La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la première partie de notre sélection numéro 225.
Pearl & The Oysters ❍ Side Quest
Désormais bien installés à Los Angeles, Pearl & The Oysters continue de nous enchanter de manière très régulière et sont de retour cette semaine avec la superbe Side Quest .
Alors que le génial Coast 2 Coast vient à peine de fêter sa première année, la créativité de Juliette et Joachim semble être toujours au meilleur de sa forme avec ce qui est sans doute leur titre le plus pop et lumineux à ce jour.
Une patte reconnaissable entre mille et un talent de mélodistes vraiment incroyable qu’ils mettent, comme souvent, au service de certaines inquiétudes. Car comme son nom l’indique, Side Quest est une sorte d’aventure parallèle, un moyen pour eux de contrer certaines peurs (ici la maladie d’un proche) et de s’évader autant que possible à travers la musique.
Une mission réussit pour eux, au vu de l’excellente chanson qu’ils nous proposent, et pour nous puisque comme toujours on trépigne de plaisir à écouter la musique de Pearl & The Oysters.
Pour accompagner le titre, le duo met sa musique entre les mains de David Gutel & Tayler Nicholson. Autant influencés par le surréalisme de Dali que par l’identité DIY de Michel Gondry, la vidéo nous entraine dans un univers aussi étrange que familier, puisqu’elle reprend les codes habituels de l’univers de Pearl & The Oysters.
On se retrouve donc dans une échappée mentale où le rêve et la réalité se mêlent avec un bonheur certain. Un univers de tous les possibles qui permet de fuir un peu le réel quelque peu effrayant face auquel on se confronte parfois.
Bref vous l’aurez compris, Pearl & The Oysters est toujours en grande forme et ça, ça nous fait bien plaisir.
Fleur bleu·e – pillow wet
Le monde est assez trouble en ce moment et on ne se refuse jamais un moment d’apaisement musical. Chanceux que nous sommes, Fleur bleu·e a décidé de soulager nos âmes tourmentées et de revenir cette semaine avec pillow wet, avant de s’envoler pour une tournée américaine au mois de juillet.
Un oreiller mouillée, c’est souvent ce qu’on laisse derrière nous après un cauchemar ou une crise de larme. Le nouveau titre de Delphine et Vlad nous donne cette impression, celle de pouvoir évacuer les choses qui nous hantent, qui nous tiennent enchainer à un passé dont on aimerait se débarrasser.
pillow wet marque aussi une belle évolution dans le son de Fleur bleu·e, s’éloignant peu à peu d’influences marquées pour créer un son qui n’appartient qu’à eux, notamment dans le son de guitares bien plus doux et produits, qui ne fait qu’élever un peu plus vers les cieux leur dream-pop qu’on apprécie tant.
Souvent attacher au rapport aux souvenirs, aux lieux et à l’enfance, Fleur bleu·e est cette fois-ci parti à la découverte des « origines » de Vlad pour la vidéo de pillow wet. Ainsi, c’est une promenade dans les rues de Sofia, en Bulgarie, qu’on les accompagne. Comme souvent le traitement de la vidéo laisse la part belle aux effets et à côté « film de vacances » tout en n’oubliant jamais l’apport émotionnel des images et cette tendresse infinie qui s’émane toujours de leur musique.
Avec ce titre Fleur bleu·e ouvre un nouveau chapitre et on a vraiment hâte de voir où il nous mènera !
Antonin Appaix – Bout de verre (ft. Waralu)
C’est l’histoire d’un Bout de Verre comme celui que l’on trouve sur les plages, émoussé par le sable et le ressac des vagues. Un Bout de Verre que l’on peut tenir au creux de sa main, apportant lorsqu’on le manipule un sentiment d’apaisement. La mer prête également à la ligne musicale une séduisante nonchalance. On retrouve entre les notes la douce torpeur du climat méditerranéen qu’accompagnent les voix d’Antonin Appaix et de Waralu. Une électro lascive qui prend par moments des accents Soul ou Rnb. Une échappée sonore qui se pare des reflets opalescents des deux cités portuaires de Marseille ou de Buenos Aires chères aux deux musicien.nes.
Pour mettre en images la chanson, Camille Potte nous propulse dans un univers plastique qui joue du fond vert habituellement utilisé pour ajouter des effets spéciaux. Pas de postproduction spectaculaire. Plutôt des scènes qui jaillissent de manière intrinsèque, guidant notre imaginaire dans un western que l’on suivrait déformé par le galbe vert du verre d’une bouteille d’absinthe.
Susanoô – Briller (version acoustique)
En l’espace d’un mois, Briller de Susanoô a déjà dépassé les 100 000 vues sur YouTube, une performance attribuée à la qualité visuelle du clip et à la force du morceau. Très attendu, le rappeur propose maintenant une version acoustique de ce single, tout aussi superbe que l’original.
Avec une instru revisitée à la guitare sèche, Susanoô propose un style bien plus planant, créant une ambiance aérienne qui s’éloigne d’une certaine violence de la première version. Cette nouvelle dimension musicale permet au rappeur d’explorer des sonorités plus légères et éthérées, mettant en lumière sa capacité à varier les registres. Une fois de plus, Susanoô démontre qu’il est à l’aise dans de nombreux styles musicaux. Il réussit toujours à transmettre ses émotions avec une sincérité touchante et une puissance remarquable, capturant l’attention et le cœur de son public.
Susanoô désire briller, et il le fait avec succès depuis la sortie de ces deux versions. L’une et l’autre étant très réclamées, l’artiste a su répondre aux attentes de ses fans en proposant deux propositions différentes mais tout aussi puissantes.
Kerchak – Play
Bien que plusieurs singles prétendent au titre de hit de l’été, Play de Kerchak occupe la première place, prêt à faire danser tout l’été. Le clip, sorti dans la foulée, est à l’image du morceau : énervé et énergique.
Sous la direction d’Owen Still, le clip capture le rappeur et son entourage lors d’une soirée, où les participants bougent au rythme de Play. Bien qu’il reste fidèle à son style favori, la jersey, Kerchak n’hésite pas à innover. Pour ce titre, il opte pour une voix plus aiguë, un choix qui s’avère judicieux, apportant une fraîcheur et une dimension encore plus entraînante au morceau.
Plus besoin de présenter le maître de la Jersey, qui enchaine les bangers depuis plus d’un an. Restant dans son style favori, Kerchak étonne souvent avec de petites nouveautés, comme sur Play, un morceau qui va rythmer l’été et faire bouger les têtes.
Milky Chance – Naked And Alive
Nouveau single sorti le 25 juin, Naked and Alive est tout de suite reconnaissable par la voix si distincte de Clemens Rehbein, l’intro guitare et ces rythmes qui donnent le sourire si propres à l ‘ADN musical Milky Chance.
Le duo allemand composé de Clemens Rehbein et Phillipp Dausch revient avec Naked and Alive, un nouveau titre acidulé et fun qui est décrit par Milky Chance comme « une ode à l’amour de soi et à la célébration du temps passé seul avec soi-même. Nous voulons montrer que la validation externe n’est pas nécessaire pour se sentir vivant. »
Un clip très fun et pétillant qui met en scène Clemens et Philipp en athlètes seventies aux grosses moustaches et rouflaquettes en compétition pour une série d’épreuves d’athlétisme déjantée et impertinente.
Manu Chao – São Paulo Motoboy
Il y a un mois Manu Chao nous faisait découvrir Viva Tu, premier single de l’album qui sera disponible à la rentrée, 14 ans après La Radiolina. Aujourd’hui, Manu Chao dévoile São Paulo Motoboy, nouveau titre qui rend cette fois hommage aux coursiers qui arpentent et zigzaguent dans les rues de la ville brésilienne. Comme l’a déclaré Manu Chao« São Paulo c’est un monstre vivant. Et les coursiers sont le sang qui va et vient par ses veines et lui permette de fonctionner ». Avec São Paulo Motoboy Manu Chao « chante les périls de la précarité et l’auto-sacrifice de ces travailleurs survivant à des parcours quotidiens exténuants. Il chante le rire, les rêves et le courage des chevaliers des rues de la ville qui se faufilent sans peur entre les camions et dans les embouteillages. Des hommes et des femmes prêts à tout donner malgré le fait que rien ne leur soit jamais donné. Tout cela à travers la chaleur, le froid ou la pluie, les urgences ou les accidents qui sont toujours prêts à se produire, avec une insouciance et un courage infinis. Il évoque également leur indéniable sentiment de liberté. »
Avec São Paulo Motoboy, Manu Chao fait du Manu Chao: mélodieux, groovy, et provocateur avec un refrain qui reste dans les esprits. On a envie de se balancer, de parler portugais, de chanter.
Le clip utilise des séquences du documentaire SP-Motoboy, produit par Teia Documenta et réalisé par Sofia Dowbor. Tourné dans cette capitale commerciale brésilienne, bondée et frénétique, le « motoboy » central dans la vidéo est en fait une femme, une mere de famille qui se prepare et embasse ses enfants, puis enfourche sa moto parcourant les rues et les autoroutes de la ville avec une boîte de livraison portant l’inscription « Carregando Injustiça nas Costas » (portant l’injustice sur ton dos).
Swim Deep – Glitter
Quatrième album au compteur pour les brit boys Swim Deep, There’s a Big Star Outside est sorti en ce début de mois chez Submarine Cat Music. Pour le single Glitter, les cinq garçons misent sur une ambiance live tournée comme au téléphone avec un filtre rétro Instagram. Glitter scintille notamment par la qualité de son grainage.
Musicalement, Glitter est teinté d’une mélancolie à dominante heureuse qui nous transporte dans les vapeurs d’une pop tendre et généreuse. Ses synthés nous font penser aux Smiths, la voix pourrait rappeler celle d’un certain Ian Brown des Stone Roses. Un morceau très cool, qu’on écoute tranquillement sur son canapé en attendant le véritable été.
Foster The People – Take Me Back
Foster The People continue de préparer l’arrivée prochaine de leur nouvel album et nous en offre un nouvel extrait cette semaine avec l’excellent Take Me Back.
Un morceau au groove lancinant, aux sonorités très organiques et parfois proche de la funk qui montre le tournant très 70’s qu’on avait déjà remarqué sur Lost In Space.
Entre les cordes qui apparaissent ici et là, la basse qui mène le rythme et la voix de Mark qui survole le tout, on prend plaisir à remuer en rythme sur ce nouveau petit tube.
Un morceau qui fleure bon la nostalgie jusque dans ses paroles puisque, comme son nom l’indique, Take Me Back nous invite à nous retourner vers des temps plus simples, ceux que l’on revit parfois dans nos rêves et qui nous apaisent.
La vidéo qui accompagne le morceau suit cette idée, puisqu’elle est une sorte d’accumulation d’images d’archives qui nous amènent dans le passé comme une série de flashbacks sans liens entre eux qui s’enchainent.
Paradise State Of Mind, le nouvel album de Foster The People, est attendu pour le 16 août prochain.
Porches – Itch
Lui aussi sera de retour à la rentrée et cela nous rend forcément bien impatient. Aaron Maine continue d’explorer la musique avec Porches à une régularité assez hallucinante ( Shirt sera son troisième album en 4 ans).
Et autant dire qu’avec Itch, le garçon nous donne toute confiance dans ce qui nous attend en septembre. Intense, abrasif, superbement écrit et interprété, ce nouveau morceau frappe fort et fait énormément de bien. On adore la manière dont Maine joue avec sa voix, comme si ils étaient plusieurs à vivre dans son esprit.
Pour l’accompagner, Nick Harwood laisse vivre la formation scénique de Porches devant sa caméra et nous offre une vidéo soignée, et parfois inquiétante, à la superbe photographie. Une manière, une fois encore, de transformer Porches en icône de son époque.
Pour le reste, on se donne tous rendez vous en septembre au Point Éphémère pour retrouver les américains sur scène. Une jolie rentrée en perspective.
Kim Gordon – ECRP
Il y aura toujours une curiosité incontrôlée pour chaque création qu’apporte Kim Gordon. Avec ECPR, elle nous entraîne dans un cercle sonore et lyrique où la frontière entre l’organique et le mécanique se brouille.
Divisée en deux actes distincts, cette œuvre explore des thèmes de contrôle, de technologie et d’identité à travers une poésie fragmentée et évocatrice. Elle décrit des scènes cliniques troublantes, où le corps humain est réduit à un ensemble de tubes et de machines, pompant du sang frais vers le cerveau. Cette imagerie dystopique questionne notre dépendance à la technologie et la perte d’autonomie individuelle.
La première partie, avec ses répétitions hypnotiques, instaure une atmosphère de tension et de malaise. Les termes médicaux et les descriptions précises évoquent une opération chirurgicale, symbolisant peut-être une intervention sur la conscience elle-même. La rythmique nette et les sonorités lourdes et déraillées renforcent ce sentiment d’oppression, créant un paysage sonore dense et puissant.
Dans la seconde partie, la chanson bascule vers une introspection plus sombre et personnelle. Les questions existentielles présents dans le texte reflètent une crise d’identité profonde, accentuée par des impressions de détresse et de confusion. La juxtaposition d’images de destruction et de figures parentales ajoute une dimension vulnérable et chaotique à cette exploration humaine.
Musicalement, ce titre se distingue par ses sons lourds et dérangeants, accompagnés d’une rythmique précise et ponctuée de sonorités puissantes. Ces éléments ne sont pas seulement un accompagnement, mais amplifient le message lyrique, illustrant la tension entre l’humain et la machine, la liberté et le contrôle.
ECPR est une œuvre intense et complexe, fidèle à l’esthétique de Kim Gordon. Elle nous invite à réfléchir sur notre existence dans un monde de plus en plus technologisé, tout en offrant une expérience auditive immersive et provocatrice.