2021 – Les coups de cœur de La Face B – Acte VI

Si 2021 aura été une année presque aussi étrange que la précédente, elle aura vu malgré tout le retour à une certaine normalité. Surtout, elle aura été une année musicale très riche et foisonnante. La rédaction de La Face B a donc sélectionné ses albums favoris de l’année. Aujourd’hui, c’est notre rédacteur en chef qui vous dévoile les quatre albums qui ont marqué son année.

Silly Boy Blue – Breakup Songs

Si il ne devait en rester qu’un … J’ai toujours eu énormément de mal à faire des choix, à décider, à faire des tops. Mais il y a des choses qui sonnent comme des évidences, que ce soit dans la spontanéité ou dans la réfléxion.

Si je ne devais garder qu’un album de cette année 2021, ce serait celui de Silly Boy Blue. Tout d’abord car je ne suis pas un « journaliste » et que mon amour pour cet album est guidé par toute l’affection et l’amour que je porte à Ana. Cela étant, si cet album est une grande réussite pour moi, c’est peut être tout simplement parce que cet album est un miroir à peine déformant de ce qu’elle est : une personne sensible,un peu dramatique par moment, souvent drôle et remplie d’une humanité qu’on ne trouve que rarement chez un être humain.

Avec Breakup Songs, Silly Boy Blue a réussi à faire une chose assez formidable : faire de ses histoires les notre. Une relation particulière se noue à l’écoute de ces 12 morceaux, et la sensation presque impudique à la base se transforme au fur et à mesure en cette chose toute simple : mais moi aussi j’ai vécu tout ça.

Si j’aime tant cet album, c’est parce qu’il est porté par cette générosité dingue, ce besoin fou de se mettre à nu pour montrer aux autres qu’on peut vivre et s’en sortir en étant vulnérables et plein.es de doutes. Ici, on parle d’amour, de sexualité, d’amitiés, de tristesse et de joie, le tout avec une douceur et une véracité qui touchera tous ceux qui ouvriront la porte à ces Breakup Songs. Pour moi, ces 12 morceaux sont un lent chemin vers l’acceptation, une histoire qui va à contre courant de ce que son titre laisse entendre.

Et puis, il y a la production qui, je trouve, a tout autant d’importance que les paroles, qui vient renforcer les textes que ce soit dans le minimalisme bouleversant de Creepy Girl et Lantern, des cordes et des choeurs de Hi It’s Me Again, des côtés très lumineux de Goodbye et Teenager ou encore des influences anglo-saxonnes et savoureuses de 200 Lovesongs et 22.

Plus qu’un premier album, Silly Boy Blue aura créé avec Breakup Songs un pont entre elle et les gens, le début d’une relation qui se vivra sans aucun doute sur le long terme.

J’étais tombé en amour de sa voix et de sa musique avec But You Will, ce premier album n’aura fait que renforcer cette sensation, tout en me surprenant pour mon plus grand bonheur. Et toutes les larmes versées à son écoute seront là pour le confirmer.

Martin Luminet – Monstre

Parfois, lorsqu’on écoute un artiste pour la première fois, on a cette sensation étrange de découvrir une musique qui semble avoir été écrite pour soi, comme un miroir étrange, et un peu flippant, de toutes nos failles et de nos interrogations.

Lorsque j’ai découvert Martin Luminet en 2020 avec son premier titre, son Cœur a transpercé le mien. Un morceau brutal et sincère, mais en même temps écrit à l’encre de son sang et de ses larmes. Un titre qui ressemblait comme un cri puissant mais écrit et pensé sur le long terme pour que tout soit en place, que les mots coulent avec douceur et évidence, porté par une production à la fois minimaliste et percutante, surélevée par des chœurs entêtant.

En cette fin d’année 2020, un peu à genoux par tout ce que j’avais pu vivre au cours des derniers mois, un garçon de 30 ans me glissait à l’oreille des mots qui me collaient à la peau comme une chemise un soir d’été ensoleillé.
Je peux le dire, je suis tombé amoureux de ce garçon et de ces mots dès la première écoute, un sentiment enivrant qui ne m’était pas arrivé depuis un moment.

Et puis, Martin a continué son travail de sape, détruisant petit à petit la carapace que je pensais m’être crée face au Monde. Un second titre, plus épique, plus virulent, littéraire et mouvant qui m’a fait réaliser cette chose assez évidente : je ne pouvais que plier genoux devant Martin Luminet.

Le reste, c’est un EP ébouriffant de 5 titres, lettres musicales d’un Monstre pas comme les autres. Magnifique et son sens de la déconstruction assez dingue, qui prend à contrepied l’egotrip pour faire des faiblesses et des fêlures une force vitale, une force motrice.

Vodkaromance qui le laisse tourner son regard sur les autres avec cette basse imparable et cette montée folle qui nous envahit comme un virus, puis Amour qui clôture ce premier chapitre musical en nous rappelant une chose : dans la vie, on n’est jamais vraiment seul et il n’est jamais trop tard pour se déconstruire et se reconstruire.

Je l’ai beaucoup dit au cours de l’année 2021, mais j’ai une affection assez folle pour ce grand garçon au cœur tendre, et concernant Martin Luminet, il est pour moi certains que l’amour ne durera pas trois ans. Vivement la sutie donc.

Gaspard Augé – Escapades

En voilà un album qui porte divinement bien son nom et ou le pluriel prend tout son sens. En 2021, Gaspard Augé nous aura donc convié à ses premières Escapades en solitaire et j’ai personnellement plongé dedans comme un enfant face à un paquet de bonbon.

Il faut dire que le bonhomme avait frappé fort dès le départ avec Force majeur, un titre urgent, dansant, festif et qui annonçait clairement les ambitions de cet album : nous offrir un album de pop orchestrale épique, à la fois accessible et exigeant.

Parce que oui, on peut faire de la musique électronique sans prendre les gens pour des idiots et en ayant en tête l’influence des grandes bandes originales des années 70 et 80 qui avaient le pouvoir de vivre aussi bien avec que sans les images.

Escapades, c’est avant tout une porte ouverte sur l’imagination, un album qui aura amené à mon esprit tout un tas d’images, que ce soit de la science-fiction, des épopées médiévales ou des histoires comiques et pleines de non sens.

C’est un album accueillant, comme l’indique son premier titre, Welcome, et qui nous entraine par la suite dans des dimensions variées toutes portées par un sens de la démesure et de la mélodie qui claque fort et bien.

C’est un album qui s’écoute dans son entierté pour apprécier totalement toutes ses variations, pour pouvoir apprécier la puissante chevauchée de Hey! et ensuite se reposer avec un grand sourire en écoutant Captain, pour voyager avec Casablanca et se laisser happer par les harmonies et les arpèges de Vox.

C’est un album qui se termine par ce qu’il nous aura apporté pendant 40 minutes : des rêveries.

J’ai énormément écouté cet album, qui m’aura aussi ramené à un autre album phénoménal : Audio, Video, Disco. de Justice. C’est un album que je cesse d’explorer tant il continue de me surprendre encore et encore. Les Escapades de Gaspard Augé sont une douceur dont ont ne se lasse jamais de découvrir les saveurs.

Chevalrex – Providence

Terminer cet article avec élégance, signifiait forcément terminer cet article avec Chevalrex.

J’ai toujours trouvé que l’élégance était un élément important de la pop française, quelque chose qu’il ne fallait pas négliger et une chose est sûre, elle a toujours été présente dans la discrographie de Chevalrex.

Il fait parti pour moi des artisans, à l’image de son camarade Thousand avec qui il partage sur l’album une rose est une rose, merveille érotico-amicale qui fait parti des grands moments de ce bien nommé Providence.

Mais à vrai dire, il est assez compliqué de détecter un moment de faiblesse dans un album qui semble être composé de rouages comme des pièces d’orfévreries qui donnent dans leur entierté une oeuvre assez folle, grandiose et épatante.

En son coeur, Ophélie et Ophélie Suite, deux morceaux complémentaires, poétiques, hypnotisants. Un sommet d’écriture et de composition aussi fort dans la délicatesse que dans une colère sourde qui nous frappe. Autour, je pourrais parler de la cavalcade effreinée de Tant de Fois, de la Tombe de Jim qui met les poils et les larmes aux yeux à chaque écoute, mais aussi de la légereté bienvenue de Dis à ton mec ou de Au crépuscule et Désirade qui jouent parfaitement leurs rôles d’ouverture et de clôture.

Providence est un grand album de pop, un grand album de chanson française, un grand album tout court. Avec ce nouvel pous, Chevalrex fait la synthèse de tout ce qu’on a pu aimer dans ses précédents albums et sublime le tout en se faisant moins cryptique et plus ouvert dans ses paroles.

De l’exigeance et de l’élégance pour un album qui aura profondémment marqué mon année 2021.