Le trio montréalais Le Couleur a fait paraître le 22 septembre le très vintage et pourtant si moderne Comme dans un penthouse, un album d’électro-pop bonbon à saveur fantaisiste et brûlante. Laurence Giroux-Do, Steeven Chouinard et Patrick Gosselin se sont laissés aller à quelques confidences autour d’un café bien corsé.
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La Face B: Quelle est l’histoire derrière l’histoire de Comme dans un penthouse?
Laurence Giroux-Do: Au moment de sortir notre dernier album Concorde en 2020, on vivait tellement dans l’intensité après la pandémie et quand on est revenus à la fin de la tournée j’ai eu un gros down de retour à la routine, c’est plate… C’est un peu le thème de l’album Comme dans un penthouse, cette espèce de recherche de sensation forte, de sentiment nouveau, d’adrénaline, cette idée de fuite du quotidien beige.
Steeven Chouinard: Après autant d’années ensemble, on est toujours à la recherche de edge, de renouveau, de sentiment nouveau, de recréer certaines nouveautés, comme une nouvelle date, un nouveau resto, une nouvelle façon de s’habiller, une nouvelle voiture, pas une nouvelle femme parce que je l’aime trop [rire pincé de Lauence], mais tu sais un nouveau studio…
Patrick Gosselin: Peu importe ce qui toi te fait sentir vivant…
Steeven Chouinard: Au niveau plus musical, on voulait faire quelque chose qu’on n’avait pas fait depuis longtemps. Concorde c’était un peu un trip musicien live studio seventies vintage et là on était plus dans le maximalisme. On a bourré les sessions de tracks, on a rempli tous les trous qu’il y avait à remplir et on ne laisse pas une seconde à l’auditeur. C’est punché, c’est fat, c’est heavy, attention une minute c’est pas Panthera, mais c’est un peu ça la direction de la réalisation.
Patrick Gosselin: On a essayé que ce soit quelque chose d’un peu plus moderne avec une production assez léchée, très carrée.
LFB: Ah… j’ai quand même noté qu’il y a une bonne influence des années 1970 dans Comme dans un penthouse… j’ai l’impression de regarder un film policier en fait!
Steeven Chouinard: Comment il s’appelle l’acteur français là… Del Mundo?
LFB: Belmondo?
Steeven Chouinard: Ouais c’est ça! Dans une autre vie, moi pis Pat on était italiens et on a toujours été inspirés par les compositeurs italiens de musique de film, dont évidemment Morricone.
Patrick Gosselin: Beaucoup de compositeurs de musique de film français aussi, comme De Roubaix Michel Colombier, Francis Lai.
Steeven Chouinard: En gros c’est une ambiance assez policière et investigatrice qui est sur l’album, pis ça c’est vraiment le fun. C’est pas un best of, c’est un album concept dans les textes, dans la trame narrative et dans le producing. S’il y a une affaire dont on peut être fiers, c’est bien ça!
Laurence Giroux-Do: Non mais après comme ça fait 12 ans qu’on est ensemble, t’as besoin de te trouver des défis et des jeux. On se connait pas de cœur! Je pense que c’est pour ça qu’on continue à être ensemble. On arrive à s’autodynamiser.
Steeven Chouinard: Autant un cadrage peut paraître contraignant, autant il peut y avoir plein d’idées éparpillées un peu partout. Jamais on a pensé que ça allait parler des Caraïbes… Donc c’est ça, Comme dans un penthouse ça s’est fait en trois mois et demi, ça a été beaucoup de job. Je sais pas si c’est LA méthode, mais c’est une méthode.
Laurence Giroux-Do: Au début, on n’y croyait pas. On était en avril et fallait que l’album soit livré fin juin. On avait une toune de faite… C’était une nouvelle méthode. Ils ont tout enregistré l’instrumentation et ensuite pour les textes. les voix, les paroles, on faisait une chanson à la fois, une par semaine. C’était différent parce que d’habitude on touche à plein de choses en même temps. Là, on était vraiment concentré sur une affaire.
Steeven Chouinard: C’est aussi la première fois que c’était une coécriture entre Laurence et moi. On essayait des affaires. C’était très méthodique et pragmatique comme méthode et ça a roulé en ostie.
Patrick Gosselin: On a fait deux collab aussi, avec Félix de Choses Sauvages et Félix Dyotte.
Laurence Giroux-Do: Sentiments nouveaux ça a vraiment été la première chanson de l’album.
Patrick Gosselin: C’était un démo que j’avais depuis quasiment dix ans et j’essayais de la placer à chaque album…
Steeven Chouinard: Pour la trame narrative, c’est parti de ça.
LFB: Il y a aussi le retour de Barbara dans Comme dans un penthouse…
Steeven Chouinard: On l’a retrouvée, câline!
Laurence Giroux-Do: Cette Barbara! C’est drôle, la chanson La fuite de Barbara est toujours notre chanson de fin, on ne sait pas comment finir un show autrement. On est pognés avec ça on dirait. J’étais comme, on devrait la faire revenir celle-là, elle a comme disparue. Je l’aime bien.
Steeven Chouinard: Là on la rencontre. Elle est revenue, on l’a rencontrée dans un penthouse. Pis là, c’est pas clair qu’est-ce qu’elle fait là-dedans. Avec qui? Comment? Pourquoi?
LFB: C’est justement tout le mystère de l’album…
Laurence Giroux-Do: Ouais! Le retour de Barbara! Barbara, je l’imaginais vraiment dans P.O.P, elle a volé la fortune de l’artiste pis elle est partie. Et là, elle est comme dans cette espèce de thrill, elle aime se faire pourchasser. Elle est dans une fuite, mais elle aime ça se faire traquer. C’est ça son addiction.
Steeven Chouinard: Comme Leo dans Catch Me If You Can.
Patrick Gosselin: Excellent film que je réécoute chaque année. Ça a rapport, mais je le trouve tellement bon.
Steeven Chouinard: Elle cherche ça Barbara.
Laurence Giroux-Do: Quand tu te fais pourchasser, tu es tout le temps sur le bord de la mort. Jusqu’où tu peux te rendre? Dans Autobahn finalement tu te rends compte qu’elle se crash, mais c’est comme la seule issue possible. Pour Barbara, la mort c’est la seule issue possible.
LFB: C’est très Belmondo tout ça!
Steeven Chouinard: On parle de cinéma et tout, mais on a beaucoup été inspirés par American Psycho, Crash de Cronenberg. Eux aussi cherchent des sensations fortes, ils font l’amour dans des voitures accidentées, une autre fille tripe sur les blessures… En tout cas c’est tordu, mais ça nous a beaucoup inspirés, autant dans les textes que dans l’ambiance. C’est la nuit, c’est froid, c’est bleuté, c’est argenté.
Patrick Gosselin: Il va toujours y avoir des influences disco au sens large dans ce qu’on fait. Ce n’est jamais du disco pur, mais c’est toujours là!
Steeven Chouinard: On aime ça danser!
LFB: Je sais qu’on n’a pas le droit de poser la question, mais… Pourquoi Le Couleur?
Laurence Giroux-Do: Je pense qu’on va s’appeler Couleur pour arrêter de se faire poser la question.
Steeven Chouinard: K O O L E R, en primeur sur La Face B!
Patrick Gosselin: Pourquoi pas!
Steeven Chouinard: Le pourquoi pas c’est le premier bateau qui a exploré l’Antarctique.