Les clips de la semaine #229 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la première partie de notre 229ème sélection.

Oldelaf – Mille milliards

Derrière les facéties d’Oldelaf se cache depuis toujours un cœur qui bat fort et qui bat bien. C’est sans doute pour cela qu’on aime le garçon depuis longtemps désormais, c’est que derrière chaque petite blague se pointe une montage d’émotions qui nous bouleversent souvent.

La preuve encore cette semaine avec Mille milliards, un morceau, ou même une aventure, dans lequel il nous raconte l’histoire d’amour faussement cachée entre le Capitaine Haddock et Tintin.

On pourrait trouver ça drôle, ça l’est vraiment, le morceau enchainant les références au héros à houppette dans une plume absolument savoureuse. La réalité, c’est qu’Oldelaf nous offre un vrai beau morceau sur l’amour, sur les évidences qui frappent et qui parfois surprennent la personne qui se les prend dans la tronche.

Dans un rythme qui ne faiblit jamais, Oldelaf met le coeur de son héros à nu, exprime avec sincérité et tendresse l’amour d’un homme pour un autre homme. Et mille milliards de mille sabords, ça fait vraiment du bien.

Le morceau s’accompagne d’une vidéo réalisée par Quentin Lavillaureix qui transforme Oldelaf et son camarade Aldebert en représentation de nos héros favoris. On les suit alors dans tout un tas d’aventures, de lieux, de déguisements, le tout avec cette petite pointe de sensiblerie qui nous fait toujours chavirer.

La suite ? L’arrivée de Saint Valentin, son nouvel album, le 25 octobre prochain et une tournée dans toute la France, avec, après une maroquinerie complète, un passage à l’Olympia le 10 mai 2025.

Future Islands – Glimpse

Formation originaire de Greenville en Caroline du Nord mais désormais basé à Baltimore dans le Maryland, Future Island décline une pop électronique et assurément rétro. Le morceau Glimpse fait suite à leur dernier album paru en début d’année People Who Aren’t There Anymore.


Le clip de Glimpse a été réalisé par Jayla Smith. Composé d’animations, il suit une jeune femme qui semble perdue dans ses souvenirs qu’elle convoque, comme pour les passer tous en revue, puis les contempler dans une nostalgie et une mélancolie palpables. Une mémoire empreinte de tristesse défile sous ses yeux. Les émotions fortes que chacun·e d’entre nous peut rencontrer sont à leur paroxysme, appuyées par la voix si singulière du chanteur et leader du groupe Samuel T. Herring.

Le penchant rétro du groupe est matérialisé comme souvent par une composition riche en synthétiseurs. Cependant, le groupe n’a pas misé sur la prise de risque sur cet album et sur ce titre, somme toute un peu répétiti


Néanmoins, c’est une formule qui fonctionne et c’est un clip très réussi !

Amadou & Mariam – La vie est belle

Si vous avez le moral dans les chaussettes, La Face B a la solution : il vous suffit de regarder en boucle le nouveau clip d’Amadou et Mariam, La vie est belle ! Un véritable hymne à l’amour et au bonheur qui viendra égayer à coup sûr votre rentrée.

Pour illustrer ce morceau, Amadou et Mariam ont fait le choix de l’animation avec Marie Susanyan et ZAVEN aux manettes. Le clip démarre sur un plan beige avec un rond jaune – le soleil. Puis on perd de l’altitude pour surplomber une ville, symétrique, austère, dans les tons sépia.

D’abord figée, la ville fourmille, traversée par une circulation dense et monotone de camions et de voitures, tous
identiques. Puis, gros plan sur un scooter qui se fraie un chemin. Le compteur du scooter, signé des initiales colorées d’Amadou et Mariam, se remplit de jaune, de bleu, de vert, d’orange et se met à diffuser un nuage rose sur son passage. Un nuage d’amour qui vient tout colorer, qui amène de la vie et de la joie dans un monde souvent terne et morose.

La métaphore est belle et simplement puissante. Amadou et Mariam, en couple sur scène et dans la vie, nous ramènent aux fondamentaux et nous délivrent un message plein de joie et d’optimisme : l’amour nous permet de tout surmonter, et c’est bien là le plus important.

Central CEE X Raye – Moi

En tant que figures incontournables de la scène musicale britannique, il semblait inévitable que Central CEE et Raye finissent par collaborer. Moi est le résultat brillant de cette union, combinant deux styles différents, mais qui, lorsqu’ils se mêlent, deviennent incroyablement efficaces. Le morceau s’accompagne naturellement d’un clip qui en magnifie l’essence.

Au cœur de la ville lumière, le clip met en scène la rencontre entre ces deux univers. La vidéo s’ouvre sur Raye, qui entame la première partie du morceau dans l’atmosphère feutrée d’un café-théâtre niché dans une cave parisienne. Cette scène initiale, imprégnée du charme intime de Paris, sert de toile de fond parfaite pour introduire le style aussi glamour que percutant de la britannique. Mais dans ce lieu, un client ne la lâche pas du regard.

Bien évidemment, Central CEE n’a pas pu résister au charme de la voix envoûtante de la chanteuse. Mais rapidement, le rappeur retrouve ses repères et remonte à la surface de la capitale pour arpenter ses rues. Le clip reprend alors un format plus traditionnel, où l’on voit le rappeur déambuler à travers les rues de Paris à bord d’ imposants 4×4 chromés, exhibant ainsi sa nouvelle vie de luxe sans oublier ses origines.

Le duo formé par ces deux poids lourds de la scène anglaise a tenu toutes ses promesses. Bien au contraire ! Raye parvient à s’adapter parfaitement aux beats de Central CEE sans perdre une once de son identité musicale. Moi est sur la bonne voie pour atteindre les sommets des classements, comme c’est souvent le cas pour ces deux talents.

Mustang – La porte au nez

Un pouce levé vers le ciel, sur une route déserte, dans une lumière déclinante. C’est ainsi que s’ouvre le nouveau clip de Mustang, La porte au nez, qui succède à ceux d’Aérosol et l’Argent du beurre et laisse décidément présager de belles choses pour l’album MEGAPHENIX attendu le 11 octobre.

Ce pouce, c’est celui de Jean Felzine, chanteur du groupe, dont on découvre la silhouette, veste de cowboy sur le dos et les yeux plantés sur l’horizon. L’air désabusé, il entame sa complainte face caméra – « J’explique tout à la Sécu / Mais on me ferme la porte au nez ». Cette caméra, qui suit les trois membres du groupe en plan séquence sur près de quatre minutes, c’est celle de Yannick Demaison et Alexis Magand. Le duo de réalisateurs signe un clip efficace et joliment chorégraphié, qui sert parfaitement le propos de cette chanson pleine d’autodérision. 

Dans ce qu’on pourrait qualifier d’anti-egotrip, Mustang dépeint avec humour et sensibilité l’incompréhension et la frustration face aux refus répétés, notamment dans l’industrie musicale – « Et les majors et les indés / T’es trop variète ou t’es trop spé ». Le rejet et le doute y sont traités avec une légèreté empreinte de sincérité. On est touché par la voix de Jean Felzine, qui dévoile peu à peu son amplitude, portée par une instru de plus en plus rock qui gagne aussi en intensité. La lumière rasante du soleil – qui suggère l’urgence dans laquelle se trouve nos trois auto-stoppeurs – sublime l’image et ajoute une note de poésie au tableau.

En bref, on a tout sauf envie de fermer la porte (ou les oreilles) au nez de Mustang, dont on attend avec impatience l’album MEGAPHENIX, prévu le 11 octobre.

Alexandre Delano – Rodéo

Chez Alexandre Delano, il y a ce petit on ne sait quoi qui nous le rend immédiatement attachant. Sans doute cela vient de sa façon de chanter, de cette petite nonchalance qui se brise ici et là. Peut être aussi est-ce son écriture, limpide, simple, tellement humaine qu’elle nous transperce à chaque ligne.

Cette sensation nous frappe une nouvelle fois avec Rodéo, son dernier morceau qui annonce autant la rentrée qu’il prolonge l’été. Une ode à l’adolescence, à l’existence qui se vit parfois cahoteuse où, alors que le temps passe, les désillusions et les cicatrices naissent et laissent des traces sur nos souvenirs.

Sur ses nappes synthétiques, porté par une rythmique qui fleur bon le roadtrip fenêtres ouvertes et cheveux aux vents, Alexandre Delano nous enchante et nous emmène avec lui en voyage.

La vidéo qui accompagne Rodéo fleure bon les souvenirs nostalgiques et la vie qui suit son court. Des lacs, des amis, des routes de nuit et des lumières stroboscopiques se succèdent comme pour nous rappeler un temps qu’on a souvent tendance à idéaliser un peu trop lorsque l’on devient adulte.

On n’en est pas à notre premier rodéo, mais on a bien envie de mettre une petite pièce sur La nuit des couleuvres, le prochain album d’Alexandre Delano prévu pour le 18 octobre prochain.

Gus Englehorn – Thyme

Le 4 septembre dernier, Gus Englehorn a dévoilé Thyme sous le label Secret City Records, premier extrait de son prochain album The Hornbook, prévu pour le 31 janvier 2025. Plus qu’une simple vidéo, Thyme est une véritable odyssée temporelle. Selon Englehorn, la chanson raconte l’histoire d’un voyageur temporel qui se retrouve à la foire de Scarborough, un lieu chargé de nostalgie mais également la destination n°1 du chanteur si il devait faire un voyage temporel.

Ce voyage à travers le temps est sublimé par un clip au grain granuleux, évoquant les films de science-fiction des années 80/90, sur une mélodie post-punk dont Gus Englehorn à le secret. Ces images résonnent avec le thème de la nostalgie, où les souvenirs deviennent flous et où le passé et le présent s’entremêlent. On est plongé dans un monde où les limites du temps s’effacent, et où l’étrangeté côtoie la mélancolie.

Les paroles de Thyme, elles, renforcent cette dimension onirique. La voix fragile de Gus nous guide dans ce dédale temporel, où chaque mot semble empreint d’un souvenir lointain. Les répétitions et les paroles du refrain semblent presque comme une incantation, une sorte de formule magique pour traverser les époques. En intégrant également des extraits de poésie vieille de 400 ans, il ajoute une profondeur littéraire et brouille encore plus les pistes entre passé, présent et imagination.

Cette première incursion dans l’univers de The Hornbook annonce un album captivant, où Gus Englehorn continuera de jouer avec les frontières du temps et de l’espace. Thyme n’est pas seulement un clip, mais une invitation à explorer les méandres de la nostalgie et de l’onirisme à travers le prisme unique d’Englehorn.

FOZE – Gotta Be Someone

Le clip de FOZE, Gotta Be Someone, nous plonge dans une crise existentielle aux couleurs saturées, avec un décor de fête foraine qui reflète la quête intérieure du chanteur. Entre la lumière vive et l’atmosphère décalée, l’esthétique visuelle donne un ton vibrant à la recherche de soi. Musicalement, FOZE propose des sonorités groovy mêlées à un fond pop rock, un équilibre rappelant des groupes comme Pony Pony Run Run, Puggy ou encore Housse de Racket. Ce titre évoque un véritable retour à la scène French indie des années 2010.

Le mariage entre cette ambiance musicale et visuelle crée un effet nostalgique et introspectif. La fête foraine, symbole à la fois de l’émerveillement et de la confusion, se transforme en un labyrinthe où les émotions se perdent et se retrouvent. Avec une structure pop accrocheuse et des riffs rock percutants, FOZE nous embarque dans un voyage qui, tout en célébrant l’euphorie de l’instant, reste profondément ancré dans la recherche d’une identité personnelle. 

On devrait retrouver Gotta Be Someone sur son prochain EP Things like you dont la sortie est prévue cet automne. 

Carnival Youth – Empire of Temptations

On sort à peine des Jeux Paralympiques voire même des Olympiques que les lettons Carnival Youth nous embarquent dans un clip fort sportif. A vos marques, prêts, partez !

C’est le batteur Emïls Kaupers, suivant à la lettre la réalisation de son jumeau Edgars,qui nous embarque dans sa course folle qui s’achève en saut à la perche. Quand on dit folle ça n’est pas anodin : Emïls a couru l’équivalent de deux marathons pour réaliser ce clip entièrement autoproduit tourné depuis une voiture en mouvement. Petite foulée mais grande folie ! On aime bien ce mélange d’images « propres » et un peu graineuses, brutes. Décors urbains et champêtres se croisent comme les sonorités.

Au niveau de la musique, les lettons nous offrent un single frais au synthé velours, dansant et pour le moins que l’on puisse dire groovy. Un son parfait pour le dimanche après-midi tranquille à la maison !

Storm Orchestra – Drummer

Du rififi chez Storm Orchestra ? Il y a une dizaine de jours, Loic, le batteur du groupe, postait un mystérieux message annonçant la fin de son aventure avec le groupe, le ton sur fond de drama un peu secret dont on attendait de savoir le fin mot de l’hisotire…

Mais comme tout n’est que faux semblant, ce nouveau drame dans le monde du rock n’était en réalité qu’un teasing pour annoncer l’arrivée du nouveau morceau de Storm Orchesta … logiquement intitulé Drummer.

Comme toujours, le trio joue fort et joue bien. Les amplis au max, Drummer est une belle déclaration d’amour à tous les batteurs, ceux qui donnent le rythme et nous font parfois exploser les oreilles. Ça tape fort et bien et ça nous propulse dans une grande envie de headbanging rythmé et frénétique.

En plus de la qualité du morceau, le groupe nous offre en plus une superbe vidéo réalisée par Julien Metternich.

En effet, orphelins de Loic, les Storm Orchestra décident donc de se lancer dans un grand casting pour trouver leur nouveau batteur. La vidéo drolatique permet non seulement de rendre hommage à tout un tas de grands batteurs rock à travers le temps mais surtout de dévoiler les talents d’acteurs de Loic, qui s’amuse à tous les jouer avec ses plus belles tenues … et ses plus belles perruques.

Au final, tout est bien qui finit bien et l’amour entre le trio renait de ses cendres. Le drummer est à nouveau en place, c’est parti pour la bagarre.

Rejjie Snow – Karen

Après trois ans d’absence depuis Baw Baw Black Sheep, Rejjie Snow revient enfin sur le devant de la scène avec son nouveau titre, Karen. Ce single démontre que le rappeur irlandais n’a rien perdu de son talent, et il en profite pour annoncer la sortie de son troisième album intitulé Peace 2 Da World prévu pour le 25 octobre.

Avec un groove entraînant et une fausse apparence de légèreté, l’Irlandais fait son retour en mettant en avant un personnage bizarrement intriguant : Karen. Ce nom n’est pas choisi au hasard, puisqu’il fait référence aux stéréotypes des femmes américaines, souvent décrites comme autoritaires, capricieuses et soyons honnêtes, très chiantes. Le rappeur explore ces clichés de manière frontale, offrant une réflexion mordante et ironique. 

Aussi étrange que captivant, le clip nous montre l’Irlandais dans la peau de son personnage, affublé d’un masque aussi terrifiant que révélateur. Il traverse les rues et enchaîne des scènes à la fois drôles et bourrées de stéréotypes, rendant impossible de détourner le regard une seule seconde.

Après trois ans passés à voyager aux quatre coins du monde, Rejjie Snow revient ressourcé avec un album qui pourrait bien être la bande originale de sa propre vie. Il révèle que ce projet est une conversation intime avec sa personne préférée, marquant la première fois qu’il crée quelque chose pour quelqu’un en particulier. Peace 2 Da World s’annonce déjà comme l’une des sorties les plus attendues de la rentrée.

Côme Ranjard – Salut 

S’enivrer de la nuit, peiner à ouvrir les yeux et se découvrir à nouveau avec la lueur du matin. L’été n’est pas si loin. Once de mélancolie ou nostalgie des jours plus doux, voilà quelques couleurs qui auraient pu teinter, de manière purement subjective, le dernier single de Côme Ranjard intitulé Salut

Salut. D’abord inquiétantes ou bien quelque peu déstabilisantes, les premières images du clip nous montrent Côme, maquillé d’un œil au beurre noir. Puis la mélodie emplit l’espace, envoûtante, on suit l’artiste le temps d’une balade au bord de la rivière. Comme une pause nécessaire, l’action de se couper les cheveux, prendre soin de soi simplement, attire toute notre attention. Salut Côme, voilà une humble présentation. Ce titre annonce peut être un nouveau projet, tout aussi surprenant et poétique on l’espère.