ADN #894 : Mégafeu

ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent. Mégafeu vient de dévoiler son premier EP, Chimères & Charades, À cette occasion, les membres du groupe nous confient leurs influences.

Hand Habits – Something Wrong


Eliot (chant & guitare) : Parmi les artistes qui m’impressionnent le plus et ce, depuis plusieurs années aux USA, Meg Duffy arrive dans le top 3.

Que cela soit avec Hand Habits son projet solo audacieux, avec yes/and au sein duquel les textures de guitare sont poussées jusqu’à la moelle de la mélodie ou bien ses discussions instrumentales avec Gregory Uhlmann, tout est brillant.

Dans Something Wrong, produit par les démiurges Luke Temple et Phil Weinrobe, l’alliage de la nonchalance et d’une force sous-jacente qui ne demande qu’à exploser me saisit à chaque fois.

Yves Duteil – Virages


Pierre (basse) : Virages est une chanson on ne peut plus cinématographique, portée par une orchestration chic, signée Alain Goraguer, arrangeur de génie qui a travaillé avec les plus grands, toujours au service de la chanson française. En l’occurrence ici ce sont les cordes et le texte d’Yves Duteil qui me transportent tout au long de ce trajet, métaphore de la vie de couple à laquelle je m’identifie.

La texture de la basse, élégante et caractéristique ne trompe pas, nous sommes bien au début des années 70, années que j’ai toujours fantasmées. Si le titre Virages vous plaît, je vous conseille d’écouter l’album L’Écritoire dont il est extrait, pour découvrir d’autres trésors d’arrangements et d’orchestrations de haute volée.

Avalon Emerson & the Charm – Astrology Poisoning


Eliot : L’année dernière avec Mégafeu et le compagnon Siau (à la réal et au mix de notre EP à paraître) nous avons été très enthousiasmés par l’album d’Avalon. Bullion, avec qui elle a œuvré, est un producteur que nous estimons beaucoup. Les nappes de synthétiseurs et le soin constant qu’il porte aux lignes de basses font de chaque morceau de l’album de the Charm un bijou.

Avalon Emerson est principalement connue comme étant une DJ de techno mais elle pioche pour ses sets dans la new wave, l’indie et la rave. Le fait qu’elle ne soit pas chanteuse de formation mais qu’elle se plonge dans un album chanté me plaît beaucoup. J’aime ce type de parcours, atypiques. Puis, il y a quelque chose de très intime et naturel dans ce qu’elle délivre, les émotions circulent intensément.

Brian Blade & The Fellowship – Stoner Hill


Robin (batterie) : Un peu de jazz pour s’inspirer ça ne fait jamais de mal. En plus le Fellowship de l’immense Brian Blade nous emmène au-delà, dans les sonorités très folks de l’Amérique telle qu’on la rêve, ses grands espaces, sa nature profonde, ses horizons.

C’est cette profondeur que le groupe reproduit : chaque note semble sous-pesée avant d’être posée. Les premiers sons de la guitare de Kurt Rosenwinkel me transportent systématiquement dans une mélancolie apaisée, à chaque fois je fais non de la tête tellement je suis abasourdi par une telle intensité.

Une guitare amplifiée par l’acoustique batterie de Blade, qui démontre que cet instrument ne se limite pas au rythme. Pour moi, Stoner Hill c’est une leçon d’harmonie, celle où chaque note et chaque instrument est à sa juste place.

O – Olivier Marguerit – La Barcarolle

Eliot : Quand j’écoute cette reprise si dépouillée si nue si sincère du monument d’Offenbach, je crois que je suis le plus ému qui soit. J’aime la simplicité d’une voix (ici avec des chœurs bien sentis) et d’une guitare acoustique, j’y reviens toujours.

Tout est parfait et on retrouve ici la sensibilité d’Olivier Marguerit, caractéristique. Son album Un Torrent, La Boue (2016) m’avait marqué et son évolution jusqu’à la musique de film dans laquelle il excelle aussi ces derniers temps, montre qu’il est un artiste unique dans la paysage hexagonal.

Maxwell Farrington & Le SuperHomard- Backgammon


Charles-Henry (claviers): L’alchimie entre le baryton désabusé Maxwell Farrington et l’orfèvrerie mélodique du SuperHomard est désarmante. Backgammon dépeint les souvenirs éphémères et suspendus d’un regard, d’un sourire, qui nous renvoient à des amours passés. Les envolées lyriques nous font voyager comme enivrés devant un paysage filant.

Tout l’album Please, wait… est somptueux, balançant entre onirisme et enchantement. Christophe Vaillant dit « Le SuperHormard », poly-instrumentiste, met son talent au service de la plume de Maxwell Farrington et arrange jusqu’aux cordes pour nous livrer une pop mirifique et classieuse.

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