Dévoilé en juin dernier, l’histoire du Breakup Songs de Silly Boy Blue se joue désormais sur scène. C’est en tout cas là qu’elle nous entraine pour son nouveau clip. Un choix logique pour 200 lovesongs, un morceau qui porte en lui la relation que l’artiste vit avec son public.
Est-ce que les chansons d’amour parlent toujours d’amour ? D’une relation à deux qui se joue comme des montagnes russes ? Des montées et des descentes, des déchirements et des réconciliations, des sentiments qui vibrent et se détruisent parfois en un clin d’œil. C’est comme ça qu’on voit les chansons d’amour, comme un instantané d’une histoire qui se transforme en universel car on l’a tous vécu.Mais est-ce que 200 Lovesongs de Silly Boy Blue est-une de ces chansons ?
Si on l’observe de manière superficielle sans doute, le morceau portant en lui tous les éléments de la lovesong parfaite : des cris, des larmes, des doutes, le tout porté par un beat puissant et guerrier qui la transforme assez étrangement en petit tube dancefloor et défouloir pour nos moments de colère, ceux où l’on a besoin de tout fracasser.
Pourtant, si l’on va plus en profondeur, si l’on observe à la loupe 200 lovesongs et qu’on l’écoute encore et encore, une autre image émerge du brouillard des sentiments. Et comme chez Silly Boy Blue l’amour se joue à tous les niveaux, toujours puissant et intime, il semblait logique qu’un de ses morceaux porte sur la relation qui se construit en ce moment même : celle d’une artiste et de son public. 200 Lovesongs pour une seule histoire d’amour.
Comme l’a dit un jour Pascal Obispo, si parfois on existe, c’est pour être fan. On a tous un jour ou l’autre aimait quelqu’un au point de fantasmer sa vie, de l’imaginer vivre des aventures incroyables, allant de salle en salle et recevant l’amour fou d’une foule conquise. On les a un peu envié ces moments, voulant à notre tour les vivre. Mais tout-ceci est-il aussi beau qu’on l’imagine ? Et que ce passe t’il derrière la porte d’une chambre d’hôtel lorsque les lumières de la scène s’éteignent ?
C’est sur tout cela qu’Ana met des mots. On le sait, on l’aime pour ça et Breakup Songs nous l’a fatalement prouvé : la jeune femme n’est jamais aussi forte que pour sublimer des moments d’intimité et de doute, nous raconter ses histoires vécues et nous les offrir du bout des doigts. Et cette histoire là, elle nous concerne plus que d’autres. Si elle nous les présente au débart, Silly Boy Blue brise rapidement la carapace de force pour laisser exploser ses faiblesses.
Car dans les chambres d’hôtel plein de solitudes, lorsque les lumières de la scène sont éteintes et que le vide attaque, les craintes et les hésitations reviennent en force. Les interrogations sans réponses et un syndrome de l’imposteur qui pointe souvent le bout de son nez. C’est tout cela qu’elle nous raconte, un journal intime ouvert devant nos yeux, auxquels on a envie de donner des réponses.
Mais au final, la meilleure des réponses, tient sans doute dans la vidéo de Jeanne Lula Chauveau. En transposant ce morceau sensible là ou il se doit de prendre vie : la scène. Loin des appréhensions et des questionnements, la vidéo joue le rôle de réconfort, nous entrainant avec Silly Boy Blue au cœur des tournées, des moments de grâce et des rencontres avec les gens qui aiment sa musique. Un moment de légèreté suspendu qui permet de ramener du sens à ce qu’elle fait et de nous rappeler pourquoi on l’aime plus que tout : cette vulnérabilité assez dingue qu’elle nous transmet et qui nous fait vibrer.
« Is it worth it? Am I worth it? » nous demande t’elle. On laissera cette interrogation sans retour tant la réponse nous semble évidente.
Crédit photo : Caroline Jollin