La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre voici la première partie de notre 196ème sélection.
Bagarre – ON EST LES MÊMES
Sans vouloir en faire des caisses, on tient là LA bonne nouvelle de la semaine : Bagarre est de retour avec un tout nouveau morceau du nom de ON EST LES MÊMES.
Les années passent vite mais pourtant, on attendait un nouveau titre de Bagarre depuis 2019 et la sortie du single AU REVOIR A VOUS.
Dans une société où beaucoup prêchent pour leur paroisse et pensent être des exemples pour les autres, Bagarre rétablit la vérité en scandant “ON EST LES MÊMES” et iels n’ont franchement pas tort. Il était temps de remettre les points sur les i et les barres sur les t avec une nouvelle satire made in électropop car ça passe toujours mieux en musique, à ce qu’il paraît.
Loin d’elleux l’idée de faire des généralités, mais plutôt d’ouvrir les yeux de chacun.e : “On finit tous dans l’urne / Même ceux qu’ont pas voté” ; “On croit qu’on est tout seul / quand on est huit milliards”.
Plutôt que de se pointer du doigt, il serait temps de s’allier pour faire face à nos doutes, nos peurs et nos crises existentielles qui entachent notre quotidien : “On est les mêmes / Gloire à nous mêmes”.
Les cinq comparses se mettent en scène dans leur nouveau clip accompagnant le morceau, flingue à la main et prêts à se tirer dessus à bout portant, comme pour sanctionner les autres pour leurs failles. Le message est bien clair dans cette vidéo aussi, au lieu de se tirer dessus, ne vaudrait-il mieux pas se retrouver et pourquoi pas s’unir au rythme de la musique ? Les flingues brûlent et les âmes se réchauffent, on retrouve La Bête, Emmaï Dee, Majnoun, Mus et Maître Clap dansant pour se défouler sur cette satire musicale au milieu d’un hangar.
Vous l’aurez compris, Bagarre secoue encore une fois la scène électropop avec ce single déchaîné.
St Graal – Resto basket
En mai dernier, on vous parlait du concert de St Graal au Point Ephémère et de son dernier EP Le cœur qui cogne.
Aujourd’hui, l’artiste revient avec un nouveau single : Resto Basket. Sur fond d’histoire d’amour et d’amitié, le chanteur est prêt à toutes les folies pour plaire à ses humains préférés ! Et pourquoi pas un resto basket ? Une expérience qui sent le vécu, tant les descriptions sont claires : “Mes baskets crissent sur le sol entre les parasols”, au moment de sa fuite. Une fuite des responsabilités, si l’on creuse un peu plus ce morceau, finalement : “Tout est permis quand on ne vit que la nuit”.
Un dilemme apparaît alors, risquer un peu pour se sentir vivant.e ou attendre sagement que l’envie qui nous démange se passe ? St Graal a pris le premier parti et cela nous permet aujourd’hui de nous délecter de ce savoureux clip à base de bande de potes déluré.e.s et de petits pois mêlés à de la gelée.
St Graal nous sert sur un plateau d’argent, ou presque, un titre qui amène à prendre la vie à la légèreté quand tout ce qui nous entoure nous mène sur bien d’autres chemins.
Delia Meshlir – Your Shadows
Il y a des morceaux qui nous arrivent et dans lesquels on se love comme dans un câlin sonore qui nous apaise et nous réconforte.
Your Shadows de Delia Meshlir est de cela. La suissesse a un talent assez fou pour nous offrir des instants en apesanteur, quelques minutes de beauté qui calme le chaos du quotidien qui nous entoure.
Your Shadows, c’est un moment de réconciliation d’une personne et de ses différentes parties. Des ombres qui tournoient autour de nous et avec lesquelles on apprend à vivre, qu’on finit par dompter pour devenir un humain complet, fait de ces différentes particularités qui le rendent unique.
C’est ce qui vibre aussi dans la vidéo qui l’accompagne. Dans une chorégraphie millimétrée, on voit ces différentes émotions, ces petits bouts de soi ici incarnés par des humains qui se retrouvent, se cajolent et existent les uns avec les autres, les uns pour les autres.
Des instants magiques qui se placent dans la beauté des montagnes valaisannes au milieu des mélèzes dorés. Bref, on s’envole et on se soigne, car c’est aussi ça le pouvoir de la musique de Delia , s’autoriser à se soigner les soi, mais aussi les autres.
Northlane – Dante
Un peu plus d’un an après le superbe Obsidian qui a achevé la transformation du groupe en entité cyberpunk insaisissable, Northlane est de retour avec un nouveau single. Dante fait la part belle à la voix de Marcus Bridge sur un titre plutôt doux et accessible a l’instar d’un Clockwork ou Nova sur l’album précédent.
La rythmique entêtante à mi-chemin entre metalcore et électro fait son retour avec beaucoup de classe dans une production encore une fois sans faute. Les éléments electro distillés par Jon Deiley élèvent le groupe au-dessus de la mêlée et nous rappellent même en fin de titre les expérimentations de Linkin Park époque A Thousand Suns.
Northlane a finalement très peu tourné sur le cycle Obsidian pour notre plus grand malheur, mais ils ne semblent pas décider à lever le pied sur les sorties. Si elles sont toutes de cette qualité, on ne va pas bouder notre plaisir.
Gérard Baste – Tu Connais Déjà
Gérard Baste 1 mètre 73, 110 kilos revient avec le clip d’un titre qu’on connait déjà. En effet, cette piste est issue de Dans Mon Slip vol.2, album sorti en 2020. C’est un parfait exemple de la logique swinkienne car Gérard ne crée par la surprise il la modèle.
La créativité commence toujours par la phrase” Imagine, on fait ça…”. Certains en restent là, Gérard le fait, même si cela peut parfois prendre du temps.
Le concept n’est pas compliqué certes, mais il est total, c’est la nuance entre “marrant” et “génial”. Le clip sorti cette semaine se déroule comme une suite de mimes imaginant toutes ses phrases jamais finies.
Cela peut être aidera certains auditeurs qui comme moi, n’avaient pas réussi à compléter tous les blanc. Dernière chose, évidemment, rien n’est dû au hasard, si le prince de la vigne revient avec le son que l’on connaît déjà c’est pour une bonne raison, la sortie toute prochaine de son triple vinyle à retrouver chez Diggers Factory.
LAAKE – LIBERTY
Quelques semaines après la sortie de son deuxième album, LAAKE a dévoilé cette semaine le clip de LIBERTY.
Visuellement, l’artiste nous offre trois minutes de ralenti où l’esthétique est aussi soignée que la production musicale. Alors que se mêlent les différentes textures sonores, composées de pianos, violons, xylophones et percussions, une femme s’entraîne à plonger dans une piscine avant de finir par s’immerger dans un paysage époustouflant. Le saut depuis le plongeoir semble symboliser une l’accession vers un moment de liberté : quelques secondes de chute, où seul l’air entoure le corps, puis le silence de l’eau.
C’est devenu une habitude, chaque clip de LAAKE est un bijou visuel, à la hauteur de ses productions. Vivement mardi et son concert au Trianon !
La Mante – Fer Chaud
On se demande souvent quoi faire de notre créativité, comment la canaliser, comment l’utiliser, comment la rendre concrète.
Il semblerait que notre camarade La Mante est la réponse : il faut battre le fer tant qu’il est chaud. Dans ce nouveau morceau, Fer Chaud donc, le caennais nous invite à une réflexion sur la beauté du geste, sur l’exigence qu’il impose et sur l’intérêt de se libérer des choses qui nous obsèdent.
Un texte poétique, une ambiance onirique et une chanson pop qui nous entraine ailleurs, La Mante continue d’explorer une musique qui résonne avec beauté dans les esprits, une douceur enivrante qui nous fait beaucoup de bien.
Pour l’accompagner, l’artiste se démultiplie sous la caméra de Robin Deriaud. Dans un lieu exigu qui se sépare pour mieux se retrouver, la caméra se promène en permanence, nous donnant à découvrir les différentes facettes de l’artiste en plein réflexion et création. Une visualisation de sa psyché et des résultats que cela entraine.
Comme toujours avec La Mante, sa musique et ses clips entrainent autant de questions que de réponses, mais c’est clairement pour cela qu’on l’aime, alors profitons-en.
Tiolku – Let Them Go
Derrière Tioklu se cache un compositeur strasbourgeois. Derrière Tioklu se cache également un univers qu’on peine, au début, à définir. On se retrouve avec des sons chelous, des rythmiques biscornues, des guitares distordues, et le tout matinée de psychédélisme. On n’est pas sur du gros rock, plutôt de la pop, mais de la pop bizarre.
Bref, on se retrouve avec de la musique, mais de la très bonne musique. On sent dans l’univers du musicien un certain talent pour créer un monde unique en son genre.
Son premier album, Ominous Signs, sorti en 2018 donnait déjà la donne, mais son nouvel effort. The Electric Soup, devrait faire date. Il sortira fin février 2024, et déjà les deux aperçus intriguent. Let Them Go, dont le clip est sorti en même temps, montre bien cette fine pop psyché lo-fi assez démentielle. Et le clip, très bien exécuté, vient appuyer ce sentiment excellent, cette envie d’en voir, et d’en entendre, plus.
Devendra Banhart – Pay The Toll (Adam Green cover)
Après un album, Flying Wig, sorti cette année, qu’on qualifiera d’incongruité dans l’univers de Devendra Banhart, on retrouve le musicien dans son univers. Un univers chaud, doux, coloré, aux accents d’Amérique du Sud. L’artiste, avec son dernier effort, explorait des sonorités qu’on ne lui connaissait pas, plus froides, à la limite du post punk parfois. Bref, cet album a reçu, cela va sans dire, un accueil mitigé. Il n’est en soi pas mauvais, mais quand on connaît l’oeuvre et la conséquente discographie de notre protagoniste, on se demande d’où cela a-t-il bien pu venir.
Bref, Dev nous revient donc avec une cover du chanteur des Moldy Peaches, Adam Green, qui a lancé une carrière solo prolifique à partir des années 2000.
Dans cette reprise de Pay The Toll, on retrouve notre Devendra, son son et son aura, pour notre plus grand plaisir. La chanson est douce, touchante et calme. Et magnifiquement orchestrée par un clip qui, tout doucement, prend son envol et grandi pour devenir un magnifique tableau réalisé par Adam Green lui même.
Maddy Street – Big Dreams
Dimanche au vert les ami.e.s ! Cap sur la ferme de Maddy Street. Originaire de Normandie, l’artiste british récemment distingué.e par le Prix Société Pernod Ricard France Live Music 2023 nous fait la visite à bord d’un tracteur.
Mais on ne croit pas si bien dire, après un petit tour verdoyant dans le charmant Calvados où on fait même un big up aux parents, nous voilà propulsés en boîte de nuit. Un décor et par extension une vie qui donne peut-être moins envie.
Dans Big dreams, iel questionne son rapport à la célébrité non sans humour. Iel réalise un clip qui permet de lier deux environnements qu’iel connait bien qui lui garantissent son équilibre. Pour ce dimanche, si tu as un peu la flemme d’aller en soirée, fais péter le single clubbing/rap en français et en anglais !
Lord Apex, Freddie Gibbs – Phoenix
Quelques semaines après la sortie de son très attendu album The Good Fight, le rappeur UK Lord Apex, pionnier de la scène alternative, dévoile le clip de Phoenix en featuring avec ni plus ni moins que Freddie Gibbs. Le clip animé est là pour appuyer la symbolique de ce featuring dans la jeune carrière de Lord Apex : une longue traversée dans les rues de Los Angeles jusqu’au manoir de Freddie Gibbs, venu lui transmettre une fameuse pierreprécieuse, symbole de respect et de technique dans le rap. Comme parrainé par le maître, Lord Apex débute ici son ascension fulgurante vers les sommets les plus élevés du rap. A noter dans votre agenda que Lord Apex sera en concert à La Place (Paris) le 30 mars prochain !
FILS. – Seul tout
Un moment de douceur dans ce monde chaotique et tourmenté. Une pause des plus tendres et des plus bienveillantes au milieu de cet océan de doutes et de solitude. Une accalmie inespérée et largement méritée au cœur de cette tempête infernale qu’est la vie.
C’est absolument tout ça à la fois que FILS (membre de MamaKilla) nous propose avec son nouveau single et clip Seul tout. Avec légèreté, sincérité et humanité, l’artiste musicien bordelais panse nos plaies intérieures les plus profondes, pose des bandages d’espoir sur nos écorchures émotionnelles et nous invite à un voyage solidaire et commun vers des horizons d’amour et de réconfort.
En toute simplicité, Seul tout illustre merveilleusement bien la musique pop de FILS, oscillant entre synth wave et variété française, avec tout ce qu’il y a de plus poétique et complet en terme de texte. Les synthés dreamy nous enveloppent délicatement tels d’immenses nuages, les envolées de guitares plongées dans la réverbération nous catapultent dans des contrées où la paix règnent. Textuellement, ici est dressé avec clarté un tableau réaliste et psychologique de ce que peut représenter la solitude sous toutes ses formes à un être humain. Et cette douleur, qu’elle soit physique ou mentale, l’auteur-compositeur du morceau la gomme, la supprime, l’éloigne, la fait disparaître, et brise finalement « le silence du monde ».
Le clip, réalisé par Thomas-Lee Mendez, met en scène de manière brute et épurée diverses personnes redécouvrant enfin la beauté du monde et de l’être humain grâce à l’écoute de la musique de FILS, et tout ça sur les quais de la ville de Bordeaux. On suit donc les conseils de l’artiste : s’il n’y a personne, cette chanson-là est là pour vous.
One True Pairing – Frozen Food Centre
Jour morose et œil hagard, on switch sur les boutons de la radio jusqu’à tomber sur le dernier single de One True Pairing, intitulé Frozen Food Centre. Ce projet, qui a germé dans la tête du musicien britannique Tom Fleming, est un titre qui ne dure pas moins de 7mn, permettant à l’artiste de construire et de nous plonger dans une véritable petite fiction.
Assurément moins rock que son tout premier album au titre éponyme, One True Pairing, il y a ici quelque chose de très introspectif, doux et fragile. C’est une immersion dans le quotidien d’un individu, qui tente de s’échapper de sa réalité. Dès les premières secondes du clip, on est notamment saisi par le regard du personnage, une forme d’absence et de solitude, portée par une belle première partie instrumentale lente et envoûtante. Frozen Food Centre nous conte aussi cette errance aux débuts de l’âge adulte, le besoin de fuir sans vraiment savoir où aller. Le monde, vu depuis la fenêtre de la voiture, continue pourtant de bouger, hors de nous. Les scènes évoluent et on est attiré par de très beaux plans fixes et des images fortes.
Frozen Food Centre est un superbe projet, un écrin d’émotions, pour la musique bien sûr, mais aussi pour les qualités cinématographiques du clip. Un pari réussi qui donne envie de suivre cet artiste.
Merryn Jeann – ME B4 U
Avec son dernier single, ME B4 U, l’artiste australienne Merryn Jeann n’a pas fini de nous surprendre. Musicalement, c’est rythmé, ça grésille, et on assiste parfois à des envolées vocales. Cocktail réussi, on hoche la tête de gauche à droite. Comment ne pas succomber à l’envie de découvrir le clip ?
En lien avec sa musique, Merryn Jeann nous entraîne dans son univers poétique, expérimental, et quelque peu loufoque. On est projeté quelques années en arrière, du pixel et du flou. C’est à la fois libre, joyeux et coloré. Deux jeunes femmes dansent, les images se superposent et les corps sont saccadés. Ce titre c’est une bouffée d’adrénaline, un rayon de soleil à écouter dès le réveil.