Retrouvailles avec Ditter aux Francos

Au coeur des Francofolies de La Rochelle, il y a le Chantier. Un programme annuel qui permet à des artistes émergents de bénéficier d’un accompagnement. Cette année, Ditter faisait partie de cette sélection. On a donc profité du soleil de La Rochelle pour parler avec eux de cette expérience, mais aussi de tournée en festivals et de remix.

La Face B : Comment ça va ? Vous n’étiez pas malade aujourd’hui ? (rires)

Rosa : Bien. Non, pour une fois je ne suis pas malade !

Samuel : Ça va, tout le monde est en forme.

François : Les festivals l’été ça enchaîne pas mal mais on est très contents.

LFB : Je me demandais si vous aviez prévu un truc particulier pour ce soir parce que vous êtes devenu un groupe de métal.

François : (rires) Au contraire, on va y aller encore plus en petites chorés, en petits « lalala ». C’est le moment d’assumer encore plus notre côté mignon et coloré.

Samuel : Notre côté pop.

Rosa : On va faire plus de « bizz bizz blop ».

Samuel : Ouais. Mais comme on ouvre la soirée, ça va. On se retrouve pas au milieu d’un plateau de sets métal.

François : Ah ouais, ça aurait été particulier (rires).

Samuel : Ça aurait été marrant cela dit ! Je suis sûr que les gens auraient kiffé.

Rosa : Petite pause douceur.

LFB : Je voulais parler avec vous de votre expérience aux Chantiers. Savoir si vous connaissiez le dispositif avant et comment est venue l’idée de postuler aux Chantiers.

Rosa : Ça fait partie d’un de mes dispositifs préférés quand même, dont on entend parler quand on est en dév’ aussi. On avait plutôt l’intention de postuler. Après, l’expérience qu’on en a eue, moi je t’avoue que je ne m’attendais pas du tout à ça, et que ça s’est très bien passé et que, justement, on a beaucoup bossé sur la scène et aussi bossé les détails. En fait je crois que c’est arrivé pour nous au bon moment dans le process du live aussi.

Samuel : Ouais c’est ça. Je pense que c’est arrivé à point nommé parce qu’on avait déjà un truc qui tournait bien. Enfin, on avait déjà pu tester une formule des Ditter en festival, dans différents publics. On savait qu’il y avait une formule qui marchait. Du coup on est arrivés avec l’état d’esprit de se dire « bon ben pourquoi pas ». En effet on était prêts même mentalement à tout déconstruire le temps d’une semaine et voir. On a gardé en plus quelques trucs qui font partie intégrante du set comme maintenant. Du coup en effet c’est vraiment arrivé au meilleur moment on va dire.

François : J’ai l’impression qu’on l’a vécu d’une manière très positive et que c’était très personnalisé, je ne m’y attendais pas. Il y avait plus d’intervenants que de groupes. Ça peut être dangereux, mais là nous on l’a plutôt très bien vécu et ça a vraiment mis en lumière plein de petits trucs très intéressants, qui va des lignes de chœurs au remix global, de vraiment tout requestionner un petit peu. Très positif ouais !

LFB : Vous aviez qui comme intervenants avec vous ?

François : Jean-Noël Scherrer

Samuel : Sebastien Hoog, Carole Masseport, Anne Journo, Marc Mottin

Rosa : Marc qui supervisait tout. Et Virginie Riche.

LFB : Mais du coup, est-ce que c’est aussi intéressant de vous confronter à la réalité d’autres groupes qui étaient là un peu pour la même chose que vous, mais pas avec les mêmes attentes ?

Rosa : Oui, c’est intéressant déjà de voir où chacun en est, parce qu’on arrivait un peu à des stades différents. Et nous on était avec Arthur Fu Bandini et Liv Oddman. Arthur on ne le connaissait pas mais Liv on le connaissait un petit peu. C’est quand même des esthétiques assez différentes et on a pu aussi, mine de rien, se retrouver ensemble, que ce soit les activités qu’on avait en commun ou alors les lives après qu’on avait. Il y avait une espèce de forme de soutien qui était intéressante. On était tous crevés pour des raisons différentes.

Samuel : On était bien bien éteints à la fin de la semaine, parce que c’était intense hein.

Rosa : On était tous rincés (rires). C’était hyper intense mais pour moi ça reste un des meilleurs concerts qu’on ait fait.

Samuel : Non mais c’était génial. C’est hyper émouvant, tu passes une semaine en mode famille avec tout le monde et tu fais une réception de 40 minutes, et devant un vrai public en plus, pas que les gens des Francos. C’était assez cool.

Rosa : Oui et puis après c’était intéressant aussi pendant les ateliers de confronter un peu chaque personnalité tu vois ? Parce que tu te mets un peu à nu. Tu danses ensemble et tout. Tu danses pas tout nu (rires).

Samuel : Bah en vrai, on aurait pu (rires). Ca aurait pas été si choquant : « bon allez maintenant, si tout le monde se sent assez à l’aise… ».

François : Et voir les autres projets ça te permet de te mettre dans la position de te questionner d’un avis extérieur. Sur ton projet du coup tu te dis « ah c’est marrant, j’ai vu ça en début de semaine, je serais curieux de voir comment ça va évoluer ». Ca te met dans l’autre position quoi. Ca t’aide du coup à te questionner sur ton projet aussi.

Samuel : Et surtout, ce que j’ai trouvé hyper intéressant et fascinant c’est qu’on était censés présenter le projet la première soirée, voir où en étaient les projets. Moi ça me paraissait tellement quali, que ce soit Arthur ou Liv Oddman, que je me suis dit « mais qu’est-ce qu’ils vont vraiment bosser pendant cette semaine pour polir le truc ? ». Du coup quand tu vois le concert en fin de semaine, tu vois que ça se jouait sur des mini détails, mais tu sentais plus une présence. Du coup c’était vraiment minutieux comme approche.

LFB : Du coup ça vous a filé des tips pour le futur ? Ça a influencé votre vision ?

François : Concrètement, pour l’échauffement avant de monter sur scène, on a appris des trucs. Ca s’appelle la douche énergétique

Rosa : Merci Virginie (rires) ! Non mais je ne sais pas si on a changé de vision. Ça a plutôt poussé dans la vision qu’on avait déjà de base. Ce que j’ai trouvé intéressant c’est de pousser le travail à trois. De vraiment travailler l’aspect scénique à trois, même s’il y a une personne devant, deux personnes sur les côtés, tu vois ? Vraiment avoir une osmose tous ensemble, chose qu’on avait, mais un peu timide peut-être. Et là ça s’est renforcé en fait. Donc en fait c’est plus que ça a renforcé quelque chose qui était déjà là, je pense.

LFB : La résidence vous l’avez faite avant ou après votre date au Petit Bain ?

Tous : Juste après !

Rosa : On était prêts à tout démonter (rires).

François : C’était pas plus mal, parce que l’avoir juste avant je pense que ça aurait déconstruit beaucoup de choses et on serait peut-être arrivés un peu moins solides, enfin moins habitués au set qu’on allait jouer au Petit Bain.

Rosa : Oui, au Petit Bain on avait besoin de lâcher tout je pense.

François : Et de pas se poser trop de questions. Mais à chaque date en vrai, pas qu’au Petit Bain.

Rosa : Oui oui, là c’était la release donc c’était plus particulier. Mais après je trouve qu’on a quand même pris en précision après le Chantier par rapport au Petit Bain.

LFB : Là vous êtes sur une grosse tournée de festoch’. Pour un groupe en développement comme vous, c’est souvent reconnu pour la qualité de son live. Est-ce que ça vous plait justement que des gens vous découvrent en premier lieu via la scène ?

Rosa : Moi j’aime bien oui !

Samuel : Je trouve ça trop fort. C’est vrai qu’à chaque fois on a des retours positifs, je sens qu’il y a quelque chose qui se passe en tout cas. C’est assez différent suivant les gens mais tu sens qu’ils reçoivent ce qu’on a envie de donner. On sent que c’est reçu donc déjà c’est hyper satisfaisant. On a un truc très généreux à chaque fois. Je trouve que c’est vraiment un moment assez ouf, et que les gens nous découvrent par là, c’est assez cool oui !

Rosa : Pour le coup moi, en tant que public, c’est ce que j’aime bien faire. J’aime pas trop écouter les groupes avant les concerts quand je les connais pas. Je préfère me prendre la claque en live. Parce que c’est jamais la même chose effectivement.

François : Et en plus c’est la première fois qu’on peut tester des choses. Là on a fait deux spots quand même assez grosse jauge à 23h-23h30, c’est assez tard quand même. Les gens sont déjà bien chauds et j’avoue que c’est de l’énorme kiff quand même. C’est une musique un peu pour faire la fête. On l’a créée un peu comme ça, ça marche bien.

LFB : Est-ce que vous avez justement un pire et un meilleur souvenir de concert ?

François : Moi j’ai eu, je crois, – personnellement hein – ma pire performance technique à la guitare. Je vais pas dire où parce que j’ai pas envie de dire que j’ai gâché ce concert. Mais j’ai ma sangle qui s’est décrochée, je suis parti à l’envers… Sam a dû me prendre un peu entre 4 yeux et me faire « mec, concentre-toi ». (rires)

Samuel : Tel un entraîneur de foot.

François : Ensuite je lance le mauvais morceau… C’était un peu la cata. J’étais très très fatigué ce jour-là.

Samuel : Le concert absolument pas gâché.

François : Mais en dehors de ça, là je parle vraiment de ma performance personnelle, mais dans le tout en fait ça se dilue et comme on se tape des barres et on rigole au final c’était quand même un très bon concert. C’est relativement toujours des bons moments.

Samuel : Oui, toujours des bons moments. Mais je pense que les 2 moments les plus forts, pour ma part, ça a été les deux Petit Bain en fait. Déjà, le premier, vrai concert Ditter au Petit Bain quand même pour les Inouïs. Et le retour au Petit Bain pour la release, déjà même symboliquement c’était assez cool, et ça a trop bien marché. On est sortis de scène comme si c’était un premier concert. C’est la première fois que j’avais retrouvé ça depuis. C’était assez satisfaisant.

Rosa : Moi, le pire souvenir, c’est un concert où j’ai entendu un « à poil » et je lui ai dit « t’es pas au bon concert » (rires). Et le meilleur souvenir… En fait la fin du Chantier, on était épuisés. Je crois que j’étais encore en train de tomber malade. Le concert de récit’, on a commencé à chanter Follow No One et les gens ont chanté avec nous direct et là j’ai eu les larmes aux yeux. J’ai fait genre « woaaaah, ça peut arriver déjà, ça arrive là ». C’est bizarre, les gens connaissent tes chansons. Ca m’a fait un petit baume au cœur.

LFB : Quand on est en tournée, quelle place ça prend l’importance d’un bon catering ?

François : C’est énorme !

Rosa : C’est primordial !

Samuel : C’est énorme ! Tu juges la qualité d’une salle et d’un accueil par son catering… pas que, mais bon, ça fait beaucoup ! (rires)

François : Juste, si tu manges mieux, littéralement t’es mieux après pour jouer et vraiment ça fait une différence concrète sur le show je trouve. Et du coup on peut parler du meilleur catering…

Rosa : Quel est le meilleur catering de France ? (rires)

François : Apparemment à Beauregard c’était pas mal…

Samuel : Le plateau de fromages c’est ça ?

François : Ouais, le plateau de fromages (rires), j’ai eu des bons retours dessus ! Il y a les classiques : La Vapeur à Dijon…

Samuel : Garorock aussi…

François : Donc c’est des endroits où on est contents d’aller quoi.

LFB : J’ai une dernière question : vous avez fait un titre cette année, qui n’est pas un titre à vous. C’est le remix que vous avez fait pour Nor Belgraad, qui moi est un des trucs que j’écoute le plus depuis deux mois. Et je me demandais si c’était une expérience que vous aviez envie de renouveler ? Faire des remix…

Samuel : Complétement !

François : Carrément ouais ! Franchement c’était une très bonne expérience, même si ça nous a sortis un peu de notre mode de production et d’approche, un peu plus libéré, sur un format un peu plus long dans le sens où c’est un morceau qui fait 5-6 minutes je crois, qui est vraiment plis axé club. Exercice archi intéressant et en plus ça va bien avec la musique des Ditter je trouve d’avoir cet aspect club. Et nous là en ce moment, on est en train de faire remixer nos morceaux pour sortir un EP de remix.

LFB : Trop bien ! C’était ce que j’allais te demander.

François : Avec un casting que l’on garde secret pour l’instant.

LFB : Que vous me direz quand je fermerai le téléphone, c’est ça ? (rires)

Samuel : Voilà, exactement.

LFB : Moi le remix je le trouve vachement mieux. Il y a un petit côté Soulwax mais justement c’est ça qui est intéressant aussi, c’est que justement, même dans votre musique et dans l’aspect de faire du live, mais en même temps de pouvoir te mettre au service des autres, il y a ce truc-là qui est hyper intéressant aussi.

François : Carrément. J’ai un mini regret sur le remix quand même. Ça a vraiment été fait dans le rush et je pense qu’il serait vraiment plus fort si c’était bien mixé, et qu’il puisse passer en club.

LFB : Je pense que ça peut, franchement.

Samuel : Tu remets au bon niveau, et hop ! (rires)

François : A tester, à tester…

LFB : Ecoutez, merci beaucoup !

Tous : Merci à toi !

Crédit photos : Céline Non au Biches Festival
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