Souvent, on rattache beaucoup trop le nom d’un artiste à sa musique. Cela finit par créer des espérances et souvent des déceptions quand l’artiste n’offre pas à l’auditeur une musique à la hauteur de ses attentes. Pourtant la musique est, et doit rester un plaisir et une découverte. Pyramid en a bien conscience et dévoile avec Who Did That? une compilation en forme d’expérience libératrice, le tout ayant pour but de récolter des fonds pour Greenpeace.
La première règle de Who Did That ? est la suivante : vous ne saurez pas qui a fait quoi.
La seconde règle de Who Did That ? est la suivante : chaque artiste a eu pour but de réaliser un morceau dans un genre qui lui plait mais qu’il n’a pas exploré jusqu’alors.
La troisième, et plus importante, règle de Who Did That ? est la suivante : tous les bénéfices générés par cette compilation seront reversés intégralement à Greenpeace.
C’est avec ces trois règles simples en tête que Pyramid est donc parti à la rencontre d’autres musiciens afin de leur proposer cette expérience musicale pour la bonne cause, une espèce de page blanche où l’égo est mis de côté et qui permet surtout à ces artistes de s’échapper le temps d’une chanson, ou plusieurs, aux carcans qu’on a fini par imposer à leur nom et par conséquent à leur musique. On retrouve donc au casting de cette dégustation à l’aveugle des noms biens connus tels que Canblaster, Phazz, Bostun Bun ou encore Jeremy Chatelain qui se sont donc laissés aller à ce défi somme toute assez incongru.
Pour l’auditeur, le plaisir est tout autre. Il peut marcher en deux axes : le premier est le plus simple, le plus sensoriel aussi. Il suffit de fermer les yeux et de se laisser emporter au court de ces 13 titres et ces 41 minutes. De se laisser bercer par les émotions qui affluent, les sensations qui nous envahissent et réapprendre à écouter de la musique comme une découverte permanente. On se prête au jeu et on explore cette musique, on fouille, on écoute et on retourne sur les tracks qu’on apprécie le plus, on danse sur Madame ou Call Now, on plane sur Hulking Mess et The Old Caban, on se laisse bercer par la noirceur de Wolves ou la douceur de Sunset & Match. Bref c’est un plaisir de tous les instants et surtout un bol d’air frais pour nos cerveaux bien trop habitués à accoler un peu bêtement un artiste à un genre.
Le second axe est un peu plus intellectuel et transforme the Who Did That? en cluedo musical. Le casque se transforme alors en loupe et nous scrutons les détails, les sonorités, les pulsations qui font qu’on pourra ramener tel morceau vers Pyramid, tel morceau vers Ateph Elidja ou vers Crayon. Nous devenons alors enquêteur aux oreilles attentives, prêt à cocher des noms à côté de Gelato Express ou de Pause IV. S’ensuit alors un travail de minutie, de fourmi de l’écoute et de patience sans fin. Cela tombe bien, comme dit précédemment, tous les bénéfices de cet album seront reversés à Greenpeace. Donc autant multiplier les écoutes le plus possible en transformant cet album en jeu.
Ludique, divers et prenant, Who Did That? est donc un véritable plaisir pour ceux qui l’ont fait comme pour ceux qui vont l’écouter. Une petite parenthèse bienvenue dans un monde où l’égo et le nom prennent de plus en plus le pas sur le talent et la musique. Une manière de ramener la musique au centre du jeu dans ce qu’elle a de plus pur. Le tout pour la bonne cause, alors on ne peut que vous conseiller de (nombreuses) écoutes de ce Who Did That ?. Et si vous avez des certitudes concernant les auteurs de certains titres, on reste à disposition pour en parler avec vous.