Place des fêtes, Paris a été le territoire commun de création de l’Américaine Erica Ashleson, la Brésilienne Isabella Catani et des Parisiens Jean Duffour et Sarah Pitet. A eux quatre, ils forment Dog Park, une formation musicale inscrite dans ce qu’on a tendance à appeler ces dernières années la « dream pop ». Après avoir arpenté les scènes (Boule Noire, Inrocks Festival, Ricard S.A Live Music…), ils ont conçu en un an un premier album intitulé Festina Lente paru en avril dernier chez Géographie. Après une release party au Pop Up du Label, nous souhaitions poser des mots attendris sur notre écoute attentive.
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On commence l’album avec Sunny Decade, premier morceau qui nous transporte sur la route des vacances. C’est un trop plein de douceur ce petit synthé qui sonnerait presque faux. Mais nous on embarque dans la voiture, on ne se pose plus de questions et on fonce dans l’horizon. Ce ciel rosé par le vent nous transporte.
Si on empruntait l’autoroute avec Sunny Decade, on se pose sur une aire avec Time. Et sans vouloir faire de jeu de mots, on prend l’air. Time offre une respiration, le petit synthé crachote des bulles. On retient une ambiance teintée de légèreté bien douce. Un morceau qui sent un peu la barbe à papa. C’est tendrement bon.
Lalala avec un sourire en coin. Le morceau pourrait paraître enfantin à partir du moment où on se met à chanter la la la mais ça se complexifie un peu pour laisser place à des ouh ouh ouh. On a repris la route, c’est plus vivant. Néanmoins, la teinte tristoune commence à s’installer.
Et on ralentit le rythme avec Stimulation qui pose les questions « Tell me where you wanna go / Tell me why you wanna hide / Tell me who you wanna be » et la langue française s’invite à la petite fête triste intérieure. Si jusque là on était dans des environnements extérieurs, on revient à un cadre plus intime. Une petite colère pointe son nez sur la fin du morceau.
Goldfish qui prend la suite, s’inscrit dans le prolongement de celle qu’on appelait « la petite colère ». On aime cette batterie légèrement en retrait mais qui accompagne en douceur. Les synthés bullent encore pour notre plus grand plaisir. Le morceau gagne en puissance dans sa dernière minute, nous emmenant sur une côte océanique où l’on irait partir surfer.
Part belle aux voix féminines sur Trial and Error et à cette guitare qui se pare de ses plus beaux effets pour des envolées qu’on n’avait pas vu venir jusqu’ici et apportant une couleur bien vive à l’ambiance – jusqu’ici les tons pastels dominaient -.
Chouette composition que Rewind qui nous déstabilise par sa couleur sombre mais d’une beauté remarquable. S’il s’agissait de moments de légèreté qui invitaient à la flottaison, Rewind est bien plus terrienne.
On reprend la route vers les nuages avec Kaleidoscope. Un morceau probablement plus sucré mais inscrit dans la dynamique aérienne des précédents. Un aspect presque psychédélique se dessine dès lors que la guitare s’arme d’effets. Non moins mélancolique que ses petites sœurs, Head in the Clouds n’en est pas moins onirique, elle nous enroule dans des vapeurs parfumées. Son rythme à nouveau lent nous envoûte.
Et la conclusion c’est Mirror. Nouvelle route faite de sérénité, de plénitude. Et les paysages défilent tous à la fenêtre. Les couleurs sont de nouveau dans les teintes pastels qu’on avait laissées derrière nous. Le psychédélisme des derniers morceaux vient laisser une dernière trace.
La formation Dog Park s’illustre avec un premier album raffiné, travaillé avec précision. Festina Lente est un voyage planant où la tendresse s’habille avec la mélancolie, la chaleur avec la tiédeur. S’il est bon de le classer dans la dream pop, les influences psychédéliques ne sont jamais très loin, une écoute qu’on vous promet agréable en voiture ou dans le train sur la route des vacances.
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