Francofolies 2024 : retrouvailles avec Jeanne Added

Habituée à fournir des morceaux puissants chargés en émotions, dynamiques, Jeanne Added s’est essayée à la transformation de son répertoire en acoustique. Un format qu’on a pu découvrir aux Francofolies de la Rochelle. On a profité de notre présence au festival pour nous entretenir avec elle sur ce format inédit qui donne lieu à la tournée Another place another tour, à son rapport aux Francofolies et ses souvenirs de festival.

© Antoine Moéngier

La Face B : Bonjour Jeanne, comment ça va ?

Jeanne Added : C’est une grosse question ça. Moi, il se trouve que je vais très bien. Le monde court à sa perte et moi je suis en pleine forme. Prête pour la bataille.

LFB : Je voudrais que tu m’expliques un petit peu comment est né ce projet spécifique de transformer un album hyper dansant, plein d’énergie en un concert acoustique…

Jeanne Added : C’est vraiment un truc de live en fait. C’est vraiment un truc de live et c’est vraiment lié à la personnalité musicale et humaine de Bruno Ruder avec qui je travaille depuis des années. Et que je connais comme ma poche et qu’il me connait comme sa poche. C’est vrai que quand la tournée s’est terminée, j’avais pas envie d’écrire tout de suite pour enchaîner sur un quatrième album. Ce n’est pas vraiment possible pour moi de juste rester une année sans rien faire. Donc du coup on a monté cette tournée-là, pour ce qui nous concerne, très légère. Parce qu’en fait on est vraiment en acoustique. Avec Bruno on travaille de façon quasi-télépathique. Il comprend tout ce que je lui dis. Il comprend tout ce qu’il joue. Donc c’est quasi des vacances en fait. En fait, c’est à l’instinct ce travail.

LFB : Donc tu n’as pas eu l’impression de retravailler vraiment ?

Jeanne Added : Non mais c’est comme si on revenait au squelette des chansons. C’est très minimal. C’est effectivement très à nu. Et moi j’adore ça. Ça me laisse plein de place pour chanter. Et puis pour chanter avec mes chanteurs Naël Kaced et Laëtitia N’diaye. Donc je t’avoue que c’est plus du plaisir là.

LFB : Le format acoustique impose une fragilité mise à nu. La Coursive est une salle immense, tu nous as saisis avec une intensité dramatique. Comment gérer cette proximité qui se créée entre tes émotions vives et celles du public qui s’intensifient ?

Jeanne Added : Je cherche à créer des émotions, il n’est pas ici question de les gérer. Mes émotions et celles du public sont différentes, et les miennes au final ne sont pas les plus importantes. J’essaie de proposer du sens, via les émotions. De cette intelligence qui passe par le corps. Enfin j’essaie.

LFB : Quels sont les défis ressentis après cette première ?

Jeanne Added : Jouer de la musique à plusieurs c’est apprendre à jouer ensemble. Se deviner les uns les autres, et ça c’est toujours perfectible.

LFB : Tu as intégré Prince et London Grammar dans la setlist, comment expliques-tu ces choix ?

© Célia Sachet

Jeanne Added : La setlist va changer au fil de l’année. Quant au choix des morceaux il est un peu aléatoire. Il faut qu’ils se répondent entre eux, et qu’ils nous aillent bien. Un peu comme des costumes. London Grammar par exemple nous sied à merveille (sourire).

LFB : Tu es déjà venue aux Francofolies. Tu y as fait la grande scène. Quel rapport entretiens-tu avec les Francofolies ?

Jeanne Added : Ça fait partie des gros, gros festivals français. C’est toujours un événement dans une année. Les musiciens doivent jouer ici. Je suis hyper heureuse qu’on joue à la Coursive. On n’y a jamais joué encore. C’est une très belle salle. Qui correspond vraiment bien au répertoire qu’on va jouer ce soir. Et voilà, c’est vrai que le souvenir de la grande scène, c’était assez incroyable. Ça reste une vraie belle soirée.

LFB : Est-ce que t’es assez regardante de la programmation des festivals dans lesquels tu peux être amenée à jouer ?

Jeanne Added : Ça peut, c’est pas forcément mon job à moi. C’est un peu le job des gens qui me font tourner. Pour aller voir ce qu’il se passe, ça dépend des gens, vraiment. Tout dépend du temps que tu as aussi. On a quand même rarement beaucoup de temps. Ça fait partie des infos qui circulent aussi dans les équipes. Ça dépend des festivals aussi.

LFB : Ton meilleur souvenir et ton pire souvenir de festival ?

Jeanne Added : J’ai un pire souvenir de festival, mais ça n’a rien à voir avec le festival. C’était moi qui n’avais pas dormi la veille et je faisais n’importe quoi. Et ça, ce n’était pas glorieux. En tout cas, à vivre de l’intérieur, c’était vraiment… Je le déconseille. Mais c’était il y a longtemps. Je crois que c’est passé complètement inaperçu. En tout cas, c’est ce qu’on m’a dit. Mais à vivre de l’intérieur, ça, c’était mon pire souvenir. C’était sur la première tournée.

Et un de mes meilleurs, c’était très récemment. Samedi dernier, on était à Jazz à Vienne. Et je dois dire qu’il pleuvait. Il y a eu de la pluie, etc. Et il y a eu un énorme orage avant qu’on commence. On était au Théâtre Antique. Avec l’eau qui dégouline le long des marches, etc. Et les gens arrivent parés avec le poncho de pluie, la couverture, les gants, la totale. Il se met à pleuvoir sur une chanson de Johnny Mitchell qui s’appelle Clouds. C’était parfait. Et là, tranquillement, tout le monde sort son parapluie. Pas une personne ne bouge. Ils sortent le parapluie, il mettent la capuche. Ils m’ont vraiment impressionnée. Et ils m’ont fait beaucoup de bien. Je me suis dit que c’était un vrai engagement de public vis-à-vis de la musique. Ça m’a beaucoup plu.

Retrouvez Jeanne Added sur Facebook et Instagram

A lire aussi :
> Notre rencontre au Festival Chorus 2023
> Notre chronique de By your side
> Les photos des Francofolies 2024