Rencontre avec Puggy

A l’occasion de leur venue aux Francofolies de La Rochelle, nous sommes allés à la rencontre des Belges Puggy. Huit ans de silence toutefois ponctués par de nombreuses collaborations en bande ou en solo avec la jeune génération du Plat pays : Angèle, Noé Preszow, Charles, Alice On The Roof, Yseult ou encore Adé. Ils sont revenus avec un EP : Radio Kitchen. Une tournée commence le 23 novembre prochain à Liège. Si la date est déjà complète, vous pourrez les retrouver sur les routes françaises à compter du 27 novembre à Brest ! Pour les Parisiens, il faudra faire preuve d’un peu plus de patience, le rendez-vous est fixé le 5 novembre 2025 à l’Olympia.

Puggy © Léa Goujon

La Face B : Bien le bonjour les Puggy, comment ça va ?

Puggy (tous les trois souriant) : Ah bah ça va !

Matthew Irons : Ça va très bien !

LFB : 8 ans d’absence. Tout le monde vous a répété. Ça fait huit ans, sans album, racontez-moi !

Matthew Irons : Je vais juste corriger. En fait la dernière sortie officielle d’un disque, c’était il y a 8 ans. Mais après la sortie du disque, on a tourné pendant 2 ans, on a énormément bossé. On a fait des musiques de film. Et les musiques de film sont également sorties sur tous les plateformes de streaming. On a fait beaucoup de productions pour pas mal de gens. On a écrit beaucoup de chansons, fait de la télé, construit et investi nos studios. Et puis il y a eu 2 années aussi, où c’était un peu plus calme…Il y avait des masques, on avait un petit peu peur de se tousser les uns sur les autres. Donc en notre défense, c’est pas tout à fait huit ans ! (sourire)

LFB : Mais comme tu dis, à juste titre, il n’y a pas vraiment eu d’absence. Pendant cette période vous avez collaboré avec beaucoup d’autres gens, de la jeune génération notamment. Ça vous a permis de prendre le pouls de la création d’aujourd’hui et de vous inspirer un peu de ce qui se fait aujourd’hui ? Vous étiez vraiment partis en disant « on va rencontrer la jeune génération et puis voir un peu, comment eux perçoivent la musique » ?

Matthew Irons : C’était pour leur dire comment c’était mieux fait avant. (rires) C’est vrai ! Il fallait leur expliquer comment c’était mieux. Qu’ils arrêtent leurs conneries !

Romain Descampe : On a eu la chance de pouvoir rencontrer la jeune génération et de travailler avec beaucoup d’artistes qui nous ont hyper inspirés. Je pense qu’on a pu les aider un peu de par notre expérience, parce qu’on avait quand même 4 albums et des musiques de film qui ont contribué à ce qu’on puisse les accueillir, à les reproduire, à les enregistrer, etc. On a énormément appris de la façon dont eux font la musique, comment ils l’abordent, comment ils abordent aussi la créativité, comment on met les chansons de côté, comment on en met plus en avant, etc. Tout ce qui est autour de la musique. C’était assez passionnant. On a passé des longues conversations dans notre cuisine, au studio, à parler de leur vie, de leurs morceaux, et les enregistrer quasi au même moment.

Matthew Irons : C’est vrai qu’il y a une attitude très différente dans la nouvelle génération. Il y a un entrepreneuriat qui est peut-être un petit peu moins là. Aujourd’hui, on demande aux artistes d’être entiers, de tout savoir faire : d’avoir la com, d’être compositeurs, d’être stylistes. Et donc, eux, ils ont appris beaucoup plus de métiers intuitivement que nous on avait fait, de voir comment eux évoluent là-dedans, dans le monde des réseaux sociaux. Pour nous, ça a été une ré-éducation aussi. Et aussi leur conception de la musique, parce qu’ils sont très hybrides. Pour nous, c’était vraiment une très belle école.

LFB : Vous avez aussi fait un grand pas : vous avez quitté Universal. Comment est-ce qu’on opère cette transition ?

Matthew Irons : C’était un accord. Essentiellement, on avait signé avec eux pour faire trois disques. On a rendu les trois disques. On a eu une très bonne relation avec eux. Majoritairement, ça s’est très bien passé. Il y a des hauts et des bas. Ça reste une très grande maison de disques. On a travaillé avec des gens vraiment très sympas. On s’est fait beaucoup d’amis, avec qui on est encore en contact aujourd’hui.

Est arrivé le moment où soit on renouvelait le contrat, soit on partait vraiment en indépendant. On avait les moyens, on avait l’envie d’être beaucoup plus indépendants par rapport à certains choix. De ne pas être liés à un calendrier imposé par une maison de disques, pouvoir faire un petit peu des choses comme on voulait, avec tous les risques que ça comporte, mais également toute la liberté que ça nous donnait. De toute façon, on savait qu’on n’allait pas ressortir un disque tout de suite. On avait deux-trois choses qu’on avait envie de faire avant. Donc ça s’est très bien passé. Ça a été une transition assez intéressante. Mais on a beaucoup de très beaux souvenirs des trois disques qu’on a faits avec eux. C’est cool aussi d’être indépendant. C’est très différent.

LFB : Justement, cette liberté-là, aujourd’hui, vous a permis, au lieu d’à tout prix sortir un album qui a un format assez conséquent, vous avez fait le choix de l’EP. Pour vous, c’est un moyen de revenir en douceur, c’est un moyen de tester quelque chose, sachant que vous avez fait beaucoup de choses en huit ans ?

Egil « Ziggy » Franzen : C’est un peu ça, oui. Il y a plusieurs choses. Je pense que c’est aussi chouette de se libérer du concept d’un album. Déjà, on a pris une longue pause pour sortir de la musique sous la bannière de Puggy et on voulait se représenter avec quelques chansons qu’on trouvait fraîches et qui représentaient bien le groupe en 2024. Après, ça nous donnait aussi un peu la possibilité de sortir des choses un peu différemment. L’idée, c’est quand même de continuer à sortir des chansons pendant le reste de l’année, de compléter un peu cet EP avec d’autres titres. C’est le projet pour l’instant.

LFB : Expliquez-moi un peu son nom : Radio Kitchen. Vous parliez de cuisine tout à l’heure. C’est une cuisine où tout le monde vient travailler un peu tous les jours ?

Romain Descampe : C’est ça. Dans nos studios, à Bruxelles, on a une cuisine où on a découvert au fil du temps qu’elle sonnait super bien. On a construit tout autour pour que tout se passe dans cette cuisine. Que ce soit les conversations, où on déjeune, où on dîne, et les prises de son. On a mis le piano, on a mis les amplis de guitare, et tous les micros de chant sont là. C’est lié à notre « control room ». Toutes les prises sont faites dans la cuisine. Tout notre EP, la plupart de toutes les productions qu’on a faites sont enregistrées dans cette cuisine. C’est cool de revenir avec ça. On a aussi appelé notre label comme ça.

LFB : Vous êtes un groupe 100% européen, de quelques coins différents et on dit souvent que vous sonnez indie anglais…

Matthew Irons : Je n’ai pas un souci avec ce label. Je crois que les labels servent vraiment aux gens de pouvoir communiquer entre eux quand ils n’ont pas encore écouté de la musique. Il y a énormément de projets qui sortent. Il n’y a jamais eu autant de musique qui sort constamment. Je crois qu’un label, c’est une façon utile des gens de communiquer entre eux pour dire « Ah, tu vas peut-être aimer ça parce que anglais ». Indé, oui, why not ? Je n’irais pas nécessairement classifier comme ça. Moi, j’ai utilisé un autre : « adult pop » ça marche aussi pour moi. « Really really good music » fonctionne aussi avec toute l’humilité. Avec l’accent français. « Very very good music » « Buy my album please » Oui, pourquoi pas. Ce n’est pas insultant en tout cas. Je crois qu’il y a moyen d’être vraiment beaucoup plus cruel et dur avec nous.

LFB : Quel rapport est-ce que vous entretenez avec les Francofolies de La Rochelle ? En Belgique, il y a quand même cette chance d’avoir les Francofolies de Spa.  Quel rapport entretenez-vous avec ce public français ?

Matthew Irons : On était venus il y a un petit bout de temps à l’époque sur une scène qui s’appelait les FrancOff. C’était justement une scène dédiée pour des groupes qui ne chantaient pas nécessairement en français. On avait été invités autour de 2010-2012. Je ne sais plus exactement quand. On avait découvert un public très chaleureux, très sympa, très festif. On a des très très beaux souvenirs. J’ai encore des souvenirs après le concert, la vue est magnifique. Les gens sont cool. On a vraiment passé une très très chouette soirée. Le festival est assez détendu, assez bon enfant et très accueillant. On espère que ce sera pareil ce soir.

LFB : Même si c’est vos tourneurs qui décident un petit peu de vos dates, êtes-vous attentifs à la programmation des festivals dans lesquels vous jouez et peut-être qu’il y a des curiosités que vous avez ?

Matthew Irons : Généralement, oui. On regarde quand même qui y sera également. On ne sait jamais s’il y a des amis ou des musiciens qu’on connaît. Maintenant, on a rarement beaucoup de temps pour aller regarder les concerts. Mais il y a des artistes. Moi, il y a Solann qui joue ici. Je crois qu’elle joue aujourd’hui, d’ailleurs, mais je n’ai pas eu le temps d’aller la voir. Elle joue sur la même scène que nous. C’est une artiste que j’ai vraiment envie de voir en live. Elle a une voix incroyable. Ses chansons sont superbes. Il paraît qu’en live, c’est vraiment assez époustouflant. Donc oui, généralement, on regarde. On n’a pas toujours le temps d’aller voir.

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