Les clips de la semaine #251 – Partie 1

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, on vous invite à découvrir la première partie de la 251ème sélection des clips de la semaine.

Bagarre – Au revoir à vous (version acoustique)

« Est-ce la vraie-vie ? » nous demande ce bon Dennis Darko à la fin du tout dernier clip de Bagarre. C’est en tout cas la leur et un peu la nôtre aussi.

L’émotion est forcément présente à la vision de cette vidéo accompagnant la version acoustique d’Au revoir à vous. Cela fait plus de 10 ans que l’on suivait les aventures de Bagarre et que leur musique accompagne notre quotidien. Et si le groupe s’arrête, il vivra encore pour longtemps dans nos cœurs et ça, c’est une certitude.

Cette vidéo retrace leurs existences, entre références qui ont forgé leurs enfances de 90’s Kid (Les minikeums, La coupe du monde 98, MSN, C’est pas sorcier et l’évolution parfois salvatrice des coupes de cheveux) et éléments fondateurs de la musique et des convictions de Bagarre (la manif pour tous, les attentats, la montée du FN, la déception François Hollande …).

Le parallèle est intéressant et il se mélange pleinement dans la vidéo, apportant au côté nostalgique et tendre du morceau un surpoids émotionnel qui nous retourne le cœur.

On plonge donc dans l’intime de ces cinq cœurs à vide, de ces cinq têtes à vifs et on se rappelle à nouveau que le club c’est eux, que le club c’est nous, comprenant aussi la nécessité de mettre fin à quelque chose pour pouvoir grandir, nourrir et ouvrir un nouveau chapitre de leur existence.

Dix ans de vie qui se terminent et qu’on célébrera avec eux comme il se doit, d’abord en avril au Trianon puis plus tard sur la route avant de les retrouver une dernière fois à la Cigale en décembre.

Sam Sauvage – Les Gens Qui Dansent (j’adore)

Dans un monde où le cynisme est devenu une barrière de protection pour soi et contre les autres, un jeune homme venue des terres lointaines de Boulogne-sur-Mer a décidé de s’armer de ses mots, de son doux regard sur le monde et d’un sens aiguisé de la mélodie qui tape pour faire exploser les carcans qui nous séparent.

Ce garçon se nomme Sam Sauvage et dévoile cette semaine Les Gens Qui Dansent (j’adore), petit tube à l’énergie communicative qu’il tease depuis un moment sur les réseaux.

Rythmique électronique, guitare fatale et voix grave mais jamais désincarnée, Sam Sauvage observe l’époque et en fait des chansons. La danse n’est pour nous ici pas à prendre au premier degré, elle est synonyme de liberté, celle qui nous permets de nous libérer des carcans d’une société parfois trop brutale, intense et qui nous emprisonne dans des comportements souvent destructeurs.

Alors comme Sam, on danse pour échapper à tout ça, pour retrouver un semblant de sens à un monde qui n’en a plus vraiment. Et comme lui, on adore ça.

Pour faire vivre le morceau, Julien Peultier nous livre un clip au montage absolument dingue où l’on alterne entre parfaitement entre moments en studio et scènes dans le réel, où Sam Sauvage devient une sorte de petit farfadet venu hacker notre quotidien en nous offrant ses plus grands pas de danse, réussissant (oh miracle!) à entrainer avec lui les passants parisiens qu’il rencontre (mais pas encore les pigeons, même si on ne désespère pas de notre côté)

Alors que l’année commence à peine, on met pourtant une petit pièce sur ce pari : vous allez beaucoup entendre parler de Sam Sauvage. Et si le doute vous habite encore, on vous invite à aller le découvrir sur scène car c’est définitivement là que sa musique prend toute son ampleur.

Coup de cœur assuré, vous verrez.

Blasé – Not Now (feat. Jwles & Valee)

Vous cherchez le morceau qui fera danser vos prochaines semaines/mois ? Arrêtez cette quête et jetez donc une oreille sur Not Now, la nouvelle pépite de Blasé, accompagné de Jwles & Valee.

Boucle disco, duo basse/batterie addictif et l’ajout des flows décalés des deux rappeurs, Not Now est une petite bombe qui nous prend par surprise pour ne plus nous lâcher, laissant nos pieds s’exprimer sans même que l’on s’en rende compte.

Avec ce morceau, Blasé fera céder les digues des plus récalcitrants et cyniques d’entre nous pour nous laisser porter par la grande vague de sa musique, bourrée de références à la French Touch mais qui ne surplombe jamais la grande modernité de Not Now.

Enfant des années 90, Blasé laisse carte libre à Bob Jeusette pour le transformer lui et ses camarades de jeu en Marionnettes sous boule disco.

Entre Flat Eric et Minikeums sous acide, on regarde ces 3 bonhommes donner un sens à la fois surréaliste et hilarant à la représentation visuelle du morceau. Bien décider à ne pas se prendre au sérieux, le rendu nous fait énormément de bien et c’est tout ce qu’on demande en cette période mondiale pour le moins étrange.

BLABLABLA, le premier album de Blasé est attendu prochainement chez Record Makers. Le musicien sera aussi présent aux Francofolies de La Rochelle cet été en tant que membre de la sélection 2025 du Chantier.

BRÖ – GRANDE

Est-ce que le temps qui passe serait devenu une obsession pour BRÖ ? Après un album (dont on vous avait dit le plus grand bien ici), Grande devient un titre dans l’univers de la musicienne.

Ouverture vers son nouvel EP, Musique pour la tête, attendu pour le 07 mars prochain, Grande laisse planer un sentiment de mélancolie assez prégnant.

Un guitare-voix qui évolue doucement et laisse à BRÖ le soin de s’interroger sur le temps qui passe, sur les désillusions que cela enclenche, entre rêves qui disparaissent et fantasmes qui se fracassent sur la réalité.

Grande est à l’image de ce que la musique de BRÖ a toujours été : une réflexion intime faite avec talent et franchise qui creuse des obsessions pour les transformer en élans poétiques et musicaux.

Pour l’accompagner, BRÖ se transforme en reine du télé-achat sous la caméra de Loïc Wendling & Samuel Pin.

Dans la solitude d’un déménagement, la jeune femme explore les objets et les souvenirs qui s’y attachent en se transformant dans son esprit en vendeuse souriante, sorte de cliché suranné du succès et de la réussite. On regarde le tout avec tendresse, se reconnaissant forcément dans l’histoire que BRÖ nous raconte.

Pour le reste, BRÖ a récemment annoncé son prochain concert parisien : ça se passera en mai pour l’anniversaire de son label, Projets Complexes. Nous on y sera et on profitera pleinement de sa musique, qu’elle soit pour la tête ou pour la fête.

TH Da Freak – Infinite Love

Nouvelle sortie pour TH Da Freak, groupe bordelais porté par l’indomptable et l’inépuisable Thoineau Palis ! Infinite Love est le second extrait de l’album Negative Freaks qui explosera la journée du 21 mars et qui sortira via Howlin’ Banana qu’on aime tant !

Historiquement, TH Da Freak a été une aventure solo côté composition. On se permet de dire “historiquement” tant la discographie du groupe est impressionnante ! Quatorze disques en huit ans s’il-vous-plaît ! Aujourd’hui, il en est tout autrement puisque les musiciens qui accompagnent Thoineau sur les lives ont mis du cœur à l’ouvrage. C’est le fruit de cette intelligence collective qu’on retrouvera sur cet opus à venir.

Côté clip, l’équipe s’est entourée de Florent Dubois, notamment à l’origine de clips pour Forever PavotWe Hate You Please Die ou MNNQNS.

À coups de contre-plongées et d’exploration des relations de pouvoir, Infinite Love explore les liens qui unissent et différencient spectateurs et musiciens. Sur scène, les artistes sont surélevés, dans une position dominante, et pourtant, c’est dans cet espace qu’ils sont les plus vulnérables.

Cette vulnérabilité tient dans le partage d’une intimité. Les compositions sont bien souvent le reflet d’une introspection et de l’âme. C’est dans cet espace qui leur appartient que les artistes font une place au public et c’est à ce moment-là que le privé devient public.

TH Da Freak nous offre une balade électrique (très électrique) pleine de romance et nous conte une relation passionnelle dont le feu peut parfois consumer. En live, les rôles s’inversent. Malgré le fait que les artistes soient le centre de l’attention, le public, les yeux rivés sur la scène, prend les commandes de la soirée. Le jugement est sien et cela peut être très effrayant et générer une peur évidente.

Cependant, en résulte tout de même un amour infini qui se construit et se consolide au fil de chaque morceau.

Rendez-vous le 21 mars pour la suite !

La Flemme – Demain

Pas question de perdre de la vitesse pour les Marseillais·es du groupe La Flemme ! Un EP plus tard et moins d’un an après celui-ci, iels nous balancent un single intitulé Demain en guise d’annonce d’album ! Une formidable nouvelle pour le rock français agrémentée de leur victoire toute récente aux Inrocks Super Club !

La réussite semble leur coller aux bask’ et on les félicite ! Iels foncent : toujours plus vite, toujours plus fort !

Le clip explore une course effrénée avec le temps. Demain arrive trop vite, si vite qu’il faut se goinfrer de bons moments avant qu’il n’arrive. Demain c’est le Père Fouettard qui vient fermement te rappeler que tu n’as pas été sage ! Demain, c’est le début de la fin !

Demain, c’est du garage pop qui s’est pris un punk après avoir chuté dans un nuage de MD ! La Flemme, c’est un concentré de coolitude et de nonchalance qui distribue des riffs ravageurs en guise de claque !

Affaire de procrastination ou vie au jour le jour ? Demain renvoie à l’exploration de nos angoisses à travers l’alcool et la fête. Demain, c’est presque un concept quand on y pense, quand on est ivre. L’instant n’est-il pas plus savoureux lorsqu’on croit qu’il va durer éternellement ? Si, mais c’est là où le bât blesse parce-que demain finit toujours par venir !

En attendant, écouter La Flemme s’apparente à savourer ces moments d’allégresse et on va s’y attacher fort !
À retrouver au 104 à Paris le 7 mars pour les Inrocks Festival !

Stuck in the Sound – Sensational

Voici un peu plus d’un an que Stuck in the sound a sorti son dernier album Sixteen dreams a minute : souvenez-vous, c’était en février 2024. Et c’était une petite révolution dans l’histoire du groupe, qui y troquait son rock indépendant pour une musique plus produite et aux frontières esthétiques plus souples.

Un an donc, et afin de fêter cet anniversaire, le quatuor de Montreuil nous fait cadeau d’un nouveau clip d’animation pour le morceau Sensational. Dirigé cette fois par François-Marc Baillet, on y suit le voyage intérieur d’une jeune femme en fuite. La progression lente vers la liberté s’y matérialise par la couleur : des pas dans la neige en noir et blanc en passant par une introspection ponctuée de créatures féériques (ici un mystérieux homme chapeauté qui ressemble aux trois brigands de Tomi Ungerer, là un monstre aux dents pointues et aux yeux ronds, enfin un curieux reflet de la jeune fille en fantôme), on découvre avec le personnage la couleur, et le courage de dépasser la limite qu’elle avait elle même tracée dans la neige.

C’est beau, c’est fin. Et quand on sait le temps et l’investissement que représente un clip animé (pour un retour pas toujours évident), on est d’autant plus admiratif que Stuck in the sound continue à s’en octroyer (et donc, à nous en octroyer) le privilège. Bravo. 

Safia Nolin – djurdjura

Safia Nolin, l’auteure-compositrice-interprète montréalaise, nous transporte une fois de plus dans son univers singulier avec son nouveau vidéoclip djurdjura. Tirée de son album UFO RELIGION sorti en octobre 2024, cette chanson évoque des thèmes profonds tels que la peur, le mensonge et la quête identitaire. Les paroles, empreintes de mélancolie, reflètent une introspection sincère : « J’ai peur que la glace fonde et qu’elle t’emporte… Je n’appartiens à personne c’est surtout ça ».

Au-delà de son aspect introspectif, djurdjura fait également référence aux racines kabyles de l’artiste, le titre reprenant le nom d’une chaîne de montagnes en Algérie, symbole fort de la culture berbère. Cette filiation se retrouve dans l’atmosphère du morceau, où l’on ressent un dialogue entre mémoire familiale et identité personnelle.

Le vidéoclip, dévoilé le 26 février 2025, se distingue par son authenticité et sa simplicité. Tourné dans un petit karaoké de Kyoto, au Japon, par une amie proche de l’artiste, il capture l’essence brute et intime de la chanson. Cette approche minimaliste met en lumière la vulnérabilité et l’émotion brute que Safia Nolin transmet à travers sa musique.

Ce choix de lieu, loin des studios sophistiqués, témoigne de la volonté de l’artiste de rester fidèle à elle-même, en privilégiant des environnements qui résonnent avec son état d’esprit et son parcours. Cette démarche renforce le lien authentique qu’elle entretient avec son public, en offrant une expérience visuelle et sonore dépouillée, mais profondément touchante.En somme, djurdjura est une œuvre qui illustre parfaitement la capacité de Safia Nolin à fusionner des éléments personnels avec une esthétique épurée, créant ainsi une connexion sincère avec son audience.

Laurence Hélie – Tendresse et bienveillance

Avec Tendresse et bienveillance, Laurence Hélie propose une chanson à la fois intime et épurée, portée par une instrumentation soignée et une production tout en retenue. Sur des arrangements minimalistes mêlant guitares feutrées, percussions subtiles et nappes de synthétiseurs, sa voix douce et posée donne toute sa profondeur au texte.

Les paroles, inspirées d’un voyage à Istanbul, oscillent entre souvenirs et transmission. Laurence Hélie y exprime un souhait pour l’avenir, à travers des images simples mais évocatrices : « J’ai fait un souhait, un SOS / J’ai fait un feu, fusée de détresse ». Un folk-rock planant, ancré dans la mélodie et l’émotion plutôt que dans la démonstration.

Le vizualizer réalisé par Marc-André Dupaul suit la même ligne directrice. Sans artifices, il mise sur une mise en scène épurée entre studio d’enregistrement, comptage de trèfles et chambre à coucher qui met en avant l’émotion de la chanson. On appréciera également cette sublime couverture imprimée têtes de chats.Tendresse et bienveillance s’impose comme une belle introduction au nouvel EP de Laurence Hélie sorti le 28 février 2025, confirmant son évolution musicale et sa capacité à livrer des morceaux sincères et touchants, sans fioritures.

Dada – Demain

Le duo de réalisateurs La Piscine composé de Jeanne Sigwalt & Oscarito Castro marqué par son travail essentiellement publicitaire a proposé ses services au rappeur Dada pour son titre Demain. Dans un noir et blanc fort en contraste, non sans bonne surprise, on trouve au casting  Antonythasan Jesuthasan – les cinéphiles se souviendront de son interprétation dans le rôle-titre de la Palme d’or 2015 Dheepan de Jacques Audiard – !

Le quotidien n’a rien de simple pour les protagonistes qui attendent tous des lendemains plus cléments, plus sereins. Les lendemains sont encore trop loin, mais un phare récurrent ne cesse de rappeler que la lumière, la lueur d’espoir est en chacun de nous. Alors, on s’accroche et on attend demain « pour leur faire du sale » / « pour l’instant ». Dada a su bien s’entourer pour créer une ambiance cinématographique.

VALD – GAUCHE DROITE

Presque trois ans sans nouvelles, le temps commençait à se faire long mais c’est officiel : VALD revient prendre la place qui est la sienne.

Quelques tweets énigmatiques, un petit extrait et une pochette d’album annonçait donc l’arrivée de Pandemonium, son nouvel album. Il ne manquait plus qu’un morceau pour lancer ce nouveau chapitre et c’est désormais chose faite avec GAUCHE DROITE.

Sur une prod qui lui ressemble complètement, le rappeur d’Aulnay s’interroge sur sa place avec une plume toujours aussi aiguisée. De gauche ou de droite ? Est-ce vraiment l’important ? Avec ce morceau VALD nourrit les contradictions, explore la zone grise et s’amuse de l’image qu’il renvoie autant des fantasmes et des raccourcis que l’on peut faire le concernant.

Un peu d’égotrip, une bonne dose de recul et un petit jeu de sulfateuse sur la politique et le monde en règle générale, GAUCHE DROITE est un retour en forme, proche dans ses thématiques et son ambiance d’Agartha et de Xeu (ce qui de notre côté aurait tendance à faire grandir l’attente).

Et alors que beaucoup annonce la mort du clip, on les invitera à jeter un œil à la vidéo qui accompagne le morceau.

Comme toujours, VALD développe un univers hyper cinématographique. Bienvenue donc au Pandémonium, capitale des enfers. Dans un immeuble qui ressemble au purgatoire se confrontent donc le paradis et l’enfer, le blanc et le noir, la gauche et la droite.

Un monde imaginaire où l’argent et le chaos règnent en maître (tout rapport avec la réalité ne pourrait être fortuit) et dans lequel VALD se fait sa place en bon petit soldat, au milieu du désordre profitant des deux côtés pour s’en foutre plein les fouilles.

Un clip parfait, sombre à souhait où VALD traine sa dégaine, son fusil à pompe et son sourire en coin pour faire le ménage et amener les âmes damnées là où elles doivent être.

Un retour gagnant donc, on a désormais hâte de découvrir la suite.