Huit, c’est le nombre d’années durant lesquelles Blur fût absent, restant silencieux. Il y a six mois à peine, les quatre membres du groupe se sont réunis, évoquant la possibilité d’enregistrer un nouvel album. Quelques semaines et beaucoup d’heures de studio plus tard, les britanniques sortent The Ballad of Darren, le neuvième disque de la formation.
Le titre du projet donne de suite le ton des 36 minutes, un ensemble globalement calme et apaisé. On retrouve un ton de voix toujours nonchalant mais très doux de Damon Albarn. Les fûts de Dave Rowntree sont partiellement remplacés par une boîte à rythme et la section mélodique s’aligne à la couleur du chant. Graham Coxon et Alex James fournissent un travail au demeurant discret, mais primordial tant il contribue à l’ambiance du projet.
L’écriture alliée à la production très soignée et sa grande simplicité apparente vient conférer une facilité d’accès ravissante à The Ballad of Darren. Ce dernier dégage une certaine candeur, une nonchalance typiquement britannique qui donne encore plus de charme à l’ensemble. Le chant de Damon Albarn alterne entre une mélodicité subtile et touchante et une froideur digne de la vague de Post-Punk anglaise.
Le gros point fort de Blur est ici d’échafauder des morceaux aboutis avec des idées pourtant simples et directes. Ce retour offre la fleure fine de ce que l’on peut attendre d’un groupe de Brit-Pop. Le seul morceau quelque peu remuant est le second, St.Charles Square. Sentant bon l’odeur des pubs londoniens avec ses premiers mots tranchants : « I fucked up. ». La production du titre est brute, typique des grands ponts du genre et dégage une énergie vivante et électrique.
À vrai dire, le quatuor surprend avec ce nouvel album. Ce dernier porte bien son nom, étant composé d’une majorité de ballades, de morceaux beaux voire émouvants. En passant de la guitare acoustique de The Everglades (For Leonard), à l’harmonie de Far Away Island jusque’à l’orchestration de The Heights. Malgré un registre commun, les méthodes et le fond de la forme est riche, variée et jamais ennuyante.
On observe ici une identité authentique fusionnant avec des méthodes et sonorités modernes donnant naissance à un résultat plus qu’intéressant. On peut noter comme exemple le très contemplatif Goodbye Albert mêlant ballade Pop et musique contemporaine rappelant les années 80’s.
Le caractère mutant de The Ballad of Darren contribue à faire de ce retour de Blur une véritable réussite. Étant initialement une surprise, ce neuvième opus se transforme en un cadeau doux, frais et réconfortant parfaitement calibré pour l’été.