temps.
Parce que quand tu as un Gainsbourg qui chante des textes complètement géniaux, il faut se lever. Et Dominique A, Mickey 3D,Miossecaussi. C’est des gens qui ont ouvert la porte à la nouvelle génération. Pas besoin de rendre un hommage à Dominique A, on s’en fout. Mais ça a coché encore une case supplémentaire.
LFB : Je vais rester sur l’idée de nostalgie. En 2018, quand on discutait de Du Rivage, tu disais que bosser avec Yuksek, c’était comme faire un foot avec Cavani. Est-ce que l’idée est toujours valable ?
Weekend Affair : Putain mec c’est un délire. C’est encore ça, et c’est même encore plus affolant. C’est que l’album, on l’a mixé en trois jours. Et encore, je suis arrivé à Reims à 10h, on démarre et tout. On prend le morceau, il déroule, il a une rapidité de compréhension. En l’occurrence, on fait de la musique qui n’est pas très loin de ce qu’il aime. Donc c’est facile pour lui. Il n’y a pas trop à réinventer de choses, mais il va très vite, il manipule très bien, il a une feeling et des oreilles qui sont au service vraiment de nos morceaux, et ça a été très vite.
Alors je pense qu’avec le temps, nous on livre aussi des versions qui sont mieux, parce qu’on prend aussi des skills en production. Mais on a besoin de voir avec lui pour finir le reste. Et il n’y a que quelques morceaux où il a retourné des couplets. Sur Les nuages, il a fait un gros taff de réarrangement. Parce qu’on avait 2000 basses, on ne savait pas à laquelle choisir. On a besoin d’avoir des gens qui ont cette science-là pour nous accompagner. Et il y a cette dimension où tu regardes faire un génie. Par contre il démarre à 10h, il se retourne à 18h.
Tu as détruit la moquette parce qu’on a rien mangé. Le mec va fumer un paquet de clopes. C’est un peu le génie autiste qui bosse dans le son. C’est toujours très inspirant de bosser avec lui. C’est même frustrant que ça aille si vite en vrai parce que tu passerais plus de temps. Je suis derrière son épaule, je n’ose pas trop poser de questions, mais j’essaie de comprendre ce qu’il utilise comme truc pour évidemment faire grandir mon geste à moi. C’est tout l’intérêt de travailler à plusieurs, c’est de s’inspirer. Et on était très contents de la session avec lui. Quand il a mis les premières secondes de Promenons-nous, on savait qu’on avait tiré un gros morceau. Et ça lui a fait le même coup avec Comme tout le monde. C’était un peu bizarre. Il a mixé sans rien dire le morceau. Et tu attend toujours à ce que ton producteur, il bègue un peu de la tête ou il dise ce que tu penses.
J’étais un peu déçu parce que c’est un morceau que j’aime fort, Comme tout le monde. Je trouve qu’il résonne mon l’histoire personnelle, mais c’est l’histoire de Louis pour autant. C’est la force d’un morceau. C’est l’histoire du chanteur, mais c’est l’histoire de tout le monde. Et puis la machine qui déroule, un peu comme la vie. Et le lendemain on est revenu sur les mix et il a fait : putain en fait ce morceau, c’est un gros banger. Je suis toujours content d’avoir un gars que j’apprécie autant qui me dise ce morceau là, grosse cartouche.
LFB: Et justement, l’album sort sur le label de Yuksek, chez Partyfine, mais tu as aussi relancé l’année dernière Play It Loudly. Je me demandais quelle était la volonté et pourquoi, après il y a plusieurs années, cette envie justement ?
Weekend Affair : En fait, on n’a jamais vraiment arrêté Play It Loudly parce que même si c’est chez Partyfine, c’est Play It Loudly qui produit, qui met l’énergie créative, les moyens pour l’enregistrement. Après, c’est Yuksek qui prend le relais sur la partie mixage, distribution. Mais s’il n’y a pas Play It Loudly, il n’y a pas ce album-là. C’est toujours un bonhomme à deux jambes. Et en fait, Clo qui a sorti son album. On a un peu de mal à défendre, parce que c’est vrai qu’il est un peu commeParklife de Blur, c’est une petite capsule temporelle de différents moments de la musique électronique. Et c’est vrai que dans un moment où les gens aiment bien avoir un artiste d’une couleur… Mais Clo, elle aime tous les styles de musique, donc on a travaillé ce disque-là. Et on s’est dit que c’était l’occasion de lancer Play It Loudly sur les réseaux, même si c’est une galère sans nom de faire vivre un label avec le narratif nécessaire pour exister sur les réseaux.
Parce que nous, on sort juste de bons morceaux, on n’est pas des influenceurs. Le côté collectif, il a de moins en moins de place dans les groupes. Un label, c’est compliqué. Si tu n’es pas déjà installé… En tout cas, on est revenus avec l’envie de produire de nouveaux artistes. Aussi simplement parce que Gauthier, qui est le manager de Play It Loudly, est revenu dans l’équation. Il libère du temps pour la gestion un peu administrative. Du coup, j’avais envie de faire plus d’artistique. Et il y a plein de sorties qui arrivent. Il y ce projet avec Madame, entre Mylène Farmeret Rebeka Warrior. Et il y a l’album de Louis, qui s’apprête à sortir aussi, qui aurait dû sortir avant mais il y a mis trop de temps à finir. Du coup, on a tout décalé. Il y a un album de groupe de Rock Garage qui sont des lillois qu’on adore. Play It Loudly, c’est plus des rencontres.
LFB: Il y a ce sens du collectif comme tu le dis.
Weekend Affair: C’est d’abord des gens plutôt qu’une esthétique. Ça reste au pop globalement mais c’est d’abord parce que les gens sont cool. Louis, c’est carrément folk, ça n’a rien à voir. On ne va pas le brander Play It Loudly, ça va être sur Memories qui va être le label de Louis. Il y a cette envie de sortir des artistes, d’être un peu le grand frère des nouveaux players.
LFB : Pour parler de l’autre point autour de l’album, si je ne me trompe pas c’est toi qui a réalisé les clips.
Weekend Affair : Le premier, j’arrive avec une idée, je la mets dans les mains d’un duo de réalisateurs Ciel rose. Ils prennent mon idée, ils l’emmènent bien plus loin. Ils invitent quinze personnes pendant trois jours, et tu as un clip faussement do it yourself, parce qu’il y a tellement de techniques pour que ça marche que ça serait vraiment malhonnête de dire que je l’ai fait tout seul. Sauf qu’effectivement, l’idée, c’était de faire croire que j’avais tout fait tout seul. Il y a le générique avec mon nom partout, c’est une idée du réal, ce truc-là. Ça fait très selfish, sinon. Même si à la fin, en vrai, je suis quand même le charbonneur de l’équipe, on ne va pas se mentir.
Donc ça m’allait bien l’idée d’homme à tout-faire dans la partie comédie de ce clip-là. À force de faire des clips, tu comprends un peu la mécanique de la technique, sur le tournage, tu as toujours un peu de temps mort, donc tu poses des questions. Puis tu ponces YouTube. Maintenant, toutes les ressources sont accessibles, et tu ponces YouTube, et tu passes des coups de fil aux gens qui t’entourent, qui sont dans l’image, et tu te dis à un moment, vas-y, je vais réaliser mon propre clip. Et Ton appel, c’est un truc que je réalise tout seul.

LFB : Avec une ambiance très anglophone, très Snatch.
Weekend Affair : Ouais, ouais, très Guy Ritchie, c’était un peu la réf. Après, tu es dans le nord de France, il y a de la brique rouge, et ça le fait direct. Et puis, je voulais un truc un peu fictionné. Et comme le morceau s’appelle Ton appel, on s’est dit qu’on allait prendre le prisme du téléphone cellulaire qu’on a pratiqué, parce qu’on est un peu vieux maintenant. Donc les 3310, moi j’en ai eu un. C’est une galère à trouver ça, des téléphones fonctionnels de cette époque-là. C’est presque le plus dur du clip, j’ai mis trois mois à trouver les trucs, avec Benjamin Brochot qui est un très bon copain, qui nous a bien aiguillé sur le stylisme, la petite voiture, enfin la grosse BMW qui arrive dans le clip, c’est la sienne. Cette voiture-là, c’est la sienne aussi. C’est un designer auto qui a une vraie science de l’objet, tant pour ce qu’il représente, pour ce qu’il est dans son design. Du coup, c’est très précieux d’avoir des gens comme ça. Parce qu’évidemment, quand tu fais de l’image, tout a son importance.
Tu ne peux pas avoir une fringue qui n’est pas dans l’esthétique de ton clip. Et tu peux vite faire un faux pas et faire sortir le spectateur de ce que tu as envie de faire. Je suis très content d’avoir réalisé un clip…
Parce qu’au moment où tu fais action, il faut que tout sois là. Et là, il y a six comédiens. L’équipe est toute réduite. Mais ouais, ça nous a donné envie. D’abord, ça m’a donné envie d’aller plus loin là-dedans. Tu ne donnes pas l’idée à quelqu’un et même si Ciel Rose a fait un travail complètement fou, ce n’était pas l’idée que j’avais en tête au départ. Elle est super, on arrive à un autre endroit. Mais là, j’arrive à avoir la vision qui est en adéquation avec les moyens que je peux mettre en œuvre et l’esthétique que j’ai envie de défendre.
LFB: Ça permet d’augmenter aussi le storytelling autour du projet. Même s’il y a toujours eu dans les pochettes de Weekend Affair, une volonté de vous mettre en avant en tant que duo et de faire évoluer l’image aussi de ce que vous êtes. Mais c’est vrai qu’à travers les clips et la vidéo, ça vous permet d’apporter autre chose aussi.
Weekend Affair: Ouais. Alors les clips, j’ai l’impression qu’on arrive à une sorte de fin du clip. Parce qu’en fait, l’objet artistique, c’est du fan-service. Un clip, c’est du fan-service. Si t’as pas de fans, à quoi ça sert de faire du fan-service? Le clip va devenir des stories en 1080 et ça restera un geste cinématographique. C’est cool, on va se l’approprier, on va le digérer et on va faire vivre un peu l’esthétique comme ça. Tu vois le défi du clip, ce n’est pas pour dire qu’il nous faut un objet marketing, même si le clip il est un peu entre l’objet artistique, marketing, l’objet de communication. C’est assez singulier comme positionnement pour un média. Ce n’est pas une pub, pourtant ça l’est quand même.
Ça doit défendre un geste artistique sans déformer le propos original. J’aime bien le défi que représente le clip. Les albums, je commence à en avoir un paquet derrière dans l’histoire. Donc je sais faire un album. À chaque fois, il y a plus ou moins de magie qui se crée dans l’album. Mais je ne savais pas faire de clip. Je me suis dit, bah vas-y, dans le défi intellectuel, on se sort les doigts, on y va quoi. Et c’est cool. Je ne ferais pas ça pour d’autres artistes. C’est trop d’énergie. Mais pour une Weekend Affair, on a pas mal de choses à dire. Ça va être cool.
LFB : Du coup, qui dit musique, dit aussi le live. On sait que l’économie du live est de plus en plus compliquée. Vous aviez un projet qui tournait à trois pendant un moment. Là, c’est quoi l’envie ?
Weekend Affair: Écoute, un album, une formule. Je suis en train de me rendre compte de ça. C’est qu’on a commencé MPC, Micro-Korg, MS2000, Slim Fatty, Microchamp, c’est le tout début.
Le deuxième, c’était basse/batterie et les boucles dans l’ordinateur. On n’était qu’à deux.
Le troisième, c’était clavier, basse, qui était joué par Jonathan, batterie et les machines dans l’ordinateur.
Et là, le quatrième, c’est l’intégralité de la discographie du Weekend Affair en instru que je mixe. Comme un DJ set et Louis il chante. Et je gère tous les effets de sa voix en direct. Donc j’ai un côté un peu DJ et un côté ingé-live. On l’a joué à la cartonnerie vendredi dernier. C’était trop bien. Trop juste par rapport à ce qu’on attend de la musique, et au-delà de ça, j’ai des batteries, je ne vais pas les démonter mille fois pour la remonter mille fois, je l’ai jamais fait. Là, c’est installé en quinze minutes. Techniquement, ça défonce. C’est remballé en dix minutes.
LFB : Même en termes de technique, de coûts de transport.
Weekend Affair : Ouais. On n’a plus d’ingé-son. Jonathan, le bassiste, en l’occurrence, il est parti dans des projets tellement dingues qu’il n’aurait plus eu le temps. Même notre ingé-son, il commençait à nous dire les gars j’adore le projet mais j’ai une famille à nourrir, il faut que je bosse un peu sur des trucs qui vont payer plus. Ce que l’économie ne permet pas.
Du coup, on avait un staff de fou qui était sous-payé par rapport à leur talent et ça nous mettait aussi dans une situation un petit peu douloureuse où c’était chiant d’avoir des gars aussi talentueux pour malheureusement une tournée qui n’était pas à la hauteur de l’album.
Mais là du coup la nouvelle formule va être très, très bien. Platine, casque, go. Et Louis a très bien compris ce qu’il fallait faire. Il ne met plus ses lunettes, il ne met plus ses lentilles. Il ne voit pas trop le public. Il dit « Ah, je suis trop bien ». C’est un peu cotonneux. Je vois que les gens bougent. Et du coup, il rentre un peu dans un truc un peu trans. C’était trop bien.
LFB: Il s’est adapté aussi.
Weekend Affair : Oui, ce n’est pas un homme de club. Louis, l’écoute de la techno, il me dit : Ah, j’ai l’impression d’écouter le même morceau depuis 4 heures. Il n’a pas les codes. C’est d’ailleurs la singularité du projet.
LFB : Louis, c’est plus un mec de la folk.
Weekend Affair : Complètement. Il connaît des trucs.Un jour, on s’est fait des soirées. Ça nous arrive rarement, mais on s’est fait quand même une fois où on s’est fait écouter des trucs qu’on adorait vraiment. On a passé six heures à écouter de la musique. Et je voyais qu’il creusait encore plus. Et il me faisait écouter des trucs de zinzin. Et moi, je les ai écoutés. Et ils trouvaient que ça défonçait aussi. Il n’y avait rien de perméable et c’est cool.
LFB: À part d’être potes. C’est un peu ça Weekend Affair. C’est deux potes qui se retrouvent pour faire de la musique ensemble.
Weekend Affair : C’est même le statement de début. Et je pense qu’on aura encore des palanquées d’albums de Weekend Affairtranquillement. Le groupe à quinze albums en 2040. En vrai, on aimerait bien sortir plus vite les choses. C’est un peu long. Maintenant, avec Yuksek, on sait qu’ils bossent vite.Nous on sait produire de chez nous. J’aimerais bien qu’on écrive cet été pour sortir des nouveaux singles à la rentrée déjà. S’inspirer un peu du monde des rappeurs que je trouve hyper excitant. Ces dernières années, ce qui a été pour moi le mouvement le plus innovant dans les pratiques, dans la manière de faire. Ce qu’on a eu dans l’électroclash en 2000 et ce qu’il y a eu dans le punk dans les années 80, c’est un peu ça le moment. J’ai envie de prendre au moins leur organisation. Dégainer, ne pas s’arrêter, ne pas lâcher, rien lâcher. On ne va pas commencer à chanter la moula et la sacem dans nos morceaux, mais…
LFB : Oui, et d’aller créer une relation plus directe aux gens.
Weekend Affair : De sortir les choses. Aujourd’hui, on fait un morceau ce soir, je peux le sortir sur les plateformes dans 48 heures. On a le droit de faire ça. Et surtout qu’on a une vraie fanbase qui est très mondiale finalement. On se rend compte dans les stats qu’il y a plus de gens qui nous écoutent aux Etats-Unis qu’en France. Parce qu’il y a plus d’habitants là-bas. Mais quand même. Il y a beaucoup de gens en Europe de l’Est aussi qui nous écoutent. En Russie, bizarrement. On va pas parler de politique internationale, mais ça reste des citoyens qui écoutent de la musique. Et en fait, on est une communauté, on est suivi. C’est un peu le défi.
LFB: Si tu devais ranger cet album à côté d’un livre, d’un film et d’un autre disque, tu le mettrais où dans ta bibliothèque ?
Weekend Affair: À côté d’un livre… Peut-être Yoga d’Emmanuel Carrère ? Il y a un truc qui est assez cool dans ce bouquin sur la santé mentale. Parce que ça traite, même si c’est romancé, saupoudré pour la pop-musique, et que c’est un sujet. L’amour, ça reste un truc plein de bonheur mais plein de douleur. Et quand il y a plein de douleur, c’est toujours très introspectif sur pourquoi les choses ne vont pas comme tu voudrais qu’elles fonctionnent. Je ne parle pas pour Louis mais je sais qu’il y a plein de questions à travers ses textes qui sont des questions qui appartiennent aussi au jeu. Un film ? Le dernier Spiderman. Non (rires). Je n’ai pas vu L’amour ouf, ça pourrait marcher avec l’amour ouf, ? Non, je ne sais pas. Peut-être un truc un peu à l’ancienne. Toi, tu mettrais quoi en film ?
LFB : C’est une bonne question. Je ne sais pas. Bizarrement, j’aurais mis un truc très anglo-saxon. Genre du Shaun of the Dead. Le gars un peu looser qui refuse de grandir mais qui, grâce à son pote complètement débile et son besoin de reconquérir l’amour de sa vie, finit par devenir un adulte à peu près formé.
Weekend Affair: Ouais, ça pourrait marcher effectivement dans le cinéma anglais. Par contre, le disque avec lequel tu peux l’écouter, c’est le dernier album de Yuksek, qui est une sorte de pendant brésilien électro de ça. Ce n’est pas tant pour la ressemblance, c’est plus pour l’extension du geste de production parce que c’est un album qui moi m’a influencé. Parce que j’écoute Yuksek souvent. Et naturellement, en plus en bossant avec lui pour produire le disque, il y a une sorte de pont, sans que ce soit la même musique.
Ce n’est pas Louis qui chante sur du Yuksek, ce n’est pas ça. Mais pour autant, il y a un vrai trait d’union qui se fait entre ces deux disques. Et je pense que ça permet de voyager un peu plus loin. Surtout qu’il a vraiment embrassé la culture brésilienne très bien, de manière très smart, en revisitant un peu toutes les couleurs. Et puis en vrai, la Bossa Nova, c’est quand même une sorte de tristesse joyeuse. Le propos marche aussi avec ce disque-là, tu vois.
LFB: La saudade.
Weekend Affair : La saudade, exactement.