Quand on pense à un album Unplugged, la première image qui nous vient en tête est forcément celle de Nirvana. Désormais, on pourra lui accoler la brillante aventure intérieure d’Odezenne. Avec Unplugged, le trio bordelais fait fleurir de nouveaux bouquets de sentiments, aussi différents dans la forme qu’évidents dans le fond.
Qui l’aurait cru ? Lorsque l’on pense à Odezenne, on pense bien-sûr à la poésie du mot, à la tendresse de tous les instants, mais on voit surtout l’énergie. L’énergie du live bien-sûr, mais aussi celle des machines et des synthétiseurs indissociables de l’aventure de ces 3 garçons. Et pourtant, lorsqu’on est allé les voir sur scène pour leur tournée acoustique, tout est là, bien présent. Mais comme un miroir déformant, l’histoire et l’image étaient identifiables mais pourtant bien différente. Comme si elles laissaient une trace de flou pour faire apparaître d’autres émotions.
Odezenne a toujours eu le chic pour nous surprendre, pour vieillir comme un bon vin et leur musique de nous accompagner comme un camarade qui grandirait avec nous, laissant apparaitre différents éclats alors que les années passent.
1200 mètres en tout avait gravé en la fin d’un chapitre. Un album autant chargé par la force de la vie que par l’ombre grandissante de la mort inéluctable. Il fallait lui trouver une respiration, une sorte de pause cathartique qui permettrait de lui succéder. Germe alors l’idée de reprendre l’album de manière acoustique, une sorte de cour de récré bienvenue qui grandit au fur et à mesure du temps pour donner vie à Unplugged, ligne musicale qui traverse les 20 ans de vie d’Odezenne et qui lui donne aussi de nouvelles marches pour le futur.
La spontanéité est le moteur principal de ces quatorze morceaux, preuve en est l’apparition ici et là des conversations d’après morceau entre les garçons. L’envie d’apporter plus de légèreté est aussi bien là, même si elle n’évitera pas la tristesse de nous frapper en plein cœur sur la sublime version de Caprice.
Pour le reste, de Nucléaire à Souffle le vent, on se prend un grand vent de liberté en pleine tête, le genre qui nous fait du bien, qui revigore, comme lorsqu’on va se faire fouetter par la bruine normande en regardant la mer.
Cette évasion, elle permet aussi de redécouvrir Odezenne d’une manière différente, de faire encore plus ressortir le texte et la poésie à la fois directe, violente et humaine du trio. Mamour continue de nous rappeler que la musique rend heureux, Bitch voit sa colère apparaitre de manière encore plus évidente, Regarde si c’est loin et sa batterie étrange et militaire nous fait totalement vibrer tandis que Géranium joue avec la ligne du mauvais goût pour mieux nous surprendre et nous faire du bien.
Il y a bien sur les grands classiques récents, la superbe Bleu Fuschia qui gagne en douceur et en vérité dans cette version dépouillée, Hardcore et sa mélancolie qui ne cherche plus à se cacher. Et puis il y a notre pépite, Souffle le vent, morceau qui nous a sauver la vie tant de fois qu’on n’ose même plus le dire et qui se voit totalement changer.
Mais Unplugged, comme on le disait, n’est pas qu’un grand jeu de la réinvention, il jette ici et là des graines pour faire pousser les idées du futur. Trois morceaux qui se fondent dans le décor de cet album, Attention, Grande Veranda et Ils Dansent, et qui semblent familier dès les premières écoutes. On se laisse embarquer, envelopper par cette douceur dont on avait grandement besoin et dans laquelle on viendra souvent se réparer, comme toujours avec Odezenne.
« J’ai pas dit mon dernier mot, j’ai mieux » nous glisse Odezenne dans Grande Veranda. À l’écoute d’Unplugged, on a tendance à les croire. Ce nouveau projet est une aventure intérieure, bien plus douce et aérée mais toujours aussi humaine, tendre et chargée de d’amour. Un bouquet de sentiments qu’ils nous partagent avec brio et humilité. On n’en demandait pas tant.