Les clips de la semaine # 226

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, voici notre 226ème sélection.

BAASTA! – « ON N’A PAS ESSAYÉ…« 

On ne sait pas si vous l’avez remarqué, mais nous sommes dans une période incertaine, angoissante et notre avenir risque de se jouer ce soir à 20H.

Un terreau idéal pour la colère sourde de BAASTA !. Le duo arrageois nous offre donc un inédit fortuit entre deux parties de CRASH.

Forcément intitulé « on n’a pas essayé… », le morceau laisse un beat électronique bien crade prendre de l’ampleur alors qu’ils utilisent le cynisme qu’on leur connaît bien pour nous rappeler que le monde est dans un chaos indescriptible et que, alors que le Titanic coule, on arrive à se demander si ça ne serait pas une bonne idée de foutre un coup de canif dans le canot de sauvetage.

Pour appuyer leur propos, ils nous balancent une vidéo angoissante faite d’images d’archives forcément très orientés sur la situation politique actuelle, qu’elle soit française ou internationale. Comme toujours BAASTA ! tape juste et tape fort pour nous rappeler qu’on a tous notre mot à dire face au désespoir.

Conclusion : allez voter si ce n’est pas encore fait !

Ménades – Angels Drive Fast

Angels Drive Fast sonne le coup de tonnerre tonitruant annonçant le prochain album du groupe français Ménades. Le clip réalisée par Lise Lunel est un road movie prenant digne des thrillers horrifiques des années 80. À bord d’une Mercedes, une mystérieuse personne s’agite le long de cette route désertée. On sent les ondes machiavéliques prendre le dessus. Le rythme soutenu et emballé des riffs et de la batterie nous rappellent  BRMC. Au bout de trois minutes qui ne laissent aucun répit,  on ressort ensorcelé et conquis de ce titre. On ne s’étonne plus du succès grandissant de ce groupe qui ne cesse de sauter les échelons. Vite, la suite !

ascendant vierge, TDJ – Illusion

Un nouveau son d’Ascendant Vierge pour un deuxième album en approche. Le Plus Grand Spectacle De La Terre sortira à la rentrée. En attendant, Paul Seul et Mathilde Fernandez nous transportent dans leur univers hyperpop – amalgamant aux bouffées gabbers des envolées lyriques – aux confins d’une Illusion dont les contours sont suffisamment flous pour que l’on prenne plaisir à s’y égarer. Une ligne mélodique simple et puissante orchestrée par Paul qui octroie au chant de Mathilde tout son espace d’expression.

Et, parce qu’Ascendant Vierge aime (et sait) nous surprendre – « La vérité s’est fendue, s’est confondue » – une autre voix vient se mêler au flow sonore. Il s’agit de celle de Geneviève Ryan Martel aka TDJ, artiste productrice montréalaise, dont on ressent une gémellité de cœur et d’esprit avec le travail d’Ascendant Vierge. Un moment d’égarement où d’un seul coup nos repères changent pour mieux se redéfinir « Dans une illusion, tu t’es perdu ? ».

Dans la vidéo qui accompagne la sortie d’Illusion, le parti pris par la mise en images est celui d’une sobriété onirique. Fond d’un blanc immaculé où les personnages évoluent et s’échappent portés par des bulles dans lesquels ils apparaissent dans des projections orthosphériques. D’une Illusion à l’émulsion de nos pensées qui s’entrecroisent. Toutes différentes, mais à l’unisson, au moins le temps du morceau, le temps d’une Illusion. Si vous n’avez pas encore expérimenté Ascendant Vierge en concert, courez les découvrir au Zénith de Paris. Ils y seront le 30 novembre prochain. 

urde – CARÉLIE (remix)

Les choses commencent à s’accélérer pour urde. Après une bonne réception critique de son dernier projet Maintenant ou jamais, il en a profité pour l’exploiter sur scène. Un exercice un peu nouveau qui lui a permis d’ouvrir les concerts de Ben PLG. 

Réalisé par Léo-Paul Joseph le clip de Carélie (remix) revient sur cette période de tournée où il accompagne le rappeur du nord. Le choix du morceau n’est pas anodin puisque c’était un ré-arrangement qu’il prenait plaisir à jouer sur scène. C’est, par conséquent, tout logiquement qu’il accompagne ses souvenirs de concerts avec cette bande son.

De la Boule Noire à la Cigale, urde clos un chapitre de sa jeune carrière d’artiste avec un remix qui prouve une nouvelle fois qu’il n’a aucun mal à jongler entre l’exigence du rap traditionnel et l’ouverture musicale de sa forme actuelle. 

Quavo x Lana Del Rey – Tough

Au milieu des années 2010, le groupe Migos dont est issu Quavo fait irruption sur la planète trap. Depuis les traphouses d’Atlanta leurs modes de vies tournent autour de la drogue et d’achats luxueux payés avec de l’argent illégal. De son côté, Lana Del Rey est déjà installée sur la scène mondiale avec des histoires d’amours compliquées imbibées par une ambiance 50/60’s très américaine. En somme, deux propositions diamétralement opposées qui étonnamment se rejoignent une décennie plus tard sur le morceau Tough

Une collaboration marquée d’un clip, réalisé par Wyatt Spain Winfrey épaulé des deux artistes et tourné dans une esthétique qui colle plus à la peau de Lana qu’à celle de Quavo. Effectivement, on est loin des odeurs de bicarbonates de soude qui coupent la cocaïne et émanent d’une maison cloisonnée d’Atlanta. Ici, on est plongé dans une ambiance plus pittoresque, où un grand jardin laisse la liberté aux deux artistes de se retrouver pour laisser parler une complicité qui était jusqu’ici insoupçonnée. 

Laurie Xhaard – Bleu acier

Quand il n’est pas question de Bleu acier des trublions bordelais Order89, c’est celui de la douce Laurie Xhaard. Six mois après un premier clip pour J’ai dansé avec les ombres – qui donnera son nom à l’album à venir pour l’automne 2024 -, l’auteure compositrice est revenue ce mercredi pour clipper Bleu acier.

Après avoir tourné en intérieur, la chanteuse déambule dans les rues de la capitale d’humeur pluvieuse, danse face au ciel ou encore à la Seine. Avec un effet caméscope des années 1990, Laurie Xhaard donne corps à la sortie du brouillard pour faire face à un ciel bleu acier. Derrière la caméra on trouve sa manageuse Faustine Croquison. Laurie Xhaard signe ici une chanson qui lui ressemble : sensible et solaire. Si le clip est en apparence nostalgique, Laurie Xhaard regarde bien vers l’avenir.

Jerge – STADIUM

Mais après quoi court Jerge ? C’est la question à laquelle le clip de Lucie Bourdeau tente de répondre. Le musicien nordiste, qu’on suit depuis un bon moment et qui s’épanouit depuis quelques temps au sein de PPJ, se lance désormais en solo et a dévoilé à la fin du mois de juin son premier EP, Stadium 222, dont est ici STADIUM.

Armé de son vocodeur et de sa guitare, Jerge nous propose une musique épique et hyper entraînante, bourrée de riffs de guitares complètement fous pour une musique au croisement des musiques de films, des 80’s et de la musique électronique.

Dans le clip qui accompagne le morceau, on le suit donc dans une épopée étrange où il semble partir en quête d’un élément manquant lui permettant de se reconnecter complètement dans un univers étrange qui semble vriller de plus en plus vers l’apocalypse. Partant à la poursuite d’un cable jack, Jerge finit par retrouver ce qui lui manque tant pour finir par se transformer en héros (ce qu’il a, au fond, toujours été).

Dude Low – Polyamour

Besoin de douceur ? On vous propose cette semaine de partir sur la route avec Dude Low et son Polyamour, un nectar musical enivrant qui nous permet une échappée bienvenue pendant 3 petites minutes.

Entre sa voix aérienne et ses guitares chaleureuses, le rennais nous invite à reconsidérer l’amour, à partir dans cette quête étrange ou tout devient possible.

Pour accompagner Polyamour, Théo Benzaidi et Tanguy Barot placent Dude Low et sa guitare sur camion pour un road trip en forêt. Alors que les paysages défilent, on se laisse happer par la beauté des lieux, le calme réconfortant de la vidéo qui s’associe parfaitement à la musique pour nous entraîner sur les chemins de l’apaisement et d’une forme de calme dont on manque clairement en ce moment.

Le nouvel album de Dude Low est attendu pour le mois d’octobre prochain, avec une sortie en France mais aussi aux Etats-Unis.

Rosie Lowe – In My Head

Rosie Lowe nous gratifie cette année d’un second single intitulé In My Head, faisant suite à Mood To Make Love.

Ce passage musical est un combat contre des pensées obsédantes et un désir profond d’authenticité. Rosie Lowe chante avec une honnêteté désarmante, avouant sa difficulté à échapper à ses propres réflexions. Ses mots, répétés avec une insistance presque incantatoire, nous plongent dans l’esprit tourmenté de l’artiste, où les pensées tourbillonnent sans relâche. Cette chanson capte gracieusement notre attention grâce à une structure musicale qui met en avant des percussions méticuleusement élaborées. Cette approche rythmique crée une base solide, permettant à la musicienne d’explorer ses thèmes avec une intensité palpable. Les battements réguliers de la batterie résonnent comme le pouls de l’artiste, nous entraînant dans un voyage intérieur où chaque coup de baguette semble accentuer l’urgence des sentiments exprimés.

Elle ne se contente pas de décrire ses tourments ; elle affirme également son droit à être elle-même, sans compromis. Cette déclaration d’indépendance personnelle résonne comme un acte de rébellion contre les attentes sociales et les jugements extérieurs. Elle nous rappelle l’importance de l’acceptation de soi, même lorsque cela signifie embrasser des aspects de notre personnalité que d’autres pourraient rejeter.

À travers une mélodie portée par une rythmique percutante et des paroles introspectives, La compositrice britannique crée une exploration sincère de l’authenticité et de la complexité émotionnelle. Ce single s’impose non seulement comme une pièce musicale captivante, mais aussi comme une déclaration audacieuse qui refuse de se conformer aux attentes, préférant naviguer dans les eaux tumultueuses de son propre esprit.

Clou – Mon épaule

Côme Ranjard – Intraterrestre

Bien que le sentiment de « légèreté » ne soit pas vraiment au goût du jour ces dernières semaines, on revient sur un clip qui fait chaud au cœur, interroge le monde et pose un regard doux et sensible sur notre situation. Si vous ne le connaissez pas encore, le jeune musicien français au registre pop Côme Ranjard a récemment sorti un EP intitulé Intraterrestre.

Le clip du morceau de l’EP au titre éponyme, met en lumière, simplement et malicieusement, les propos de Côme. On le découvre à bord d’une vieille Renault 4L rouge. Pieds nus dans le coffre de la voiture, ou sur son vélo, marche avant, marche arrière bercée par le son de la clarinette, on voit défiler le paysage, plusieurs champs et quelques maisons. Rien d’extravagant, et pourtant on se laisse agréablement porter par la mélodie. On pourrait résumer ce clip à une phrase « Je voudrais simplement sauver mon insouciance ». Quoi de plus simple, quoi de plus doux, que de fermer les yeux par la fenêtre d’une voiture, et laisser le soleil caresser notre visage. Ce titre c’est peut être ça, l’évocation d’un sentiment connu, un rappel pour les simples intraterrestres que nous sommes. 

WORLD BRAIN – Open

Dans l’immensité silencieuse de l’univers, notre Terre tournoie comme une perle précieuse suspendue dans l’éther infini. Open de WORLD BRAIN célèbre cette beauté éphémère et la grandeur insaisissable qui enveloppe notre monde.

Imaginez-vous flottant au-dessus des océans tourbillonnants, contemplant la symphonie vivante des vagues et des courants qui dessinent des histoires anciennes dans le sable. Chaque goutte d’eau, chaque souffle de vent est une caresse de la nature qui nous rappelle l’éternité fragile de la vie sur notre planète.

Dans la douce banalité de nos vies quotidiennes, ce titre nous enseigne à découvrir la magie cachée derrière chaque geste, chaque souffle et chaque instant fugace. C’est dans ces petits détails, souvent négligés, que réside la véritable essence de notre existence.

En regardant au-delà, vers les étoiles qui brillent comme des diamants éparpillés dans le manteau de la nuit, nous ressentons une profonde humilité face à la vastitude insondable de l’espace. Les galaxies se dévoilent comme les rouages d’une horloge cosmique, où chaque pulsation lointaine témoigne de la grandeur mystérieuse de l’univers.

Ou bien, observez simplement un enfant qui découvre le monde avec des yeux grands ouverts. Chaque découverte, chaque éclat de rire est une célébration de la curiosité et de l’émerveillement purs, rappelant à ceux qui regardent que la vie peut être un bijou à chaque instant.

En écoutant Open, nous sommes invités à nous échapper de la routine pour voir le monde avec des yeux neufs, à apprécier la poésie cachée dans les instants apparemment ordinaires.

Valère – Minuit sur le balcon

En légère gueule de bois ou simple spleen quotidien ? L’artiste français Valère a sorti un nouvel EP, aux accents pop, Flegme. Flegme ou flemme ? Une recherche s’impose. La flegme c’est l’attitude de quelqu’un qui garde son calme dans toutes les situations (cf. Larousse). En ce dimanche matin, résonne dans nos oreilles le titre Minuit sur le balcon.

Aïe dès les premières secondes nous sommes confrontés à cette réalité, deux mondes parallèles, qui se succèdent. Costard cravate le jour (ce n’est peut être pas votre cas, mais faisons preuve d’imagination), et grosse soirée la nuit. Un grand verre d’eau; on déambule dans les méandres de l’esprit de l’artiste. On apprécie les plans découpés, se superposant les uns aux autres, l’envers du décor et l’univers décalé. Si l’artiste conserve un regard teinté de fatigue ou de lassitude, son entourage rayonne, de vrais comédiens ou amoureux de la fête. Valère fait preuve d’humour et on note ce regard qui évolue au fil du clip.

Le flegmatique est peut être quelqu’un qui parvient à se détacher de ces émotions multiples, faire un pas de côté, dans la boucle du quotidien.

Bobbie – Losing You 

La voix française de l’Americana Bobbie présente le clip de son titre Losing You, extrait de son premier album sorti en mars dernier The Sacred in the Ordinary, dont elle nous parlait dans notre interview ici

Réalisé par Mathieu Spadaro et filmé à La Folie Barbizon, le clip montre Bobbie, vêtue de noir, déambulant seule dans une atmosphère rouge feutrée, que l’on peut s’imaginer figurative d’un état intérieur de chagrin et de perte de repère. La chanson est en effet inspirée du film Breathless, dans lequel Jean Seberg demande à Jean-Paul Belmondo: « Between sorrow and nothingness I choose sorrow. And you, what would you choose? » Entre le chagrin et le néant, Bobbie était persuadée de préférer le néant, plus paisible. Mais in fine, le chagrin et le deuil d’une relation passée ne durent pas pour toujours, et il nous reste le plus important, le sentiment que l’on a aimé, et été aimé.