Spoink : « Tous nos concerts sont uniques. » 

Raphaël, Simon, Rocco, Balthazar. Quatre potes musiciens, une seule ambition : faire de l’impro. La Face B et Spoink, ça a tout de suite matché. Interview et shooting improvisés avec ce groupe singulier, au lendemain des FrancOff de La Rochelle. 

© Charlotte Engel

La Face B : Salut Spoink ! Quelles sont les news depuis les FrancOff ? 

Spoink : Salut La Face B ! On vient d’enchainer de grosses dates de fin d’été comme Rock en Seine. Ça nous a forcément honorés d’être sélectionnés et d’aller défendre notre musique délurée au sein de ce festival, à côtés d’artistes très inspirant.es. C’était un des moments les plus joyeux de nos vies, sachant que ça a duré 35min, on a rien vu venir.  On pouvait pas rêver mieux : une énergie sans limite d’une foule rugissante… on a pu créer beaucoup d’interactions positives qui nous ont emmenés très loin en termes d’émotion. Musicalement on a donné le meilleur à l’instant T ce qui est le plus essentiel quand on improvise. 

La Face B : Mais dites-moi, Spoink, c’est quoi ? 

Spoink : Après notre rencontre tous les quatre, Simon le guitariste a voulu créer un groupe d’impro. Tout le monde a approuvé et Spoink est né ! 

La Face B : Simon, pourquoi l’impro ? 

Simon : D’une part c’était déjà quelque chose d’important pour nous quatre dans nos parcours musicaux respectifs, avant même la création du groupe. C’était d’abord pour le fun mais plus on a joué ensemble, plus le concept est devenu sérieux artistiquement. L’impro, ça évite la routine et ça permet de renouveler les styles en permanence, de mixer les univers de chacun. Tous nos concerts sont uniques. 

La Face B : Quels sont vos « tips » pour une bonne improvisation ? 

Raphaël : Je dirais être bien à l’écoute et ne pas avoir peur de dire quelque chose. Se jeter dans le vide finalement. 

Simon : Le plus important c’est l’écoute des autres, il y a beaucoup cette notion d’être dans la réceptivité de la construction et de construire avec. En trois mots je dirais : adaptation, réceptivité, collectif. 

Rocco : S’écouter les uns les autres en commençant par s’écouter soi même, savoir qui l’on est. Mon deuxième conseil ce serait d’essayer de ne pas penser, d’être dans l’instant présent. Nous on communique en langage des signes la plupart du temps. 

Balthazar : Faire confiance aux autres et être attentif à celui avec qui l’on joue, c’est à dire savoir mettre son égo de côté et même si les autres jouent mieux, c’est le jeu.  

La Face B : Allez, soyez francs. Vous ne débriefez jamais de votre prestation avant un concert ? 

Balthazar : Jamais. Ou éventuellement pour savoir à peu près sur quoi on démarre mais c’est rare. 

La Face B : Et il n’y a jamais eu de fiasco ? 

Spoink : Si, une fois à Montreuil ! On s’est lancés dans un concert sans batterie, avec des boites à rythme. C’était un peu un pari raté. Il y a pas mal de moments dans l’impro où ça peut arriver qu’on soit perdus et qu’on se rate mais finalement ça crée une vulnérabilité qui nous rapproche du public. On doit se sortir du pétrin dans lequel on s’est mis et les gens deviennent emphatiques de cette forme d’humanité sans filtre. On essaie de partager du qualitatif mais on accepte aussi ces quelques moments ratés avec le public. L’avantage de l’impro c’est qu’on peut toujours (à peu près) se rattraper. 

La Face B : On ne saurait passer à côté de cette question : votre accoutrement ! Qu’est-ce qui vous inspire autant d’excentricité ? (on adore) 

Spoink : Se sentir costumer, se faire rire, ça nous donne de l’inspiration, des personnages. Il y en a un, c’est un Mad Max, l’autre une sorte de gnome… On essaie avec les tenues de scène, d’explorer toutes les facettes de notre personnalité, en essayant de pas penser en termes de genre. 

La Face B : Tout votre récent album, SHARP, est basé sur de l’impro et c’est fascinant. 

Spoink : Oui on a fait 16 morceaux en 4/5 heures mais on en a gardé 8. Le mood c’est : techno mélodique. Le travail de mixage a sans doute permis de lisser les morceaux et d’accentuer la narration, de mettre en lumière des idées qui ont été posées, de les lier les unes avec les autres, de les développer de manière fluide. Au départ on avait prévu de sortir seulement quelques morceaux. Y’en a trop qu’on aimait bien – on a été les victimes de nos idées – pour ne pas en faire un album, entièrement filmé sur Youtube d’ailleurs ! Quand on a entamé la post-prod ça a mis 9 mois, une vraie gestation complète, puis 3 mois sur le visuel, la com… 

La Face B : Vous avez de bons retours sur l’album ? 

Spoink : Oui, l’album a été très bien reçu et c’est super. On a fait ça totalement en indépendant, dans notre coin, on a fait le max pour que ça tourne donc à notre échelle, c’était déjà une petite réussite, un truc un peu solide.. qui tient la route. La release party a été un gros support pour montrer ce qu’on fait, tout le monde a appelé ses copains etc…

La Face B : Vous avez des pistes pour la suite ? On veut un trailer !

Spoink : Tu ne seras pas déçue car on a plein de projets à venir, dont une captation au Cabaret Sauvage : 1h30 de concert ! On est aussi en pleine réflexion, on songe à faire pas mal de contenu sur les réseaux sociaux, de prendre de la profondeur dans la musique et pourquoi pas faire une formation théâtrale, scénique, pour devenir balaise sur cette partie. On va aussi sûrement ressortir quelques petits contenus, prendre le temps de gagner en maturité, d’explorer, de trouver un entourage professionnel pour mieux avancer. Autre news : on ouvre bientôt notre site internet et on prépare une pignata à notre effigie ! (Rires)