Format Court #79 : And Protector, Malamujér & Still In Love

Aujourd’hui dans notre nouvel épisode de Format Court, on vous fait découvrir trois EP plus ou moins énervés de And Protector, Malamujér et Still in Love

And Protector – Snail Tape

Depuis longtemps, on mourrait d’envie de vous parler de And Protector, le groupe le plus cool du monde en toute objectivité. C’est chose faite avec ce nouvel EP, le premier au format trio depuis le départ de l’un des guitaristes. Les Japonais se sont d’abord formés il y a 10 ans comme une réponse à la scène emo punk américaine, reprenant les codes de Title Fight pour les adapter au florissant underground nippon. Depuis, c’est une discographie sans faute et une évolution tranquille vers un son plus doux et un chant moins agressif.

On vous conseille vivement d’aller l’écouter, mais pour l’heure concentrons-nous sur ces trois nouveaux titres. Dès les premières notes de Deep Blue Delay on est pris à bras-le-corps par un sentiment de mélancolie et de nostalgie douce. La chaleur de la basse, les mélodies de guitare et le chant de Protect-T font des merveilles malgré une production volontairement rudimentaire. On a l’impression d’être avec le groupe dans le local de répétition, presque en pleine jam session lors de ces moments magiques où le bon riff sort au bon moment.

Moins énervé que ses prédécesseurs, ce nouveau disque est un hommage appuyé à la scène rock underground japonaise. S’il y a toujours eu une filiation évidente avec les groupes des années 90, on pense particulièrement à Eastern Youth en écoutant les trois titres. Comme ces derniers, And Protector arrive à transformer un style musical de prime abord assez froid en y ajoutant beaucoup de chaleur humaine. On se sent bien en écoutant Snail Tape, on a envie d’y revenir et au bout de la troisième écoute, on se surprend à hurler “Fadeout, Fadeouuuuut”, comme en plein concert.

Toujours en évolution, And Protector réussit à se sublimer tout en changeant sa recette à chaque sortie. Ça peut paraître simple dit comme ça, mais bon nombre de groupes se sont cassés les dents sur cette équation. Longue vie à cette pépite cachée aux yeux du monde par la barrière de la langue.

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Malamujér – Post-Shapes

Autre pépite cachée, cette fois dans le froid du grand nord : les finlandais de Malamujér. 10 ans après leurs débuts et après un hiatus de quelques années, les revoilà avec Post-Shapes trois nouveaux titres censés “clôre la première ère de Malamujér” selon eux. Que cela annonce une séparation, des changements de line-ups ou de styles, difficile à prévoir. L’avenir est flou comme la pochette de cet EP mais cela n’empêche pas le groupe de nous livrer une nouvelle leçon de noise-rock psyché.

La réputation de Malamujér s’est faite en concert, en écumant les scènes de l’ouest de la Finlande et en laissant derrière eux la même impression à chaque fois: une vraie déflagration. Leur noise rock va chercher des influences très variées mais évite habilement tout étiquette. Que ce soit du grunge, du stoner, du rock psyché, tout y est par petites touches dans la recette du groupe pour un résultat assez unique.

Pour l’occasion, ce nouvel EP est plus calme, probablement le plus tranquille de la carrière du trio. Une batterie épurée nous accompagne pendant 15 minutes avec deux crescendos notables sur Out To Touch et Posthaste où les musiciens étalent leur savoir-faire sans en faire trop. Le chant a une ou deux voix est de très bonne facture sans s’énerver plus que ça comme sur les précédents opus.

Post-Shapes nous présente Malamujér apaisé, mais loin d’être apathique. Les amateurs de la scène psyché française dont on vous parle souvent y trouveront sans doute leur compte.

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Still In Love – Withdrawals Symptoms Part.1

Détour par l’Angleterre pour finir avec Still in Love, nouveau projet formé autour de Nick Worthington, hurleur bien connu de Dead Swans. On est ici sur un punk hardcore mélodique glacial comme savent parfaitement le faire les anglo-saxons. A contre-courant de la mode actuelle, Still in Love nous ramène dix ans en arrière, lorsque la scène hardcore se structurait autour de groupes comme Defeater, More Than Life ou Landscapes. Des groupes aujourd’hui quasiment tous disparus, c’est donc peu dire qu’un revival de ce son nous fait fortement plaisir. 

Malgré tout, le groupe trouve tout de même sa propre voie, avec un son très agressif et une noirceur qui rappelle des groupes de la prolifique scène suédoise comme No Omega. The Peace of Exhaustion en particulier devrait amener du mouvement dans les concerts avec ses blast beats et ses moshparts typiques du hardcore.

Pendant trois titres, le chanteur va nous parler de sa lutte contre l’addiction aux substances en tout genre sur un fond musical déprimant comme il faut. Dans le monde de Still in Love, il fait gris, il pleut dans une rue anglaise poisseuse et l’espoir, s’il est présent, est une perspective bien lointaine. A ce petit jeu, Self-Portrait tire son épingle du jeu et si vous ne devez écouter qu’un seul des trois titres, c’est celui-là.

Avec une production aux petits oignons et des membres possédant une expérience indéniable dans leur domaine, cet EP est donc étonnamment solide pour une première sortie. De quoi nous mettre l’eau à la bouche pour la suite avec ce titre qui annonce une probable “Part. 2”.

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