Pas là pour enfiler des perles, le trio DITTER débarque avec son premier EP. Six titres qui crament comme un tas de pneus devant une préfecture et qui donnent envie de tout casser avec eux. Allez, c’est parti pour Me Money & Politics.
Crédit photo de couverture : David Tabary
Le choix d’une hydre à trois têtes pour la cover de leur EP ressemble à un choix parfait pour les trois larrons de DITTER. Un trio dont les identités sont fortes et se complètent pour proposer une musique qui ne demande pas poliment avant de mettre ses pieds sur la table. On a l’impression d’avoir affaire au trio de redoublants d’une classe, le genre qui se sait au-dessus du lot mais qui n’a pas envie de faire plus d’efforts car il sait que le système est pourri. Voilà à qui on s’adresse pour cet EP, brûlant comme la fougue d’une jeunesse prête à renverser le monde et imposer ses conditions. Et ça, ça fait du bien.
Me Money & Politics est comme son nom l’indique une belle prise de position. Et de fait, un acte courageux car même s’il n’y a pas de namedrop, les propos sont appuyés et ça fait du bien de voir des artistes qui intègrent une contestation et le traitement de thèmes d’intérêt public dans leur proposition. Les exemples en sont nombreux et le magnifique Follow No One en est une belle illustration. Aussi bien appel à la pensée critique et revendication d’actes concrets (« Good intentions not enough »), le morceau est une invitation à chanter fort, de par sa simplicité et son thème facile à retenir. D’ailleurs, c’est quelque chose qu’on peut dire de l’ensemble des morceaux de cet EP. La production est qualitative mais dénuée de fioritures, ce qui donne un côté très brut à l’ensemble, sans pour autant qu’on ait l’impression qu’il manque quelque chose. Les morceaux sont portés par des thèmes vocaux entêtants et que vous vous surprendrez à entonner encore longtemps après avoir fini d’écouter cet opus. Là où DITTER fait fort, c’est qu’il s’agit sans doute des exercices les plus difficiles en musique : faire des morceaux avec une instrumentation simple qui marchent, et donner envie à son audience de chanter en choeur ces mêmes morceaux. Bref, c’est une vraie déclaration d’y parvenir dès lors première sortie, tout en donnant l’impression d’une insolente facilité (évidemment, sinon ce n’est pas drôle).
Autre message, et cette fois-ci en Français dans le texte, le groupe s’attaque à la question des VSS, du consentement et des relations toxiques dans Cherche Pas. À l’image, ça donne un détournement de Pac-Man joué par une petite abeille, chassée par un groupe de chiens. C’est simple mais efficace et marquant, bref tout ce qu’on aime. Au final, c’est peut-être ça qu’on retiendra de ce premier EP : Me Money & Politics de DITTER. Cette capacité à poser sur la table un message très clair et puissant sans s’excuser de ce qu’iels sont ou font, et finir en chantant Lalala (Song) à tue-tête. Merci pour ces six titres, ils font du bien à la musique et à tout le reste.