Les clips de la semaine #203 – partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre voici la première partie de notre 203ème sélection.

Charly Marty – T-Shirt

Karaoké time avec Charly Marty ! Nous venons de vous faire découvrir son EP sorti ce vendredi, à peine est-il sorti qu’un nouveau clip l’accompagne : T-Shirt

En majeure partie en noir et blanc, on pourrait croire que le poète désabusé Charly Marty joue au concours du plus grand nombre de tee shirts enfilés. Autant de tee-shirts que de chansons sur l’EP ? Autant de chansons que de ruptures ? On ne lui souhaite pas. 

Enfermé dans un studio fait à l’arrache, on pourrait métaphoriquement y voir une machine à laver, les figures se succèdent comme le linge qui tourne et que l’on verrait à travers le hublot. L’insolite et l’absurdité ont toujours fait bon ménage chez Charly Marty. Ses clips sont des petits objets filmiques sans immense prétention, faits maison et ce, toujours qualitativement. La désinvolture a trouvé l’un de ses plus grands interprètes.

CONTREVENTS – Dislocation

Alors que leur EP Contrevents EP s’apprête à sortir le 16 février chez Sleepless Owl Records, le duo nous révèle un premier clip entièrement digital signé Dimitri Thouzery (@dith_idsgn). Dislocation donne à voir un objet très graphique en noir et blanc dans lequel gravitent des sphères, telles des molécules qui réagiraient au contact d’une matière et se transforment. 

Dislocation est un morceau electro ambient qui navigue dans un univers ni obscur ni lumineux, c’est cet entre-deux qui est illustré dans le clip. Une sorte de synesthésie reproduite à l’écran où les formes se distordent à mesure que le morceau avance, à mesure que les sons circulent dans l’immensité de l’espace recréé. Un objet très visuel à savourer en grand format !  

Pépite – Les Années Lumières

Les Années Lumières, c’est le titre éponyme du nouvel album du duo Pépite qui vient tout juste de sortir et dont on vous reparlera plus en détail très prochainement. On se souvient tous de leur précédent disque Virages avec notamment Les Bateaux, et on peut déjà assurément dire que l’alchimie et la complicité du duo parisien n’a pas fini de nous enchanter. Lumineuses  et colorées sont les années et les notes de ce titre, autant que le clip dont il se pare. En effet, le style de Baptiste Perrin, avec qui ils collaborent depuis les débuts, s’illustre encore et toujours dans cette parfaite homogénéité visuelle et sonore. C’est une musique totale, un cosmos, une chose aussi impalpable que la lumière qui circule dans nos oreilles, et transportent les sentiments à travers tout le système nerveux. Rien n’est oublié, tout est à sa place, l’organisation universelle des éléments.

damlif, celestino, toboë – g perdu

On ne quitte plus l’hiver avec damlifcelestino et toboë. Si leur précédent single ràf nous avait fait enfiler les vêtements techniques, g perdu nous invite à les garder jusqu’au 23 février, date de leur projet commun. Son nom est à l’image de l’ambiance glaciale et sportive de ses deux extraits : emojiski « Cœur glacé peu importe la saison » g perdu offre une nouvelle dimension au projet avec une prod de toboë jouant aux frontières du 2-step et de l’hyperpop. Si le morceau évoque le besoin des deux rappeurs de retrouver leur chemin, dans ce décor hivernal et brumeux, ils suivent une nouvelle direction qui nous plait beaucoup ! On se doit de mentionner le travail de Maxence Pauc et Floriane Peguy qui retranscrivent parfaitement à l’image cet univers bien marqué que le trio explore dans emojiski

Charles-Baptiste – DIMANCHES

Grand Enfant ou Grands Enfants. Un singulier ou un pluriel qui mêlent une expérience et autant de tranches de vie pour dévoiler au travers d’un retour sur soi les sentiments que l’on a dissimuler. Dimanches – la chanson – est le titre qui ouvre l’album Grand Enfant de Charles-BaptisteDimanches – le clip – est le dernier extrait qui clôt le court métrage Grands Enfants de Serge Bozon. Un début et une fin pour un éternel recommencement où Charles-Baptiste se pose en tant qu’acteur ou spectateur de scènes qu’il fait siennes ou qu’il observe. Un casting de rêve l’accompagne dans ses pensées avec Brigitte Fossey et Bernard Menezqui donnent, en quelques échanges, tout son sens à l’expression Grands Enfants. Un chamboulement des rôles, délicat et touchant, qui nous conduit – en tout anachronisme – un peu hors du temps. Ainsi se vivent les Dimanches

Dans un mois, le 29 février, Charles-Baptiste sera sur la scène du Café de la Danse à Paris. Ce sera un jeudi mais on aura ensuite tous nos Dimanches pour s’en souvenir.

MaMaMa — Dannazione

Des images. Une explosion de couleurs orchestrées par Chris Mulligan polarise nos pensées d’une manière presque hypnotique. Une musique. Un son très new-wave – fin des années 70 – une basse rebondissant, des claviers virevoltants et une batterie au rythme tachycardiesque. Happés par les réseaux sociaux avec ses posts et stories arrivant en flux continu aux effets ankylosant, notre esprit se met à dériver dangereusement de tout objectif enrichissant. Au travers de Dannazione, Mamama cherche à l’exorciser et le ramener vers des préoccupations plus réjouissantes, à des aspirations plus profondes « De la neige, et des océans – Plein de vagues – Moins de bâtiments ». 

Dannazione est un nouvel extrait du premier album de MamamaHier sera meilleur, à paraître le 1 mars 2024. Il sera en concert à la Boule Noire le 12 mars 2024. Ce sera l’occasion de vous déconnecter !

Rank-O – Rebirth

La preuve, une fois de plus, que la scène rock alternative en France est intarissable et en constante floraison. Rank-O fait complètement partie de cette équation. Les cinq acolytes originaires de Tours viennent d’annoncer un nouvel et deuxième album du nom de Monument Movement, qui paraitra le 29 mars chez Another Records. Bien entendu, toute cette petite affaire n’en est pas à son coup d’essai. Après un premier EP en 2019, un premier album en 2022 qui n’est pas passé inaperçu, et déjà une centaine de concerts à travers l’Europe, le groupe compte bien marquer les esprits au fer rouge cette année avec le prochain chapitre.

Histoire de nous faire mordre à l’hameçon, le band vient de dévoiler un premier extrait de ce nouvel opus, à savoir le titre Rebirth, accompagné de son clip. Musicalement, alerte à tous les fans de Crack Cloud ou d’Unschooling car on se retrouve face à une démonstration de post-punk dans les règles de l’art. Batterie aux rythmes répétitifs et mécaniques, envolées mathématiques de guitares sèches, incisives et tranchantes, et synthétiseurs syncopés qui font inévitablement penser à certaines facettes que les Osees ont pu avoir. Rien à signaler sur le chant, qui reste dans une efficacité pure et dure, en scandant les paroles avec énergie. La balance est harmonieuse entre ce post-punk presque pop très à la mode (on ne le cachera pas), et l’aspect dissonant de la recherche sonore dans certains passages du titre.

Visuellement, l’efficacité revient encore comme un maître-mot. Le clip met en scène un des membres du groupes faisant son petit jogging au beau milieu d’une zone industrielle à l’évidence paumée en plein milieu de la diagonale du vide. On comprend vite qu’un avion, pardon, une armée d’avion est à sa poursuite. Le reste est symbolique, voué à l’absurde et à l’interprétation de chacun.

Water From Your Eyes – Out There

Apparue dans nos oreilles le 26 mai 2023, Everyone’s Crushed du duo américain Water From Your Eyescontinue de nous transporter dans cette incroyable aventure avec leur dernier clip issu de ce même album, Out There.

Dépeignant une période d’absence et de recherche, Rachel Brown (chanteuse) exprime une frustration face à une situation complexe, cette sensation d’enfermement et de claustrophobie que beaucoup d’entre nous ont pu ressentir à l’instar de cette dernière. Enveloppant tout cela de la couche de base imposante de Nate Amos, mais teinté par de légères notes fluides au piano et au synthé pour mieux laisser sublimer l’énergie que le refrain apporte avec efficacité.

Le duo, se mettant en scène en tant que deux employés d’une animalerie, apporte une dimension visuelle intrigante. Cette mise en scène symbolique renforce ce sentiment d’emprisonnement, nous offrant une interprétation visuelle sombre, presque poisseuse, trouvant une raison encore plus valable de se dépeindre de cette sensation étouffante.

Si 2023 vous a malheureusement apporté un enfermement quelconque, Out There semble être une bonne porte pour en sortir en cette nouvelle année.

 Gia Ford – Poolside

Qu’est-ce que la couleur bleue évoque pour vous ? La vision froide et abondante des décors qui nous entourent en ce début d’année, ou bien quelque chose de bien plus personnel ? Ce sont les nuances de cette couleur primaire que Gia Ford a voulu mettre en image dans Poolside.

Plongeon délicieusement déconcertant dans les eaux de l’aliénation estivale, ce titre tisse avec une élégance obscure, transmettant un sentiment d’isolement tout en dansant sur la ligne entre la beauté et la noirceur. Transportée dans une ruelle bondée, où la musicienne se décrit comme un fantôme en plein jour. Il y a cette recherche palpable de connexion, un désir de s’immerger dans la vie rêvée de quelqu’un d’autre, même si cela implique de supprimer la fantaisie.

La piscine, toile de fond de cette mélodie intrigante, devient le lieu métaphorique où se mêlent le désir et la menace. Les diamants dansant sur l’eau et la peau brûlant au soleil créent un tableau estival, mais l’ombre persistante de la réalité sombre plane. C’est comme si Gia Ford nous invitait à siroter le cocktail froid de la vie, tout en soulignant que la gentillesse pourrait tout aussi bien être une arme mortelle.

Poolside ne cherche pas à dépeindre la vie comme une fête perpétuelle au bord de la piscine ; au contraire, elle souligne les nuances de l’expérience humaine, où la beauté peut coexister avec la douleur, le tout avec la douceur que la voix de Gia Ford apporte.

Yamê – Bécane

Le premier juin marque le début de cette folle aventure pour ce single, avec la diffusion de son interprétation live sur la chaîne Colors Studio. Depuis, Yamê a gravi les échelons à une vitesse impressionnante, récoltant plus de 30 millions de vues sur YouTube, 300 millions sur TikTok, une nomination aux Victoires de la musique, un single d’or, et surtout, se hissant au sommet du top 50 mondial de Spotify. Une ascension fulgurante pour l’artiste, dont le nouveau statut promet déjà d’être la sensation de l’année 2024.

Ce n’est que sept mois plus tard, à Douala, que nous avons enfin la chance de découvrir à quoi ressemble cette célèbre bécane. Parée de majestueuses cornes, elle sillonne les rues de la ville avant de mener Yamê au port camerounais, où l’artiste délivre son refrain entêtant, entouré d’une horde de motards. En à peine deux jours, le clip cumule déjà plus de 700 000 vues, témoignant une fois de plus de l’influence mondiale de Yamê.

Siyé – Violence & Poésie

Siyé continue de semer des indices sur son projet à venir. Après le lancement de En l’air, il fait son retour avec le clip du single aérien Violence & Poésie, nous plongeant dans une relation passionnée et pleine de contradictions

Le cœur reste souvent un domaine où règnent incompréhensions et  pulsions inexpliquées. Il constitue un sujet quasiment universel et unificateur, dans lequel Siyé plonge avec une intensité à la fois violente et poétique. Entre passion et haine, entre fuite et dépendance, la frontière est parfois floue. L’artiste nous en donne la perception en décrivant les images d’une relation aussi puissante que destructrice. Il narre son histoire avec un talent poétique remarquable, une poésie qui se reflète également dans le clip coloré et esthétique.

Siyé plonge dans un RnB authentique, qu’il explore avec habileté et qui présente une évolution narrative très marquée. Il fait également un excellent teasing de son tout premier projet, qui devrait voir le jour courant 2024.

 2.Z – Hip  House Music #1

L’année 2024 démarre pour 2.Z avec le même dynamisme qui a caractérisé la fin de l’année 2023 : de manière explosive. Après avoir captivé son public avec Les bonnes raisons, il se lance dans une toute nouvelle aventure musicale avec sa dernière sortie, se laissant emporter par les rythmes entrainants de la hip house music.

Ce sous-genre musical illustre parfaitement l’univers artistique de 2.Z. Avec la fusion entre la sonorité de la house et sa voix puissante, ce mariage semble être une évidence pour les auditeurs, qui le voient naturellement s’épanouir dans ce style. On y perçoit également une volonté constante de progression et une recherche continue d’un style qui le définit pleinement. Dans le clip, nous découvrons l’identité de la mystérieuse femme rencontrée dans « Les bonnes raisons », révélée comme étant « la fille du patron », évoluant dans un mode de vie riche en rebondissements et en excentricités.

Avec l’adoption de la hip house, 2.Z embrasse un nouveau domaine artistique qui lui offre une toile idéale pour déployer son dynamisme et ses innovations créatives. On peut donc anticiper que Hip House #1 inaugure une série à suivre avec intérêt.