Avec Hyperdrama, Justice signe l’un des évènements musicaux de l’année. Le groupe nous offre de nouvelles envolées électroniques aux sonorités disco.
Sur la scène électronique mondiale, l’annonce du retour de Justice n’a laissé personne indifférent. Fort de sa renommée et d’un Grammy en 2019 récompensant le prix du meilleur album de musique électronique pour Woman WorldWide, le duo revient avec un nouveau projet, composé de 13 titres qui font durer le plaisir pendant 49 minutes.
Dès le début de l’album, Justice pose les bases de ce que sera Hyperdrama. Le premier titre, Neverender en featuring avec Tame Impala (qu’on retrouvera d’ailleurs plus tard), lance un disque où seront mêlés la musique électronique et le disco. Les diverses strates viennent se superposer pour accompagner une voix mélancolique. Ce morceau rythmé et solaire est pris à contrepied par Generator, beaucoup plus sombre et percutant. Le gabber de la première partie voit arriver des notes d’une certaine clarté, caractéristiques du genre disco. Avec des cordes élancées, le groupe amène une certaine sérénité, vite rattrapée par le retour de la techno hardcore dont il a le secret.
Nouvelle collaboration, Afterimage semble continuer dans la même atmosphère malgré un rythme très calme. La voix de RIMON, chantant le regret des choses passées, est contrebalancée par des percussions qui nous permettent de rester ancré et de ne pas sombrer dans la tristesse. Résolument disco, One Night/All Night, avec Tame Impala, nous fait danser. Les nappes électroniques viennent enrober l’auditeur et la voix du chanteur semble parfaite pour cette production.
Presque au milieu de l’album, le groupe pose Dear Alan qui est sans doute l’un des morceaux les plus complets du projet. Tout au long des cinq minutes, les sonorités évoluent. La basse entraînante est omniprésente et le rythme s’emballe sur la fin pour exploser et nous amener vers Incognito. Son ouverture ample et cinématographique éclate sur un rythme soutenu. Les différentes couches de synthé viennent contrebalancer une certaine impression de saturation, alors que les cordes et samples très disco enrobent l’oreille.
Mannequin Love poursuit sur le même rythme, où la voix de The Flints déclinée de différentes façons nous fait danser. Les nappes synthétiques semblent par moment liées à une pluie de notes. Ce qui nous amène à Moonlight Rendez-vous, interlude nocturne où le saxophone fait régner une ambiance résolument jazz. Cette pause apaisée apparaît nécessaire avant les deux pépites que sont Explorer et Muscle Memory.
La première, avec Connan Mockasin, nous offre une production dingue, où les notes reviennent comme un boomerang. Alors que les nappes ajoutent de la hauteur, il nous semble profiter d’un voyage galactique. Sur la deuxième partie, la voix presque apocalyptique devient plus claire au fur et à mesure de l’avancée vers le morceau suivant. Anxiogène, Muscle Memory sonne comme un tic musculaire qui s’emballe pour faire exploser l’électrocardiogramme. Les synthés flamboyants prédominent et nous entraînent vers l’extase, et Harpy Dream, nouvelle interlude au rythme soutenu. Plus calme, Saturnine figure comme un titre très pop. La voix de Miguel accompagne une production efficace.
Pour conclure, le duo nous offre une collaboration avec Thundercat sur The End. Le son saturé, lourd et brutal est associé à une voix qui sonne parfaitement dans ce registre du disco. Ce morceau apocalyptique clôture de la plus belle des manières ce disque.
Accompagné de nombreux artistes, Justice a su revenir en force avec ce nouveau album où des genres que tout semble opposer, s’accordent à la perfection.