Ckraft dévoile son odyssée expressionniste

La scène métal vibre d’un nouvel éclat : celui du groupe Ckraft qui sort aujourd’hui son second album intitulé Uncommon Grounds. À base d’envolées médiévales, augmentées d’un accordéon acéré, d’un saxo délicieux, de lignes de guitare et basse bien lourdes, cette formation a quelque chose de spécial qu’on ne rencontre pas tous les jours. La sortie de l’album représente une belle occasion de vous en dire plus.

Après un premier album en 2022 nommé Epic Discordant Vision, Ckraft, respectivement composé de Charles Kieny (accordéon), Théo Nguyen Duc Long (saxophoniste), Antoine Morisot (guitare), Marc Karapétian (basse) et William Bur (batterie) remet le couvert.

Jazz délicieux et métal médiéval.

Si vous aimez l’alliance du jazz et du métal, vous allez être servis. En effet Charles, fondateur du groupe, a une formation jazz à peine palpable (ironie bien sûr) et pourtant c’est un féru de métal. À La Face B, on aime beaucoup ce couplage et il était donc viscéral de vous proposer cet album en chronique.

Parlons peu, parlons visuel. N’avez-vous pas l’impression de vous retrouver dans un tableau style Renaissance lorsque vous regardez cette représentation ? Les représentations de cette époque sont marquées par les enfers et la peur qu’ils génèrent. C’est ce qui est retranscrit ici dans une version XXIème siècle. Le visuel concorde parfaitement avec le contenu de l’album et assure une cohérence certaine.

Un accordéon nommé Lucifer.

Avec All You Can Kill, premier extrait de l’album, Ckraft avait déjà annoncé du lourd. La batterie engage le morceau et laisse place à une atmosphère lugubre grâce à cet accordéon de l’enfer dont les sonorités inquiètent, éblouissent, bousculent. On retrouve cette même batterie qui vient marquer les différentes mutations du morceau dans un fracas détonnant.

Puis, Pageantrivia a vu le jour. Sa structure est particulière puisqu’on a la nette impression que le morceau démarre par la fin. Ce titre dessine les contours d’une épopée nautique à la conquête de nouveaux mondes dans laquelle des pirates s’affairent à affronter la géante bleue entre vents et marées.

Enfin, Misconstruction Of The Universe, sorti le 10 janvier, nous avait tenus en haleine jusqu’à l’avènement de l’album. La créativité du groupe n’a pas de limites et les mélodies excentriques et subtiles se succèdent. Quelle audace et surtout quels génies !

Une épopée médiévale.

Le fil conducteur d’Uncommon Grounds – et du groupe globalement – se caractérise par cet accordéon fou qui induit une odyssée médiévale dont le chemin, complexe, traduit une inquiétude viscérale, une lourdeur délectable et un monde infernal digne des meilleurs films d’horreur.

L’expressionnisme.

Les paysages sonores construits plongent directement les auditeurs·trices dans un film d’auteur dont la créativité exalte les compositions. Des images apparaissent, une histoire prend vie. On pense aisément au cinéma expressionniste du début des années 1900 avec des films comme Nosferatu de Murnau, Le Cabinet du Docteur Caligari de Wiene ou les Docteur Mabuse de Fritz Lang.

Architectes et artisans d’un monde unique, les musiciens de Ckraft tricotent un style atypique et inédit qui crée une identité et une signature très marquées. Oubliez les codes, déconstruisez-les. Ckraft ne se conforme pas et ne ressemble à aucune formation du paysage musical.

Uncommon Grounds est un album qui mérite assurément de s’en imprégner. Entre compositions mystiques et ingénieuses, Ckraft peut se targuer de son caractère unique, entre jazz et métal mais jamais vraiment dans les cases. C’est en cela qu’ils nous font d’autant plus vibrer. Ces partis pris créatifs représentent une force inouïe et renforcent leur légitimité. On souligne encore les talents autour de cet album. Suivez bien ces musiciens qui donnent du fil à retordre à la musique !
On retrouvera Ckraft en live le 24 février prochain à Paris au Backstage By The Mill. Autant dire qu’on vous y attend en masse !

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