Max Baby au bout du fil 

Au croisement d’un chemin à la fois lumineux et sinueux, on a rencontré Max Baby pour parler de la sortie de son premier projet solo intitulé Out Of Control, Into The Wall. Très heureux d’en savoir plus, on s’est plongé dans ce premier EP, porté par l’envie et la belle énergie de cet artiste aux multiples talents.

max baby

La Face B : Salut. Déjà pour commencer, d’où vient ce nom, Max Baby ? 

Max Baby : Pendant super longtemps, j’ai essayé de trouver un nom au projet. J’avais une liste de noms plus nuls les uns que les autres sur mon téléphone. Et évidemment, je l’ai partagé à Edouard de Savoir Faire. À chaque fois, il était là “Oui mais ça fait un peu créé de toute pièce et tout. En fait, tout le monde me disait.. Mais mec, t’as Baby dans ton nom de famille. C’est écrit, il faut que tu t’en serves.” Moi, je voulais pas, je voulais pas … Mais force est de constater que, j’ai dû l’accepter à un moment. Je sais pas, peut-être que le décalage entre ma musique et le nom, crée un univers, en plus, ou je sais pas tu vois. 

LFB : Parce que tu trouvais que Baby, ça sonnait un peu.. Pop ? 

Max Baby : Oui, c’est ça. 

LFB : Moi je me suis demandée d’où ça venait.

Max Baby : Il y a un petit clash avec Max, du coup. En fait, ce qui est très drôle, c’est que le truc qui est un peu transformé, c’est Max. Parce que mon vrai prénom, c’est Maxime. Tout le monde pense que Baby c’est le pseudo. D’ailleurs pour l’anecdote, j’ai déjà eu un problème à l’aéroport. C’était Kirin J Callinan, avec qui j’ai bossé, qui m’avait pris un billet d’avion pour le rejoindre en studio. C’était en Espagne, à Bilbao. Il avait pris le billet au nom de Max Baby. Je suis arrivé à la porte et ils m’ont dit “écoutez, on a un problème avec votre billet”. J’ai dit “non, mais je vous jure, Baby c’est mon vrai nom de famille”. “Ah ben non, mais c’est pas ça, c’est Max le problème. Parce qu’en fait sur votre passeport il y a écrit Maxime. Baby, c’est bon, on a vu.”

LFB : Alors maintenant tu trouves que ça colle plutôt bien à ton univers ? 

Max Baby : Oui très bien. C’était plutôt une réflexion à mener, trouver un nom à ce projet. Finalement, plus ça allait, plus je me suis rendu compte que c’était un peu une ineptie d’essayer de créer un personnage. Parce que tout ce que je raconte dans ce disque, c’est hyper personnel et tout est réel. On s’est dit, autant aller dans l’honnêteté au maximum et utiliser mon vrai nom. C’était plus ça. C’était aussi une espèce de peur de vulnérabilité, mais que finalement, j’ai dû embrasser à 100%. 

LFB : Ce qui est cool, c’est que quand tu choisis ton vrai nom, c’est un peu plus de transparence. Et d’un côté, si tout le monde pense que c’est un pseudo …

Max Baby : Oui, mais pour le coup, c’est un peu l’aftermath du truc qui me fait plutôt rire. Parce que vraiment, tout le monde croit que c’est un pseudo, mais ça en est pas un. 

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LFB : Donc on va parler de ton premier EP qui est sorti il y a quelques jours et qui s’appelle Out Of Control, Into The Wall. C’est ton premier projet solo, mais tu travailles déjà depuis un moment en tant qu’auteur, compositeur et producteur. Je me demandais pourquoi tu as décidé de te lancer seul, maintenant ? Parce que c’était le moment, ou parce que tu avais déjà plein de choses en tête ? 

Max Baby : C’était carrément le moment. Ça faisait un long moment que j’avais quelques titres dans mon carquois. Et voilà, en fait je me suis toujours plus considéré comme un artiste qu’un producteur. La production, c’est arrivé un peu comme ça. J’avais un groupe avant qui s’est arrêté, et la production, c’est un peu ce qui m’a fait vivre. J’ai adoré ça, je me suis vraiment éclaté là-dedans. Mais dans ma tête, j’ai toujours été un artiste avant d’être un producteur. Avant de produire pour les autres, je faisais des démos, des trucs pour moi, tout seul, et je chantais dessus, etc. La réalité a fait que j’ai réussi à vivre de ça avant. Mais dès que j’avais un moment libre, je faisais des morceaux pour moi. Là, j’avais une bonne petite sélection, j’avais trouvé ce que je voulais dire. Et voilà, c’était assez naturel. 

LFB : Tu n’avais pas d’appréhension à être et te montrer tout seul, plutôt que de travailler pour quelqu’un ?

Max Baby : Non, parce que comme je t’ai dit, c’est vraiment ce que je veux faire. En règle générale, je veux vraiment continuer à lier les deux. Mais en fait, j’avais commencé à faire tellement de productions qu’il fallait que je sorte un truc en tant qu’artiste. 

LFB : Et aussi prendre le temps de le faire ? 

Max Baby : Oui c’est ça. Quand on part de rien, ça prend beaucoup plus de temps et d’énergie, que quand t’es déjà installé. Enfin, pas plus, mais c’est différent. Et ça prend un peu plus de temps à se lancer. Quand moi je me raccroche à un projet, c’est souvent un truc qui est déjà avancé. C’est un peu plus léger émotionnellement pour moi tu vois. Même si j’y mets beaucoup du mien, c’est pas moi qui le défends derrière. J’ai toujours beaucoup plus de distance sur un projet externe que le mien. Je me prends beaucoup plus la tête sur les micro-détails. Juste quand tu utilises ta voix, tes propres mots et que tu veux raconter un truc …

LFB : T’as l’impression que t’es plus exigeant avec toi-même ? 

Max Baby : Non, je suis toujours très exigeant pour tout. Juste je me fais beaucoup plus de nœuds au cerveau pour moi-même, parce que j’ai beaucoup moins de clarté. J’ai beaucoup plus de clarté pour les projets des autres. Forcément, parce que je suis un petit peu moins impliqué émotionnellement. Le truc qui est plus compliqué, c’est que quand je fais mon propre projet, je suis et l’artiste et le producteur. Il y a une espèce de schizophrénie qui s’installe, et le ping pong est pas toujours hyper heureux. Parfois, ça peut vraiment faire une espèce de boucle. C’est pour ça que j’ai une super équipe qui est là pour m’aider à me sortir des boucles quand je suis dedans.

LFB : Ça fait un moment que tu travailles dessus ? 

Max Baby : Tu parlais de Trouble, ça a été le premier morceau qui a vraiment.. C’était la première pierre à l’édifice, au petit édifice, au château de sable. Où je me suis dit “ah ok, c’est là où je veux aller”. Et ça a mis tout le monde d’accord aussi ici. Trouble je l’ai écrit quasi pile poil il y a quatre ans. Donc oui ça fait un moment quand même. C’était en décembre 2020. 

LFB : D’accord. Ah oui, pendant la période après le confinement. 

Max Baby : Entre Covid, entre les deux. 

LFB : Je trouve que les morceaux ne se ressemblent pas tous. Pourtant, il y a un peu un fil rouge et une base commune. Pour moi, c’était un mélange de quelque chose d’un peu torturé et de très lumineux et explosif à la fois. C’est très contrasté. 

Max Baby : Et contradictoire. *Rires. 

LFB : Est-ce que ça te parle et est-ce que ça a du sens pour toi, cette idée-là ? C’était un peu ça que tu voulais mettre dedans, ces oppositions ? 

Max Baby : Oui, c’est une bonne lecture que t’as. C’est un peu ça le fond de l’EP. Tu parlais de torture. Ça parle de mon expérience qui est assez torturée. Ça parle beaucoup d’autodestruction et de choses que j’ai pu traverser. Mais en fait, en écrivant là-dessus, j’ai voulu être un peu sarcastique et pas le prendre au sérieux. Parce que c’est vraiment une période où j’étais vraiment sur le fil, en permanence. De le dédramatiser, de le tourner un peu en dérision ou en autodérision, plutôt, ça m’a aidé à me dire que.. On peut tous traverser des choses qui nous paraissent hyper dures. Et finalement, on peut aussi avoir une petite distance et se dire “Ok, t’as fait de la merde. Mais c’est bon. Tout le monde en fait.” 

Il y a vraiment des sujets hyper intenses là-dedans. Mais ça m’a aidé à retomber sur mes pattes déjà de l’écrire, de le sortir. En le regardant et en voyant la manière dont j’essayais de décrire un peu ces situations, ces moments que j’ai vécu, j’ai eu envie de trouver juste un petit twist à ça et pas que ce soit juste méga déprimant. Parce que c’est bon. On le connaît le poète torturé. 

En fait, s’il y a un petit clin d’œil à la fin c’est encore plus fun. Parce que, d’une certaine manière, dans cette autodestruction, j’ai toujours trouvé du fun aussi dedans. Même quand je le vivais. C’est toujours le rapport entre le “pendant” et le “juste après”, et ce cercle qui recommence. Tu fais un truc, tu t’éclates. Après, tu te détestes. Je trouve ça un peu drôle, ces espèces de schémas systématiques. Tu te dis “C’est la dernière fois que je fais ça !”. Et tu le refais, c’est un peu risible. C’était vraiment une manière de dédramatiser un peu tout ça, alors que c’est hyper dramatique. Parce que ça a pu aller loin à des moments. Se dire la vie continue. Et puis ma vie est pas si mal que ça. Je fais de la musique. Ce burnout de sa passion, c’est quand même.. Ça reste une chance.

LFB : Parce que c’est un truc que t’as pu ressentir ? 

Max Baby : Oui, rien que d’être en studio et de bosser sur mes propres chansons. S’il y avait une caméra dans le studio …

LFB : Ça pourrait faire peur ? 

Max Baby : Oui. *Rires. Je crie beaucoup tout seul. J’aimerais pas voir les images. Mais je pense que ça en ferait rire plus d’un. 

LFB : Tu penses que les morceaux ont un peu tous la même énergie ? Ou est-ce qu’il y en a un que tu affectionnes particulièrement ? Même si Trouble, c’était le premier. 

Max Baby : C’était pas le premier. Oui, pardon, si c’était carrément le premier. Je pensais que tu parlais des sorties. C’est clair que Trouble a une place particulière. En revanche, je peux dire que je réécrirai pas ce morceau aujourd’hui, la manière dont je l’ai écrit. Mais ça veut pas dire pour autant que je le renie ou quoi, au contraire. C’est vraiment une photo de qui j’étais, et c’est ça qui est hyper intéressant. J’ai même pas eu l’impression de l’écrire ce titre.

C’était assez bizarre parce que j’étais vraiment dans une spirale assez particulière et j’étais en studio. C’est un morceau que j’ai écrit sur une nuit. J’étais un peu “désinhibé”, on va dire. Je me suis endormi, je me suis réveillé en panique en me disant “Putain, je perds du temps et tout. C’est de la merde, machin. Je fais n’importe quoi.” Et en fait, à chaque fois que je tombais un peu dans le sommeil, j’avais des phrases qui me venaient et j’écrivais phrase par phrase, je retombais dans le sommeil, jusqu’à ce que je me réveille. Je me suis réveillé le lendemain entre minuit et 6 ou 7 heures du mat. Tu vois, c’était pas vraiment une nuit de sommeil …

LFB : Des phases de sieste ? 

Max Baby : Oui c’était trop bizarre. J’ai lu tout ce qui s’était passé. Je me suis réveillé avec la sensation de “j’aurai jamais le morceau” parce que je l’avais dans ma tête. Je pense que si je pouvais te sortir là tout de suite, l’idée d’origine que j’avais, ça ressemble beaucoup au morceau qui existe. 

Tout ce qui s’est passé dans cette nuit, j’étais vraiment dans des limbes. Je me suis réveillé avec la conviction de vraiment pas avoir assez écrit. J’avais presque un peu trop écrit finalement, donc c’était plutôt une bonne nouvelle. En revanche, tout était dans le mauvais ordre. Ce qui a été vraiment très drôle, c’était, avec un esprit beaucoup plus clair, passé la nuit … J’ai presque découvert comment mon subconscient travaillait. Vraiment, j’avais toutes les phrases du morceau, mais dans le mauvais ordre. Je pouvais prendre la première, la quatrième … C’était hyper évident quand je me suis réveillé, et donc j’ai juste changé l’ordre. Je suis allé enregistrer le morceau et c’était fini.

LFB : Souvent, tu commences par le texte ? 

Max Baby : C’est vraiment particulier. Je sais qu’avant, j’ai des souvenirs de vraiment composer des mélodies et la musique avant. Mais en fait, depuis que j’ai commencé ce projet tout est entremêlé, et je laisse beaucoup plus la place à ce que les paroles vont m’inspirer plutôt que d’essayer de rajouter des paroles à une mélodie. Je peux avoir des idées de vibes de morceaux, donc j’ai peut-être un bout d’instru ou des mélodies. Mais je ne vais clairement pas faire une prod et un yaourt, écrire toute une mélodie et après réécrire le texte dessus. Ça c’est fini, parce que je sais que ça ne marche pas et que c’est pas assez honnête, que ça ne transcende pas. Enfin, je n’arrive même pas à m’emmener moi-même; donc si je ne m’emmène pas moi-même, je peux pas emmener les gens, tu vois.

Vraiment ça a été beaucoup déconstruire l’idée que j’avais de comment on faisait la musique. Puisque quand tu le fais pour les autres, c’est un peu différent. Ça peut beaucoup plus être “Voilà j’ai une idée de mélodie, interprète-la à ta manière, écris ce que tu veux et puis ça s’adapte.” Sauf que pour moi, c’est là où la zone est hyper grise entre le producteur et l’artiste, c’est que ça se tire la couette à droite à gauche. C’est très important de savoir de quoi ça va parler avant de me lancer dans la composition et l’interprétation mélodique, même si c’est juste la phrase forte du morceau.

LFB : Oui, c’est ton point de départ. Après tout se construit par rapport à ça. 

Max Baby : Oui quand j’arrive à finir un morceau, je parle toujours de ce moment un peu bizarre où je suis un peu perdu. Le temps s’arrête. Je me souviens du moment où je commence le morceau, du moment où je le termine, mais il y a un moment entre les deux où en fait, j’en ai presque aucun souvenir. Tu vois, un peu comme ce que je te disais de la nuit que j’ai passé. C’est une espèce de zone très étrange où il se passe plein de choses et j’arrête de réfléchir. C’est vraiment pas d’un point A à un point B, c’est un truc en 3 ou 4D très sphérique. Tout s’imbrique et mon cerveau est stimulé dans tous les sens. J’ai une idée de mélodie, j’ai une idée de guitare … Tout s’imbrique et je ne sais plus. Je serais incapable de le refaire. 

Pour moi, c’est ça vraiment les moments d’inspiration et c’est presque comme si ça m’appartenait pas. Je crois que c’est Jack White qui a dit un jour “on est des antennes à l’inspiration et en fait les choses ne nous appartiennent pas vraiment”. Je pense que je ne pourrais pas “relate” plus que ça. J’ai vraiment l’impression que les meilleurs trucs que j’ai faits, je n’ai pas l’impression que c’est moi qui les ai faits. Je suis juste une antenne et d’un coup, on m’envoie un signal et je ne sais pas qui m’a envoyé le signal. Tu vois ce que je veux dire ? 

LFB : Oui. Si tu l’avais fait à un autre moment, comme quand tu parlais de Trouble, il ne ressemblerait pas à la même chose.

Max Baby : Voilà, la seule responsabilité qu’on a en tant qu’artiste par rapport à ça, c’est que le moment où on capte un signal, il faut l’attraper. Et ça, ça nous appartient. Mais le signal, on ne sait pas vraiment d’où il vient je pense. Ce soir-là, j’ai dû lutter pour me dire “ah il y a ça qui me vient. Ok, je l’écris. Ok je l’écris.” Finalement quand je me suis réveillé le matin, je me suis dit “c’est le bordel, mais c’est ça”. 

Tu me demandais, je suis désolé, j’ai un peu divagué. Un autre morceau qui pourrait me tenir beaucoup à cœur dans cet EP, je dirais Nothing Ever Changes. Oui, ça définit énormément mon état mental à ce moment-là.

LFB : Maintenant ce serait le plus d’actualité ? 

Max Baby : Ça l’est toujours, mais il y a peut-être un petit peu plus de.. Je ne sais pas. Ça, c’est une autre question, en vrai. Mais celui-là, je trouve qu’il résume bien la manière dont je me vois, dont je vois les sujets que j’aborde, les gens, mon entourage. Je ne suis pas forcément mon entourage, mais … C’est assez pessimiste, enfin de dire que rien ne change jamais, c’est un peu triste. Mais c’est un peu ce qu’on décide d’en faire en fait. Si on fait en sorte que les choses changent, ça prouve qu’on a vraiment une volonté hyper forte de créer autre chose, même si on sait qu’à l’intérieur, on sera toujours cette personne-là. C’est plus des choses qui s’additionnent plutôt que de changer intrinsèquement.

LFB : Ce dont on parlait un peu, l’idée de forme cyclique. Et tu as une espèce de “retour case départ” mais tu y vas quand même, et tu le refais encore.

Max Baby : Oui, c’est ça. En fait je pense qu’on a plein de versions de nous-mêmes. Tu peux toujours revenir à une version de toi-même qui est là, parce que, il va se passer quelque chose dans ta vie qui va te ramener à l’enfant qui était là quand tu avais 8 ans ou 6 ans. Tu vas avoir la réaction par rapport à cet enfant-là, même si tu es une personne complètement différente aujourd’hui. C’est aussi un peu ça que je dis, rien ne change jamais, parce qu’on est plein de versions différentes de nous-mêmes et on est toutes ces versions-là en même temps. Donc il y a des choses qui s’additionnent, mais je pense pas qu’on change vraiment. On devient juste de plus en plus complexe. Et après, c’est qui on choisit d’être. 

LFB : Je comprends, et j’aime bien ce morceau aussi. Il y a aussi quelque chose d’un peu rétro, ou un rock un peu années 2000 dans ta musique. 

Max Baby : Oui complètement. 

LFB : Mais d’un côté, avec un truc qui est plus moderne ou contemporain. Moi j’ai beaucoup aimé All Over et la longue partie instrumentale au début. Je voulais savoir si ça te parlait, ce côté un peu rétro, tu trouves ça juste ? C’est quelque chose qui te nourrit ?

Max Baby : Oui ! J’ai grandi avec le rock des années 2000. J’écoutais ça, et en même temps j’écoutais des trucs des 70’s, etc. Mais vraiment j’ai été forgé avec le rock des années 2000. Donc oui. Mais par exemple l’intro de All Over, ça te rappelle quelque chose de plus futuriste ? 

LFB : Oui, d’un peu plus futuriste pour le coup. Justement je trouvais que c’était un bon exemple de ce mélange.

Max Baby : Bizarrement cette intro elle est entre un truc futuriste, une influence que j’ai, genre Oneohtrix Point Never, ou des trucs comme ça. C’est vraiment très synthé, presque ambiant. Mais en même temps, l’une des plus grosses influences dans ce style-là, et dans toutes mes textures de synthé, c’est aussi pour moi Boards of Canada. C’est l’époque de Aphex Twin, Boards of Canada, les débuts de Warp dans les années 90. Pour moi c’était obligatoire d’avoir une phase comme ça dedans, parce que ça fait aussi tellement partie de moi. Boards of Canada c’est un duo écossais qui n’ont jamais fait de live de leur vie.

LFB : Par choix ? 

Max Baby : Par choix je crois. Ils sont tellement mystérieux, que je sais pas vraiment. C’est une musique qui m’obsède. C’est pour ça que j’aime autant Oneohtrix Point Never, c’est parce que lui il arrive à utiliser ça et le rendre encore plus moderne. En tout cas autant que le rock des années 2000 fait partie intégrante de mes influences, tous ces soundscapes, ces trucs de musique de ces années-là sont aussi méga importants pour moi. C’est pour ça que je voulais en mettre des touches.

Il y a aussi des choses qu’on ne capte pas vraiment, mais par exemple Yeezus de Kanye West, ça m’a mis une tarte. Le côté minimaliste avec juste une basse et tout, quand j’ai fait Trouble, dans ma tête je voulais faire un truc un peu comme ça, juste avec une basse. Allier un peu ça. Il y a des influences qui sont plus évidentes, évidemment le rock des années 2000 et des trucs un petit peu plus bizarres, comme j’ai des touches d’auto-tune à des moments. 

LFB : Oui mais qui sont quand même inclus dedans. 

Max Baby : Oui un peu noyés, complètement.

LFB : J’ai vraiment aimé cette intro-là. Je pensais aussi à Trouble à la fin, ça part un peu en feu d’artifice. Je voulais finir par parler de ton rapport à la scène. Est-ce que c’est un truc que tu aimes, que t’as envie de faire ? Aussi parce que je trouve que cet EP se prête à être joué en live. 

Max Baby : Complètement, je l’ai un peu écrit pour ça en fait. Je voulais faire l’antithèse du producteur et vraiment écrire un truc que je pouvais jouer en live. Quand je produis pour d’autres artistes, je me pose pas trop la question de comment on va le faire en live. Je fais une production, un arrangement, une compo qui me paraît juste. Mais en soi, il n’y a pas vraiment de limite.

LFB : Parce que le live, c’est une contrainte. 

Max Baby : Moi je me suis mis énormément de limites pour cet EP, ce qui a été finalement crucial dans toute la composition de l’EP. Parce que le fait de me poser une espèce de cadre très fermé, ça m’a permis d’être créatif dans le peu de paramètres que j’avais. L’idée, c’était vraiment d’avoir une ligne de guitare, une ligne de basse, une ligne de clavier, une ligne de batterie et une ligne de chant; et de m’arrêter là. 

Si tu écoutes par exemple, dans cet EP-là, les voix … Il y a juste un moment où ça se dédouble, ce que je ne fais pas en live. Mais il n’y a pas d’harmonie, il y a pas de chœur, ou de trucs comme ça. En fait de m’être posé ces limites-là, c’était vraiment dans l’optique de pouvoir le faire tel quel et de pouvoir l’emmener un peu plus loin en live.

LFB : Pour que ça ne soit pas une version un peu moins bien. 

Max Baby : Oui, voilà, c’est ça. Un peu dans la tradition des groupes de rock, je me suis dit qu’il faut que je sois mon propre groupe de rock. Combien je suis sur cet EP. Ça, c’était très conscient, de me poser ces limites-là. 

LFB : Ah oui, c’est intéressant. Et est-ce que tu as des dates de prévues ? 

Max Baby : Oui, là je vais faire les Bars en Trans à Rennes, un passage radio à France Inter. Je vais jouer à l’Hyper Weekend, le festival de Radio France, en janvier. Et après, le reste est dans les tuyaux. Je ne peux pas les annoncer encore, parce qu’on est encore en discussion. Mais il y a des choses qui arrivent, évidemment, et je suis très content de les faire. 

LFB : Trop bien. Est-ce que tu veux ajouter quelque chose ? Par rapport à ce projet ? Ou … Est-ce que cet EP c’est un peu les premiers pas d’un projet plus gros à venir ? 

Max Baby : Complètement, je suis déjà en train de bosser sur la suite, même beaucoup. Je ne veux pas trop en dire, mais ça va être une évolution plutôt logique pour moi. Je sais pas si ça va paraître rapide pour certaines personnes, mais comme je te dis, ce projet je l’ai commencé déjà il y a 4 ans. Donc il s’est passé quand même beaucoup de choses dans ma tête en 4 ans. Et là, j’ai juste envie de suivre mon propre rythme et que ce soit un petit peu plus immédiat, par rapport à où j’en suis. Tout ça juste pour renforcer l’idée de base qui était un côté brut, direct et honnête. Essayer de raccrocher les wagons, parce que c’est toujours le plus dur de sortir le premier projet, et être le plus in touch avec qui je suis à un moment.

En revanche, tu vois l’EP était fini depuis un petit moment, et de l’avoir joué sur scène, etc, ça m’a donné vraiment un second souffle, un deuxième amour pour cet EP. Honnêtement à un moment je ne pouvais quasiment plus l’écouter. Et finalement, c’est revenu très très fort. Je me suis dit ok ça m’a recentré. J’ai retrouvé le sweet spot entre ce projet et le projet d’après. Je pense que le lien sera quand même là. 

LFB : Surtout si le but c’était de le jouer en live. Du coup, c’est la relance.

Max Baby : Oui c’était finalement le petit point qui me manquait pour juste compléter tout ce truc-là. Et j’adore le jouer en live ! À chaque fois je m’éclate. C’est trop marrant. Même si je joue les mêmes morceaux à chaque fois, j’ai l’impression que c’est différent à chaque fois. Et puis j’ai une super équipe en live. Iels sont incroyables. Amélie à la batterie et Félix à la basse. Je les aime trop. C’est vraiment trop un plaisir. Puis de voir, forcément, sortir les morceaux et de voir le public réagir de plus en plus à certains tracks, c’est incroyable.

LFB : Trop cool. Merci. 

Max Baby : Merci à toi.

LFB : On continuera à suivre la suite des projets. Enfin moi j’écouterai. 

Max Baby : Vous serez au courant, évidemment. 

LFB : Trop bien.

Cependant, notre discussion ne s’est pas arrêtée là. Ayant de nombreux projets sur le feu, Max nous a parlé de la sortie imminente du clip de Nothing Ever Changes, de son rapport à l’image et de sa super équipe. 

LFB : Nothing Ever Changes a été fait par le même réalisateur que Trouble

Max Baby : Oui, il est trop fort ! 

LFB : Qui s’appelle comment ? 

Max Baby : Il s’appelle Alex Acy.

LFB : Et tu avais déjà travaillé avec lui avant ? 

Max Baby : Non c’était vraiment pour Trouble. Avant j’ai travaillé avec Spike Gonzo qui s’occupe aussi de toutes les petites vidéos et de tous les petits live reports. Je suis très bien entouré de ces deux personnes hyper talentueuses, Spike Gonzo et Alex Acy

LFB : Est-ce que le nouveau clip va un peu dans la même direction ? 

Max Baby : Il est radicalement différent. C’est vraiment une espèce de petit objet étrange qui sort tout droit de la tête de Alex

LFB : Trouble c’était déjà étrange ? 

Max Baby : Oui mais là c’est différent. Parce que Trouble il y a un côté un peu onirique et un peu rétro. Pour moi dans Trouble il y a des vibes de Orange mécanique, pas dans l’hyper violence mais dans l’abstraction et le côté un peu limbe. Là il y a vraiment un truc très nostalgique du début des années 2000 pour le coup. Entre des vibes de jeux de point’n click, un peu playstation 1, les premiers jeux sur ordi sur Windows 95. Il y a ça et en même temps un peu l’imagerie des groupes, des plans sur fond vert de juste un mec qui joue, pas dans un contexte de live. En fait il a vraiment réussi à traduire cette espèce de fuite en avant qui se passe dans Nothing Ever Changes

LFB : Pour le coup est-ce que le visuel c’est un truc qui t’intéresse et sur lequel tu travailles toi, ou tu lui as un peu donné les clés et fait confiance pour la conception du clip ? 

Max Baby : J’ai un gros passif, j’ai fait un master de DA visuel design graphique etc. Mais clairement j’ai trouvé des gens qui sont trop forts et vraiment je leur ai laissé libre interprétation, complètement. Après je suis un peu sur leurs côtes évidemment. 

C’était important pour moi parce que, c’est à peu près le même rapport que j’ai quand je produis pour des artistes. J’arrive à donner parfois une vision différente de ce que les artistes pensent avoir, et ensemble on crée quelque chose de différent qu’on n’aurait jamais imaginé ou qu’on n’aurait jamais pu, faire seul. C’était vraiment ça mon idée pour collaborer avec ces gens-là, c’est que là clairement tous ces clips si je les avais fait tout seul bah ça aurait été nul. Ça aurait été différent. C’est génial d’écrire une histoire et de créer un univers et un monde en équipe, que j’aurais même pas imaginé. En fait c’est encore plus excitant de le voir naître et de le voir vivre.

Là le clip de Nothing Ever Changes c’est encore autre chose qui reste cohérent avec toute l’histoire depuis le début, mais c’est une nouvelle pierre qui donne une aspérité intéressante au projet.

LFB : T’as l’impression qu’en plus de mettre le morceau en image, ça permet de raconter encore autre chose ? 

Max Baby : Ça raconte autre chose, ça raconte d’une manière différente mais ça approfondit le propos du morceau. Tu peux avoir plusieurs lectures, ça c’est le talent d’Alex, il a une espèce de narration qui est tellement poétique. C’est très très fort. C’est un poète de l’image et avec rien de, comment dire, didactique, il va te raconter quelque chose c’est assez fou. 

Alex et Spike, les deux sont des génies. Spike c’est un hasard parce qu’il a remplacé quelqu’un qui devait me shooter à La Maroquinerie. Il nous a envoyé des vidéos et des photos et en fait on n’en croyait pas nos yeux. Le mec nous avait fait une œuvre d’art, mais vraiment ! 

Edouard : C’était un peu tout ce qu’on voulait. Évidemment on lui avait donné un brief etc, le côté un peu DIY, un peu rough, un peu pellicule. Et il nous a envoyé un truc. C’est la première fois que ça m’arrive tu vois, sur un projet où j’ai quasiment rien à dire, c’est parfait. Donc on l’a intégré dans l’équipe et maintenant c’est notre gars, il nous suit partout, c’est lui qui fait quasiment tous les visuels. 

Max Baby : Il nous envoie des trucs hyper traités, hyper tordus. Ce qui est fou, c’est pour l’anecdote, je dirais pas comment il le fait mais c’est fait à la main. Il est trop fort. Ce qui est marrant c’est que Spike est français mais il était à Montréal quand Alex a commencé, et Alex est montréalais et arrive à Paris. Donc ils se retrouvent à Paris. 

LFB : Les deux travaillent sur la réalisation des clips ? 

Max Baby : Alors ils ont eu des projets séparés. Spike a fait Hardcore, Another Idea of Fun, et bientôt New Material. Alex a fait Trouble et Nothing Ever Changes.

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