French 79, « Il fallait que je parle de cette période »

À l’occasion de la sortie de son nouvel album Teenagers, nous avons pu nous entretenir avec Simon Henner, plus connu sous le nom de French 79. 

La Face B : Salut Simon ! Merci beaucoup de m’accorder un peu de ton temps. Comment tu vas ?

French 79 : Bien écoute, je vais très bien ! Je suis chez moi à Marseille, je profite des derniers jours un peu tranquilles avant la sortie de l’album.

La Face B : Top ! Du coup pour parler de l’album, tu sors bientôt Teenagers, ton nouvel album. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ?

French 79 : C’est un album que j’ai pris le temps de faire. En tout cas j’ai pris mon temps pour faire cet album, on sortait d’une période un petit peu difficile. Avec le Covid, la fin des concerts tout ça. C’était un petit peu compliqué. 

J’ai quand même pris mon temps pour essayer de faire quelque chose de bien. J’ai surtout d’essayé d’être cohérent en racontant un peu une histoire qui se suit d’un titre à l’autre. Il m’est vite paru assez évident qu’il fallait que je parle de cette période pour moi très constructive et éducatrice. Que ce soit en termes de musique et d’autres choses aussi qui était mon adolescence. 

Je trouvais que c’était un bon axe pour essayer d’y dévoiler un peu plus de ma personnalité. En tout cas d’essayer de transcrire ce que j’ai eu comme sensations à cette époque-là en musique.

La Face B : D’accord. En gros l’angle que tu as pris pour l’écriture c’est de beaucoup évoquer le temps qui passe et la progression ?

French 79 : Ouais c’est ça, c’est la progression puis c’est surtout cette période-là de teenager qui est quand même pour moi fondatrice parce que c’est une période ou, comme plein de teenagers, j’ai découvert l’amour, la musique tout ça. Mais surtout pour moi c’était la liberté. 

Je pense et je trouve que c’est encore comme ça, c’est quand même une époque où on découvre la liberté, on quitte ses parents, la première fois qu’on a un scooter. Voilà des espèces de petites choses un peu anodines comme ça mais qui à mon avis, en tout cas moi m’ont marqué pour toute ma vie quoi. 

La Face B : Du coup ce que tu disais on le voit par exemple dans le clip de Life is Like. C’est une boucle dans laquelle on te voit toi dans trois périodes de ta vie. Est-ce que cette idée-là elle t’es venue du fait d’une vague de nostalgie ou c’est vraiment une direction qui était assumée ?

French 79 : Non en tout cas c’était pas spécialement une chose qui était impérative. On essaye de construire les clips et tout ce qui est visuel avec mes amis d’enfance qui sont les Cauboyz. On essaye toujours de faire des choses assez cohérentes avec les morceaux avec la direction que prend l’album. Donc on a eu cette idée-là. On en avait plusieurs mais c’est celle-là qui nous paraissait la meilleure. 

La Face B : Tu parlais de tes clips et du fait que tu les faisait avec tes amis d’enfance, les Cauboyz. Il n’y a pas qu’un clip qui est sorti pour la promotion de l’album. Comment est-ce que vous avez abordé la mise en image de cette musique-là ?

French 79 : On aborde ça toujours un peu de la même façon c’est-à-dire qu’on en parle beaucoup avant. On parle beaucoup de ce que j’ai exprimé dans les morceaux. Je leur fait des longs textes en essayant d’expliquer ce que j’ai ressenti, ce que j’ai essayé d’exprimer avec ce morceau. J’essaye de mettre des mots sur ce que j’essaye de faire ressentir aux gens avec un album. 

J’essaye toujours d’en écrire le plus possible pour qu’une fois qu’ils aient ces textes-là, laisser libre-court à leur propre interprétation. Pour moi c’est important de bien choisir les gens qui m’entoure, mais une fois que je les ai choisi je les laisse vraiment faire ce qu’ils veulent. Je suis quand même toujours partisan de mettre en avant le dicton « Chacun son métier ». Tu vois toi ton métier c’est de faire des interviews, bon et bien moi je ne sais pas faire.

Chacun son métier et pour tout ce qui est vidéo et visuel j’essaye au maximum de m’appliquer avant en donnant des directions et une fois que j’ai tout donné et que je me suis bien entouré, je laisse le champs libre pour faire ce qu’ils veulent. 

Après une fois qu’ils ont des idées d’interprétation de tout ce que je leur ai dit, on en reparle ensemble, on fait des ajustements. Mais voilà, j’aime bien que le fondement parte de moi, mais qu’après son développement vienne de personnes extérieures. 

La Face B : Oui donc au final tu donnes une base puis après tu laisses faire ?

French 79 : Ouais voilà exactement. Je suis pas réalisateur, je suis pas scénariste, je suis pas clippeur. Moi je suis musicien donc je donne ma principale base, la mienne c’est quand même la musique. Après je passe plus de temps à chercher avec les gens à qui j’ai envie de faire confiance et une fois que j’ai trouvé ces personnes-là, que je leur fais confiance, après c’est bingo je les laisse faire ce qu’ils veulent. 

La Face B : Oui et puis vu que ça fait plusieurs années, je suppose que c’est assez automatisé. Ça va vite comme processus ?

French 79 : Ça va d’autant plus vite et en plus je trouve qu’il y a une cohérence entre le début et la fin. C’est aussi ça souvent le problème dans les clips. C’est pas comme un film ou une série ou ça se passe en une fois ou en plusieurs épisodes qui se suivent. Si sur un album tu commences à faire un clip avec tel réalisateur puis un autre avec tel réalisateur, tu peux pas t’amuser à avoir une esthétique un peu particulière et pas forcément des clips simples où on voit ta tête.

C’est des clips qui pour moi n’ont pas vraiment d’intérêt. Je trouve que le principal problème en général quand on a plusieurs réalisateurs qui s’occupent de ça c’est d’avoir une cohérence. Le fait de travailler avec le même réalisateur forcément t’as une cohérence. 

La Face B : Oui forcément ! Pour revenir sur l’album, est-ce que tu saurais me dire combien de temps ça t’as pris de finir Teenagers ?

French 79 : Alors finir c’est un grand mot. Je pense que je suis un peu comme tous les artistes, c’est-à-dire que je compose un peu souvent entre les concerts, dans les transports, une fois que je rentre de tournée ou des choses comme ça. Après je dirais plus que la création d’un album elle commence à partir du moment où on a une ligne directrice et qu’on commence à choisir un peu dans toutes les boucles qu’on a accumulé et comment on pourrait terminer les morceaux. Réfléchir à comment on pourrait les faire évoluer pour pas que ça devienne redondant les uns avec les autres. 

Et ensuite de finir des morceaux un peu en dernière minute, ça j’aime bien toujours m’en garder sous le coude. Histoire de me dire que si j’ai dix titres qui sont bien, je vais essayer d’en mettre deux. J’aime bien avoir des morceaux à écrire, à composer et enregistrer dans l’urgence. En gros je dirais que cette période-là elle a duré à peu près six mois ou un an. C’est pas évident à dire. En tout cas ce qui est sûr c’est que j’avais commencé à faire ça pendant les confinements et que c’était plutôt nul. J’avais plutôt tout jeté à la poubelle, c’était pas bien. 

En fait je me suis aperçu qu’on a quand même besoin, enfin en tout cas moi j’ai besoin de vivre des choses intéressantes à l’extérieur pour que je puisse aller m’enfermer dans un studio et sortir des trucs un peu mieux que quand il se passe rien dans ma vie. Cette période de Covid pour moi elle a pas du tout été productive.

La Face B : Ouais donc toi tu as besoin de vivre des choses qui t’inspirent pour créer des choses qui te plaisent ?

French 79 : J’ai besoin de ça ouais. Il y en a qui ont besoin d’être malheureux, d’autres qui ont besoin d’être amoureux, d’être tristes, dans la merde, heureux, moi j’ai besoin de vivre un peu des choses en dehors de la musique. C’est plutôt ces choses-là qui vont m’inspirer que d’autres musiques, tout ça. J’essaye plutôt d’avoir des images, des émotions, des sentiments dans la tête au moment où je compose. 

La Face B : Et pour la réalisation de ce nouvel album tu as pu travailler dans des studios assez prestigieux. Tu en as parlé sur tes réseaux sociaux. Tu as notamment bosser dans celui de Jean-Michel Jarre ou encore au Miraval. En tant que musicien et fan de musique, qu’est-ce que ça te fait de pouvoir avoir accès à ce genre d’endroits qui est chargé en histoire ?

French 79 : C’est un truc de fou hein ! C’est-à-dire que forcément tu touches un petit peu du bout des doigts l’histoire de la musique dont je ne fais pas partie, mais avec laquelle j’ai grandi. Donc forcément quand tu te retrouve devant les synthés de McCartney, de Balavoine, des Doors, ce genre de personnes-là, c’est sûr que quand tu mets les doigts là-dessus, ça fait quand même chaud au cœur. T’as un peu l’impression de rentrer chez les grands. C’est pareil quand j’étais chez Miraval, j’ai utilisé la même reverb que Pink Floyd quand ils ont fait The Wall. Même si ça s’entend pas, que tu peux faire ça un peu ailleurs. J’aurais pu faire exactement comme avant, c’est-à-dire tout chez moi, ça aurait rien changé. 

C’est juste qu’à partir du moment où on te permet de faire ce genre des choses-là, moi j’ai sauté dessus parce que c’est des petits rêves de gosse. C’est plus personnel, je pense pas que ça change la face de l’album, ni la production, ni le son. Mas voilà c’est toujours plaisant de faire ce genre de choses-là. Donc quand tu as l’opportunité de le faire, il faut le faire.

La Face B : Du coup c’était plus une manière d’assouvir le fantasme d’un gars qui aime la musique ?

French 79 : Ouais c’est ça. C’est tout à fait ça (rires).

La Face B : Pour faire le parallèle entre tes deux derniers projets, celui qui précède Teenagers est un album concept articulé autour du récit de la vie de Lou Reed. Qu’est-ce que toi ça te change dans ta manière de créer de ne pas avoir ce focus narratif ?

French 79 : Après je te dis j’avais quand même un petit focus narratif qui était l’adolescence, la liberté, toutes ces choses-là. J’essaye quand même toujours d’avoir un petit peu ce genre de trucs dans ma tête quand je fini de composer, quand je produis, quand j’arrange des morceaux, quand je fais des structures ou le track-listing de l’album, ça aussi c’est important. Toutes ces choses-là j’essaye quand même de les avoir un peu dans un coin de la tête. 

J’essaye de pas d’aller au hasard. Après c’est sûr que sur l’album de Lou Reed, il y avait une trame beaucoup plu construite et un truc ou ça file droit, c’est facile parce que tu sais de quoi tu parles, t’as toute une histoire à raconter du début à la fin donc tu la raconte. C’est pour moi presque plus facile d’avoir une ligne directrice comme ça, plus assumée, que de ne pas en avoir. C’est plus facile de donner un titre à une chanson quand il y a des paroles que quand il n’y en a pas. Quand c’est de la musique purement électronique c’est pas toujours facile de donner un titre correct à un morceau parce que tu veux pas que les gens l’écoute de telle façon. Tu veux pas sortir un mot complètement bateau. 

Je trouve que c’est plus facile d’avoir une ligne directrice et un album avec beaucoup de paroles. C’est plus facile d’être cohérent dans ce cas-là que de ne pas l’avoir. Sur Teenagers j’ai quand même essayé de garder un peu cet état d’esprit dans la tête pour rester cohérent du début à la fin. 

La Face B : Oui parce qu’au final la difficulté c’est que c’est beaucoup plus large comme thématique.

French 79 : Oui voilà, comme la musique électronique, c’est plus large. En tout cas, c’est surtout plus large sur la manière dont tu peux ressentir les émotions en écoutant ce genre de musique-là. Quand il y a des paroles, forcément tu es vite dirigé vers une émotions précise, les paroles traitent de ce sujet-là. Quand il y a pas de parole, chacun peut vraiment interpréter comme il le veut donc c’est différent. 

La Face B : Ce nouvel album tu l’introduis avec un morceau qui s’appelle « One for Wendy ». Pourquoi ce titre-là en morceau d’introduction ?

French 79 : Alors « Wendy » c’st un hommage à Wendy Carlos. Un des premiers personnages publics transgenres, dans ce cas c’est un homme qui s’est transformé en femme. C’est une pionnière des synthétiseurs, des musiques de films, pour les films de Kubrick par exemple. C’est un monstre des synthétiseurs et on en avait beaucoup parlé avec Jean-Michel Jarre tout justement. On avait eu une discussion là-dessus et voilà, c’est une sorte de petit hommage pour Wendy Carlos

La Face B : Ok top ! Tu es crédité à la composition sur tous les morceaux de l’album, mais il y a un morceau où tu n’es pas crédité seul, c’est le morceau « You Always Say », qui est une collaboration avec Prudence. Est-ce que tu pourrais me dire comment ce titre s’est fait ? Comment il est né ?

French 79 : On s’était déjà rencontré un peu avant mais surtout je savais très bien que la voix d’Olivia allait toujours matcher avec mes productions. Ça va peut-être être un peu philosophique ce que je vais dire, mais son timbre de voix est pour moi dans les mêmes émotions que mes suites d’accords. Ça faisait longtemps que je voulais qu’elle chante sur l’un de mes morceaux, et quand je lui ai proposé elle a de suite accepté.

Je lui avais envoyé quatre ou cinq titres susceptibles de lui plaire, en sachant qu’il y en avait en particulier que je pensais vraiment fait pour elle, et en fait elle a directement choisi celui-là. C’est quand même bien tombé, assez facilement. Ça s’est fait assez facilement, elle habite à Biarritz, j’habite à Marseille. On s’est dit qu’on allait pas se faire chier à aller en studio sur Paris, donc chacun a fait ça tranquillement chez lui et on s’est envoyé ça par internet. On s’est vu récemment pour faire le clip mais sinon on a fait beaucoup de choses par internet. 

La Face B : Pour continuer un peu sur les collaborations, t’es pas quelqu’un qui est réfractaire à ça. Si toi, en oubliant toute notion de possibilité, si tu devais choisir un artiste avec lequel tu devrais faire un morceau, tu choisirais qui ?

French 79 : J’essaierais d’être un peu original, de renouer un peu avec ce que j’écoutais avant. J’essaierais d’atteindre quelqu’un qui m’a toujours fasciné. Je collaborerais avec quelqu’un qui fait quelque chose de complètement différent de ce que moi je fais. Je dirais Lenny Kravitz

La Face B : Oh oui ! Ça ça pourrait être pas mal ! Je te verrais bien avec Lenny Kravitz.

French 79 : Non mais tu vois, je pense que c’est plutôt cool les collaborations comme ça. Moi en tout cas celles qui m’ont marqué c’était plutôt les trucs du genre Aerosmith et Run D.M.C, ce genre de truc-là où tout d’un coup tu te dis que c’est incroyable et qu’en plus ça matche. 

La Face B : Après pour le coup ce genre de collaboration c’est tape à l’œil, c’est intrigant, mais c’est peut-être aussi un peu casse-gueule.

French 79 : Ah oui complètement, mais c’est tout justement ça qui est bien ! Soit tu te casse la gueule, soit c’est un carton. On est là pour faire ça, on est pas là pour faire le truc ultra attendu et facile. C’est mieux ça je trouve. Et puis si on se casse, on se casse la gueule. C’est pas très grave.

La Face B : Oui, des ratés ça arrive (rires) ! Dans ta musique, c’est entièrement subjectif, je perçois une sorte de subtilité, quelque chose qui est très fin et très raffiné. C’est quelque chose que toi tu as envie d’insuffler à l’album ou dans ta musique en générale ? Ou alors c’est quelque chose qui vient très naturellement ?

French 79 : Moi de toute façon je fais de la musique pour moi, et le plus important à mon sens c’est de transmettre une émotion. Cette émotion elle peut passer par plein de choses. Après j’essaye souvent de la faire passer par une suite d’accords, une mélodie. C’est vrai que les arrangements à côté j’y passe beaucoup de temps. Mais pour moi l’essence de la musique, c’est quand même l’émotion. Donc après il y a plein de manières de transmettre ces émotions-là. Ça peut être par des petits arrangements, juste une petite note ou un petit renversement d’accords.

C’est des petites choses comme ça qui peuvent être parfois assez fines, mais qui changent tout. C’est là que ça va un peu titiller ton cerveau et te rappeler un truc que tu as vécu ou alors penser à un bouquin que tu as lu, un film que tu as vu, une fille dont tu rêves, plein de trucs. Des fois ça peut être assez fin mais ça peut se jouer un peu partout. En tout cas moi j’essaye au maximum d’être fin dans mes choix et juste pour pouvoir essayer de toucher cette petite case qui va te faire ressentir des émotions.

La Face B : Ouais c’est un peu rechercher la petite aiguille dans une botte de foin.

French 79 : Ouais c’est peu ça, c’est pareil. Après j’ai rien inventé dans la musique donc forcément quand tu poses quatre accords et une mélodie. Ça s’est déjà tellement fait et refait que des fois il faut aller chercher un petit peu plus loin. C’est comme les rythmiques sur la musique électronique. Au bout d’un moment tu sais très bien que ça va être compliqué d’inventer une nouvelle rythmique. Tout a forcément été déjà fait dans un endroit. Donc après c’est des petits mélanges entre des trucs pour être nouveau. Cette petite aiguille dont tu parles, c’est souvent ça qui peut faire de la différence.

La Face B : Tout à l’heure tu disais que ce qui t’influençait quand t’écrivais c’est les choses qui se passent à l’extérieur du monde de la musique. Est-ce que malgré ça tu as des albums ou des artistes en particulier que tu considérerais comme étant des influences pour Teenagers ?

French 79 : J’essaye toujours de pas m’influencer, en tout cas quand je suis en période de composition d’album, j’écoute pas de la musique qui ressemble à la mienne. J’ai toujours peur de faire du plagiat, même sans le vouloir. Forcément, inconsciemment si tu écoutes et écoute, c’est un truc qui va te rediriger à faire la même chose. J’essaye toujours d’écouter d’autres choses différentes quand je fais un album. J’écoute du Rock, du Jazz, des trucs comme ça. 

Plutôt que des albums je dirais qu’il y a surtout des groupes fondateurs de la musique électronique qui ont fondé mon amour pour cette musique-là. Je dirais qu’il y a Tangerine Dream, Depeche Mode. C’est des trucs que j’écoutais quand j’étais ado et ça m’a beaucoup marqué. J’ai eu une période où j’aimais pas la musique électronique, et en fait quand ça m’a de nouveau plu, je me suis dit que quand j’étais plus jeune j’écoutais ces groupes-là qui m’ont tout de suite fait prendre conscience que j’aimais bien la musique faites par des synthétiseurs.

La Face B : Tu disais que tu écoutais ça quand tu étais ado, est-ce qu’aujourd’hui tu suis encore l’actualité de ces groupes-là ? Par exemple Depeche Mode a sorti un album il y a pas longtemps. Tu l’as écouté ou tu l’as juste vu passer sans te pencher dessus ?

French 79 : Bien sûr j’ai écouté, avec attention hein. C’est quand même un groupe dans la musique électronique qui est phare. Je trouve ça important, en tout cas moi je suis allé l’écouter leur dernier album.

La Face B : Et du coup tu en as pensé quoi ?

French 79 : J’ai pas non plus adoré, mais je pense quand même qu’il y a des choses trop bien et qui sont hyper intéressantes. 

La Face B : Aujourd’hui toi tu fais partie des noms qui sont quand même assez importants dans la scène électronique française, ce qu’on appelle la French Touch. Tu es un artiste qui est quand même assez reconnu dans cette scène-là. Déjà est-ce que toi tu t’en rends compte ? Et ensuite comment tu vis ce statut-là ?

French 79 : Franchement, je pense que je pourrais répondre non et non à tes questions. D’une je m’en rends pas trop compte, mis à part quand des fois on m’en parle, comme toi tu m’en parles. Mais je me considère à des années lumière du talent de ceux qui ont créé la French Touch, Phoenix, Air, Daft Punk et compagnie. Jamais je n’oserai me comparer à eux.

Après c’est sûr que j’en profite beaucoup de la notoriété qu’ils ont réussi à apporter. Ils ont forcément changer ma ve parce que c’est grâce à eux qu’on est reconnu dans le monde entier aux États-Unis, en Asie. C’est la musique française qui s‘exporte le mieux dans le monde, et c’est grâce à eux. Donc après quand on dit que je fais partie de ce groupe-là, je préfère toujours dire que non, je profite d’eux et de ce qu’ils ont pu apporter à la musique.

La Face B : Oui ok, je vois. Avant de finir mes interviews, il y a une question que j’aime bien poser aux artistes. Est-ce que ces derniers temps, il y a des artistes ou des albums que tu écoutes régulièrement ?

French 79 : En ce moment pas trop. Récemment j’ai beaucoup écouté l’album de Jai Paul. Tu connais l’histoire de ce gars-là ?

La Face B : Du tout non, je connais de nom.

French 79 : Il a sorti deux morceaux, Jasmine et BTSTU, ça devait être en 2012 ou en 2013. Quand il a sorti ces deux morceaux-là qui sont des OVNI, tout le monde a crié au génie. Radiohead et les autres artistes du genre avaient crié au génie. Tout le monde disait que c’était le nouveau mentor de la musique électronique. Tout ça tout en restant très discret. C’est vrai que la production de ces deux morceaux-là c’était hallucinant. Il avait plus rien fait depuis quinze ans je crois, et récemment il a sorti un album. Il a raconté l’histoire, il devait sortir son album à cette époque-là, et son album avait leak sur internet. C’était des maquettes hein. 

Du coup il a dit qu’il arrêtait la musique. Depuis il avait plus rien fait, il n’a pas sorti son album. Et il y a deux ou trois mois il a sorti cette album-là. C’est vrai que c’est rigolo, il doit y avoir vingt titres, des fois des petits trucs qui durent quinze secondes. C’est les maquettes de l’album. Il y a des morceaux qui sont finis, d’autres pas du tout. Et effectivement c’est un peu une claque en termes de production, de gestion du silence. Des petits trucs comme ça qui sont assez incroyables. Il a encore prouvé en sortant ce truc-là que c’est un OVNI.

Il a aucune promo, je sais même pas s’il a un compte Instagram. Là il était à Coachella, tout le monde l’a acclamé quand il est arrivé. Tu vois, il y a une espèce de toute une histoire autour de cette artiste. Et quand t’écoutes son album, tu comprends pourquoi il y a telle ou telle chose. Voilà, c’est l’album que j’ai écouté récemment. 

La Face B : Top ! Et bien merci beaucoup de m’avoir accordé de ton temps. Prends soin de toi, à la prochaine !

French 79 : Salut, à la prochaine !